prendre

5e édition

PRENDRE.

verbe act. Conjugaison : Je prends, tu prends, il prend ; nous prenons, vous prenez, ils prennent. Je prenois. Je pris. Je prendrai. Prends. Prenez. Que je prenne. Que je prisse. Je prendrois, etc.
■  Ce verbe a plusieurs significations différentes, qu’on essaiera d’éclaircir les unes après les autres. Saisir, mettre en sa main. Prendre une épée. Prendre un livre. Prendre un cheval par la bride. Prendre quelqu’un par la main, par le bras.
On dit d’Un malade dont tout le corps est douloureux, qu’On ne sait par où le prendre pour ne pas le faire crier. Cela se dit aussi figurément d’Un homme dont l’humeur est trop aisée à choquer. On dit figurément encore, dans un sens opposé, d’Un homme qui ne paroît sensible à rien, touché de rien, qu’On ne sait par où le prendre.
p. 349On dit, Prendre les armes, pour dire, S’armer, soit pour se défendre ou pour attaquer, soit pour faire honneur à quelqu’un, ou pour faire l’exercice. Les soldats ont eu ordre de prendre les armes.
On dit figurément, Prendre en main le droit ou les intérêts de quelqu’un, pour dire, Soutenir les droits, les intérêts de quelqu’un. On dit aussi, Prendre quelqu’un sous sa protection, pour dire, Le protéger, le défendre. On dit dans le même sens, Prendre le parti de quelqu’un, pour dire, Se mettre de son côté, embrasser sa défense. On doit toujours prendre le parti du foible et de l’innocent.
On dit en termes de Palais, Prendre le fait et cause de quelqu’un, ou prendre fait et cause pour quelqu’un, pour dire, Intervenir en cause pour lui. On le dit aussi figurément dans le discours ordinaire, pour dire, Prendre la défense de quelqu’un.
On dit aussi, Prendre parti avec quelqu’un, pour dire, S’attacher au service de quelqu’un ; Prendre parti contre quelqu’un, pour dire, Se déclarer contre quelqu’un. Et l’on dit absolument, Prendre parti, pour dire, S’enrôler dans les troupes. Ce jeune homme a pris parti dans un tel Régiment.
On dit, Prendre son parti, pour dire, Se résoudre, se décider, choisir un moyen, un expédient dans une affaire difficile et douteuse. Il est quelquefois nécessaire de prendre son parti sur-le-champ.
On dit aussi, Prendre son parti, pour dire, Se résigner à ce qui doit arriver. Voyant qu’il ne pouvoit pas guérir, il prit son parti, et se disposa à la mort.
Prendre, se dit en parlant Des habits qu’on met sur soi, soit qu’on s’habille soi-même, soit qu’on se fasse habiller par un autre. Prendre son habit. Prendre son manteau. Prendre sa chemise.
On dit, Prendre la perruque, et prendre perruque, pour dire, Commencer à porter la perruque.
On dit, Prendre le deuil, pour dire, S’habiller de noir à l’occasion de la mort de quelque personne. Il a pris le deuil pour la mort de son père. On a pris le deuil à la Cour pour un tel Prince.
On dit, Prendre l’habit de Religieux, de Religieuse, ou simplement, Prendre l’habit, pour dire, Entrer au Noviciat dans un Monastère. Et on dit Des Religieuses, dans le même sens, Prendre le voile.
On dit aussi, Prendre le petit collet, pour dire, Entrer dans l’état Ecclésiastique ; et familièrement, Prendre le froc, pour, Se faire Moine ; Prendre la cuirasse, pour, Se faire Guerrier ; Prendre la haire, pour, Embrasser une profession pénitente ; Prendre femme, pour, Se marier.
On dit d’Un homme qui a été reçu Docteur, qu’Il a pris le bonnet.
Prendre, signifie, Dérober, emporter en cachette. Prendre finement, adroitement, subtilement. On a pris mes gants, mon manteau. Tout lui est bon, il prend tout. On lui a pris son chapeau. On m’a pris ma bourse. On a pris à Monsieur un tel, un de ses livres.
Il signifie aussi, Enlever, emporter de force, voler, ôter à quelqu’un ce qu’il a. Les voleurs ont pris à mon voisin tout ce qu’il avoit d’argent chez lui. On lui a pris jusqu’à sa chemise.
On dit, en parlant Des gens avides qui ne laissent échapper aucune occasion de s’enrichir, qu’Ils prennent à toutes mains, de toutes mains.
Prendre à pleines mains, se dit pour, Remplir ses mains, prendre à foison. On dit figurément d’Une étoffe moelleuse, très-fournie, qu’Elle se prend à pleine main, parce qu’il semble qu’on en a la main remplie, qu’on prend beaucoup à la fois, pour peu qu’on la manie.
On dit figurément d’Un homme qui prend hardiment tout ce qu’il peut, et partout où il peut, qu’Il en prendroit sur l’Autel, jusque sur l’Autel.
On dit proverbialement, Prendre d’un sac deux moutures, pour dire, Tirer double profit d’une même affaire, se faire payer deux fois d’une même chose.
On dit familièrem. Je n’y prends ni n’y mets, pour dire, que L’on ne prend aucun intérêt à la chose dont il s’agit. On le dit aussi d’Un récit que l’on vient de faire, pour faire entendre qu’On n’y ajoute et qu’on n’y supprime rien, mais qu’on n’en garantit pas la vérité.
Prendre, se dit pour, S’emparer d’une chose ou d’une personne par force. Il a pris le pistolet, la hallebarde de son ennemi. Prendre quelqu’un au collet, à la gorge. On l’a pris par les cheveux, par les oreilles. Prendre quelqu’un par le corps, à fois de corps : ce dernier n’est guère usité. Il se dit aussi Des animaux. Ce chien a pris un os, un morceau de pain sur la table.
Prendre à force, de force, ou par force, signifie, Attenter par violence à l’honneur d’une femme, d’une fille. Il a été puni pour avoir pris à force une telle femme.
On dit aussi, Prendre de force, pour dire, Enrôler par force.
On dit figurément, Prendre l’occasion aux cheveux, pour dire, Saisir l’occasion, en profiter.
On dit proverbialement et ironiquement d’Une chose qui paroît aisée et qui ne l’est point, qu’Il semble qu’il n’y ait qu’à se baisser et en prendre.
On dit proverbialement et figurém. Des choses qu’on voit entreprendre à quelqu’un, et dont on juge l’exécution impossible, que C’est vouloir prendre la lune avec les dents.
On dit proverbialement, Prendre le tison par où il brûle, pour dire, Prendre une affaire autrement qu’il ne faut, par l’endroit, par le côté le plus dangereux ou le plus difficile.
On dit proverbialement, Ce qui est bon à prendre est bon à rendre, pour dire, qu’Il vaut mieux se saisir d’une chose sur laquelle on croit avoir quelque droit, que de la laisser prendre à un autre, parce qu’au pis aller on en est quitte pour la rendre.
On dit, qu’Un cheval prend le mors aux dents, pour dire, qu’Il s’emporte et qu’on ne peut le retenir. Et figurément on dit, Prendre le mors aux dents, pour dire, Prendre courageusement et subitement une bonne résolution, et l’effectuer avec ardeur. Il est familier.
Prendre possession. Terme de Justice et de formule, qui s’emploie ordinairement en parlant d’Un Bénéfice, d’une terre, d’un héritage. Prendre possession d’un Prieuré, d’une Cure. Prendre possession par provision, par procureur. On dit aussi, Prendre possession, pour dire, Entrer en exercice d’une charge, entrer en jouissance de quelque bien, de quelque revenu.
Prendre, se dit aussi en parlant De l’état que l’on choisit, de la profession que l’on embrasse. De ces deux frères, l’aîné a pris le parti de la robe, et le cadet a pris celui de l’épée, des armes.
Prendre, se dit absolument pour, Arrêter quelqu’un dans le dessein de le conduire en prison. Le voleur qu’on cherchoit depuis si long-temps, a été pris par la Maréchaussée. Ce voleur s’est enfin laissé prendre.
Et en parlant d’Un homme fait prisonnier à la guerre, on dit, qu’Il a été pris en telle occasion.
Prendre, se dit aussi en parlant Des places dont on se rend maître par les armes. Prendre une ville, un château. On a pris cette ville d’assaut. Cette place a été prise de vive force ; les autres ont été prises par composition. La citadelle a été prise d’emblée.
Il se dit aussi en parlant De pêche et de quelques espèces de chasses. Prendre un sanglier. Prendre des cailles. Nous avons chassé tout le jour sans rien prendre. L’oiseau a pris une perdrix. Prendre des oiseaux à la pipée, au trébuchet. Prendre des loups, des renards au piége. Prendre un lièvre au gîte. Cet oiseau s’est laissé prendre à la main. On a pris beaucoup de poisson. Nous avons pris tant de carpes d’un coup de filet. Prendre du poisson à la ligne, à l’hameçon.
On le dit figurém. en parlant Des hommes qui se laissent tromper. Il s’est laissé prendre au piége, à l’hameçon. Cette femme l’a pris dans ses filets. Et l’on dit, Prendre quelqu’un au trébuchet, pour dire, L’engager par adresse, par de belles apparences, à faire une chose qui lui est désavantageuse, ou qui est contraire à ce qu’il avoit résolu.
On dit aussi, Prendre pour dupe, pour dire, Tromper, duper. Il a fait un mauvais marché, on l’a pris pour dupe, il a été pris pour dupe. Prendre un homme pour une dupe, c’est Le regarder comme un homme facile à tromper.
On dit aussi, Vous me prenez pour un autre, pour dire, Je ne suis pas si aisé à duper que vous croyez.
On dit, Prendre à cœur, pour, S’affecter de quelque chose. Vous prenez cela trop à cœur, Vous vous y montrez trop sensible.
Prendre cœur à quelque chose, signifie, S’y affectionner, s’y attacher. Il faut prendre cœur à l’ouvrage.
p. 350Prendre à la tâche quelque ouvrage, C’est s’en charger à raison de tant pour telle ou telle mesure.
Prendre à tâche, signifie, Affecter visiblement, saisir chaque occasion, chercher tous les moyens de faire une chose. Il semble avoir pris à tâche de me contredire.
Prendre pour bon, signifie, Croire. Il se dit figurém. et d’ordinaire dans un sens ironique. Il prend pour bon tout ce qu’on lui débite, tous les contes qu’on lui vient faire.
Prendre en considération, Remarquer particulièrement quelque chose, la mettre en quelque sorte à part pour la considérer et en tenir compte. On prendra cet article en grande considération. On dit de même, Prendre attention à.
On dit familièrement et proverbial. Être pris comme dans un blé, pour dire, Être attrapé de manière qu’on ne se puisse sauver.
On dit populairement, Prendre un homme par le bec, pour dire, Le convaincre de quelque chose par ce qu’il a dit lui-même, prendre droit contre lui de ses propres paroles.
Prendre, signifie quelquefois, Attaquer. Prendre son ennemi par derrière. Prendre en trahison. Prendre en traître. Prendre les ennemis en flanc. Il s’emploie en quelques phrases dans le sens de Surprendre. Ainsi, Prendre quelqu’un sur le fait, veut dire, Le surprendre dans le temps même d’une action qu’il vouloit cacher. Et dans le même sens, on dit à Un homme que l’on surprend tandis qu’il fait une chose qu’il vouloit qu’on ignorât, Je vous y prends. Il est familier.
On dit aussi, dans le même sens, Prendre quelqu’un la main dans la poche, la main dans le sac.
On dit proverbialement, Aussitôt pris, aussitôt pendu, En parlant Des choses ou des personnes dont on fait usage aussitôt qu’elles se présentent.
Prendre en flagrant délit. Voyez Flagrant.
Prendre quelqu’un sans vert, c’est Le surprendre au dépourvu ; ce qui se dit proverbialement et figurément Des personnes que l’on surprend dépourvues de ce qui leur est nécessaire dans l’occasion dont il s’agit : Je ne suis pas en état de vous donner à dîner, vous me prenez sans vert. C’est une métaphore tirée d’une sorte de jeu où l’on est obligé, sous certaines conditions, d’avoir toujours sur soi quelques feuilles de vert cueillies le jour même. Voyez Vert. On dit dans le même sens, Prendre au dépourvu.
On dit, que La fièvre a pris à quelqu’un, pour dire, qu’Il a été attaqué de la fièvre, qu’il a commence d’avoir la fièvre. L’accès le prit à telle heure. On dit aussi, La fièvre l’a pris tel jour. Et une femme peut dire également, La fièvre m’a pris, ou m’a prise. Dans le premier cas, me se dit pour à moi ; dans le second, il se dit pour, moi.
On dit de même, La goutte lui a pris. Il lui prit une colique, une rage de dents, une sueur froide, une foiblesse, etc. On dit encore au moral : Il lui prit une fantaisie, un dégoût. Il lui prend quelquefois des accès de franchise et de vivacité incommodes.
On dit, L’orage nous prit, la pluie nous prit en chemin ; et proverbialement, À la bonne heure nous prit la pluie, pour dire, Lorsqu’une chose qui étoit dangereuse arriva, l’on étoit hors de péril.
Prendre, se dit figurém. pour, Entendre, comprendre, concevoir. Prendre bien le sens d’un Auteur. Il prend mal ce passage, le sens de ce passage. Prendre les choses de travers. Prendre une chose à contre-sens. Vous avez mal pris la chose.
Il se dit aussi pour, Expliquer, interpréter, considérer les choses d’une certaine manière. Les commentateurs prennent ce passage en des sens très-opposés. Il a bien pris ce qu’on lui a dit de votre part. Vous prenez mal mes paroles. Prendre du bon, du mauvais biais. Prendre de travers. Prendre à rebours une affaire. On dit dans le même sens, Prendre à gauche.
On dit, Prendre quelque chose en bonne part, ou en mauvaise part, pour dire, En être content ou mécontent, recevoir bien ou mal ce qu’on nous dit, ce qu’on nous fait, le trouver bon ou mauvais. On dit de même, qu’Un mot se peut prendre en bonne ou en mauvaise part, pour dire, qu’Il est susceptible d’une bonne ou d’une mauvaise interprétation.
On dit, Prendre une chose à la lettre, au pied de la lettre, pour dire, L’expliquer précisément selon le sens littéral, selon le propre sens des paroles. Il ne faut pas toujours prendre les choses au pied de la lettre. Vous prenez trop à la lettre ce qu’on vous a dit. On dit à peu près dans le même sens, Prendre les choses à la rigueur, pour dire, Trop à la lettre, sans modification.
On dit, Prendre en riant quelque chose, pour dire, Ne s’en point fâcher, n’en faire que rire ; et, Prendre sérieusement quelque chose, pour dire, L’entendre comme si elle avoit été dite sérieusement.
En ce sens on dit, Prendre une chose en gré, pour dire, Se plaire à une chose, la trouver agréable ; et, Prendre quelqu’un en gré, pour dire, Le goûter, se plaire dans sa société, aimer le caractère, le genre d’esprit de quelqu’un. Et l’on dit, Il lui a pris en gré de faire une telle chose, pour dire, La fantaisie lui est venue de faire une telle chose.
On dit familièrement, Prendre quelqu’un en guignon, en grippe, prendre quelque chose en grippe, pour dire, Être prévenu contre quelqu’un, contre quelque chose, sans pouvoir en donner de raison.
Et l’on dit aussi, Prendre quelqu’un, quelque chose en goût, en dégoût, en amitié, en aversion, pour dire, Concevoir pour quelqu’un, pour quelque chose, du goût, du dégoût, etc.
Prendre, se dit en parlant Des étoffes et des habits, pour marquer la façon dont on les coupe, dont on les emploie. Le Tailleur a mal pris cette étoffe. Prendre de droit fil. Prendre à l’envers. Prendre a poil, à contre-poil.
On dit figurément, Prendre bien ou mal une affaire, pour dire, Lui donner un bon ou un mauvais tour, la conduire bien ou mal. Il a mal pris mon affaire, voici comme il la falloit prendre. L’affaire n’a pas bien réussi, parce qu’on ne l’a pas bien prise.
Prendre, s’emploie en quelques phrases dans le sens de Vendre, et dans le sens d’Acheter. Ainsi l’on dit, qu’Un Marchand prend tant de sa marchandise, pour dire, qu’Il la vend tant. Il prend dix écus de l’aune de ce velours ; cet autre Marchand n’en prend que vingt-cinq francs. Et l’on dit, J’ai pris toute sa marchandise à tel prix, j’en donnerai tant à tout prendre, j’ai pris en bloc, en gros, etc. pour dire, J’ai acheté toute sa marchandise, etc.
Il se dit aussi pour, Lever quelque droit. On prend tant par chaque muid de vin, pour chaque bœuf, etc.
Prendre, se dit pour, Recevoir, accepter. Je n’ai point fait de marché avec lui, mais il a pris ce que je lui ai donné. Prenez ce petit présent. Prenez ce qu’il vous donnera. Prenez ceci à compte de ce qui vous revient.
On dit proverbialement en ce sens, Qui prend s’engage, ou qui prend se vend, pour dire, que Ceux qui empruntent, ou qui reçoivent des présens, s’assujettissent à ceux qui les obligent. On dit de même, Fille qui prend, se vend ; et, Fille qui donne, s’abandonne.
On dit, Prendre à intérêt, pour dire, Emprunter une somme à condition d’en payer les intérêts.
On dit, Prendre une chose à ses risques, périls et fortunes, pour dire, S’en charger au risque d’y échouer, sans garantie, et au hasard même d’y perdre.
On dit aussi, qu’Une personne a pris une affaire à ses risques, périls et fortunes, et qu’elle l’a prise à forfait, pour dire, qu’Elle s’en est chargée pour un prix convenu, soit qu’il y ait de la perte, soit qu’il y ait du gain.
On dit au jeu de la Paume, Prendre la balle de volée, à la volée, la prendre au bond, pour dire, La jouer de volée, la jouer au bond. Et figurément, Prendre la balle au bond, signifie, Saisir vivement et à propos une occasion favorable. Il est familier.
On dit, Prendre les choses comme elles viennent, pour dire, Les recevoir avec indifférence, sans se mettre beaucoup en peine des suites qu’elles peuvent avoir ; et, Prendre le temps comme il vient, pour dire, Ne s’inquiéter de rien, s’accommoder à tous les événemens.
On dit dans les Maisons religieuses, Prendre la discipline, pour dire, Se donner la discipline. Ces Religieuses prennent la discipline deux fois la semaine.
On dit d’Un cheval, qu’Il prend quatre ans, cinq ans, etc. pour dire, qu’Il entre dans sa quatrième, dans sa cinquième année.
On dit figurément et familièrement, qu’Un homme a pris ce qu’on lui a dit p. 351pour argent comptant, pour dire, qu’Il a cru trop légèrement ce qu’on lui a dit, et qu’il a fait trop de fond sur de simples apparences. Cet homme prend pour argent comptant toutes les nouvelles qu’on débite, toutes les politesses qu’on lui fait, toutes les paroles qu’on lui donne, etc.
Prendre, signifie quelquefois Avaler, humer, soit pour se nourrir, soit par manière de remède. Prendre un bouillon. Prendre un verre de vin. Prendre du café, du thé, du chocolat. Prendre une médecine. Prendre du quinquina, de l’émétique. Il se dit aussi pour, Boire, manger en petite quantité. Prendre un morceau de pain et un doigt de vin pour déjeûner. Je n’ai rien pris de la journée. Ne sortez pas sans avoir pris quelque chose.
Il se dit pour, Attirer par le nez. Prendre la fumée de l’encens, la fumée du genièvre. Prendre du tabac. Prendre de la bétoine.
On dit aussi, Prendre un lavement, un remède. Et l’on dit, Prendre le lait, les eaux, les bains, pour, User du lait, des eaux, des bains comme remède.
On dit, qu’Un homme a pris sa bonne part de quelque chose, pour dire, qu’Il y a participé. Il a pris sa bonne part de la fête, du plaisir.
Prendre, se dit à l’égard De ceux qui voyagent, pour choisir un chemin entre plusieurs. Il faut prendre à droite, à gauche, pour dire, Il faut entrer dans le chemin qui est à main droite ou à main gauche. Prendre la première rue, prendre par là, etc. pour dire, Aller par la première rue, aller par un tel chemin.
On dit, Prendre à travers champs, à travers les terres labourées, pour dire, Aller directement sans s’embarrasser du chemin frayé ; et l’on dit figurément et proverbialement, Prendre à travers les choux, à travers choux, pour, Conduire son affaire, aller à son but, tout droit, sans s’embarrasser d’aucune considération.
En ce sens on dit, Prendre le plus long ou le plus court, prendre son plus long ou son plus court, pour dire, Le chemin le plus long ou le plus court.
On dit, Prendre la route d’Italie, prendre la route de Bordeaux, etc. pour dire, Aller par la route, etc.
On dit, Prendre la voie du messager, la voie du carrosse, la voie de la diligence, pour, Aller par la voie du messager, par le carrosse, par la diligence. On dit de même, Prendre la diligence, prendre la poste, prendre la messagerie ou le messager.
On dit figurément, Prendre la bonne voie ou la mauvaise voie, pour dire, Se porter au bien, se porter au mal. On le dit aussi Des moyens dont on se sert pour faire réussir quelque affaire. Il faut prendre cette voie. Il a pris une bonne voie, une mauvaise voie pour parvenir à son but. La voie que vous prenez n’est pas bonne, ne sera pas honnête.
On dit Prendre les devants, au propre, pour dire, Partir avant quelqu’un ; et au figuré, pour dire, Prévenir quelqu’un.
On dit, Prendre le pas sur quelqu’un, pour dire, Passer devant lui pour le précéder ; et, Prendre la droite, pour dire, Se mettre à sa droite.
On dit aussi, Prendre la main. Terme d’étiquette, qui signifie, Prendre le pas, comme Céder la main, signifie dans ce sens, Céder le pas. Les Princes du Sang prennent la main chez eux, c’est-à-dire qu’Ils prennent la droite, soit étant assis, soit en marchant, et qu’ils passent les premiers aux portes, même en reconduisant.
On dit proverbialement, Prendre toujours le haut bout, pour, Choisir la place la plus considérable ; et, Prendre le haut ton, le prendre sur le haut ton, le prendre très-haut, pour, Parler avec fierté.
On dit figurément, Prendre le dessus, d’Un homme dont la santé, les affaires, etc. commencent à se rétablir. Il a été long-temps malade, mais il commence à prendre le dessus. Ses affaires ont été long-temps dérangées, mais il commence à prendre le dessus.
Prendre congé de quelqu’un, signifie, Dire adieu à quelqu’un en le quittant.
Et on dit absolument, Prendre congé, pour dire, Se faire présenter au Roi avant que de partir.
En termes de Marine, on dit, Prendre le vent, pour dire, Tendre les voiles, les présenter au vent de la façon la plus avantageuse. On dit aussi, Prendre terre, prendre port en quelque terre, pour dire, Y aborder, y débarquer. On prit terre au Cap de Bonne-Espérance. Et l’on dit, Prendre la haute mer, pour dire, S’éloigner du rivage, se mettre en haute mer. On dit dans le même sens, Prendre le large : et figurément et familièrement, Prendre le large, signifie, S’enfuir.
On dit encore en termes de Marine, Prendre la hauteur du soleil, pour dire, Observer avec un instrument, principalement à l’heure de midi, l’élévation du soleil au-dessus de l’horizon ; et absolument, Prendre hauteur, pour, Observer par le moyen du soleil ou d’une étoile fixe, le degré de latitude du lieu où l’on est.
Prendre, s’emploie encore en plusieurs autres phrases, où il a diverses acceptions. Ainsi l’on dit en faisant une narration, Il faut prendre la chose de plus haut, pour dire, Il faut commencer par raconter les choses qui ont précédé.
On dit aussi, qu’Une rivière prend sa source en certain lieu, pour, qu’Elle commence à couler de ce lieu-là. La Garonne prend sa source dans les Monts Pyrénées.
On dit familièrement, Prenez que, prenons que, pour, Supposez, supposons que. Prenons que telle chose arrive. Prenez que je n’aie rien dit.
On dit aussi, Prendre sur sa nourriture, sur sa dépense, sur son nécessaire, etc. pour dire, Retrancher de sa nourriture, de sa dépense, etc. pour employer à une autre chose. Il prend sur son nécessaire pour donner aux pauvres.
On dit dans le même sens, Prendre sur son sommeil.
On dit, Prendre quelque chose sur soi, pour dire, En répondre, s’en charger. Ne vous inquiétez point de l’événement de cette affaire, je prends cela sur moi.
On dit, qu’Un homme prend trop sur lui, pour dire, qu’Il travaille trop, qu’Il ne se fait pas assez aider.
On dit aussi, qu’Une personne prend beaucoup sur elle, pour dire, qu’Elle se retient, qu’elle se fait violence, qu’elle se contraint. Cet homme étoit très-colère, il faut qu’il ait bien pris sur lui, pour être d’un commerce aussi doux. J’étois outré, j’ai pris sur moi, pour ne ne rien répondre.
On dit, Prendre la fuite, pour dire, S’enfuir ; et familièrement, Prendre la clef des champs, pour dire, S’enfuir, se sauver.
On dit, qu’Un homme prend son escousse, pour dire, qu’Il se donne un certain mouvement du corps en courant, pour s’élancer ensuite avec plus de force. Il a pris son escousse. Il a sauté le fossé sans prendre son escousse.
Et dans le même sens on dit mieux, Prendre son élan, pour, S’élancer.
On dit, Prendre un expédient, pour dire, Choisir un moyen, un expédient pour terminer une affaire. Il faut prendre quelque expédient. C’est le meilleur expédient que nous puissions prendre pour votre affaire.
Prendre le change, en termes de Chasse, se dit Des chiens, lorsqu’ils quittent la bête qui a été lancée, et qu’on appelle la bête de meute, pour en courir une autre.
On dit figurém. Prendre le change, sur un objet, dans une affaire, pour, Se tromper sur un objet, dans une affaire ; et, Faire prendre le change à quelqu’un sur ses intérêts, pour dire, Le tromper, l’induire en erreur.
On dit, Prendre la grande main dans une affaire, pour, Y prendre la principale autorité, en prendre la direction. Voy. Main.
Prendre pied, se dit De ceux qui ayant nagé, touchent au fond avec les pieds. Après avoir nagé long-temps, il a pris pied au bord de la rivière. Il a été un quart d’heure sans pouvoir prendre pied.
On dit figurément, Prendre pied sur quelque chose, pour dire, Se fonder sur quelque chose pour en tirer avantage, ou pour se régler par-là. S’il prend pied sur ce qu’on lui a dit, il a tort.
Prendre pied sur les actions de quelqu’un, C’est vouloir l’imiter, comme pour s’égaler à lui, ou simplement pour s’autoriser par son exemple. Un petit Gentilhomme ne doit pas prendre pied sur les manières, sur le train, sur la dépense d’un Prince, d’un Seigneur.
Prendre pied, s’emploie encore familièrement, pour dire, Se régler sur quelque chose comme si elle devoit continuer. Il ne faut pas prendre pied sur les premières faveurs de la fortune. Cette façon de parler, et celles des deux articles précédens, sont de peu d’usage.
On dit proverbialem. Prendre quelqu’un au pied levé, pour dire, Vouloir obliger quelqu’un à faire quelque p. 352chose sur-le-champ, et sans lui donner le temps de se reconnoître. Vous me prenez bien au pied levé.
On dit, Prendre quelqu’un au saut du lit, pour dire, L’aller trouver dès le matin, afin de ne le pas manquer.
On dit, Prendre exemple sur quelqu’un, pour dire, Se régler sur ses actions, sur sa conduite, etc.
Prendre avis, prendre conseil, C’est consulter quelqu’un, lui demander conseil, pour se résoudre sur quelque affaire. J’ai pris conseil d’un habile homme.
Et on dit, Prendre les avis, pour dire, Recueillir les avis.
Prendre intérêt, prendre part à une chose, C’est s’y intéresser, y avoir part, y participer. Je ne puis m’empêcher de prendre beaucoup de part à tout ce qui vous regarde.
On dit aussi dans le même sens, Prendre intérêt, prendre de l’intérêt, prendre quelque intérêt à une personne. Prenez-vous quelque intérêt à cet homme-là ?
On dit, Prendre un intérêt dans une entreprise, pour dire, Contribuer de ses fonds à une entreprise, dont on partagera le profit ou la perte.
On dit aussi, Prendre de la peine, pour dire, Faire des efforts, travailler avec soin.
Prendre haleine, pour dire, Respirer, suspendre un moment son discours, son ouvrage. Prenons un peu haleine.
Prendre l’air, C’est sortir d’un lieu où l’on étoit enfermé, pour aller dans quelque endroit découvert, comme dans une cour, dans un jardin, etc.
Il se dit par extension, De ceux qui vont passer quelques jours à la campagne. Il est allé prendre l’air à sa maison de campagne. Et, Prendre un peu d’air, C’est faire entrer un nouvel air dans un lieu renfermé. Ouvrez une fenêtre, pour prendre un peu d’air.
On dit, qu’Un homme prend des airs, prend de certains airs, pour dire, qu’Il a des manières, un ton, qui ne conviennent ni à sa naissance, ni à son état.
On dit, Prendre feu, pour dire, S’allumer, s’enflammer. Les étoupes prennent feu aisément. L’eau-de-vie, l’esprit-de-vin, prennent feu en un moment. Il se dit particulièrement Des armes à feu. Ce pistolet a pris feu lorsqu’on y pensoit le moins. Le fusil n’a pas pris feu. On dit aussi dans le même sens, Le fusil n’a pas pris, l’amorce n’a pas pris.
On dit figurément, Prendre feu, pour, S’animer, s’échauffer, montrer de la vivacité, de la colère. Cet homme prend feu pour un mot ; il prend feu comme un tonneau de poudre. Cet homme est fort violent, il prend feu pour rien.
On dit figurément et familièrement d’Une arme à feu, qu’Elle a pris un rat, Quand elle n’a pas pris feu. Il voulut tirer, mais son pistolet prit un rat. Il se dit aussi pour signifier, Manquer son entreprise. Nous n’avons pris qu’un rat.
On dit, que Le feu a pris à une maison, à un magasin.
On dit familièrement, Prendre la mouche, prendre la chèvre, pour dire, Se fâcher, s’irriter tout-à-coup, sans beaucoup de sujet, mal-à-propos.
On dit, Prendre plaisir à quelque chose, y prendre son plaisir, pour dire, S’y plaire.
On dit, Prendre le plaisir de la chasse, de la pêche, de la promenade, etc. pour, Aller à la chasse, à la pêche, à la promenade.
On dit, Prendre patience, pour dire, Avoir de la patience dans les choses qui font de la peine ; et, Prendre son mal en patience, pour dire, Le souffrir patiemment. Prendre patience, signifie aussi, Attendre sans inquiétude.
On dit, qu’Une chose prend forme, pour dire, qu’Elle commence à se former, et à devenir telle qu’elle doit être. On dit à peu près dans le même sens, qu’Une chose commence à prendre couleur.
Prendre pitié du mal d’autrui, C’est en être touché. Je prends pitié de votre malheur. On dit de même, Prendre le mal d’autrui en pitié. Et on dit, Prendre quelqu’un en pitié, pour dire, Avoir pour lui de la compassion, ou du dédain, suivant la circonstance.
Prendre langue, signifie, S’informer, s’enquérir, tâcher de savoir. Il est allé dans la Ville pour prendre langue. Et l’on dit, On a envoyé un parti afin de prendre langue sur la position des ennemis, pour dire, On a envoyé un parti à la découverte. Avant que de s’embarquer dans cette affaire, il est bon de prendre langue.
Prendre soin d’une personne, d’une chose, C’est en avoir soin. Je prendrai soin de cette affaire.
Prendre garde à quelqu’un, à quelque chose, C’est en avoir un soin particulier, veiller à sa conservation. Si vous allez dans la presse, prenez bien garde à votre bourse. On le dit aussi pour, Remarquer, faire réflexion. Prenez bien garde à cela. Prenez garde à tout ce qui se passera dans l’assemblée où vous allez.
Et dans le sens opposé on dit, Prendre garde à quelqu’un, pour dire, Se garder de lui, éviter les piéges qu’on en pourroit craindre ; et, Prendre garde à quelque chose, pour dire, S’en garantir ; s’en mettre à l’abri. Prenez garde à cette pierre, elle vous fera tomber.
On dit, Prendre garde à soi, prendre garde que … pour dire, Être sur ses gardes. Vous avez des ennemis, prenez garde à vous. Prenez garde qu’on ne vous trompe, qu’on ne vous joue un mauvais tour.
Prendre garde de, signifie, Éviter de. Prenez garde de laisser deviner votre secret.
On dit, Prendre prétexte de quelque chose, ou sur quelque chose, pour dire, S’en autoriser pour colorer une prétention, une entreprise.
On dit de même, Prendre occasion d’un chose, pour dire, Se servir de l’occasion que la chose présente, s’en prévaloir pour ses affaires.
Prendre jour et heure, prendre assignation, C’est demeurer d’accord de se trouver en quelque lieu à jour certain et à certaine heure.
Prendre du délai, prendre du temps, C’est retarder, différer l’exécution de quelque chose.
Prendre son temps, signifie, Se servir du moment favorable pour faire réussir quelque chose. Je prendrai mon temps pour cela.
On dit aussi, Prendre son temps, pour dire, Faire une chose à loisir, ne se pas presser.
Prendre le temps de quelqu’un, C’est attendre le moment, l’instant de quelqu’un de qui l’on a besoin. Je prendrai votre temps.
Prendre date, C’est retenir une date. Voy. Date. Prendre acte, C’est demander un témoignage authentique de ce qu’on vient de dire, de faire ou d’entendre ; et, Prendre l’ordre, C’est recevoir l’ordre de celui qui doit le donner.
Prendre avantage, prendre ses avantages, signifie, Profiter, tirer avantage des occasions qui se présentent. Cet homme prend avantage de tout. Il sait bien prendre ses avantages.
Prendre de l’avantage, prendre son avantage pour monter à cheval, se dit De ceux qui ne pouvant monter facilement à cheval, s’aident pour cela d’une pierre ou d’un lieu élevé.
Au jeu de la Paume, on dit, Prendre sa bisque, pour dire, Compter le quinze qu’on a reçu de celui contre qui l’on joue, et qu’on est en droit de prendre quand on veut. On dit familièrement et figurément, Bien ou mal prendre sa bisque, pour dire, Faire usage bien ou mal à propos d’un moyen qu’on a pour réussir dans une affaire, pour obtenir une grâce.
Prendre des mesures, prendre ses mesures, signifie, Employer des moyens et des expédiens pour faire réussir une chose. Cet homme a réussi dans son dessein, il avoit bien pris ses mesures. Prendre de bonnes, de justes mesures. Prendre de fausses mesures. Et l’on dit en termes de Tailleur, de Cordonnier, etc. Prendre mesure, pour dire, Prendre la mesure d’un habit, d’un soulier, etc. On dit dans le même sens, Prendre la mesure de quelqu’un, prendre mesure à quelqu’un.
Prendre la parole, C’est commencer à parler dans une assemblée où plusieurs autres peuvent parler. Le premier qui prit la parole fut.... Après la proposition faite, un tel prit la parole. Et, Prendre parole, C’est, tirer assurance, promesse verbale qu’on fera certaine chose. J’ai pris parole de lui, qu’il .... Et, Prendre la parole de quelqu’un, C’est recevoir son engagement, sa promesse. J’ai pris sa parole qu’il feroit telle chose.
Prendre sa revanche, signifie en termes de Jeu, Jouer une seconde partie pour se racquitter de ce qu’on a perdu à la première. Il a perdu la première partie, et a pris sa revanche.
Il s’emploie aussi au figuré, pour dire, Regagner un avantage qu’on avoit perdu, ou l’équivalent. Ce Général fut battu l’année dernière, mais cette année il a pris sa revanche.
p. 353Prendre une habitude, signifie, Contracter, former quelque habitude. Il a pris de fort méchantes habitudes. Et dans ce sens on dit figurément d’Un homme, qu’Il a pris son pli, pour dire, qu’Il a contracté des habitudes difficiles à détruire, qu’il est incorrigible.
Prendre à témoin, C’est demander que ceux qui sont présens à quelque action, témoignent la vérité de ce qui s’y est passé. Je vous prends à témoin de la violence, de l’insulte que cet homme vient de me faire.
Prendre à partie, C’est attaquer en Justice un homme, qui n’étant pas notre partie, est regardé comme s’il l’étoit. Vous vous opposez à l’exécution de l’Arrêt que j’ai obtenu contre un tel, je vous prends à partie.
On dit aussi, Prendre à partie un Juge, Lorsqu’on se plaint en Justice d’un Juge qu’on prétend avoir mal jugé contre l’Ordonnance ou autrement. Ce Juge a prévariqué, je le prendrai à partie. Et par extension l’on dit, Prendre quelqu’un à partie, pour dire, Lui imputer quelque chose, lui reprocher une chose dont on se plaint, l’en rendre responsable.
On dit, Prendre quelqu’un au mot, pour dire, Accepter ses offres en matière d’achat ou de vente.
On dit aussi, Prendre au mot, De tout ce qu’on nous propose et qu’on nous offre quand nous l’acceptons. Vous m’offrez cet échange, ce parti, etc. je vous prends au mot.
Prendre langue, signifie, S’informer, s’instruire, se mettre au courant des prix, des usages. Quand j’aurai pris langue dans le Pays, je pourrai parler affaire. Ils n’ont pas pris langue ensemble, pour dire, Ils ne sont convenus de rien en avance.
Prendre quelqu’un par son foible, C’est toucher, flatter son inclination favorite.
On dit d’Un homme qui n’a aucun goût, aucune inclination par où on puisse l’attirer à ce qu’on veut, On ne sait par où prendre cet homme-là.
On dit, Prendre faveur, pour dire, Commencer à être recherché, à être goûté. Cet homme commence à prendre faveur. Cet ouvrage, cette marchandise prend faveur.
On dit, À tout prendre, pour dire, En considérant, en compensant le bien et le mal. Cet homme est brusque, chagrin, pointilleux ; mais à tout prendre, c’est un bon homme. Cette maison a ses défauts ; mais à tout prendre, elle est belle et commode.
On dit, Prendre un homme pour un autre, pour dire, Croire qu’un homme en est un autre. La mère de Darius prit Éphestion pour Alexandre. On dit de même, Prendre une chose pour une autre, pour dire, Croire qu’une chose en est une autre.
On dit aussi familièrement, Prendre quelqu’un pour un autre, pour dire, En juger autrement qu’il ne faut. Vous croyez que c’est un habile homme, vous croyez que c’est un sot, vous le prenez pour un autre. Vous voulez me faire votre dupe, vous me prenez pour un autre. En ce sens on dit proverbialement, Prendre martre pour renard, pour marquer Une grande méprise.
On dit Des viandes qui rôtissent, qu’Elles prennent couleur, pour dire, qu’Elles commencent à être cuites comme il faut. Et au jeu du Lansquenet, Prendre couleur, C’est se mettre au nombre des coupeurs.
Prendre, se dit Des maladies qui se gagnent, dont on est atteint par communication, par le mauvais air. Il a pris la fièvre d’un tel. Il a pris le mauvais air.
On dit, Prendre fin, pour dire, Finir, se terminer.
Prendre chair, se dit pour, Engraisser, devenir charnu. Cet enfant n’a pas encore pris chair. Ce cheval commence à prendre chair. La jambe de cet homme, dont l’os étoit découvert, commence à prendre chair.
En parlant Du Mystère de l’Incarnation, on dit, que Le Verbe a pris chair dans le sein de la Vierge.
Prendre sel, ou prendre son sel, se dit Des viandes que l’on sale.
Prendre racine, se dit Des arbres et des plantes, pour dire, que Les racines s’étendent dans la terre, et qu’elles en tirent leur nourriture. Cet arbre a pris racine. Une telle plante ne sauroit prendre racine dans cette terre.
En parlant d’Un homme qui va presque toujours dans une maison, ou de celui qui demeure trop long-temps dans une visite, on dit figurément, qu’Il y a pris racine, qu’il semble qu’il y veuille prendre racine.
Prendre, se dit absolument et neutralement, pour dire, Prendre racine. Les arbres bien enracinés prennent infailliblement. La vigne ne prend pas d’ordinaire en Basse-Normandie. Il y a des plantes qui prennent également en toutes sortes de Pays ; il y en a d’autres qui ne prennent qu’en de certaines terres. Cet arbrisseau prend, ne prend pas de bouture.
On dit figurément, en parlant d’Un ouvrage d’esprit, qu’Il a pris, ou qu’il n’a pas pris, pour dire, qu’Il a réussi, ou qu’il n’a pas réussi. On dit aussi d’Une proposition, d’un compliment qu’on fait à quelqu’un, Cela prend, cela prend bien, cela ne prend pas, cela prend fort mal dans le monde.
Prendre, v. n. se dit De ce qui fait son impression. Les vésicatoires ont pris. Cette couleur ne prend point ; il faut un mordant pour la faire prendre.
Prendre. v. n. se dit De ce qui fait impression à la gorge, au nez. Ce ragoût, pour être trop épicé, prend à la gorge. Voilà une odeur trop forte, elle prend au nez.
En parlant De ce qui a contribué au bon ou au mauvais succès qu’un homme a eu dans quelque affaire, on dit, Bien lui a pris d’avoir été averti ; bien lui prit de s’être précautionné. Il lui prendra mal un jour de songer si peu à ses affaires. Dans cette acception, il se joint plus ordinairement avec la particule En. S’il ne se corrige, il lui en prendra mal. Après ce qu’il avoit fait, bien lui en prit d’avoir eu des protecteurs.
On dit figurément et familièrement, C’est un homme qui prend à tout, qui ne prend à rien, pour dire, C’est un homme que tout intéresse, que rien n’intéresse.
Prendre, v. n. se dit encore en parlant De l’eau qui vient à se geler, à se glacer. Si le froid dure encore deux jours, la rivière prendra. On le dit de même en parlant Du lait qui se caille. Si on veut que le lait prenne, il faut ....
Jouer sans prendre, Terme du jeu de Quadrille, se dit De celui qui entreprend de jouer sans appeler une autre carte.
Prendre, se joint aussi avec le pronom personnel, et il se dit en diverses acceptions. Ainsi en parlant d’Un homme qui, pour éviter quelque péril, s’attache à quelque chose, comme à un arbre, à une corde, etc. on dit, qu’Il s’est pris à un arbre, etc. Un homme qui se noie se prend à tout ce qu’il peut.
On dit, que L’habit d’un homme s’est pris à un clou, à une épine, pour dire, qu’Il s’est accroché à un clou, à une épine. Il se dit aussi De la personne. Il s’est pris à un clou, et son habit a été déchiré.
On dit, en parlant d’Une affaire, qu’On s’y prend bien ou mal, qu’on s’y est bien ou mal pris, pour marquer qu’On emploie ou qu’on a employé de bons ou de mauvais moyens pour réussir.
On dit, Se prendre à, pour dire, Commencer à. Il se prit à rire. Elle se prit à pleurer.
On dit familièrement, Se prendre de paroles avec quelqu’un, pour dire, Se quereller, avoir un démêlé : Ils se sont pris de paroles ; ils se sont pris de bec ; et, S’en prendre à quelqu’un, pour dire, Lui attribuer quelque faute, l’en quereller, vouloir l’en rendre responsable, lui en donner le tort. On s’en prend à moi, comme si j’avois fait la faute, comme si j’avois part à cette affaire. S’il y a du mal, prenez-vous-en à vous-même. Je m’en prendrai à vous de tout ce qui pourra arriver.
Se prendre, se dit aussi Des liqueurs qui viennent à se figer. L’huile se prend, quand on la tient en lieu frais. Le sirop se prendra bientôt.
On dit, Se prendre de vin, pour dire, S’enivrer ; Se prendre d’amitié, se prendre d’aversion pour quelqu’un, pour dire, Concevoir de l’amitié, de l’aversion pour quelqu’un.
Pris, ise. participe. Une ville prise. Un poisson pris dans les filets. Un homme pris de vin.
On dit, Pris par les yeux, pour dire, Séduit par la vue ; et Pris par le bec, pour dire, Convaincu par ses propres paroles : il est familier.
Pris, signifie quelquefois, Trompé. Cet homme est simple, il y sera pris. Je suis pris pour dupe, choisi pour dupe. Tout le monde y auroit été pris.
On dit proverbialement, C’est autant de pris sur l’ennemi, pour dire, que C’est toujours quelque avantage qu’on a remporté.
On dit, qu’Un homme est bien pris p. 354dans sa taille, pour dire, qu’Il est bien fait. Cet homme-là est petit, mais il est bien pris dans sa taille. On dit dans le même sens, qu’Il a la taille bien prise, qu’il est de taille bien prise. Et en parlant d’Un cheval, on dit, qu’Il est bien pris, pour dire, qu’Il a le corsage bien fait.
Au jeu du Lansquenet, on dit, qu’Un homme est pris, Quand sa carte a été faite. Il avoit carte double, et il a été pris le premier, il a été le premier pris.
On dit figurément et familièrement d’Un homme qui a la contenance triste et embarrassée, qu’Il a l’air d’un premier pris.
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