moi

5e édition

MOI.

s. des 2 g.
■  Pronom de la première personne, et dont Nous est le pluriel. On voit par cette définition, que Moi est un synonyme réel de Je et de Me ; mais ce n’est pas un synonyme grammatical, puisqu’il s’emploie différemment, et que dans aucun cas il ne peut être remplacé ni par Je ni par Me. C’est ce qui sera éclairci par le détail suivant.
Moi, se joint à Je, par apposition et réduplication, pour donner plus d’énergie à la phrase, soit qu’il vienne après le verbe, comme dans ces phrases, Je dis moi, je prétends moi ; soit qu’il précède Je et le verbe, comme dans ces phrases : Moi je dis. Moi je prétends. Moi, dont il déchire la réputation, je ne lui ai jamais rendu que de bons offices. Moi, à qui il fait tant de mal, je cherche toutes les occasions de le servir. Moi, ne songeant à rien, j’allai bonnement lui dire ....
Quelquefois Je, ne paroît point, mais il est sous-entendu. Moi, trahir le meilleur de mes amis ! Faire une lâcheté, moi ! Phrases elliptiques, où il est aisé de suppléer, Je voudrois ! Je pourrois !
Moi, se met de même par apposition devant ou après Me. Voudriez-vous me perdre, moi votre allié ? Moi, vous me soupçonneriez de ....
Il se met aussi par apposition avec Nous et Vous, lorsqu’il est accompagné d’un autre nom ou pronom. Vous et moi nous sommes contens de notre sort. Nous irons à la campagne lui et moi. Il est venu nous voir mon frère et moi. Dans ces phrases, Moi, et le nom ou pronom qui lui est joint, sont tout ensemble l’apposition et l’explication de Nous. Et il faut observer que Moi, étant joint à un autre nom ou pronom, ne doit paroître qu’en second, Vous et moi, un tel et moi ; à moins que le nom auquel il est joint, ne soit celui d’une personne très-inférieure. Ainsi un père dira, Moi et mon fils ; un maître, Moi et mon laquais.
Moi, est encore une sorte d’apposition qui détermine les pronoms indéfinis Ce et Il. C’est moi qui vous en réponds. Qui fut bien aise ? ce fut moi. Il n’y eut que lui et moi d’un tel avis. Que vous reste-t-il ? Moi.
Après une préposition, il n’y a que le pronom Moi qui puisse exprimer la première personne. Vous servirez-vous de moi ? Pense-t-on à moi ? Ils auront affaire de moi. Ils auront affaire à moi. Cela vient de moi. Cela est a moi. Cela est pour moi. Je prends cela pour moi. Selon moi, vous avez raison. Vous serez remboursé par moi. Cela roulera sur moi. Tout est contre moi.
Il en est de même après une conjonction. Mon frère et moi. Mon frère ou moi. Mon frère aussi-bien que moi. Ni mon frère ni moi. Personne que moi. Nul autre que moi.
Quand le verbe est à l’impératif, et que le pronom qu’il régit n’est point suivi de la particule En, c’est Moi qu’il faut employer après le verbe, soit p. 116comme régime simple, Louez-moi, récompensez-moi ; soit comme régime composé, où la préposition À est sous-entendue. Rendez-moi compte. Dites-moi la vérité. Et alors Moi se joint au verbe par un tiret.
Quelquefois, mais dans le discours familier seulement, il se met par rédondance, et pour donner plus de force à ce qu’on dit. Faites-moi taire ces gens-là. Donnez-leur-moi sur les oreilles.
Dans le même cas, le pronom Moi se met après l’adverbe de lieu Y, soit comme régime simple du verbe, soit comme régime composé. Vous allez à l’Opéra, menez-y-moi. Vous allez en voiture, donnez-y-moi une place. Voyez Me. Au contraire, l’adverbe Y, dans le même cas, se met après le pronom Nous. Menez-nous-y. Donnez-nous-y une place.
À moi. Sorte d’exclamation, pour faire venir promptement quelqu’un auprès de soi. À moi, à moi Soldats !
De vous à moi. Façon de parler, dont on se sert pour témoigner à quelqu’un qu’on lui parle avec sincérité, mais qu’on lui demande le secret. De vous à moi, c’est un pauvre homme. De vous à moi, c’est un homme qui ne mérite pas l’opinion qu’on a de lui. De vous à moi, je ne crois pas que la chose réussisse.
Quant à moi. Autre façon de parler, dont on se sert pour marquer plus particulièrement ce qu’on pense. Vous en direz ce qu’il vous plaira ; quant à moi, je sais bien ce qui en est. On dit plus simplement, Pour moi je sais bien ....
On dit proverbialement et figurément, Se tenir sur son quant-à-moi, pour dire, Prendre un air fier. On lui a dit une telle chose, il s’est mis sur son quant-à-moi. Il est familier, et dans ces sortes de phrases il se prend substantivement. On dit à peu près dans le même sens, Garder son quant-à-moi.
Moi, se prend quelquefois substantivement, pour signifier l’attachement de quelqu’un à ce qui lui est personnel. Le moi choque toujours l’amour-propre des autres. Il se prend aussi en philosophie pour l’individualité métaphysique de la même personne. Malgré le changement continuel de l’individu physique, le même moi subsiste toujours.
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