venir

6e édition

VENIR.

v. n. Conjugaison : (Je viens, tu viens, il vient ; nous venons, vous venez, ils viennent. Je venais. Je vins. Je suis venu. Je viendrai. Je viendrais. Viens, venez. Que je vienne. Que je vinsse. Venant.)
■  Se transporter d’un lieu à un autre dans lequel est, était, ou sera celui qui parle, ou à qui l’on parle, ou dans lequel se suppose celui qui parle. Il est venu ici, ou simplement, Il est venu. Il est venu à pied, à cheval, en voiture. Il viendra demain. Il va venir. Il vint à nous tout effrayé. Le voilà qui vient. Il vint à ma rencontre. Il vint au-devant de moi. Il vint à grandes journées. Il vint en poste. Venez çà, Venez que je vous parle. Il viendra ce soir pour p. 917vous parler. Je viens pour vous dire que… Quand nous viendrez-vous voir ? Il vient d’Italie. Je le rencontrai qui venait de Rome. Je viens de la promenade. Je serai ce soir à tel endroit, venez m’y rejoindre. Si j’allais à la campagne, il viendrait m’y relancer. En combien de jours le courrier de Bordeaux vient-il à Paris ? On l’emploie quelquefois impersonnellement. Il venait dans cette maison toutes sortes de gens.
Il se dit aussi Du mouvement qui se fait d’un lieu éloigné à un lieu plus proche de celui qui parle : Il est venu de Rome à Lyon ; et Du mouvement qui se fait d’un lieu éloigné au lieu où est celui qu’on fait parler : César ordonna à Labiénus de le venir joindre. César fit venir des Gaules telle légion.
Venir, signifie également, Arriver au lieu où est celui qui parle. Quel jour vient le courrier ? Quel jour viennent les lettres ? Il viendra ce matin. Quand viendra-t-il ? Vous venez fort à propos.
Il se dit, quelquefois, Du mouvement qui se fait d’un lieu proche à un lieu éloigné ; mais seulement lorsque celui qui parle invite un autre à l’accompagner. Je m’en vais à Rome, voulez-vous venir avec moi ? Nous allons à la promenade, venez avec nous.
Il se construit, quelquefois, avec les pronoms personnels et la particule En, sans que cela change rien au sens. Dites-lui qu’il s’en vienne. Nous nous en vînmes ensemble.
Prov., Ne faire qu’aller et venir, Être toujours en mouvement.
Fam. et ironiq., C’est un beau venez-y voir, voilà un beau venez-y voir, C’est peu de chose, c’est une chose qui ne mérite pas d’être remarquée. Cela se dit pour rabaisser ce qu’un autre voudrait faire valoir.
Mouvement de va-et-vient. Voyez Va-et-vient.
Prov., Il semble qu’il vienne de l’autre monde, se dit en parlant D’un homme qui paraît ignorer ce qui se passe publiquement, et les choses que tout le monde sait. On dit aussi proverbialement, dans le même sens : D’où venez-vous ? De quel pays venez-vous ?
Fig., Je le verrai venir, il faut le voir venir, Je verrai, il faut voir ce qu’il fera, quel est son dessein. On dit aussi, Je vous vois venir, Je devine ce que vous pensez, ce que vous allez faire ou dire.
Fig., Laisser venir, voir venir, Attendre, ne se pas presser. Dans cette affaire, nous n’avons qu’à voir venir, qu’à laisser venir. Laissons-le venir, et nous verrons quel parti nous devons prendre.
Faire venir quelqu’un, Le mander, lui donner ordre ou avis pour qu’il vienne. Il a fait venir le médecin. Faites venir votre domestique.
Venir de faire une chose, Avoir fait une chose depuis très-peu d’instants. Il vient de sortir. Je viens de lui parler. Il vient de mourir. On dit de même, familièrement, Il vient de venir.
Venir, se dit aussi Des choses inanimées. Dans ce sens, on l’emploie souvent comme verbe impersonnel. Ces eaux viennent des montagnes. Le vent vient du nord. Il vient du vent de ce côté-là. Ouvrez la fenêtre, il viendra de l’air. Il venait des bouffées de chaleur.
Ses revenus viennent bien, Ils sont payés sûrement et régulièrement. Il a peu de revenu, mais le peu qu’il en a vient bien. Cette manière de parler vieillit.
Prov., Après la pluie vient le beau temps, Le beau temps succède à la pluie. Il signifie aussi, figurément et familièrement, Après un temps fâcheux, il en viendra un favorable.
Prov., Cela fait venir l’eau à la bouche, se dit D’une chose agréable au goût, et dont l’idée excite l’appétit quand on en parle ou qu’on en entend parler. On le dit aussi, figurément, De tout ce qui peut exciter les désirs. Ce que vous avez raconté des avantages de cette entreprise, lui a fait venir l’eau à la bouche.
Faire venir quelque chose, Donner ordre ou commission pour qu’une chose soit envoyée d’un lieu quelconque au lieu où l’on est. Faire venir des truffes du Périgord. Faire venir des provisions de la campagne. Faire venir une voiture. Faites venir un fiacre.
Cette denrée, cette marchandise vient, nous vient de tel pays, de telle ville, Elle nous est apportée de tel pays, de telle ville. On dit dans un sens analogue : Les arts sont venus de telle contrée. Cette maladie, cette contagion est venue, nous est venue de l’Orient. Etc.
Prov. et fig., Faire venir l’eau au moulin, Procurer à soi ou aux siens des avantages, de l’utilité, de l’argent, etc., par son industrie, par son adresse.
Au Jeu de la paume, un joueur dit à son compagnon, Laissez-moi venir ce coup-là, Laissez-le-moi jouer.
Prov. et fig., La balle vient au joueur, au bon joueur, L’occasion semble chercher ceux qui sont les plus capables d’en profiter.
À différents Jeux de cartes, Laissez-moi venir cette main, Laissez-moi faire cette levée.
Venir, se dit encore Des choses qui arrivent fortuitement, par accident, inopinément. Dans ce sens, on l’emploie souvent aussi comme impersonnel. Il lui vint une grosse fièvre. Il lui vint une ébullition. Il lui vient toujours beau jeu. Il vint une bourrasque, une tempête. S’il vient quelque changement. Tout lui vient à souhait. Cela lui vient bien à point. Un malheur ne vient jamais seul.
Elliptiq., Vienne une maladie, un revers, etc., Qu’il arrive une maladie, un revers, etc. Des flatteurs l’entourent ; vienne une disgrâce, il sera seul.
Venir, se dit particulièrement, dans un sens analogue au précédent, De ce que l’esprit conçoit, imagine, ou se rappelle. Il me vient une idée, un souvenir. Il me vint à l’esprit de lui faire cette proposition. Il me vint en pensée, il me vint en tête, il me vint à l’esprit, dans l’esprit que… Je voulais écrire sur cette matière, il ne me vint rien dont je fusse satisfait. Les idées lui venaient en foule. Il me vint en tête un soupçon. Il me vient un scrupule, un doute. Ce goût lui est venu naturellement.
Prov., Tout vient à point qui peut attendre, Dans les affaires de ce monde, on vient à bout de tout avec du temps et de la patience.
Fam., S’il allait venir faute de lui, s’il en venait faute, S’il venait à mourir. Ces phrases ont vieilli.
Prov. et pop., Cela lui vient de Dieu grâce, se dit en parlant D’une personne à qui il arrive quelque chose d’avantageux, sans qu’elle se soit donné aucune peine.
Prov., Le bien lui vient en dormant, se dit D’une personne qui devient riche sans rien faire.
Fig., Cela vint à ma connaissance, cette nouvelle est venue jusqu’à moi, le bruit en est venu jusqu’ici, J’ai appris cela, j’ai su cette nouvelle, le bruit en est parvenu jusqu’ici.
Venir, signifie aussi, Arriver par succession, par quelque hasard, échoir. Après la mort du père et de la mère, les biens viennent aux enfants. Les biens qui viennent du côté du père, de la mère. Le sot met à la loterie, croyant que le bon billet doit lui venir. Il ne me vient que des billets blancs.
Il signifie en outre, Succéder, arriver suivant l’ordre des choses. Le printemps vient après l’hiver. Ceux qui viendront après nous verront cela. Il viendra un temps. Un temps viendra. Il faut prendre le temps comme il vient. Quand le temps en sera venu. L’année, le mois, la semaine qui vient, L’année prochaine, le mois prochain, la semaine prochaine.
Vienne la Saint-Martin, viennent les Rois, etc., Quand la Saint-Martin arrivera, quand les Rois arriveront, etc. Populairement, Elle aura quinze ans viennent les prunes, L’été prochain.
Venir, signifie encore, Être issu, être sorti. Il vient de cette maison par les femmes. C’est un homme qui vient de bon lieu. Il vient de bas lieu.
Ce mot vient de tel autre, Il en est dérivé. On dit de même, Ce mot, cette expression vient du grec, vient de l’espagnol, etc.
Venir, signifie aussi, Naître, croître, être produit. Les oliviers ne viennent pas dans cette province. Il ne vient point de blé dans ce pays-là. On ne saurait faire venir cet arbre dans nos forêts. Les melons, les orangers, la canne à sucre, viennent là en pleine terre. Il viendra de belles tulipes de ces oignons. Cette plante vient de bouture. Ce semis commence à venir. Les dents commencent à venir à cet enfant. On dit figurément en ce sens, La raison lui viendra avec l’âge.
Venir bien, Profiter, croître comme il faut, réussir ; et, dans un sens contraire, Venir mal. Cet arbre vient bien, vient mal. Cet enfant ne vient pas bien : on dit aussi, Il a de la peine à venir.
Venir, se dit quelquefois Des choses liquides qu’on tire d’un vaisseau où elles étaient contenues ; et alors il signifie, Sortir. Cela ne vient que goutte à goutte. Le vin est au bas, il vient trouble. On voulut le saigner, mais le sang ne vint pas.
Il signifie aussi, Procéder, émaner. De là vient qu’il y a si peu de bonne foi dans le monde. Tous ces malheurs viennent de ce que… Cela vient de bonne main. Cela vient d’une personne que j’estime fort. D’où vient cet usage, cette façon de parler ? D’où vient cette animosité ? D’où vient qu’il est si triste, si joyeux ?
Venir, signifie en outre, Monter, s’élever. Ces bottines ne me viennent pas à mi-jambes. Les eaux viennent jusqu’au premier étage. Votre fils me vient à l’épaule.
p. 918Venir, s’emploie, surtout avec la préposition à, dans un grand nombre d’autres phrases, la plupart figurées.
En venir aux mains, Commencer à se battre. On en vint aux mains avec les ennemis. Les deux armées étaient prêtes à en venir aux mains.
En venir aux reproches, aux menaces, aux grosses paroles, aux injures, aux coups, aux prises, etc., Pousser l’aigreur de la conversation, porter la dispute jusqu’aux reproches, aux menaces, aux injures, aux coups, etc.
En venir aux extrémités, à la violence, à la force, Employer la violence, la force. Il en fallut venir à un procès, Il fallut plaider.
Il faut en venir là, se dit De la mort et de tout ce qu’on regarde comme nécessaire, comme inévitable. On le dit aussi De ce qu’on regarde comme plus expédient. Après avoir bien réfléchi, bien discuté, vous verrez qu’il faut en venir là.
C’est là que j’en voulais venir, c’est où j’en voulais venir, C’est à ce but que tendaient mes actions, mes discours. On dit de même, Où veut-il en venir ?
Ils en vinrent au point de faire telle chose, Ils furent réduits à faire telle chose ; ou bien, Ils se portèrent à de telles extrémités, qu’ils firent telle chose.
Les choses vinrent à un point, que… à un tel point, que… si avant, que… Elles furent portées à un tel excès, si loin, que… Il vint à un tel point d’insolence, que… Il fut, il devint si insolent, que…
Venir au fait, à la question, à la discussion d’une affaire, à la conclusion, Parler de la chose dont il s’agit, agiter la question, discuter une affaire, conclure.
Faire venir à la raison, Réduire à la raison, mettre à la raison, soit par la persuasion, soit par la force. On dit figurément et familièrement, dans le même sens, Faire venir à jubé ; venir à jubé. Voyez Jubé.
Ce roi vint jeune à la couronne, Y parvint jeune.
Venir à une succession, Hériter. Venir à une succession par tête, par souche, par représentation, etc.
Venir au sou la livre, Partager au sou la livre. Cette phrase a vieilli.
Venir à compte, à partage, à composition, Compter, partager, composer.
Venir à maturité, en maturité, Mûrir.
Cet enfant est venu au monde tel jour, Il est né tel jour ; Il est venu à terme, Il est né à l’époque ordinaire de la naissance ; et, Il est venu avant terme, Il est né avant le terme ordinaire de la gestation.
Absol., Cet enfant nouveau-né est bien venu, La mère en est accouchée heureusement : et au moment où elle accouche, on dit que L’enfant vient bien, lorsqu’il se présente de la manière la plus naturelle.
On craint que son fruit, que son enfant ne vienne pas à bien, se dit Lorsqu’une femme grosse est maladive, ou a fait une chute, un effort, dont on craint les suites.
Ses enfants ne viennent pas à bien, se dit aussi D’une femme dont les enfants meurent très-jeunes.
Venir bien à, Être approprié à la chose, à la personne, lui convenir. Cette robe, cet habit, cette perruque, cette coiffure vient bien à la taille, à l’air du visage.
Ce que je vais dire vient à mon sujet, Convient au sujet de mon discours.
Ces couleurs, ces nuances viennent bien ensemble, Elles s’assortissent bien ensemble. Il vieillit.
En termes d’Impr., Cette feuille, cette estampe est bien venue, est mal venue, Elle est sortie bien tirée, mal tirée de dessous la presse.
Venir à rien, Diminuer beaucoup, se réduire presque à rien. À force de bouillir, cette sauce est venue à rien. À force de maigrir, cet homme vient à rien. Figurément, Tous ses grands projets viendront à rien, Tous ses grands projets n’auront aucune suite, aucun succès.
Venir à bout de ses desseins, de ses entreprises, Y réussir. Venir à bout de faire une chose, venir à bout d’une chose, Parvenir à faire une chose, parvenir à la fin d’une chose, en trouver la fin. Venir à bout de ses ennemis, Les surmonter. En venir à son honneur, Réussir dans ce qu’on avait entrepris.
Venir à son but, à ses fins, Arriver à son but, à ses fins, réussir.
Venir à la traverse, Traverser, troubler un dessein, une affaire.
Par menace, Qu’il y vienne, Qu’il s’en avise, qu’il ait cette hardiesse.
Venir, suivi de la préposition à, se construit avec toutes sortes de verbes à l’infinitif, comme Venir à faire, venir à dire, etc., pour marquer ce qu’une action a d’inattendu, de fortuit, ou pour exprimer le dernier terme d’une gradation, etc. S’il venait à mourir, S’il arrivait qu’il mourût. Si le secret venait à être découvert, Si, par hasard, le secret était découvert. Je vins tout à coup à me le rappeler, Tout à coup je me le rappelai. Nous vînmes à parler de telle chose, Nous parlâmes de telle chose, la conversation tomba sur tel sujet. Il vint jusqu’à me déclarer… Il poussa l’entêtement, l’audace, etc., jusqu’à me déclarer… On dit de même, Il en vint jusqu’à le menacer, jusqu’à l’insulter, etc.
Venir, s’emploie quelquefois substantivement, comme dans cette phrase, L’aller et le venir.
À venir. Locution qui tient lieu d’adjectif, et dont on se sert pour dire, Qui doit venir, qui doit arriver. Le temps à venir. Les temps à venir. Les siècles à venir. Voyez Avenir.
Venu, ue. participe.
Soyez le bien venu, soyez la bien venue. Formule de bienveillance ou de civilité dont on se sert à l’égard d’une personne qui arrive. On écrit aussi, Bienvenu, bienvenue, en un seul mot.
Être bien venu partout, Être bien reçu partout.
Cet homme est nouveau venu, Il est nouvellement arrivé. Substantivement, Un nouveau venu, Un homme qui vient d’arriver ou d’être admis dans une société. On dit de même au féminin, Une nouvelle venue ; et au pluriel, Les nouveaux venus, les nouvelles venues.
Le premier venu, Celui qui arrive le premier. Figurément, Confier son secret au premier venu, Le confier sans discernement.
Le dernier venu, Celui qui arrive le dernier ; le dernier admis.
Au féminin, La première venue, la dernière venue ; et au pluriel, Les premiers venus, les derniers venus ; les premières venues, les dernières venues.
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