diable

7e édition

DIABLE.

s. m.
■  Démon, esprit malin, mauvais ange. Diable d’enfer. Être possédé du diable. Une tentation du diable. Chasser les diables. On prétendait qu’il avait fait un pacte avec le diable. Invoquer les diables. La puissance du diable. Le diable ne lui aurait pas fait plus de peur. Je crus voir le diable, tant son aspect me surprit, m’effraya.
Avocat du diable. Voyez Avocat.
Diable, dans les emplois figurés qui suivent, est très familier ou même populaire.
Prov., Le diable n’y perd rien, se dit en parlant D’une personne qui sait habituellement maîtriser et cacher les passions et les sentiments qui la tourmentent. Cette personne est ordinairement très calme ; mais le diable n’y perd rien. Cela se dit également en parlant Des souffrances qu’on dissimule. Je n’ai pas l’air de souffrir, mais le diable n’y perd rien.
Prov., Quand il dort, le diable le berce, ou absolument, Le diable le berce, se dit D’un homme inquiet, qui roule toujours dans sa tête quelque dessein contraire au repos des autres ou au sien.
Prov., Les menteurs sont les enfants du diable.
Prov., Le diable était beau quand il était jeune, La jeunesse a toujours quelque chose d’agréable, même dans les personnes les plus laides.
Cette femme a la beauté du diable, Elle n’est pas jolie, mais elle a la fraîcheur de la jeunesse.
Prov., Quand le diable fut vieux, il se fit ermite, se dit en parlant De quelqu’un qui, après avoir fait le libertin, devient dévot sur ses vieux jours.
Prov., Le diable est aux vaches, est bien aux vaches, Il y a du vacarme, du désordre, de la brouillerie, etc.
Prov., Les diables sont déchaînés, se dit Quand il arrive de grands mouvements, de grands malheurs.
Prov., Le diable bat sa femme et marie sa fille, se dit quand il pleut et qu’il fait soleil en même temps.
Prov., Il est comme le valet du diable, il fait plus qu’on ne lui commande, ou simplement, Il fait le valet du diable, se dit D’un homme qui, par zèle ou par tout autre motif, fait plus qu’on ne lui dit.
Prov., Il mangerait le diable et ses cornes, se dit D’un grand mangeur.
Le diable ne lui ferait pas faire telle chose, On aurait bien de la peine à lui faire faire telle chose. Quand une fois il a dit Non, le diable ne lui ferait pas dire Oui. Le diable ne lui ferait pas lâcher prise.
Prov., Ne craindre ni Dieu ni diable, se dit D’un méchant homme, d’un homme déterminé qu’aucune crainte n’arrête.
Prov. et fig., Il vaut mieux tuer le diable, que le diable nous tue, Dans le cas de défense personnelle, il vaut mieux tuer son ennemi, que de s’en laisser tuer.
Prov. et fig., Brûler une chandelle au diable, Flatter un pouvoir injuste pour en obtenir quelque chose.
Prov. et fig., Tirer le diable par la queue, Avoir beaucoup de peine à se procurer de quoi vivre.
p. 538Prov. et fig., Loger le diable dans sa bourse, N’avoir pas le sou.
Prov. et fig., Le diable n’est pas toujours à la porte d’un pauvre homme, Un homme malheureux ne l’est pas toujours.
Avoir le diable au corps, Être méchant, furieux. Il querelle et bat tout le monde, il a le diable au corps. On le dit quelquefois en parlant D’un homme qui montre beaucoup d’adresse, de courage, de force, de talent ou d’esprit. Tout ce qu’il fait est prodigieux, je crois qu’il a le diable au corps, il faut qu’il ait le diable au corps. On le dit quelquefois, dans le premier sens, en parlant Des animaux. Ce cheval a le diable au corps.
Prov., C’est le diable à confesser, se dit D’un aveu difficile à obtenir, et en général D’une chose difficile à faire. Dans le dernier sens, on dit aussi, C’est le diable. C’est le diable pour obtenir de lui quelque argent.
C’est le diable, c’est là le diable, voilà le diable, se dit De ce qu’il y a de pénible, de difficile, de fâcheux, de contrariant dans la chose dont il s’agit. Nous aurions besoin de son consentement, et il le refuse : c’est là le diable.
Cela se fera, ou il faudra que le diable s’en mêle, à moins que le diable ne s’en mêle, si le diable ne s’en mêle, Cette affaire se fera malgré tous les obstacles. Cette affaire ne se fera pas, à moins, etc., Il est presque impossible que cette affaire réussisse. On dit dans le même sens, Cela se fera si le diable s’en mêle.
Veuille Dieu, veuille diable, je n’en aurai point le démenti, Je suis bien résolu de faire telle chose.
Quand le diable y serait, se dit Pour exprimer qu’une chose paraît difficile, impossible, incroyable. Quand le diable y serait, vous ne me ferez pas croire cela.
Le diable n’y verrait goutte, se dit en parlant D’une chose fort difficile à comprendre, à débrouiller. L’affaire est maintenant si embrouillée, que le diable n’y verrait goutte.
Donner, envoyer au diable, à tous les diables, à tous les cinq cents diables, Maudire, rebuter, repousser, renvoyer avec colère, avec indignation. On dit de même : Va-t’en au diable. Qu’il s’en aille au diable, à tous les diables, etc. Que le diable t’emporte, l’emporte, etc. Je voudrais que tu fusses, qu’il fût au diable, à tous les diables, aux cinq cents diables. Que le diable, ou simplement, Le diable soit de lui, de toi, etc. Au diable soit l’imbécile, le sot, etc., qui a fait telle chose !
Au diable celui qui le fera, se dit Pour faire entendre que personne ne pourra ou n’osera faire la chose dont il s’agit.
Au diable le profit que j’en ai tiré, se dit Pour faire entendre qu’on n’a tiré aucun profit d’une affaire.
Fi, fi ! au diable ! sert À marquer le mépris, l’aversion.
Au diable ! se dit Lorsqu’on se rebute, lorsqu’on renonce à faire une chose difficile ou très pénible. Au diable ! je n’en viendrai jamais à bout. Au diable ! cela me fatigue trop.
Fig., S’en aller au diable, à tous les diables, Se perdre, disparaître tout à fait. Mon chapeau, emporté par le vent, s’en est allé à tous les diables. Cela signifie aussi, Manquer, échouer. Je crains bien que mon mariage ne s’en aille à tous les diables. L’affaire s’en va au diable, à tous les diables. On dit de même, dans l’un et dans l’autre sens, Être à tous les diables.
Fig., Être au diable, Être excessivement loin. Cela est au diable, on ne saurait l’apercevoir. Il est au diable, en Amérique, je crois.
Fig., Se donner au diable, se dit Lorsqu’on se donne beaucoup de mal, beaucoup de mouvement et de peine pour quelque chose. Je me suis donné au diable inutilement pour que la chose réussît. Certes, la chose est aisée, et il ne faut pas se donner au diable pour la faire. Il signifie aussi, Se désespérer.
Cela me ferait donner au diable, se dit Pour exprimer la vive impatience, le dépit violent qu’on éprouve de quelque chose. Vos sottes raisons me feraient donner au diable. Cet enfant me fait donner au diable avec son indolence.
Je me donne au diable, je veux que le diable m’emporte, si… Le diable m’emporte, si… Le diable m’emporte. Locutions qui sont quelquefois employées, par forme de serment, pour affirmer ou nier avec plus d’énergie. Je me donne au diable, je veux bien me donner au diable, je veux que le diable m’emporte, si j’y comprends un mot. Que le diable m’emporte, si cela n’est pas comme je le dis. Non, le diable m’emporte, je n’en savais rien. On dit de même, Du diable si… et Au diable si… Du diable si j’y comprends rien. On a beau l’appeler, du diable s’il répond. Au diable si l’on m’y rattrape.
Par chagrin ou par dépit, Le diable s’en pende !
Par forme de serment, Je n’en ferai rien, de par tous les diables.
Fig., Faire le diable, faire le diable à quatre, Faire beaucoup de bruit, causer beaucoup de désordre, s’emporter à l’excès. Ils ont fait le diable, le diable à quatre dans cette auberge. Cela signifie aussi, Se donner beaucoup de peine, de mouvement pour quelque chose. Il a fait le diable à quatre pour l’obtenir, pour l’empêcher. L’affaire a réussi, ou n’a pas réussi, quoiqu’il y ait fait le diable à quatre.
Fig., Faire le diable contre quelqu’un, Faire du pis qu’on peut contre lui. Dire le diable contre quelqu’un, En médire ou le calomnier impitoyablement.
Cela ne vaut pas le diable, se dit D’une chose qui ne vaut rien, ou qui est fort mauvaise dans son genre. Ce roman ne vaut pas le diable.
Diable, se dit aussi, figurément, d’Une personne très méchante, ou violente, emportée, ou d’une pétulance excessive, d’une turbulence incommode et bruyante. C’est un diable, un diable incarné, un diable d’enfer, un diable déchaîné, un vrai diable. Avec son air de douceur, cette femme est un vrai diable. C’est un diable, un petit diable que cet enfant-là. Cet enfant est bien diable.
Prov., Il n’est pas si diable qu’il est noir, Cet homme n’est pas si méchant qu’il le paraît.
Diable, se dit encore, tant en bonne qu’en mauvaise part, d’Une personne remarquable par quelque qualité, par ses mœurs, par ses manières. C’est un diable pour la force, pour l’adresse, etc. Mais c’est donc un diable, c’est donc le diable que cet homme-là pour avoir tenu seul contre dix ! Ce diable d’homme trouve toujours des expédients. Ce diable-là n’est jamais embarrassé. Où ce petit diable va-t-il chercher tout ce qu’il dit ? Ce diable d’homme ne se corrigera donc jamais ? Cette diable de femme fait de moi tout ce qu’elle veut.
Ce diable d’homme, cette diable de femme, etc., se disent quelquefois par dépit contre un homme ou une femme. Ce diable d’homme ne veut pas me comprendre. Cette diable de femme est venue là bien mal à propos.
Un bon diable, Un homme de bonne humeur, de bon caractère, et commode à vivre. Il est assez bon diable.
Un méchant diable, Un homme méchant et rusé.
Un pauvre diable, Un homme qui est dans la misère. C’est un pauvre diable chargé de famille.
Un grand diable, Un homme grand et dégingandé.
Diable, s’emploie même en parlant De certaines choses. Ainsi on dit : Une diable d’affaire, un diable de négoce, de métier, etc., en parlant D’une affaire difficile, fâcheuse, d’un négoce peu lucratif, etc. ; Une diable de pluie, un diable de vent, etc., en parlant d’Une pluie, d’un vent incommode, nuisible.
Une affaire du diable, une difficulté de diable, Une affaire très compliquée, ou qui a, qui peut avoir de très grandes suites, une très grande difficulté, etc. On dit de même : Un froid de diable, un vent, une pluie du diable, Un froid excessif, un vent très violent, etc. Il avait une peur de diable, Il avait une peur extrême.
Il a un esprit de tous les diables, il a de l’esprit comme tous les diables, Il a beaucoup d’esprit.
Diable, s’emploie souvent comme Interjection de surprise, d’admiration, de doute, de mécontentement, d’inquiétude, etc. Diable ! comme vous y allez. Diable ! cela n’est pas aisé à faire. Ah diable ! je n’y pensais pas. Diable ! cela devient sérieux. Diable ! comment ferons-nous ? Diable ! vous faites là de belles affaires.
Il est employé d’une manière analogue dans les phrases suivantes et autres semblables : Où diable va-t-il prendre tout ce qu’il dit ? Qui diable vous a dit cela ? Je ne sais ce que diable il est devenu. Que diable me veut-il ? Comment diable vais-je m’y prendre ? Que diable avez-vous fait, avez-vous dit ? À quoi diable s’amuse-t-il ? Que diable ! vous avez peur ?
Diable, substantif, se dit en outre d’Une sorte de double toupie que l’on fait tourner rapidement sur une corde attachée à deux baguettes, et qui ronfle avec beaucoup de bruit. Le jeu du diable.
Il se dit aussi d’Une espèce de charrette à quatre roues fort basses, qui sert au transport de certaines marchandises, et qui fait beaucoup de bruit en roulant sur le pavé.
Il se dit également d’Un petit chariot à deux roues dont les maçons se servent pour transporter les pierres.
Diable, en Histoire naturelle, se dit d’Une espèce de cigale, ainsi que de Divers oiseaux, et de Quelques poissons.
En diable. loc. adv. Fort, extrêmement. Frapper en diable. Mentir en diable. Cela tient en diable. Cette eau-de-vie est forte en diable. On dit quelquefois dans le même sens, En diable et demi. Il l’a battu en diable et demi. On dit aussi, Comme le diable, comme un beau diable, comme tous les diables. Il l’a battu comme le diable. Crier comme un beau diable. Il ment comme tous les diables.
À la diable. loc. adv. Très mal. Cela est fait à la diable, ou simplement, Cela est à p. 539la diable. Il nous a donné un ragoût à la diable. Cette affaire va, marche à la diable.
Être fait à la diable, Être habillé sans goût, ou Avoir ses vêtements en grand désordre.
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