rentrer

RENTRER

conjugaison verbe intransitif et transitif
Étymologie : xiie siècle. Dérivé d’entrer.

I.

I. Verbe intransitif. Conjugaison : (se conjugue avec l’auxiliaire Être ; dans la langue classique, on rencontre aussi des formes conjuguées avec l’auxiliaire Avoir).
A.  Le préfixe r(e)‑ marque le retour en un lieu, à un état antérieur.
1.  Pénétrer dans un lieu après en être sorti, retourner d’où l’on vient. Rentrer dans sa chambre. Rentrer au pays, au bercail, au logis. Rentrer chez soi. Faire rentrer les vaches à l’étable. Le lapin est rentré dans son terrier. Par extension. Le fleuve, qui avait débordé, est rentré dans son lit.
▪  Spécialement. Sans précision de lieu. Regagner l’endroit où l’on vit habituellement. C’est l’heure de rentrer. Je suis rentré fourbu, bredouille. Rentrer déjeuner. Marque de domaine : histoire. Rentrer dans les fourgons de l’étranger, voir Fourgon II.
▪  Expr. fig. Faire rentrer à quelqu’un ses paroles dans la gorge, voir Gorge. Fam. Rentrer dans sa coquille, voir Coquille. Chassez-le par la porte, il rentrera par la fenêtre, se dit d’un importun dont on ne peut se débarrasser.
2.  Fig. Se retrouver dans une position, une situation que l’on avait perdue ou quittée. Surtout dans des locutions. Rentrer en faveur, en crédit, en grâce. Rentrer dans ses droits. Rentrer dans le devoir, dans son devoir (vieilli), assumer de nouveau ses obligations. Rentrer dans le droit chemin, revenir à une meilleure conduite. Rentrer dans le rang, voir Rang. Rentrer dans ses frais, recouvrer les sommes que l’on a engagées. Rentrer dans le néant (litt.), cesser d’exister et, par extension, retrouver son insignifiance première. Par extension. Tout est rentré dans l’ordre, dans le cours accoutumé des choses.
3.  Reprendre son travail, son activité après une absence, des congés. Le directeur rentrera de vacances lundi. Les magistrats, les élèves rentrent la semaine prochaine.
B.  Le préfixe r(e)‑ a une valeur intensive ou expressive.
Remarque
Dans la langue courante, il arrive que Rentrer se substitue à Entrer. Il convient cependant de ne pas employer l’un pour l’autre.
1.  Pénétrer à l’intérieur de (Rentrer, en ce sens, ajoute au verbe simple une nuance d’effort, d’insistance ou l’idée d’une plus grande profondeur). L’ennemi est rentré dans la place. La clef rentre difficilement dans la serrure. Ce paquet ne rentre pas dans mon sac. Faire rentrer un pieu dans le sol. Un manche télescopique dont les parties rentrent les unes dans les autres. Fam. Il ne rentre plus dans son costume.
▪  Expr. fig. Rentrer dans les détails, dans les moindres détails, relater un évènement avec la plus grande précision. Rentrer dans le jeu de quelqu’un, abonder dans son sens par calcul ou intérêt. Faire rentrer quelque chose dans la tête de quelqu’un, parvenir à le lui faire retenir. J’aurais voulu rentrer sous terre, dans un trou de souris, se dit lorsqu’on se trouve dans un état de grande confusion, d’extrême embarras. Rentrer en soi-même (class.), méditer, faire réflexion sur sa conduite, sur ses actes. Fam. Les jambes me rentrent dans le corps, je suis las de marcher, d’être debout. C’est le métier qui rentre, se dit pour réconforter ou encourager un débutant.
▪  Fig. Être admis dans un groupe, une institution qui ne sont pas ouverts à tous. Rentrer à l’École polytechnique. Il est rentré dans un bataillon d’élite. Rentrer au conseil d’administration d’une entreprise.
▪  Spécialement. En parlant de sommes que l’on perçoit, que l’on touche (dans cet emploi, Rentrer n’est pas en concurrence avec Entrer). Les affaires marchent bien, l’argent rentre dans les caisses. Les fonds devraient bientôt rentrer.
2.  Fam. Percuter, heurter violemment (en ce sens, on n’emploie pas le verbe Entrer mais seulement le verbe Rentrer, perçu comme plus expressif). La voiture est rentrée dans un arbre ou, pop., est rentrée dans le décor. Pron. Ils se sont rentrés dedans. Expr. fig. et pop. Rentrer dans le chou, dans le lard de quelqu’un, l’agresser physiquement ou verbalement. Ils lui sont rentrés dedans, ils s’en sont pris à lui sans ménagement.
C.  Rentrer et Entrer s’utilisent indifféremment au sens d’Être contenu, inclus dans. Plusieurs métaux rares rentrent dans ces alliages. Impers. Il rentre de nombreux ingrédients dans cette sauce.
▪  Fig. Cela ne rentre pas dans mes attributions, dans mes intentions. Ce cas ne rentre dans aucune catégorie.

II.

II. Verbe transitif. Conjugaison : (se conjugue avec l’auxiliaire Avoir).
1.  Remettre à l’intérieur ce que l’on avait sorti ou qui était sorti ; par extension, mettre à l’abri ce qui était dehors. Rentrer sa voiture au garage. Rentrer les pans de sa chemise dans son pantalon. Rentrer le train d’atterrissage d’un avion. Le chat a rentré ses griffes. Rentrer les géraniums avant les gelées.
▪  Marque de domaine : marine. Rentrer le pavillon, le faire descendre au coucher du soleil (en cas de reddition, on dit Amener le pavillon). Rentrer les avirons d’une embarcation et, absolument, dans un commandement, Rentrez !
▪  Fig. Réprimer, refouler. Rentrer sa colère.
2.  Faire pénétrer, introduire. Je n’ai pas réussi à rentrer toutes les valises dans le coffre.
3.  Creuser, contracter une partie du corps. Rentrer les joues, le ventre. Rentrer la tête dans les épaules, rassembler tête et épaules de sorte que le cou ne soit plus visible.
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