picquer

1re édition

PICQUER.

v. a.
■  Poindre, percer, entamer legerement avec quelque chose de pointu. Il s’est picqué luy-mesme. une espingle l’a picqué. il y a des espines qui picquent fort. je me suis picqué. picquer jusqu’au sang. picquer un papier pour y faire de petits trous. picquer du tafetas, du tabis. en ferrant ce cheval, prenez garde de ne le pas picquer.
On dit, Picquer de la viande, pour dire, Larder de la viande avec de petits lardons & prés à prés. Picquer des perdreaux. ces lapreaux sont bien picquez. on a picqué ce rosti fort proprement.
On dit, Picquer un cheval, & absolument Picquer, pour dire, Donner des esperons à un cheval, & le pousser au galop. Cet homme-là picque bien. picquez un peu jusques-là. il picqua dans le fort.
On dit, En raillant, qu’Un homme picque en latin, pour dire, qu’Il est mal à cheval, qu’il y est de mauvaise grace. Et, Picquer la mazette, pour dire, Monter un mauvais cheval.
On dit, Picquer le coffre, pour dire, Attendre dans les antichambres du Roy, des Princes, &c. Et on dit, qu’Un homme picque les tables, pour dire, qu’Il va souvent manger chez ceux qui tiennent table.
Dans les Chapitres, & dans certaines autres Compagnies où il y a des distributions à faire au bout de quelque temps pour ceux qui ont assisté aux fonctions, on dit, Picquer les absents, pour dire, Marquer ceux qui n’y ont pas assisté.
Picquer, se dit aussi, Des choses qui affectent le goust en telle sorte que la langue semble en estre picquée. Ainsi on dit absolument que du vin picque, pour dire, qu’Il picque agreablement la langue : Et on dit, que Du poisson picque, pour dire, qu’Il la picque d’une maniere desagreable, & qu’il n’est pas bien frais. Voilà de l’aloze qui commence à picquer. ces soles picquent.
Picquer, sign. fig. Fascher, irriter, mettre en colere. Cette affaire l’a picqué, l’a picqué jusqu’au vif. la moindre chose le picque. il dit des choses qui picquent. ses discours picquent.
On dit, d’Un homme qui se fasche sans sujet, Quelle mouche le picque, quelle mouche l’a picqué ?
On dit, Picquer quelqu’un d’honneur, pour dire, Luy faire connoistre qu’il y va de son honneur de faire ou de ne pas faire quelque chose.
Picquer, Se Picquer. v. n. p. Se sentir offensé, p. 232prendre en mauvaise part. C’est un homme qui se picque de la moindre chose qu’on luy dit.
Il signifie encore, Se glorifier de quelque chose, en faire vanité, en faire profession, en tirer avantage. Il se picque de bien escrire, de bien parler, &c. Il se picque d’estre bien fait, d’estre brave, de bien danser, &c. Il se picque de qualité, de noblesse, il ne se picque d’autre chose que d’estre honneste homme.
On dit, d’Un homme qui a voulu faire paroistre sa generosité, sa liberalité en quelque occasion à l’envi d’un autre, qu’Il s’est picqué d’honneur.
On dit, Se picquer au jeu, pour dire, S’opiniastrer à joüer malgré la perte. Il se picque aisément au jeu : Et en ce sens on dit simplement, Se picquer. Quand il se picque, il est capable de perdre tout son bien.
On dit fig. d’Un homme qui veut venir à bout de quelque chose malgré les obstacles qu’il y trouve, qu’Il se picque au jeu, qu’il est picque au jeu.
Picqué, ée. part. Il a les significations de son verbe.
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