venir

5e édition

VENIR.

verbe n. Conjugaison : Venant. Je viens, tu viens, il vient ; nous venons, vous venez, ils viennent. Je venois. Je vins. Je suis venu. Je viendrai. Viens, venez. Que je vienne. Que je vinsse. Je viendrois, etc.
■  Se transporter d’un lieu à un autre où est celui qui parle, ou plus voisin de celui qui parle, ou enfin dans lequel se suppose celui qui parle. Il est venu ici, ou simplement, Il est venu. Il viendra demain. Il va venir. Il vint à nous tout effrayé. Le voilà qui vient. Il vint à ma rencontre, au-devant de moi. Il vint à grandes journées. Il vint en poste. Venez çà. Je viens pour vous dire que.... Quand nous viendrez-vous voir ? Il vient d’Italie. Je le rencontrai qui venoit de Rome. Je viens de la promenade. En combien de jours le courier de Bordeaux vient-il à Paris ?
p. 723Il se dit aussi Du mouvement qui se fait d’un lieu éloigné à un lieu plus proche de celui qui parle, Il est venu de Rome à Lyon ; et Du mouvement qui se fait d’un lieu éloigné au lieu où est celui qu’on fait parler. César ordonna à Labiénus de le venir joindre. César fit venir une telle Légion des Gaules.
Venir, signifie aussi, Arriver au lieu où est celui qui parle. Quel jour vient le courier ? Quel jour viennent les lettres ?
Il se dit quelquefois Du mouvement qui se fait d’un lieu proche à un lieu éloigné ; mais ce n’est que lorsque celui qui parle invite un autre à l’accompagner. Je m’en vais à Rome, voulez-vous venir avec moi ? Nous allons à la promenade, venez avec nous.
Il se construit quelquefois avec les pronoms personnels et la particule En, sans que cela change rien au sens. Dites-lui qu’il s’en vienne. Nous nous en vînmes ensemble.
On dit proverbialem. Ne faire qu’aller et venir, pour, Être toujours en mouvement.
Ironiquement, C’est un beau venez-y voir, pour, C’est peu de chose, c’est une chose qui ne mérite pas d’être remarquée. Il est familier.
On dit proverbialement d’Un homme qui paroît ignorer ce qui se passe publiquement, et les choses que tout le monde sait, qu’Il semble qu’il vienne de l’autre monde. On dit aussi proverbialement dans le même sens, D’où venez-vous ? De quel pays venez-vous ?
On dit figurém. Je le verrai venir, il faut le voir venir, pour, Je verrai, il faut voir ce qu’il fera, quel est son dessein.
On dit de même, Je vous vois venir, pour, Je devine ce que vous allez faire ou dire.
On dit, Laisser venir, voir venir, pour dire, Attendre, ne se pas presser. Dans cette affaire, nous n’avons qu’à voir venir, à laisser venir.
Venir, se dit aussi Des choses inanimées. Il vient du vent de ce côté-là. Ouvrez la fenêtre, il viendra de l’air.
On dit, que Les revenus viennent bien, pour, qu’Ils sont payés sûrement et régulièrement. Il a peu de revenu, mais le peu qu’il en a vient bien.
On dit proverbialement, Après la pluie vient le beau temps, pour, Le beau temps succède à la pluie. On le dit aussi au figuré, pour, Après un temps fâcheux, il en viendra un favorable.
On dit proverbialement d’Une chose agréable à manger, et dont l’idée excite l’appétit, quand on en parle ou qu’on en entend parler, Elle fait venir l’eau à la bouche. Cela se dit aussi au figuré, en parlant De tout ce qui peut exciter les désirs. Le récit que vous lui avez fait des richesses de ce Pays-là, lui a fait venir l’eau à la bouche.
On dit figurément et proverbialem. Faire venir l’eau au moulin, pour, Se procurer ou procurer aux autres des avantages, de l’utilité, etc. par son industrie, par son adresse.
Au jeu de la Paume, un joueur dit à son compagnon, Laissez-moi venir ce coup-là, pour, Laissez-le-moi jouer. Et figurément on dit, que La balle vient au joueur, au bon joueur, pour, que L’occasion semble chercher ceux qui sont les plus capables d’en profiter.
À différens jeux de cartes, on dit, Laissez-moi venir cette main, pour dire, Laissez-moi faire cette levée.
On dit, Vienne la S. Martin, viennent les Rois, pour, Quand la S. Martin arrivera, quand les Rois arriveront. Elle aura quinze ans viennent les prunes, L’été prochain. Il est familier et populaire.
Venir, se dit aussi Des choses qui arrivent fortuitement et par accident. Il lui vint une grosse fièvre. Il lui vint une ébullition de sang. Il lui vient toujours beau jeu. Il vint une bourrasque, une tempête. S’il vient quelque changement. Il viendra un temps. Il faut prendre le temps comme il vient. Tout lui vient à souhait. Cela lui vient bien à point. Un malheur ne vient jamais seul. Quand le temps en sera venu. Venir à point. Venir à propos. Venir à temps. Venir au bon moment. Venir trop tard. Venir hors de saison. Cela vient comme Mars en Carême, À propos, au moment où il faut.
On dit proverbialement et populairement d’Un homme à qui il arrive quelque chose d’avantageux, sans qu’il se soit donné aucune peine, que Cela lui vient de Dieu grâce.
On dit aussi proverbialement d’Un homme qui devient riche sans rien faire, que Le bien lui vient en dormant.
On dit figurément, Cela vint à ma connoissance, cette nouvelle est venue jusqu’à moi, le bruit en est venu jusqu’ici, pour, J’appris cela, j’ai su cette nouvelle, le bruit en est parvenu jusqu’ici.
Il signifie aussi, Arriver par succession, par quelque hasard, échoir. Je mettrois à la loterie, si je croyois que le bon billet me dût venir. Il ne me vient que des billets blancs. Après la mort du père et de la mère, les biens viennent aux enfans. Les biens qui viennent du côté du père, de la mère.
Venir, se prend encore pour, Être issu, être sorti. Il vient de cette Maison par les femmes. C’est un homme qui vient de bon lieu. Il vient de bas lieu.
On dit, qu’Un mot vient d’un autre, pour, qu’Il en est dérivé.
Il signifie aussi, Naître, croître, être produit. Il ne vient point de blé en ce Pays-là. On ne sauroit faire venir de vin en cette Province. Les melons, les orangers, la canne à sucre viennent là en pleine terre. Il viendra de belles tulipes de ces ognons. On dit figurément en ce sens, La raison lui viendra avec l’âge.
On dit : Il me vient une idée, un souvenir. Il me vint à l’esprit de marier ces deux jeunes gens sans délai. Je voulois écrire sur cette matière, il ne me vint rien dont je fusse satisfait. Il me vint en tête un soupçon. Il me vient un scrupule, un doute.
En parlant Des choses liquides qu’on tire d’un vaisseau où elles étoient contenues, il signifie Sortir. Cela ne vient que goutte à goutte. Le vin est au bas, il vient trouble.
Il se prend aussi pour, Procéder, émaner. De là vient qu’il y a si peu de bonne foi dans le monde. Tous ces malheurs viennent de ce que .. Cela vient de bonne main. Cela vient d’une personne que j’estime fort. D’où vient cet usage, cette façon de parler ? D’où vient cette animosité.
On dit proverbialement et figurém. Ce qui vient de la flûte s’en retourne au tambour, ou ce qui vient par la flûte s’en retourne par le tambour, pour, que Des biens acquis par des voies trop faciles ou peu honnêtes, se dépensent mal-à-propos, et aussi facilement qu’ils ont été amassés.
Venir, signifie, Monter, s’élever. Ces bottines ne me viennent pas à mi-jambe. Les eaux viennent jusqu’au premier étage.
Venir, se dit au sens de Profiter, s’accroître, réussir. Cet enfant ne vient pas bien. Il a de la peine à venir. Cet arbre vient bien.
On dit proverb. Tout vient à point qui peut attendre, Tout réussit avec le temps, il ne s’agit que d’avoir patience.
Venir, signifie encore Parvenir. Ce Roi vint jeune à la couronne.
Venir, se dit aussi dans plusieurs différentes façons de parler, ou proverbiales ou figurées. Ainsi on dit, En venir aux mains, pour, Commencer à se battre. On en vint aux mains avec les ennemis. Les deux armées étoient prêtes à en venir aux mains.
On dit, En venir aux reproches, aux menaces, aux grosses paroles, aux injures, aux coups, aux prises, etc. pour dire, Pousser l’aigreur de la conversation, porter la dispute jusqu’aux reproches, aux menaces, aux injures, aux coups, etc.
On dit encore, Il faudra en venir aux extrémités, à la violence, à la force, pour, Il faudra se servir de la violence. de la force. Et on dit, Il en fallut venir à un procès, pour, Il fallut plaider.
Venir à. Façon de parler ordinaire, qui se construit avec toutes sortes de verbes à l’infinitif, comme, Venir à faire, venir à dire, etc. et qui y ajoute une idée d’incertitude ou d’événement imprévu. Ainsi on dit, S’il venoit à mourir, pour, S’il mouroit ; Si le secret venoit à être découvert, pour, S’il étoit découvert ; Nous vînmes à parler, pour, Nous parlâmes ; et, Il vint jusqu’à me déclarer …, pour, Il porta la confiance, l’indiscrétion, etc. jusqu’à me déclarer....
On dit, Il en vint jusqu’à le menacer, pour, Il le menaça enfin.
On dit quelquefois en menaçant, Qu’il y vienne, pour, qu’Il ait la hardiesse de …
On dit De la mort et de tout ce qu’on regarde comme nécessaire, comme inévitable, Il en faut venir là. On le dit aussi De ce qu’on regarde comme plus expédient. Après avoir bien raisonné, vous verrez qu’il en faut venir là.
On dit, Ils en vinrent au point de faire telle chose, pour, Ils furent réduits à faire telle chose, ou bien, Ils se portèrent à telle extrémité qu’ils firent telle chose.
On dit, Les choses vinrent à un point que … à un tel point que .... si avant que … pour, Elles furent portées à un tel excès, si loin que … Et on dit, Il vint à un tel point d’insolence, pour, Il fut, il devint si insolent.
p. 724On dit, Venir au fait, à la question, à la discussion d’une affaire, à la conclusion, pour, Parler de la chose dont il s’agit, agiter la question, discuter, conclure.
On dit, Faire venir à la raison, pour, Réduire à la raison, mettre à la raison, soit par la persuasion, soit par la force. On dit dans le même sens, Faire venir à jubé, venir à jubé. Voyez Jubé.
On dit, Venir à une succession, pour, Hériter. Venir à une succession par tête, par souche, etc. Et on dit, Venir au sou la livre, pour, Partager au sou la livre.
On dit, Venir à compte, à partage, à composition, pour, Compter, partager, composer. Et on dit, Venir à maturité, en maturité, pour, Mûrir.
On dit d’Un enfant, Il est venu au monde un tel jour, pour, Il est né un tel jour ; et, Il est venu à terme, pour, Il est né à l’époque ordinaire de la naissance.
On dit, Venir à rien, pour, Diminuer beaucoup, se réduire presque à rien. C’est dans cette acception qu’on dit d’Un homme, qu’À force de maigrir il vient à rien. Et l’on dit figurément, Tous ses grands projets viendront à rien, pour, Tous ses grands projets n’auront aucune suite, aucun succès.
Venir bien. Façon de parler dont on se sert, pour, Etre approprié à la chose, à la personne, lui convenir. Une robe, un habit, une perruque, une coiffure vient bien à la taille, à l’air du visage, pour, qu’Elle convient bien. Et dans la même acception, on dit proverbialement, qu’Une chose vient comme de cire. Ce que je vais dire vient à mon sujet, Convient au sujet de mon discours.
On dit de même, que Des couleurs, des nuances viennent bien ensemble, pour, qu’Elles s’assortissent bien ensemble. Il vieillit.
On dit d’Un enfant nouveau-né, qu’Il est bien venu, pour, que La mère en est accouchée heureusement : et au moment où elle accouche, on dit que L’enfant vient bien, pour, qu’Il se présente de la manière la plus naturelle.
Lorsqu’une femme grosse a fait quelque chute, quelque effort, qui donne lieu de craindre qu’elle ne soit blessée, on dit, qu’On craint que son fruit, que son enfant ne vienne pas à bien.
On dit aussi d’Une femme dont les enfans meurent très-jeunes, que Ses enfans ne viennent pas à bien.
On dit, Venir à bout de ses desseins, de ses entreprises, pour, Y réussir ; Venir à bout de faire une chose, venir à bout d’une chose, pour, Parvenir à faire une chose, parvenir à la fin d’une chose, en trouver la fin ; Venir à bout de ses ennemis, pour, Les surmonter ; et, En venir à son honneur, pour, Réussir dans ce qu’on avoit entrepris.
On dit, Venir à son but, à ses fins, pour, Arriver à son but, à ses fins, réussir.
On dit, Venir à la traverse, pour, Traverser, troubler un dessein, une affaire.
On dit dans le style familier, S’il alloit venir faute de lui, s’il en venoit faute, pour, S’il venoit mourir.
Venir de. Autre façon de parler ordinaire, qui se construit pareillement avec toutes sortes de verbes à l’infinitif, pour marquer Un temps passé depuis très-peu. Je viens de la quitter. Il ne vient que de partir. Il vient d’expirer. Et familièrement, Il vient de venir.
À venir. Façon de parler dont on se sert, pour dire, Qui doit venir, qui doit arriver. Le temps à venir. Les temps à venir. Les siècles à venir.
Venir, s’emploie aussi substantivement, comme dans cette phrase, L’aller et le venir.
Venu, ue. participe.
Soyez le bien venu, soyez la bien venue. Formule de bienveillance ou de civilité.
On dit, qu’Un homme est bien venu partout, pour dire, qu’Il est bien reçu partout.
On dit, qu’Un homme est nouveau venu, pour, qu’Il est nouvellement arrivé. Et en parlant d’Un homme qui vient d’être admis dans une société, on dit, que C’est un nouveau venu.
On dit, Le premier venu, pour, Celui qui est arrivé le premier. Et on dit, Confier son secret au premier venu, pour, Le confier sans discernement au premier que l’on rencontre.
On dit aussi, Le dernier venu, pour, Celui qui arrive le dernier ; le dernier admis.
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