malheur

MALHEUR

nom masculin
Étymologie : xiie siècle. Composé de l’adjectif mal et d’heur.
1.  Au singulier. Mauvaise fortune, mauvaise destinée. Le malheur le poursuit, l’accable. Avoir du malheur, bien du malheur. Être, vivre, tomber dans le malheur. Supporter le malheur avec constance, avec courage. Par surcroît de malheur. Pour son malheur, pour notre malheur, il n’a pas suivi vos conseils. Il rejetait sa faute sur le malheur des temps, les circonstances troublées ou tragiques de l’époque.
▪ Loc. et expr. Porter malheur, se dit d’un être, d’un objet, d’un acte, etc., qui est censé influer défavorablement sur le sort d’une personne ou sur le cours des choses. Jouer de malheur, éprouver une série de revers, de contrariétés, qu’on attribue à la malchance. Dans ses affaires, il a toujours joué de malheur. Faire le malheur de quelqu’un, avoir dans son existence un rôle néfaste. Cet homme a fait le malheur de ses proches. Son imprévoyance a fait son malheur. Le malheur veut que, par l’effet d’un destin contraire ou d’un fâcheux hasard. Le malheur a voulu qu’il perdît très tôt ses parents. Ne parlez pas de malheur (fam.), se dit pour écarter ou rejeter une prédiction inquiétante, une éventualité que l’on appréhende.
▪  Malheur à, formule d’imprécation. Malheur aux traîtres ! Malheur aux vaincus ! formule historique qui rappelle que les vaincus ont à subir la loi du vainqueur.
▪ Loc. adj. De malheur, funeste. Conseiller de malheur. Le corbeau, la chouette passent dans certaines campagnes pour des oiseaux de malheur. Fig. Un oiseau de malheur, une personne dont l’arrivée ou les propos font prévoir quelque évènement fâcheux (on dit aussi Oiseau de mauvais augure). Jouer les oiseaux de malheur. De malheur se dit aussi, familièrement, de ce qui est source de contrariété. Cet engin de malheur est à nouveau en panne.
▪ Loc. adv. Par malheur, par l’effet de la malchance. Par malheur, il fit une chute. Si, par malheur, vous renonciez, il serait le premier à le regretter.
2.  Évènement qui a des conséquences fâcheuses, pénibles, pour une personne, une communauté. Cette séparation est pour lui un grand malheur. Les malheurs de la guerre. Un nouveau malheur le frappe. Il a eu le malheur de perdre la vue. Il nous fit le récit de ses malheurs. Par euphémisme. Il lui est arrivé malheur, il est mort. Prov. Un malheur ne vient, n’arrive jamais seul. À quelque chose malheur est bon.
▪ Employé comme interjection, pour exprimer la surprise, l’indignation, le dépit. Malheur ! comment en est-il arrivé là ? Malheur ! tout est à recommencer !
▪ Par affaiblissement. Évènement contrariant, regrettable ; difficulté, désagrément. Quel malheur que ce contretemps vous ait retenu ! Ce n’est pas un bien grand malheur. Un malheur d’expression, une formule malencontreuse. Iron. et fam. Le grand malheur, le beau malheur ! il n’y a pas grand mal. Pour introduire ou prévenir une objection. Il n’y a qu’un malheur : son alibi ne tient pas.
▪ Expr. Avoir le malheur de (suivi de l’infinitif), avoir la maladresse, l’imprudence de. Si vous avez le malheur de lui confier ce secret, il l’ébruitera. Pop. Faire un malheur, se laisser aller à un éclat ou à un acte de violence. Retenez-moi ou je fais un malheur ! Dans le langage du spectacle, par antiphrase, remporter un triomphe, un succès éclatant. Ce chanteur, ce spectacle a fait un malheur.
 Titre célèbre : Les Malheurs de Sophie, de la comtesse de Ségur (1864).
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