gens

II. GENS

nom pluriel
Étymologie : xe siècle, au féminin. Ancien pluriel de gent II.
↪ voir aussi : I. Gens (n. f.)
■  Comme le dit Littré, ce mot présente la singularité d’être tantôt masculin, tantôt féminin. Cela est dû à la contradiction entre son genre propre et conforme à l’étymologie, qui est le féminin, et le genre de l’idée qu’il exprime (hommes, individus), qui est le masculin. Cette singularité explique la règle suivante : lorsque gens est immédiatement précédé d’un adjectif possédant une forme féminine distincte de celle du masculin, cet adjectif s’accorde au féminin ; cependant, cet accord n’est pas étendu aux autres éléments de la phrase, sauf pour les adjectifs tout et quel. Instruits par l’expérience, les vieilles gens sont soupçonneux. Toutes les vieilles gens ; tous les habiles gens. Quelles sottes gens ! La règle ne s’applique pas lorsque gens est suivi d’un complément introduit par de et désignant une qualité, une profession, un état ; dans ce cas, l’accord se fait toujours au masculin. Les vrais gens de cœur. De nombreux gens de lettres.
1.  Personnes en nombre indéterminé, et que l’on considère collectivement. Ces gens semblent se diriger vers nous. Les gens dont il nous a parlé. Une foule de gens, des centaines, des milliers de gens. Beaucoup de gens se pressaient à l’entrée. Peu de gens l’ont suivi. Certaines gens n’aiment pas ce style. Ces gens-là ont leurs habitudes. Ce sont de drôles de gens. Loc. Ce ne sont pas des gens à se laisser faire, ils ne sont pas gens à se laisser faire. Expr. fam. Des gens qui n’ont pas de chance, des gens qui se croient tout permis…
▪ S’emploie également pour désigner les hommes en général, ou une société, un entourage indéfinis. Bêtes et gens. Ce n’est pas ainsi qu’on traite les gens. C’est se moquer des gens. Il a peur de ce que les gens vont penser, vont dire. Expr. vieillie. Se connaître en gens, savoir discerner leurs qualités et leurs défauts.
▪  Droit des gens, voir Gent II.
2.  Accompagné d’un adjectif ou d’un complément déterminatif, pour désigner des personnes caractérisées par une même qualité, une même condition, etc. Les gens de bien, de goût, de talent. Ils se sont conduits en gens de parole, en gens de cœur. Les honnêtes gens. Ce sont des gens de marque, de qualité. Les gens en place. Les gens du monde, la société élégante. Les gens du commun, du peuple. De pauvres gens, de petites gens, des gens de peu. Des gens de rien. Des gens sans aveu, voir Aveu. Ce sont de braves gens, de méchantes gens, de sottes gens. De vieilles gens, des gens âgés. Des jeunes gens (Jeunes gens est toujours masculin et s’emploie souvent comme pluriel de Jeune homme). Les meilleures gens du monde. Bonnes gens, vous croyez cela ! Il s’accommode de toutes gens. Tous gens bien connus. Tous gens d’esprit et de mérite. Gens, s’il est immédiatement précédé d’un adjectif, peut se dire d’un nombre déterminé de personnes comme dans trois pauvres gens, dix honnêtes gens, etc.
▪ Avec un complément désignant un lieu. Les gens du Nord, du Midi. Les gens d’ici, les gens d’en face. Les gens de tel village, ses habitants.
▪ Suivi d’un complément introduit par de, gens s’emploie aussi pour désigner un groupe particulier de personnes d’une certaine profession, d’un certain état (dans ce sens, gens est souvent employé comme le pluriel d’homme). Les gens d’Église. Les gens de guerre, les gens d’épée. Gens de pied, gens de cheval, fantassins, cavaliers. Gens d’armes, voir Gendarme. Les gens de robe, les magistrats. On dit indifféremment Gens de loi ou Hommes de loi, Gens de lettres ou Hommes de lettres. Les gens de finance. Les gens d’affaires. Les gens de mer. Les gens du roi, se disait des procureurs et avocats généraux, ou des procureurs et avocats du roi. Les gens de maison, les domestiques. Les gens du voyage, les forains, les artistes de cirque, les nomades.
▪ Vieilli. Se disait, le plus souvent avec un adjectif possessif, de personnes qui sont d’un même parti, d’un même camp. Nos gens ont été repoussés. Dix de nos gens y périrent. On dit toujours Des gens à nous, des alliés, des partisans. Nous avons des gens dans la place. En parlant des serviteurs, de la suite d’une personne. Tous vos gens vous ont quitté. Appeler ses gens. Un de ses gens.
 Titre célèbre : Les pauvres gens, poème de Victor Hugo, dans La Légende des siècles (1859).
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