gent

7e édition

[I.] GENT.

s. f.
↪ voir aussi : [II.] Gent, ente (adj.)
■  Nation, race. En ce sens, il ne s’emploie au singulier que dans la poésie, et particulièrement dans la poésie familière. La gent qui porte le turban, Les Turcs, la nation des Turcs. La gent trotte menu, Les souris. La gent moutonnière, Les moutons ; ou, figurément, Les personnes qui font ce qu’elles voient faire, qui suivent aveuglément l’exemple des autres. Au pluriel, il n’est usité que dans cette locution, Le droit des gens, Le droit des nations. Violer le droit des gens. Respecter le droit des gens. Un traité du droit des gens.
Hors de là, il signifie, Personnes, et il n’a point de singulier. Il veut au féminin les adjectifs ou les participes qui le précèdent, et au masculin ceux qui le suivent. Ce sont de fines gens. Voilà des gens bien fins. De fort dangereuses gens. Ce sont des gens fort dangereux. Quelles méchantes gens ! Ce sont des gens de bon sens. Des gens de bien. Il se fit estimer des plus gens de bien. Des gens qui pensent bien. Ce sont tous des gens à talents, des gens d’esprit. Ils se sont conduits en gens de cœur. Des gens d’honneur. Ce sont des gens de marque. Des gens de condition. Des gens de qualité. Des gens de néant. Des gens sans aveu. Des gens de peu de considération. De petites gens. Il y a parmi eux beaucoup de gens en place. Les gens de la campagne. Les gens de la ville. Les gens de ce village. Il avait avec lui des gens de main. Adressez-vous aux gens de service. Quelles gens êtes-vous ? Vous êtes de bonnes gens. Vous autres, bonnes gens, vous croyez cela. Il s’accommode de toutes gens. De telles gens sont à plaindre. Voilà de mes gens. Voilà bien de mes gens. Voilà de sottes gens. Ce sont de belles gens, ma foi. Les jeunes gens sont imprudents. Ce sont les meilleures gens que j’aie jamais vus, les meilleures gens du monde.
L’adjectif ou le participe placé en tête du membre de phrase où gens est sujet, se met toujours au masculin. Quoique déchus de leurs honneurs et de leur fortune, ces gens paraissent heureux. Instruits par l’expérience, les vieilles gens sont soupçonneux.
Lorsque Gens est précédé d’un adjectif des deux genres, on met Tous au masculin. Tous les honnêtes gens. Tous les habiles gens. Quand au contraire l’adjectif qui précède Gens est féminin, on met Toutes. Toutes les vieilles gens.
On met aussi Tous au masculin, lorsque Gens est suivi d’une épithète ou de quelque autre mot déterminatif. Tous les gens sensés, raisonnables, pieux, etc. Tous les gens qui raisonnent. Tous les gens de bien. Tous les gens à talents. Tous les gens en place. Tous ces gens-ci. Tous ces gens-là. Tous gens bien connus. Tous gens d’esprit et de mérite.
Les gens du monde, Les personnes qui vivent dans le monde. Il se dit aussi quelquefois par opposition Aux gens qui ont une profession savante. Cet astronome s’efforce de mettre la science à la portée des gens du monde.
Fam., Des gens de sac et de corde, Des hommes capables d’actes criminels et dignes de châtiments exemplaires.
Fam., Il y a gens et gens, Il y a grande différence entre certaines personnes.
Fam., Se connaître en gens, Avoir un discernement pour connaître le fort et le faible des hommes, leurs bonnes et leurs mauvaises qualités.
Prov., Vous vous moquez des gens, vous nous prenez pour des gens de l’autre monde, Vous nous prenez pour des ignorants, pour des idiots.
Prov., Il n’y a ni bêtes ni gens, se dit D’un lieu très solitaire.
p. 824Bêtes et gens, se dit dans quelques phrases familières. L’espace était étroit, mais nous trouvâmes le moyen de nous y loger tous, bêtes et gens.
Gens, ne se dit jamais en parlant D’un nombre déterminé de personnes, à moins qu’il ne soit précédé de certains adjectifs, comme dans ces exemples : Il y vint quatre pauvres gens. Nous étions dix honnêtes gens. Ces quatre frères étaient quatre braves gens.
Fam., Mille gens, des milliers de gens, etc., Beaucoup de gens en nombre indéterminé. Plus de mille gens me l’ont dit. Il y a des milliers de gens qui voudraient être à votre place.
Gens, suivi de la préposition de et d’un substantif qui désigne une profession, un état quelconque, signifie, Tous ceux d’une nation, d’une ville, etc., qui sont de cet état, de cette profession, soit qu’ils forment en effet un corps particulier dans la société générale, soit que l’esprit les rassemble sous une seule et même idée. Dans cette acception et dans celles qui suivent, il ne veut jamais l’adjectif ou le participe au féminin. Les gens de robe. Les gens d’Église. Les gens de guerre. Les gens d’épée. Les gens de loi. Les gens de mer. Les gens de lettres. Les gens de finance. Les gens d’affaires. Les gens de pied, de cheval.
Il peut également ne comprendre qu’une partie de ceux qui sont du même état, de la même profession. On y voyait des gens de robe, des gens d’épée. Une réunion de gens de lettres. Certains gens d’affaires. Quelques gens de pied.
Gens d’armes, s’écrit quelquefois pour Gendarmes, employé dans son acception primitive. Une compagnie de gens d’armes.
Gens, se dit encore de Ceux qui sont d’un parti, par opposition à ceux de l’autre. Nos gens ont battu les ennemis. Nos gens ont été repoussés. Je craignais que ce ne fussent des ennemis, et c’étaient de nos gens. Nos gens battirent les vôtres. Dix de nos gens y périrent.
Il se dit également Des personnes qui sont d’une même partie de promenade, de jeu, de festin, etc. Tous nos gens sont arrivés, faites servir le dîner. Tous nos gens sont au rendez-vous. Ce sens est très familier.
Il s’est dit, dans les ordonnances, dans les édits, etc., Des parlements et autres compagnies de justice. Les gens tenants la cour de parlement. Les gens tenants la chambre des comptes, la cour des aides, le présidial de tel lieu, etc.
Les gens du roi, Les procureurs et avocats généraux, les procureurs et avocats du roi.
Gens, veut encore dire, Les domestiques. Tous vos gens vous ont quitté. Tous mes gens sont malades. Un de ses gens. Tous les gens de monsieur sont venus. Appeler ses gens.
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