moi

7e édition

MOI.

■  Pronom singulier de la première personne, qui est des deux genres, et dont Nous est le pluriel. Ce mot est un synonyme réel de Je et de Me ; mais non un synonyme grammatical, puisqu’il s’emploie différemment, et que, dans aucun cas, il ne peut être remplacé ni par Je ni par Me.
Moi, employé seul comme réponse, peut être sujet ou régime direct, et tenir lieu d’une phrase entière. Qui veut aller avec lui ? Moi, Je veux bien aller avec lui : dans cet exemple il est sujet. Qui a-t-on voulu désigner ? Moi, On a voulu me désigner : dans cet exemple, il est régime direct.
Il est aussi régime direct après ne que, mis pour seulement. Je ne plains que moi.
Il est encore régime direct dans les phrases où il est ajouté à d’autres mots qui sont régimes directs. Il a renvoyé son frère et moi. Il a mécontenté ses parents et moi.
Il entre aussi dans le sujet de la phrase, lorsqu’il est joint à d’autres mots qui forment le sujet. Son père, sa mère et moi, le lui avons défendu. Mon avocat et moi sommes de cet avis.
Moi, se joint à Je, par apposition et réduplication, pour donner plus d’énergie à la phrase, soit qu’il vienne après le verbe, comme dans ces phrases, Je dis, moi ; je prétends, moi ; soit qu’il précède Je et le verbe, comme dans ces phrases : Moi, je dis. Moi, je prétends. Moi, dont il déchire la réputation, je ne lui ai jamais rendu que de bons offices. Moi, à qui il fait tant de mal, je cherche toutes les occasions de le servir. Moi, ne songeant à rien, j’allai bonnement lui dire ce qui se passait.
Par ellipse, Moi, trahir le meilleur de mes amis ! faire une lâcheté, moi ! etc., Moi, je pourrais trahir le meilleur de mes amis ! je pourrais faire une lâcheté, moi !
Moi, se met de même par apposition devant ou après Me. Voudriez-vous me perdre, moi votre allié ? Moi ! vous me soupçonneriez de vous avoir trahi !
Il se met aussi par apposition avec Nous et Vous, lorsqu’il est accompagné d’un nom ou d’un autre pronom. Vous et moi nous sommes contents de notre sort. Nous irons à la campagne lui et moi. Il est venu nous voir mon frère et moi. Dans ces phrases, Moi et le nom ou pronom qui lui est joint, sont tout ensemble l’apposition et l’explication de Nous.
Moi, joint à un nom ou à un autre pronom, ne doit, d’après les convenances de notre politesse, être placé qu’en second, Vous et moi, un tel et moi ; à moins que le nom auquel il est joint ne soit celui d’une personne très inférieure : ainsi un père dira, Moi et mon fils ; un maître, Moi et mon domestique.
Moi, se construit encore avec les pronoms Ce et Il, dans les phrases suivantes et autres semblables. C’est moi qui vous en réponds. Qui fut bien aise ? ce fut moi. Si c’était moi qui eusse fait cela. C’est de moi qu’il s’agit. C’est à moi qu’il faudra vous adresser. Il n’y eut que lui et moi de cet avis. Il n’y a que moi à qui ces choses-là arrivent.
Après une préposition, il n’y a que le pronom Moi qui puisse exprimer la première personne. Vous servirez-vous de moi ? Il a parlé de moi. Il tient cela de moi. Pense-t-on à moi ? Ils auront besoin de moi. Ils auront affaire à moi. Cela vient de moi. Cela est à moi. C’est un homme à moi, un habit à moi, de l’argent à moi. Cela est pour moi. Je prends cela pour moi. Selon moi, vous avez raison. Vous serez remboursé par moi. Cela roulera sur moi. Tout est contre moi. Venez avec moi.
Il en est de même après une conjonction. Mon frère et moi. Mon frère ou moi. Mon frère aussi bien que moi. Ni mon frère ni moi. Personne que moi. Nul autre que moi.
De moi, après un nom de personne ou un pronom personnel également précédé de la préposition de, se met quelquefois pour Le mien, etc. C’est le sentiment, ce sont les sentiments, c’est l’opinion de mon frère et de moi que je vous exprime.
Quand le verbe est à l’impératif, et que le pronom qu’il régit n’est point suivi du mot en, c’est Moi qu’il faut employer après le verbe, soit comme régime simple, Louez-moi, récompensez-moi ; soit comme régime indirect, où la préposition à est sous-entendue, Rendez-moi compte, dites-moi la vérité ; et alors Moi se joint au verbe par un tiret.
Quelquefois, mais dans le discours familier seulement, il se met par rédondance, et pour donner plus de force à ce qu’on dit. Faites-moi taire ces gens-là. Donnez-leur-moi sur les oreilles.
Dans le même cas, le pronom Moi se met après l’adverbe de lieu y, soit comme régime direct, soit comme régime indirect. Vous allez à l’Opéra, menez-y-moi. Vous allez dans votre voiture, donnez-y-moi une place. Ces façons de parler sont peu usitées. (Voyez Me.) Au contraire, l’adverbe y, dans le même sens, se met après le pronom Nous. Menez-nous-y. Donnez-nous-y une place.
À moi. Sorte d’exclamation, pour faire venir promptement quelqu’un auprès de soi. À moi, à moi, soldats !
De vous à moi. Façon de parler dont on se sert pour témoigner à une personne qu’on lui parle avec sincérité, mais qu’on lui demande le secret. De vous à moi, c’est un pauvre homme. De vous à moi, c’est un homme qui ne mérite pas l’opinion qu’on a de lui. De vous à moi, je ne crois pas que la chose réussisse. On dit dans le même sens, Ceci est de vous à moi, ceci de vous à moi.
Quant à moi, pour moi. Autres façons de parler dont on se sert pour marquer plus particulièrement ce qu’on pense. Vous en direz ce qu’il vous plaira ; quant à moi, pour moi, je sais bien ce qui en est.
Quant-à-moi, s’emploie substantivement et comme un seul mot dans les phrases suivantes et autres semblables, où il signifie, Air fier ou réservé. Se tenir sur son quant-à-moi. On lui a dit telle chose, il s’est mis sur son quant-à-moi. Garder son quant-à-moi. Il est familier.
Moi, se prend substantivement, pour signifier, L’attachement de quelqu’un à ce qui lui est personnel. Le moi choque toujours l’amour-propre des autres.
Il se prend aussi, en Philosophie, pour L’individualité métaphysique d’une personne. Malgré le changement continuel de l’individu physique, le même moi subsiste toujours.
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