pain

5e édition

PAIN.

sub. mas.
■  L’aliment le plus ordinaire des Peuples de l’Europe, fait de farine de blé pétrie et cuite. Bon pain. Mauvais pain. Pain bis. Pain blanc, bis-blanc. Pain noir. Pain tendre. Pain frais. Pain rassis. Pain dur. Pain salé. Pain sans levain. Pain de froment, pain de seigle, pain d’orge, etc. Pain de ménage. Pain de cuisson, ou pain de bourgeois. Pain de Boulanger. Gros pain. Pain chaland. Pain de Gonesse, façon de Gonesse. Petit pain. Pain mollet, demi-mollet. Pain de Chapitre. Pain à la Reine. Pain à la mode. Pain au lait. Pain bien cuit, bien levé. Ce pain est léger, est pesant. Du pain qui a des yeux. Le pain est au four. Une fournée de pain. Croûte de pain. De la mie de pain. Chapelures de pain. Soupe de pain. Du pain trempé, mouillé au pot. Boulanger de gros pain, de petit pain. On lui donne pain, vin et viande. Ils ont chacun leur pain. C’est lui qui distribue le pain. Jeûner au pain et à l’eau. Couper du pain. Rompre un pain. Manger du pain. Manger son pain sec, du pain tout sec. Une bribe de pain. Un quignon de pain.
L’Écriture-Sainte dit, que Les Disciples reconnurent Jésus-Christ à la fraction du pain.
On dit communément, Croûte de pâté vaut bien pain.
On dit proverbialement d’Un homme qui mange seul ce qu’il a, et qui n’en fait part à personne, qu’Il mange son pain dans sa poche ; et l’on dit au contraire d’Un homme généreux, qu’Il ne mange pas son pain dans sa poche.
On dit communément, qu’Un homme a mangé du pain d’un autre, pour dire, qu’Il a été son domestique. Il a mangé de mon pain dix ans durant.
On dit proverbialement, Pain coupé n’a point de maître : et cela se dit lorsqu’à table on prend le pain d’un autre.
On dit proverbialement d’Un homme qui a beaucoup voyagé, qui a beaucoup couru le monde, qu’Il a mangé de plus d’un pain.
On dit proverbialement d’Un homme habile et intelligent, qu’Il sait son pain manger. On dit aussi à peu près dans le même sens, qu’Il sait mieux que son pain manger.
On dit d’Un fainéant, qu’Il ne vaut pas le pain qu’il mange.
On dit prov. d’Un homme qui a été à son aise, et qui n’y est plus, qu’Il a mangé son pain blanc le premier.
On dit proverbialem. d’Un homme, qu’Il a du pain quand il n’a plus de dents, pour dire, que Le bien lui vient quand par son âge ou ses infirmités il n’est plus en état d’en faire usage.
On dit proverbialement d’Un ouvrage, d’un travail qui ne sert de rien pour le temps où il est fait, mais qui peut servir dans un autre temps, que Voilà du pain cuit ; il a du pain de cuit ; c’est autant de pain cuit. Et cela se dit De plusieurs autres choses qui se font par esprit de précaution, et dans la vue de l’avenir.
Et l’on dit, Avoir son pain cuit, pour dire, Avoir sa subsistance assurée sans travail et pour le reste de sa vie.
On dit proverbialem. d’Un travail, d’une entreprise, d’une affaire, qui ne produira du profit que long-temps après, que C’est du pain bien long.
On dit proverbialement et figurément, d’Une condition fâcheuse où la nécessité de se nourrir oblige de se tenir, C’est du pain bien dur. On dit à peu près dans le même sens, Tremper son pain de ses larmes. Cela se dit aussi, en style de dévotion, d’Un pénitent qui vit dans une componction continuelle.
On dit figurément et proverbialement, Donner une chose pour une pièce de pain, pour un morceau de pain, pour dire, La donner à fort bas prix.
On dit proverbialement, Long comme un jour sans pain, pour dire, Fort long, fort ennuyeux.
On dit proverbialement et figurément, Manger son pain à la fumée du rôt, ou simplement, à la fumée, pour dire, Être témoin et spectateur des plaisirs d’autrui, sans y avoir part.
On dit figurément et proverbialement, Promettre plus de beurre que de pain, pour dire, Promettre plus qu’on ne veut, ou qu’on ne peut tenir.
On dit proverbialement, À mal enfourner, on fait les pains cornus, pour dire, que Si l’on ne commence pas bien une affaire, et qu’on ne s’y prenne pas bien d’abord, on a de la peine à y réussir.
On dit proverbialement, Liberté et pain cuit, pour dire, qu’On est heureux quand on a de quoi vivre sans dépendre d’autrui.
On dit proverbialement, populairement et figurément d’Un homme qui a eu commerce avec une fille avant que de l’épouser, qu’Il a pris, qu’il a emprunté un pain sur la fournée.
On dit populairement, Faire passer, faire perdre le goût du pain à quelqu’un, pour dire, Le faire mourir.
On appelle Pain des prisonniers, ou Pain du Roi, Le pain qu’on distribue journellement aux prisonniers. Il a été condamné à tant d’amende, et à tant pour le pain des prisonniers.
On dit proverbialem. qu’Un homme a mangé du pain du Roi, pour dire, qu’Il a été en prison, ou aux galères.
On dit aussi en style de Procédures ecclésiastiques, qu’Un homme est condamné au pain de douleur, pour dire, qu’Il est condamné à vivre de pain et d’eau.
On appelle Pain de munition, Le pain qu’on distribue aux soldats. La Cavalerie n’a point ordinairement de pain de munition.
On appelle Pain de mouton, Une sorte de petit pain gros comme un éteuf, fait de fleur de farine, et semé de grains de froment sur la croûte de dessus. On ne voit ordinairement du pain de mouton, que dans le temps des étrennes.
On appelle Pain d’épice, Certain pain qui est fait avec de la farine de seigle, de l’écume de sucre, du miel, des épices, etc. Pain d’épice de Reims.
On appelle Pain aux champignons, aux mousserons, à la crême, etc. Une sorte de mets fait avec la croûte d’un pain, des champignons, des mousserons, de la crême, etc. Nous avions à l’entremets un excellent pain aux champignons.
Pain bénit. Pain qui est bénit avec les cérémonies de l’Église, et que l’on distribue à la Grand’Messe dans les Églises Paroissiales. Rendre le pain bénit. Il y avoit six pains bénits. Une part de pain bénit. Un morceau de pain bénit.
On dit proverbialement d’Un homme qui s’étant gorgé de nourriture vient à la rejeter, qu’Il rend le pain bénit. On dit au même sens, et moins bassement, qu’Il rend ses comptes.
On dit proverbialement et figurément, quand il arrive quelque petit mal à une personne qui l’a bien mérité, que C’est pain bénit.
Pain à cacheter. Sorte de petit pain sans levain, dont on se sert pour cacheter des lettres.
Pain à chanter, c’est-à-dire, A chanter la Messe. Pain sans levain, coupé en rond, portant l’empreinte de la figure ou de quelque symbole de Jésus-Christ, et que les Prêtres consacrent à la Messe.
On appelle figurément La Sainte Eucharistie, Le pain des Anges, le pain céleste. On dit aussi figurément, que La parole de Dieu est le pain des Fidèles.
On dit en termes de l’Écriture-Sainte, qu’Il ne faut pas donner aux chiens le pain des enfans, pour dire, qu’Il ne faut pas communiquer les choses saintes aux personnes profanes.
On appelle dans l’Ancien Testament, Pains de proposition, Les douze pains qu’on offroit tous les jours de Sabbat dans le Tabernacle ou dans le Temple, qui demeuroient exposés durant sept jours sur la table, et dont les seuls Prêtres avoient droit de manger.
Et l’on appelle Pain azyme, Le pain sans levain, qu’il étoit ordonné aux Juifs de manger en faisant la Pâque.
Pain quotidien. Terme employé p. 213dans l’Oraison Dominicale, par lequel quelques-uns entendent la nourriture de chaque jour, et quelques autres les besoins journaliers.
Dans le style familier, on appelle Pain quotidien, Ce que l’on fait presque tous les jours. Ils passent leur vie à jouer, c’est leur pain quotidien. Il médit de tout le monde, c’est son pain quotidien.
Pain, signifie aussi en général, La nourriture et la subsistance. Gagner du pain. Gagner son pain à la sueur de son corps. On me veut ôter mon pain. Je dispute, je défends mon pain. Il est contraint de servir pour son pain. Il est si gueux qu’il demande son pain. Il a son pain assuré. Il n’a pas de pain.
On dit, Mettre à quelqu’un le pain à la main, pour dire, Lui donner moyen de subsister, de s’avancer ; et l’on dit dans le sens opposé, Ôter le pain de la main à quelqu’un, pour dire, Lui ôter le moyen de subsister.
Pain, se dit aussi De certaines choses mises en masse, comme, Pain de sucre, pain de cire, pain de savon, pain de bougie, pain de chenevis.
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