livrer

6e édition

LIVRER.

v. a.
■  Mettre en main ; mettre une chose au pouvoir, en la possession de quelqu’un, selon les conventions faites avec lui. Livrer de la marchandise. Il doit livrer telle chose à telle époque. Livrer un ouvrage pour un certain prix, le livrer fait et parfait. Il doit me livrer une certaine quantité d’exemplaires.
Il signifie aussi, Mettre aux mains, au pouvoir, en parlant Des personnes. Livrer un coupable à la justice, aux mains, entre les mains de la justice.
Il signifie particulièrement, Livrer par trahison. Livrer une ville. Il avait des intelligences avec l’ennemi pour lui livrer la place. Il avait promis de leur livrer une porte. Judas livra Notre-Seigneur aux Juifs.
Fig., Livrer un manuscrit, un ouvrage à l’impression, Le faire imprimer.
Prov. et fig., Tel vend qui ne livre pas, On s’engage quelquefois à faire plus qu’on ne veut ou qu’on ne peut.
Livrer une bataille, un combat, un assaut, Donner une bataille, un combat, un assaut. On dit aussi, Livrer bataille.
Fig., Livrer bataille, livrer combat pour quelqu’un, Soutenir fortement les intérêts de quelqu’un.
Aux Jeux de dés, Livrer chance, Amener un nombre de points qui devient la chance de l’adversaire.
Fig. et fam., Je vous livre cet homme-là pieds et poings liés, Je vous réponds qu’il fera ce que vous voudrez, que vous en disposerez comme il vous plaira.
Fam., Je vous livre cet homme-là marié avant qu’il soit peu, je vous le livre ruiné dans un an, etc., Je vous assure qu’il sera marié dans peu, qu’il sera ruiné dans un an. Je vous le livre chez vous à telle heure, Je vous réponds que je le mènerai chez vous à telle heure, que je l’obligerai de s’y rendre. Si vous avez besoin de lui dans telle affaire, je vous le livre, Je vous réponds qu’il vous servira.
Livrer, se dit aussi dans le sens de Livrer p. 127en proie, exposer à ; et alors il est toujours suivi de la préposition à. Livrer une ville au pillage, la livrer à la fureur du soldat. Livrer les voiles au vent.
Il se dit figurément, dans un sens analogue. Livrer ses secrets à un imprudent. Livrer son âme à la douleur, à l’espérance. Livrer son cœur aux passions.
Livrer au bras séculier, se disait Du renvoi que le juge ecclésiastique faisait au juge laïque, pour prononcer ou pour appliquer des peines afflictives.
Fig. et fam., Livrer au bras séculier, Abandonner ce dont on ne se soucie plus, et dont on ne veut pas profiter. Les restes du dîner ont été livrés au bras séculier, c’est-à-dire, ont été laissés aux domestiques.
En termes de Chasse, Livrer le cerf aux chiens, Mettre les chiens après le cerf.
Livrer, s’emploie aussi avec le pronom personnel, pour S’abandonner à. Se livrer à la joie, à la douleur, au désespoir, à ses passions, aux plaisirs, à l’amour, à la paresse, à l’ivrognerie, à l’étude, à la contemplation, à la société. Se livrer tout entier à un genre d’occupation, à ses goûts, à la dissipation, à la pratique d’un art, etc.
Se livrer à quelqu’un, Se confier, s’abandonner à lui. Il s’était entièrement livré à des gens qui le trahissaient. Vous vous êtes trop livré à lui.
Absolument, C’est un homme qui ne se livre pas, C’est un homme très-circonspect, très-réservé.
Livrer, avec le pronom personnel, signifie, à plusieurs Jeux, Donner imprudemment quelque avantage à son adversaire. Je me suis livré. Je me livre toujours.
Livré, ée. participe.
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