parole

PAROLE

nom féminin
Étymologie : xie siècle. Issu du latin chrétien parabola, « comparaison ; parabole », puis « parole ».

I.

I. Faculté, pouvoir, façon de parler (en ce sens, s’emploie toujours au singulier).
1.  Faculté, propre à l’homme, d’user du langage articulé pour exprimer sa pensée, pour communiquer avec autrui. Les organes de la parole. L’apprentissage de la parole. Perdre, recouvrer l’usage de la parole ou, simplement, perdre, recouvrer la parole. Se faire comprendre par le geste et la parole, par la parole et par l’exemple. Rester sans parole, rester interdit et ne pouvoir parler, sous l’effet de la surprise, de la crainte, etc.
▪  Expr. Il ne lui manque que la parole, se dit d’un portrait très vivant dont on jurerait qu’il va parler ; s’emploie aussi à propos d’un animal dont on veut souligner l’intelligence.
2.  L’exercice de cette faculté ; l’action de parler. Surtout dans des locutions. Prendre, reprendre la parole, commencer, recommencer à parler. Adresser la parole à quelqu’un, engager une conversation. Couper la parole à quelqu’un, l’interrompre dans son discours.
▪  Dans une assemblée. Droit de parole, droit de parler qui est défini par les dispositions du règlement. Avoir, demander la parole. Accorder, refuser la parole. Vous n’avez pas la parole. Renoncer à la parole. Passer la parole à quelqu’un. Respecter, dépasser son temps de parole, le temps imparti pour parler.
▪  La parole est à…, se dit pour indiquer à quelqu’un qu’il doit ou qu’il peut parler. La parole est au rapporteur. La parole est à l’accusation, à la défense, dans un procès. Fig. La parole est aux armes, à la force, il est temps d’y recourir, il a été décidé d’y avoir recours.
▪  Spécialement. À certains jeux, l’action de proposer une annonce ou une enchère. À vous la parole ! Passer la parole, renoncer à annoncer, à enchérir (dans ce cas, on dit aussi parfois simplement Parole).
▪  Prov. La parole est d’argent et le silence est d’or.
3.  Façon de parler propre à chacun, en fonction de sa voix, de son élocution, de son débit, etc. Avoir la parole brève, lente. Sa parole est embarrassée, difficile. Avoir la parole haute, équivalent vieilli d’Avoir le verbe haut (voir Haut). Avoir la parole facile, parler avec aisance, abondance, aimer à parler.
4.  Art de parler, éloquence, diction de celui qui parle facilement, avec bonheur. Posséder le don, le talent de la parole. L’art de la parole a été très cultivé chez les Anciens. Le charme, l’autorité, le pouvoir de la parole. Céder à la parole de quelqu’un, à la puissance de sa parole.

II.

II. Ce qu’on énonce ; mot, suite de mots dont on use pour faire entendre sa pensée ou exprimer ce que l’on ressent.
Il n’a pas prononcé une seule parole. Il répète ce qu’on lui a dit parole pour parole. Ce sont ses propres paroles. Rapporter, travestir les paroles de quelqu’un. S’étourdir, se griser de paroles. Un flux, un flot, un déluge de paroles. Être avare de paroles, parler très peu, comme à regret. Histoire sans paroles, désigne un dessin ou une suite de dessins dont le sens apparaît sans qu’il soit besoin de légende, de dialogue. Au pluriel. Marque de domaine : musique. Mots constituant le texte d’une chanson, le poème d’une cantate, le livret d’un opéra, d’un air. Je me souviens de l’air mais j’ai oublié les paroles. Composer de la musique sur les paroles d’un couplet, d’un refrain.
▪  Loc. et expr. fig. Il faut lui arracher les paroles de la bouche, on ne le fait parler que difficilement. Boire les paroles de quelqu’un, l’écouter avec attention et admiration. Un moulin à paroles (fam.), une personne très bavarde, qui ne peut s’empêcher de parler. Vieilli. Se prendre de parole, échanger des propos aigres, offensants. Ils ont eu des paroles (on dit plus couramment aujourd’hui Avoir des mots). Faire rentrer à quelqu’un ses paroles dans la gorge, l’obliger à désavouer les propos offensants qu’il a tenus.
▪  Prov. Les paroles s’envolent et les écrits restent.
▪  Ces mots, ces suites de mots qualifiés en fonction de la façon dont ils sont énoncés ou choisis, de l’intention ou du message qu’ils expriment, de l’effet qu’ils tendent à produire. Paroles distinctes, confuses, bredouillées. Des paroles entrecoupées de soupirs, de sanglots. Paroles éloquentes, habiles, convaincantes. Paroles inutiles, oiseuses. Paroles obligeantes, courtoises, amicales, affectueuses. Paroles ambiguës, équivoques. Paroles dures, insolentes, outrageantes. Paroles doucereuses, mielleuses.
▪  Paroles rituelles, magiques, auxquelles certains attribuent un pouvoir mystérieux. Paroles sacramentelles, que le prêtre prononce lorsqu’il administre un sacrement, et en particulier à la messe, au moment de la consécration.
▪  Iron. ou péj. Des paroles vagues, vaines, des paroles en l’air, qui s’opposent aux actes, aux réalités. De belles paroles, de grandes promesses qu’on n’a pas dessein de tenir. Renvoyer quelqu’un avec de bonnes paroles. On dit, dans le même sens, Payer, régaler quelqu’un de paroles. Il réclame de l’argent, il ne se contentera pas de paroles.
  Titre célèbre : Paroles, de Jacques Prévert (1946).

III.

III. Par métonymie. Ce qu’on exprime par le langage ; sentiment, avis, affirmation (en ce sens, s’emploie uniquement au singulier).
1.  Idée, opinion, pensée formulée généralement sous une forme concise ou frappante. Des paroles mémorables, historiques. Une parole de bon sens. Il a eu une parole malheureuse. Une parole de paix.
▪  Expr. fig. et vieillie. Jurer sur la parole du maître, admettre pour vrai tout ce que le maître enseigne, se référer en toutes choses à son autorité.
2.  L’enseignement, la révélation propres à certaines religions. Prêcher, annoncer la parole de Dieu, la parole divine ou, simplement, la parole (parfois avec une majuscule). Porter la bonne parole, faire connaître l’Évangile et, fig., tenter de faire partager ses idées, ses convictions. La parole écrite, consignée dans les textes sacrés, à la différence de la tradition orale. Dans l’Écriture sainte. La parole éternelle, la parole incarnée, Jésus-Christ (on dit plus ordinairement le Verbe).
▪  Expr. fig. C’est parole d’Évangile, on ne saurait en douter.
3.  Assurance, promesse verbale par laquelle on s’engage. Parole sacrée, inviolable. Donner sa parole, sa parole d’honneur. Se fier à la parole de quelqu’un.
▪  Loc. Tenir parole, sa parole. Manquer de parole, ne pas respecter sa promesse. Reprendre sa parole. Rendre sa parole à quelqu’un, le libérer de l’engagement qu’il avait pris. Sur parole, en vertu d’un engagement solennel. On a relâché ce prisonnier sur parole, sur sa parole. Je vous crois sur parole, sans chercher à vérifier.
▪  Expr. C’est un homme de parole, on peut se fier à ce qu’il dit ou promet. Cet homme n’a qu’une parole. On disait aussi, dans le sens contraire, Cet homme a deux paroles, on ne peut lui faire confiance.
▪  Elliptiquement. Dans la conversation. Ma parole, ma parole d’honneur ou, simplement, Parole, parole d’honneur, s’emploie pour insister sur la véracité, la sincérité de ses dires. Parole d’honneur, je vous rembourse dans un mois. On use, dans le même sens, de l’interrogation Votre parole ? ou, fam., Parole ? quand on veut s’assurer de la bonne foi de quelqu’un.
Voir aussi
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