gâter

7e édition

GÂTER.

v. a.
■  Endommager, mettre en mauvais état, détériorer, donner une mauvaise forme, etc. La nielle a gâté les blés. La grêle a gâté les vignes. La petite vérole lui a gâté le teint. La lecture continuelle gâte la vue. La pluie a gâté les chemins. Il a gâté sa maison en la voulant embellir. Le tailleur a gâté votre habit. Il s’est avisé de retoucher ce tableau, et l’a gâté. J’ai gâté cinq plumes avant de pouvoir en tailler une qui allât bien.
Fig., L’âge a gâté la main à cet écrivain, à ce chirurgien, L’âge lui a rendu la main moins légère, moins sûre.
Fig. et fam., Se gâter la main, S’habituer à négliger les règles de l’art, en faisant des travaux peu soignés. Cet artiste s’est gâté la main.
Gâter, se dit figurément en parlant Des choses morales, des productions de l’esprit, des affaires, etc. Nous étions fort joyeux, quand il vint, par sa présence, gâter notre plaisir. L’affectation gâte les dons naturels. En voulant refaire son vers, il l’a gâté. Ce trait faux gâte tout le passage.
Fam., Gâter les affaires, Empêcher, par malice ou par gaucherie, qu’un accommodement ait lieu ; détruire le bon accord qui règne entre les personnes. C’est un homme sans talent qui gâtera les affaires. On dit à peu près de même : Cet événement pourrait bien gâter les affaires. Ils étaient sur le point de s’accommoder, mais il échappa à l’un d’eux un mot qui gâta tout. On dit dans le sens contraire : Cela ne gâtera rien, ne gâte rien, Il n’en résultera, il n’en résulte aucun dommage pour l’affaire dont il s’agit. Votre présence ne gâte rien. Être riche ne gâte rien.
Fig., Gâter le métier, Diminuer le profit de son métier, en donnant sa marchandise ou sa peine à trop bon marché. C’est gâter le métier, que de faire si bon marché de cette étoffe. Cela se dit aussi figurément. C’est un mari trop complaisant pour sa femme, il gâte le métier.
Gâter quelqu’un dans l’esprit d’un autre, Nuire à sa réputation, le desservir. On l’a bien gâté dans l’esprit des honnêtes gens. Sa dernière action l’a gâté dans le monde.
Gâter, signifie aussi, Salir, tacher. Un cheval m’a éclaboussé, et a gâté mon habit.
Fig., Gâter du papier, Écrire beaucoup et mal, ou Écrire des choses inutiles. C’est un homme qui a gâté bien du papier dans sa vie.
Gâter, signifie encore figurément, Être trop indulgent pour quelqu’un, entretenir ses défauts, ses vices par trop de complaisance, trop de douceur. Il ne faut point laisser cet enfant entre les mains de sa mère, elle le gâte. Vous êtes trop bon pour vos domestiques, vous les gâtez.
Il signifie également, Corrompre, dépraver l’esprit, les goûts, les mœurs, etc. La lecture des mauvais livres, des romans, la mauvaise compagnie, gâtent les jeunes gens, leur gâtent l’esprit. On l’a gâté par de fausses louanges.
Gâter, se joint aussi avec le pronom personnel, et signifie au propre, Se corrompre. La viande se gâte dans la chaleur. Ces confitures se gâteront à l’humidité. Ce vin commence à se gâter, il se gâte. Ces fruits se sont gâtés.
Il se dit, figurément, en parlant Des changements de bien en mal, de la dépravation des mœurs, du goût, etc. Ce jeune homme se gâte depuis qu’il fréquente un tel. Je l’ai connu doux et modeste, il s’est gâté dans le commerce de ses nouveaux amis. Chez ce peuple, le goût et les mœurs se gâtèrent en même temps.
Il s’est bien gâté, signifie aussi, Il s’est bien décrié, il a bien perdu de sa réputation par sa faute.
Fig. et fam., Cela se gâte, cela commence à se gâter, Les choses prennent, commencent à prendre une fâcheuse tournure.
Gâté, ée. part. passé. Fruit gâté. Viande gâtée.
Enfant gâté, Jeune enfant que son père et sa mère gâtent par une trop grande indulgence.
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