diable

DIABLE

nom masculin
Étymologie : ixe siècle, diaule. Emprunté du latin chrétien diabolus, « esprit du mal », du grec diabolos, de même sens (en grec classique, « calomniateur »).

I.

I. Au sens propre.
1.  Marque de domaine : religion chrétienne. Nom donné à l’esprit du mal : le démon. Spécialement. Le diable, Satan, l’ange révolté contre Dieu. Être possédé du diable. Une tentation du diable. Donner, vendre son âme au diable. On prétendait qu’il avait signé un pacte avec le diable. Ne craindre ni Dieu, ni diable. L’avocat du diable, voir Avocat I.
 Titres célèbres : Le Diable boiteux, de Lesage (1707) ; Le Diable amoureux, de Cazotte (1772) ; Le Diable au corps, de Raymond Radiguet (1923).
2.  Expressions et proverbes. Se démener comme un diable, comme un beau diable, faire le diable, déployer une activité extrême pour obtenir ou empêcher quelque chose. Être comme un diable dans un bénitier, manifester une extrême agitation dans une situation inconfortable. Faire le diable à quatre, faire beaucoup de bruit. Tirer le diable par la queue, avoir beaucoup de difficulté à subvenir à ses besoins. Loger le diable dans sa bourse, être constamment démuni. Avoir la beauté du diable, avoir le charme provocant de la jeunesse ou, en parlant d’une femme, indépendamment de sa perfection physique, exercer une immédiate séduction. Avoir le diable au corps, être d’une sensualité ardente, d’une activité débordante, d’une méchanceté furieuse. Être malin comme un diable, être subtil et inventif. Le diable n’y verrait goutte, l’affaire est difficile à débrouiller. Quand le diable y serait, même avec l’aide du diable. Jamais vous ne réussirez quand le diable y serait, votre échec est certain. C’est bien le diable si, il serait bien étonnant que. C’est bien le diable s’il refuse son accord. Si le diable ne s’en mêle, à moins que le diable ne s’en mêle, à moins d’un empêchement fort improbable. Cela se fera, si le diable ne s’en mêle. Il habite au diable, au diable vauvert ou, par déformation populaire, au diable vert, il habite très loin. Envoyer quelqu’un au diable, à tous les diables, maudire, repousser, renvoyer quelqu’un avec colère ou indignation. S’en aller au diable, à tous les diables, s’en aller très loin, se perdre, disparaître tout à fait ; échouer. Je crains que ce mariage ne s’en aille à tous les diables. Au diable ! se dit en signe de colère ou d’impatience. Au diable l’avarice ! Va-t’en au diable ! Au diable soit celui qui a dit cette sottise ! Le diable m’emporte si, du diable si, formules employées pour nier avec énergie. Le diable m’emporte si je mens ! Du diable si j’y comprends quelque chose ! Dans le même sens. On a beau l’appeler, du diable s’il répond.
▪  Prov. C’est le diable qui bat sa femme et qui marie sa fille, se dit lorsqu’il pleut et que le soleil luit en même temps. Quand le diable est vieux, il se fait ermite, se dit d’un libertin qui, avec l’âge, se résigne à mener une vie rangée.
3.  Interjection marquant la surprise. Diable ! comme vous y allez ! Ah diable ! Je n’y pensais pas. Diable, renforçant un mot interrogatif. Où diable va-t-il prendre tout ce qu’il dit ? Qui diable vous a dit cela ? Comment diable vais-je m’y prendre ? Que diable avez-vous fait ? Que diable ! formule d’exhortation. Calmez-vous, que diable !
4.  Loc. adv. En diable, très fort, à l’excès. Il est menteur en diable. Il a de l’esprit en diable. À la diable, d’une façon désordonnée. S’habiller à la diable. Ce travail est fait à la diable. Marque de domaine : cuisine. Volaille à la diable, cuite sur le gril. Sauce à la diable ou, elliptiquement, sauce diable, sauce relevée accompagnant une volaille grillée.

II.

II. Fig.
1.  Personne méchante, cruelle. Cet homme est un diable, le diable incarné, le diable en personne. Avec son air angélique, cette femme est un vrai diable.
2.  Enfant agité, turbulent, difficile à supporter. C’est un diable, un petit diable que cet enfant-là. Adjectivement. Fam. Ils deviennent très diables en grandissant.
 Titre célèbre : Un bon petit diable, de la comtesse de Ségur (1865).
3.  Par affaiblissement, avec une nuance d’ironie, parfois de compassion. Un bon diable, un brave homme, d’humeur facile, de bon caractère. Un pauvre diable, un homme misérable ou malheureux. Un grand diable, un homme grand et dégingandé.
4.  Loc. Un diable de… Ce diable de…, pour marquer la singularité d’une personne ou d’une chose. Ce diable d’homme trouve toujours des expédients. Ce diable d’homme ne veut pas comprendre la situation. Dans cette acception, diable peut s’employer au féminin. Cette diable de femme a tout gâté. En parlant de choses. Avec une valeur d’intensité. Une diable d’affaire, très compliquée ou très épineuse. Un diable de vent, un très grand vent. On dit aussi avec la même valeur intensive Une affaire du diable, très importante. Une chaleur du diable. Une peur du diable.

III.

III. Par analogie.
1.  Jouet formé d’une boîte du fond de laquelle surgit, quand on ouvre le couvercle, un pantin représentant un diable ; ce pantin lui-même. Expr. fig. Surgir comme un diable de sa boîte, inopinément, brusquement.
2.  Nom donné à divers animaux. Diable de mer, nom usuel de plusieurs poissons, comme la baudroie, la grande raie, etc. Diable de Tasmanie, marsupial carnivore.
3.  Chariot bas, à deux roues et muni de bras, servant au transport des charges dans les entrepôts, les gares, les aéroports, etc.
4.  Ustensile de cuisine comportant deux poêlons de terre et permettant la cuisson des aliments à l’étouffée.
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