fortune

FORTUNE

nom féminin
Étymologie : xiie siècle. Emprunté du latin fortuna, « sort, hasard, bonne ou mauvaise fortune, destin », et, au pluriel, « richesses », dérivé de fors, « sort, hasard ».

I.

I. Puissance censée dispenser au hasard les biens et les maux.
Marque de domaine : mythologie. La Fortune, divinité antique qui présidait aux évènements fortuits de l’existence humaine, distribuant selon son caprice le bonheur ou le malheur. Un temple, une statue de la Fortune. On représentait la Fortune sous les traits d’une femme tenant une corne d’abondance, les yeux bandés, assise sur une roue.
▪ Par analogie. Puissance mystérieuse qui semble distribuer sans règle le bonheur ou le malheur aux humains, favorisant tantôt les uns, tantôt les autres. Les caprices de la fortune. Les revers, les rigueurs de la fortune. La fortune lui sourit. S’abandonner à la fortune. Les jeux, les coups de la fortune, les grands changements qui arrivent aux hommes ou, par extension, aux États, et qui les élèvent ou les abaissent.
▪  Roue de fortune, représentation médiévale des diverses conditions de l’humanité, tour à tour élevée ou abaissée par la fortune.
▪ Expr. Vouloir attacher un clou à la roue de la fortune, chercher à la fixer en sa faveur. Brusquer la fortune, tenter de réussir par des moyens prompts mais hasardeux.
▪  Prov. La fortune sourit aux audacieux.

II.

II. Hasard, chance.
1.  Chance, qu’elle soit bonne ou mauvaise ; hasard favorable ou défavorable. La fortune des armes, les hasards de la guerre. Il a éprouvé l’une et l’autre fortune. Nous courons tous deux même fortune. Nous sommes compagnons de fortune. Partager la bonne et la mauvaise fortune de ses amis. J’ai eu la bonne fortune de le rencontrer. La mauvaise fortune le poursuit. Expr. proverbiale. Faire contre mauvaise fortune bon cœur, ne pas se laisser abattre par les déceptions, les contrariétés.
▪ Loc. adv. vieillie. De fortune, par fortune, par hasard.
▪ Loc. adj. De fortune, improvisé pour parer à une nécessité urgente. Une installation, une réparation de fortune. Recourir à des moyens de fortune. Marque de domaine : marine. Voile de fortune ou, elliptiquement, fortune, voile qu’on établit en surnombre pour pallier la faiblesse du vent, ou à la suite d’une avarie de gréement.
 Titre célèbre : Fortune carrée, de Joseph Kessel (1955).
▪ Loc. verb. Chercher fortune, être ou se mettre en quête des occasions de se procurer ce que l’on désire, particulièrement les richesses. Il est allé chercher fortune en Australie. Tenter fortune, s’engager dans une entreprise dont le succès dépend en grande partie du hasard. Class. Prendre la fortune de, prendre le risque de. Prendre la fortune de l’un ou l’autre choix. Courir fortune de, risquer de. Il a couru fortune d’être noyé.
▪ Expr. fam. Courir la fortune du pot, s’exposer à faire mauvaise chère, en allant dîner dans une maison où l’on n’est point attendu. Loc. À la fortune du pot. Venez dîner à la fortune du pot, sans préparatifs particuliers. Inviter à la fortune du pot, sans cérémonies, pour partager l’ordinaire.
2.  Vieilli. Chance heureuse, hasard favorable. Il ne doit ce succès qu’à sa fortune ordinaire. Être en fortune, connaître une période de chance. Soldat de fortune, soldat qui s’est élevé aux plus hauts grades.

III.

III. Ce qui advient à une personne ou à une chose.
1.  Destinée, sort heureux ou malheureux, succès ou insuccès. Être promis à une brillante fortune. S’attacher à la fortune de quelqu’un, lier son sort au sien. Méditer sur la fortune des États, des empires. On ne saurait prédire quelle sera la fortune de cet auteur, de ce livre. Cet homme, ce parti a connu des fortunes diverses. Cette doctrine, cette expression a fait fortune.
▪ Expr. Dire la bonne fortune, prédire ce qui doit arriver à quelqu’un. Loc. Bonne fortune, succès de galanterie obtenu par un homme. Avoir de bonnes fortunes, des succès auprès des femmes. Un homme à bonnes fortunes. Être en bonne fortune, en galante compagnie.
 Titre célèbre : La Fortune de Gaspard, de la comtesse de Ségur (1864).
2.  Class. État, situation d’une personne dans le monde. Une piètre, une médiocre fortune. Une fortune encore chancelante. Parvenir à une haute fortune.
▪ Absolument. Réussite sociale, position élevée. Affermir sa fortune. Il ne doit sa fortune qu’à son mérite. Les biens de fortune ou de la fortune, les dignités, les honneurs et, aujourd'hui, les richesses. Par métonymie. Fig. Adorer, encenser la fortune, s’attacher à ceux qui sont en faveur, en crédit.
▪ Expr. Retour de fortune, changement imprévu, retournement de situation. Il y a d’étranges retours de fortune. Revers de fortune, accident, évènement fortuit qui change une bonne situation en une mauvaise ; se dit spécialement d’une lourde perte d’argent. Se croire à l’abri des revers de fortune. Subir de grands revers de fortune.
▪ Expr. proverbiale. Chacun est l’artisan de sa fortune, chacun est responsable de sa position, bonne ou mauvaise, dans le monde.
▪  Prov. La fortune vient en dormant, la réussite advient à qui ne s’en soucie pas, à qui ne l’a pas cherchée.

IV.

IV. Ensemble de biens, de richesses.
Être sans fortune. Acquérir, posséder de la fortune. Augmenter sa fortune. Faire bon usage de sa fortune. Mettre sa fortune à couvert. Laisser sa fortune à ses enfants. Léguer sa fortune à une œuvre, à une fondation. La situation de fortune de quelqu’un, sa situation financière, l’état de son patrimoine. Voilà toute sa fortune, tout ce qu’il possède et, fig., tout ce dont il peut tirer avantage. Marque de domaine : droit maritime. Fortune de mer, ensemble des biens maritimes d’un armateur, des valeurs qu’il déclare abandonner à ses créanciers afin de limiter sa responsabilité, par opposition à sa Fortune de terre. Se dit aussi d’un dommage fortuit susceptible de survenir à un navire ou à sa cargaison, et dont l’armateur doit répondre.
▪ Loc. Faire fortune, acquérir des biens, des richesses. Se retirer fortune faite. Faire une fortune rapide.
▪ Par extension. Fam. Somme importante. Gagner une fortune, des fortunes. Perdre une fortune au jeu. Cela coûte une fortune.
▪ Par métonymie. État, situation d’une personne qui est riche, qui possède des biens importants. Accéder à la fortune. Il a connu la gêne et la fortune. Personne, famille qui dispose de grands biens. Cet homme était une des premières fortunes du département.
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