porter

6e édition

[II.] PORTER.

v. a.
↪ voir aussi : [I.] Porter (n. m.)
■  Soutenir quelque chose, être chargé de quelque poids. Porter un sac de blé. Porter un ballot de livres. Porter du bois. Porter de l’eau. Porter un fardeau. Porter deux cents pesant. Porter sur la tête. Porter sur le dos. Porter sur les épaules. Porter une hotte. Porter à bras. Il fallut le porter à bras. Porter dans ses bras. On le portait dans une chaise. Se faire porter en chaise. Vous ne sauriez porter cela d’une main. Porter un étendard, un drapeau. Porter le dais du saint sacrement. Porter une châsse. Porter une bière.
Fig., Avoir plus de travail, plus d’affaires qu’on n’en peut porter, Être chargé de tant de travail, d’une si grande quantité d’affaires, qu’on n’y saurait suffire. Porter tout le poids des affaires, En être chargé seul, en avoir seul tout le travail.
Prov. et fig., Porter le poids du jour et de la chaleur, Faire tout le travail, endurer toute la peine, tandis que les autres se reposent.
Prov. et pop., Il a été le plus fort, il a porté les coups, se dit D’un homme qui a été battu par un autre.
Fig., Il en portera l’iniquité, la peine, Il en sera responsable, il en sera puni. On dit, familièrement, dans le même sens, Il en portera la folle enchère.
Fig. et fam., Porter les iniquités d’autrui, Payer les sottises que d’autres ont faites. Vous me faites porter vos iniquités. Les enfants portent souvent les iniquités de leur père.
Prov. et fig., Chacun porte sa croix en ce monde, Il n’y a personne qui n’ait ses afflictions particulières.
Fig., Porter le joug, Être dominé par quelqu’un. Cette femme le mène ; mais il porte le joug impatiemment.
Fig. et fam., Il ne le portera pas loin, se dit D’un homme par qui on a été offensé, et signifie qu’on se vengera de lui dans peu. On dit dans le même sens, Il ne le portera pas en paradis, en l’autre monde.
Fig. et fam., Porter quelqu’un sur les épaules, En être importuné, ennuyé, excédé. C’est un homme qu’on porte sur les épaules. Je le porte sur les épaules.
Fig., Porter quelqu’un dans son cœur, Le chérir extrêmement.
Porter la robe, la queue de quelqu’un, Soutenir la queue de sa robe, afin qu’elle ne traîne point par terre. Son laquais lui portait la robe, lui portait la queue.
En termes de Manége, Porter son cheval, Le soutenir, en marchant, de la main, des jarrets et des cuisses. Portez votre cheval en avant.
Fig., L’un portant l’autre, ou Le fort portant le faible, En compensant l’un avec l’autre, de manière à former une quantité moyenne. Cette vigne, cette terre rapporte tant tous les ans, l’un portant l’autre, le fort portant le faible.
Fig., Porter quelqu’un, L’aider de sa faveur, de son crédit, le favoriser. Celui qui le portait le plus, et de la protection duquel il espérait sa fortune, vint à mourir. Il y a des personnes puissantes qui le portent. Il est porté par des personnes puissantes ; et absolument, Il est fort porté. L’opinion publique le porte au ministère, à la présidence.
Fig., Porter quelqu’un, Lui donner sa voix dans une élection. Qui portez-vous ? Je porte un tel. Il sera porté par la majorité de l’assemblée.
Porter, signifie encore, Transporter une chose d’un lieu dans un autre. Il prit deux tableaux qui étaient dans un corridor, et les porta dans sa chambre. Portez ces papiers dans mon cabinet. Portez cette lettre à la poste. Portez-lui cela de ma part. Faire porter des marchandises par eau, par terre.
Il s’emploie aussi figurément, au sens moral. Il a porté dans ces contrées quelques-uns des arts de l’Europe. Il porta la guerre dans l’Asie. Il a porté le fer et la flamme dans cette province. Il a porté la terreur, la désolation dans ce pays. Il a porté le trouble, la confusion dans cette famille. Porter un procès devant le juge. La cause sera portée à l’audience. Porter ses plaintes, porter sa plainte au roi, au magistrat.
Porter quelqu’un en terre, Le porter pour l’enterrer. Porter quelqu’un par terre, Le renverser par terre.
Fig., Porter une personne, une chose aux nues, La louer excessivement.
Porter un article sur un registre, sur un livre de compte, L’y inscrire. On dit dans le même sens : Porter à compte, en recette, en dépense. Porter en débet. Porter au crédit. Porter au débit. Porter quelqu’un sur une liste.
Porter, se dit aussi Des chevaux, des bêtes de charge et de voiture, et des objets inanimés qui soutiennent quelque chose de pesant. Le cheval qui le portait. Un mulet qui porte cinq cents pesant. Un vaisseau qui porte cinq cents hommes d’équipage, et des vivres pour six mois. Une rivière qui porte de grands bateaux. Des colonnes qui portent une galerie.
Cette rivière porte bateau, Elle est navigable.
Ce vin porte bien l’eau, Quoiqu’on y mette de l’eau, on ne laisse pas d’en sentir la force. On dit dans le sens contraire, Ce vin ne porte pas l’eau.
Porter bien le vin, Boire beaucoup de vin sans s’enivrer.
En termes de Marine, Ce bâtiment porte bien la voile, se dit D’un bâtiment qui penche peu, quoiqu’il ait beaucoup de voiles et que le vent souffle avec quelque violence.
Porter, signifie aussi simplement, Avoir sur soi ou tenir à la main, sans égard à la pesanteur de la chose. Il ne porte jamais d’argent sur lui. Il porte toujours quelque livre dans sa poche. Porter un bouquet à la main. Porter un cierge à la procession.
Aux Jeux de cartes où l’on a coutume d’écarter, Porter beau jeu, porter vilain jeu, Avoir beau jeu, vilain jeu aux premières cartes. Bien porter, mal porter, Garder ou écarter les cartes que la rentrée favorise.
Porter une couleur, se dit en parlant De la couleur dont on a le plus de cartes en main, et dans laquelle on a son jeu fait, ou presque fait. Il portait une quinte de cœur toute faite. Il portait pique, mais il ne lui est rien rentré.
Porter à une couleur, se dit en parlant De la couleur dans laquelle on cherche à p. 461faire son jeu. Il porte à trèfle. Il porte à la quinte majeure de carreau.
Porter, se dit particulièrement, dans l’acception qui précède, en parlant De tout ce qu’on met sur soi, pour servir à l’habillement, à la parure, à la défense, ou pour marquer la profession, l’état, la dignité. Porter des habits brodés. Porter un habit tout uni. C’est un habit qui n’a jamais été porté. Porter du velours, du satin. Porter du drap. Porter des dentelles. Porter des chemises fines. Porter des gilets de laine sur la peau. Porter des souliers plats, des souliers de couleur. Porter le deuil. Porter la haire. Porter la perruque. Porter perruque. Porter ses cheveux. Porter une longue chevelure. Les Orientaux portent la barbe. Porter un collier de perles. Porter une bague au doigt. Porter des pistolets. Porter une épée. Porter une soutane. Porter une écharpe. Porter des plumes à son chapeau. Porter la décoration de la Légion d’honneur, la croix de Saint-Louis.
Porter l’épée, la robe, la soutane, le petit collet, le froc, Être officier, magistrat, ecclésiastique, abbé, moine.
Porter le mousquet, Servir comme soldat. Porter les armes, Servir dans une armée, faire la guerre. Il a porté les armes sous tel prince, au service de tel prince, sous tel général. Il porta les armes contre son pays.
Porter l’arme, les armes, Faire le mouvement de l’arme, qui consiste, pour les simples soldats, à la placer perpendiculairement contre l’épaule gauche, et à la saisir de la main gauche par-dessous la crosse. Faire porter les armes à une troupe.
Porter les armes à quelqu’un, Lui faire le salut militaire qui consiste à porter l’arme.
Il a porté les chausses, Il a été page. Il a porté les couleurs, les livrées, la livrée, Il a été laquais.
Fig. et pop., Cette femme porte le haut de chausses, porte les chausses, porte la culotte, Elle est plus maîtresse dans sa maison que son mari.
Porter le deuil d’une personne, Être en deuil d’une personne. Elle porte le deuil de son mari.
Porter les couleurs d’une dame, Porter dans son ajustement des couleurs semblables à celle qu’elle affectionne le plus ; et, au figuré, Se mettre au rang de ses adorateurs.
Fam., Un homme portant barbe, Un homme qui a de la barbe, un homme fait.
Porter, se dit aussi Des différentes manières de tenir son corps, sa tête, ses bras, etc., et de tout ce qui regarde la contenance et le geste. Porter la tête haute. Porter les pieds en dehors. Porter bien ses bras en dansant. Porter le bras en écharpe.
Il se dit en ce sens Des animaux, et principalement Des chevaux et des chiens. Ce cheval porte bien sa tête ; il porte beau. Ordinairement les chevaux tartares portent le nez au vent, portent au vent. Ce cheval porte bas. Ce chien porte bien ses oreilles. Ce chien porte bas l’oreille.
Fig. et fam., Cet homme porte le nez au vent, Il porte la tête fort haute, il a l’air hautain, orgueilleux.
Fig. et fam., Cet homme le porte haut, Il se prétend de grande qualité ; ou Il se prévaut de l’avantage que son rang, sa dignité, ses richesses, sa capacité, lui donnent.
Fig. et fam., Cet homme porte la mine d’avoir fait telle chose, On juge à sa mine, à son air, qu’il a fait telle chose. On dit de même : Il porte tout l’air d’un franc maraud. Il porte la mine d’un fripon.
Porter, signifie encore, Pousser, étendre, élever, faire aller, conduire. Il faut porter ce mur plus loin, Il faut le démolir et le reconstruire plus loin ; ou bien, Il faut le prolonger. Il faut porter cette haie encore plus loin. Un arbre qui porte sa tête jusque dans les nues. La tempête porta le vaisseau contre un écueil. Porter le pied en avant. Porter sa main à sa bouche, à sa tête. Ce prince a porté ses armes jusque dans le cœur du pays ennemi. Des tuyaux qui portent l’eau dans un jardin, dans une cour, dans une cuisine, dans un réservoir.
Il s’emploie aussi figurément, dans la même acception. Porter au loin la terreur de ses armes. Porter au loin son nom et sa gloire. Porter son ambition, ses espérances, ses désirs jusqu’aux plus grandes choses. C’est porter la vengeance à l’excès. C’est porter le ressentiment trop loin. On ne saurait porter le scrupule plus loin. Ses exploits ont porté sa gloire jusqu’aux extrémités du monde. Il porte tout à l’extrême. Il porte loin l’esprit d’économie. Porter son attention sur un objet. Il a porté ses soupçons jusque sur son frère. Il a porté la dignité, l’autorité de la magistrature à un haut degré. Il porte ses prétentions trop haut.
Porter la main à l’épée, porter la main au chapeau, Étendre sa main pour tirer l’épée, ou pour ôter son chapeau.
Porter la main sur quelqu’un, Le frapper.
Porter un coup à quelqu’un, Donner, ou tenter de donner un coup à quelqu’un. Ils lui portèrent plusieurs coups, mais il les para tous. Porter un coup d’épée. Porter une botte.
Fig., Cette affaire a porté un coup mortel à son crédit, à sa réputation, Elle a ruiné son crédit, sa réputation. On dit dans le même sens, Ce malheur a porté un coup mortel à sa santé.
Fig., Porter coup, se dit De certaines choses qui font une grande impression ou qui tirent à conséquence. Telle est la considération dont il jouit, que tout ce qu’il dit porte coup. Comme il ne dit rien qui ne soit à propos, toutes ses paroles portent coup. Cette démarche a porté coup.
Porter coup, se dit aussi De certaines choses qui nuisent. Ses plaisanteries portent coup. Cette entreprise a porté coup à sa fortune. Ce chagrin porta coup à sa santé.
Ce fusil porte bien son plomb, Quand on le tire, le menu plomb qu’il lance ne s’écarte pas trop, et va droit au but. On dit de même, Ce fusil porte bien la balle.
Porter ses regards, sa vue vers quelque endroit, Regarder, diriger ses regards, les fixer, les arrêter en quelque endroit. Quelque part que je porte la vue, je n’aperçois point de soldats.
Fig., Porter sa vue bien loin, Prévoir de loin les choses à venir. Porter ses vues bien haut, Former de grands desseins.
Porter ses pas en quelque lieu, S’y transporter. Où portez-vous vos pas ?
Porter la santé de quelqu’un, porter une santé, Boire à la santé de quelqu’un, en s’adressant à un autre pour l’inviter à en faire autant. À la fin du repas, on porta les santés.
Porter amitié, porter affection à quelqu’un ; et, Être porté d’amitié pour quelqu’un, Avoir de l’amitié, de l’affection pour quelqu’un. Porter honneur, porter respect, Honorer, respecter.
Porter envie, Envier. Il ne faut pas porter envie aux succès d’autrui. Il signifie aussi, Souhaiter, sans malveillance, un bonheur qu’on voit arriver à une autre personne. Je porte envie à mon ami de ce qu’il a le plaisir d’être avec vous.
Fam., Porter bonheur, porter malheur, porter guignon à quelqu’un, se dit D’une personne qui influe ou qui est censée influer sur le bonheur, sur le malheur de quelque autre. On le dit aussi Des choses. Le service que je lui ai rendu semble m’avoir porté bonheur.
Porter préjudice, un préjudice, Nuire. Je serais désolé de vous porter préjudice. Sa négligence m’a porté un grand préjudice.
Porter la parole, Parler au nom d’une autorité, d’une compagnie, d’un corps. L’avocat général a porté la parole dans cette affaire. Il portait la parole pour sa compagnie.
Porter parole, Donner assurance, promettre verbalement au nom de quelqu’un. Je lui ai porté parole de dix mille francs, pour dix mille francs. J’ai porté parole de cent mille francs pour l’achat de cette propriété. J’ai porté parole pour un tel.
Porter à quelqu’un des paroles de paix, de conciliation, Lui faire de la part d’un autre des propositions pacifiques, conciliantes.
Porter témoignage, Témoigner qu’une chose est ou n’est pas. Il est odieux de porter témoignage contre la vérité. Je puis porter témoignage qu’il n’en a jamais dit un mot.
Porter un jugement, son jugement de quelque chose, sur quelque chose, Juger de quelque chose. Je n’ai point encore porté de jugement là-dessus.
Porter, signifie encore, Avoir telle dimension. Cette poutre porte vingt pieds de long. Cela porte tant de long sur tant de haut, de large. Cette pièce de drap doit porter vingt aunes. Cette tenture porte dix-huit aunes de cours.
Porter, signifie aussi, Produire ; et il se dit De la terre, des arbres, etc. Des terres qui portent du froment. Un arbre qui porte de beaux fruits. L’arbre qui porte la noix muscade.
Cette somme porte intérêt, Elle produit intérêt.
Absol., Ce billet a porté ou n’a pas porté, Il a gagné ou n’a pas gagné.
Porter, se dit aussi Des femmes et des femelles des animaux. Les femmes portent ordinairement leurs enfants neuf mois. Porter un enfant à terme. L’enfant qu’elle porte. Les cavales portent onze mois.
Porter, signifie encore, Supporter, souffrir, endurer. Il porte impatiemment sa disgrâce. Il a porté son malheur en homme de courage.
Porter, signifie aussi, Induire, exciter à p. 462quelque chose. Son inclination le porte à ce genre d’études. Ce sont eux qui l’ont porté à cela. Les mauvaises compagnies l’ont porté à la débauche. Les bons exemples portent à la vertu. C’est l’avarice qui l’a porté à cette bassesse. Son caractère le porte à la modération. Ses amis l’ont porté à faire cette démarche.
Porter, se dit en parlant De l’esprit, du caractère, et signifie, Manifester, montrer. On porte partout son caractère. Il a porté dans cette affaire un esprit de chicane, un esprit de vétille. Il porte un grand esprit d’attention, de recherche dans tout ce qu’il veut traiter. Il porte en toutes choses un grand esprit de justice. Il porte dans la société une humeur douce et facile.
Porter, signifie encore simplement, Avoir. Il porte la tristesse peinte sur son visage. Il porte un cœur sensible. Il porte en lui le germe des plus heureuses qualités. Ce monument porte telle inscription. Cet acte ne porte point de date. Cette vaisselle porte les armes de telle personne. Tous les ouvrages de cet auteur portent le cachet de son talent. Porter les marques d’un coup, d’une blessure. Certaines pierres portent des empreintes de poissons, de feuilles, etc. Les monuments de ce peuple portent un caractère de force et de grandeur qui étonne. Cette conduite porte le caractère de l’hypocrisie et de la fraude.
Il s’emploie neutralement dans le même sens, en termes de Blason. Il porte d’azur au lion d’argent. Il porte de gueules aux trois besants d’or.
Cela porte son excuse avec soi, se dit D’un empêchement légitime qu’on allègue, pour s’excuser de n’avoir pas fait quelque chose.
Il porte sa recommandation sur sa figure, Sa physionomie prévient en sa faveur.
Cette viande porte sa sauce, ce fruit porte son sucre, Cette viande est si bonne, qu’elle n’a pas besoin de sauce ; ce fruit est si doux, qu’il n’a pas besoin de sucre.
Porter, en parlant D’actes publics, de lettres et d’autres écrits, signifie, Déclarer, dire, exprimer. L’ordonnance porte que… L’arrêt porte condamnation. Il est porté par la loi, par le contrat, que… La flotte est arrivée, les dernières lettres qu’on a reçues le portent expressément. Les lettres d’aujourd’hui portent que tout est dans le même état. Cet article n’est point porté dans le contrat. Comme le portent vos ordres. Votre traduction, dans cet endroit, n’est pas exacte ; ce n’est pas là ce que porte le texte.
Porter, est aussi verbe neutre, et signifie, Poser, être soutenu. Une poutre qui porte sur la muraille. Tout l’édifice porte sur ces colonnes.
Porter à fond, se dit D’une construction élevée à plomb sur son fondement. Porter à cru, Porter directement sur le sol.
Porter à faux, se dit D’une partie de construction qui est mal posée sur ce qui doit la soutenir, ou qui ne porte pas directement sur sa base, sur son point d’appui. Cette poutre, cette pierre porte à faux. On dit de même substantivement : Ce mur est hors d’aplomb, il est en porte à faux. Ce balcon est en porte à faux au-dessus de la porte d’entrée. Les loges de ce théâtre sont en porte à faux.
Fig., Ce raisonnement porte à faux, se dit D’un raisonnement qui n’est pas concluant, soit que le défaut vienne du principe, soit qu’on fasse du principe une mauvaise application.
Ce carrosse porte sur la flèche, Il touche, il bat sur la flèche quand il est en mouvement. La selle de ce cheval porte sur le garrot, Elle touche le cheval sur le garrot.
En parlant D’armes à feu, Tirer à bout portant, En appuyant le bout de l’arme sur le corps de quelqu’un, ou au moins de fort près.
Fig. et fam., Dire quelque chose à bout portant, Dire en face à une personne quelque chose de très-fâcheux et de très-direct.
En parlant D’un combat, La perte a porté principalement sur ce corps, Ce corps a principalement souffert, a perdu le plus de monde.
Fig., Cette observation, cette critique, cette objection porte sur telle chose, etc., Elle a telle chose pour objet.
En termes de Marine, Porter au sud, au nord, etc., Gouverner, faire route au sud, au nord, etc. On dit de même, Porter au large, porter à terre.
Porter, neutre, signifie aussi, Atteindre ; et, en ce sens, il se dit principalement Des armes de jet, et De ce qu’elles servent à lancer. Le canon de la place ne saurait porter jusqu’ici. Ce fusil porte à plus de cent pas. Ce canon, ce fusil, cette arbalète porte loin. Le boulet ne porta que jusqu’au pied de la muraille. Une coulevrine qui porte à une demi-lieue. Les fleches ne sauraient porter jusque-là. Tous les traits ont porté.
Il se dit également Des coups d’armes à feu et autres. Tous les coups que l’on tire ne portent pas. La blessure est dangereuse, car le coup a porté sur l’os.
Il signifie quelquefois, Toucher au but, l’atteindre. Le coup a porté juste.
Fig., Je ne vois pas où porte ce discours, Je n’en devine pas l’intention, le but. On dit plus ordinairement, Je ne vois pas où tend ce discours.
Sa vue porte loin, Il voit de très-loin.
La tête a porté, se dit en parlant D’un coup que l’on s’est donné à la tête en tombant.
Au Jeu de la paume, La balle a porté sur le toit, sur les deux toits, Elle y a touché. On dit aussi, La balle porte au mur, ou absolument, La balle porte, lorsque, de son premier bond, elle touche au mur, de façon que le mur la renvoie.
Fig., Porter à la tête, se dit D’une boisson ou d’une vapeur qui étourdit, qui entête. Ce vin porte à la tête. Cette odeur lui porte à la tête. On dit aussi, Porter sur les nerfs, en parlant De certaines choses qui irritent, qui agacent les nerfs.
Porter, s’emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, Aller, se transporter. Le roi, le général se porta, se porta de sa personne au fort de la mêlée. Ce corps d’armée se porta sur tel point. Se porter sur la ligne de bataille. La foule se porte à tel endroit. Cette pièce réussit, la foule s’y porte.
Fam., On s’y porte, se dit en parlant D’un lieu où il y a une grande foule, où l’on est très-serré.
Porter, avec le pronom personnel, se dit, dans une acception analogue à la précédente, en parlant De certaines choses. Le sang s’est porté à la tête. Tout le poids se porte de ce côté. La curiosité, l’intérêt se portait principalement sur lui.
Il se dit aussi en parlant Des différentes manières d’agir et de se conduire dans certaines occasions. Il s’y est porté en homme de cœur. Il s’y est porté un peu mollement.
Il se dit encore en parlant De la disposition de l’esprit, de l’inclination, de la pente qu’on a à faire quelque chose. C’est un jeune homme qui se porte au bien. Il s’est porté à cela de lui-même. Il se porte avec ardeur à tout ce qu’il fait. Il se porte au mal. Se porter à la débauche.
Se porter à la dernière extrémité, à des extrémités contre quelqu’un, Le traiter avec la dernière sévérité, exercer sur lui des actes de violence, d’emportement. On dit de même, Se porter à des excès.
Porter, avec le pronom personnel, se dit aussi en parlant De la santé. Se porter bien. Se porter mal. Comment vous portez-vous ? Il ne se porte pas trop bien depuis quelques jours. Il se porte mieux. Il veille, et ne s’en porte pas mieux. Quoiqu’il travaille beaucoup, il ne s’en porte pas plus mal.
En termes de Procédure, Se porter partie contre quelqu’un, Se rendre partie contre quelqu’un, intervenir contre lui dans un procès. Se porter pour appelant, Interjeter appel d’une sentence. Se porter héritier ou pour héritier, Prendre la qualité d’héritier, se déclarer héritier, et agir en cette qualité.
Se porter fort pour quelqu’un, Répondre de son consentement.
Porté, ée. participe.
Prov. et fig., Autant vaut traîné que porté, se dit en parlant De certaines choses qu’il n’importe guère de faire d’une manière plutôt que d’une autre, ou qui ne sont guère plus difficiles à faire d’une façon que d’une autre.
Fam., Vous voilà tout porté, se dit À quelqu’un qui n’a point à se déplacer pour faire ce qu’on lui demande. Demeurez ici à dîner, vous voilà tout porté.
Être porté à, Avoir de l’inclination, de la disposition à. Il est porté à médire.
Être plus porté pour une chose que pour une autre, Avoir plus de dispositions, plus de goût pour une chose que pour une autre.
En Peinture, Ombre portée, Toute ombre qu’un corps projette sur une surface.
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