valoir

7e édition

VALOIR.

v. n. Conjugaison : (Je vaux, tu vaux, il vaut ; nous valons, etc. Je valais. J’ai valu. Je valus. Je vaudrai. Je vaudrais. Vaux, valez. Que je vaille ; que nous valions, que vous valiez, qu’ils vaillent. Que je valusse. Valant.)
■  Être d’un certain prix, avoir un prix, un certain mérite. Cette étoffe vaudrait tant. Elle valait dix francs l’aune. Vous ne la payez pas ce qu’elle vaut. La pistole, le louis d’or a valu tant. De ces deux objets, l’un vaut bien l’autre.
Fam., Cette chose vaut de l’argent, Elle est d’un prix considérable.
Prov., Cette chose vaut son pesant d’or, Elle est extrêmement bonne dans son genre, et on ne la peut trop payer, trop acheter. Familièrement, C’est un homme qui vaut son pesant d’or, se dit D’un homme dont on veut vanter les bonnes qualités.
Prov., Chaque chose vaut son prix, chacun vaut son prix, Il ne faut rien déprécier, ni donner à personne des louanges qui vont à rabaisser les autres. Votre prévention pour cet ouvrier fait que vous n’estimez pas assez les autres ; chacun vaut son prix.
Prov., Cet homme en vaut bien un autre, Cet homme mérite autant d’estime qu’aucun autre.
Prov., Monsieur vaut bien madame, ou Madame vaut bien monsieur, Le mari et la femme sont dignes l’un de l’autre, sont aussi riches, aussi beaux, aussi spirituels l’un que l’autre. Il s’emploie le plus souvent dans un sens ironique.
Prov., Cette chose-là vaut mieux pistole qu’elle ne valait écu, se dit D’une chose qui a augmenté de prix par les soins qu’on s’est donnés, par les peines qu’on a prises.
Prov. et fig., Le jeu ne vaut pas la chandelle, La chose dont il s’agit ne mérite pas les soins qu’on prend, les peines qu’on se donne, la dépense qu’on fait.
Prov. et fig., Savoir ce qu’en vaut l’aune, se dit en parlant Des choses que par expérience on sait être difficiles, fâcheuses, pénibles, de grande dépense, etc. Il a eu des procès, il sait ce qu’en vaut l’aune. Il a bâti, il sait bien ce qu’en vaut l’aune. J’ai passé par là, je sais ce qu’en vaut l’aune.
Il ne vaut pas la peine qu’on lui réponde, se dit, par mépris, D’un homme avec qui on ne veut point entrer en contestation.
Cette chose, cette affaire ne vaut pas la peine d’y penser, se dit D’une chose, d’une affaire de peu de conséquence. On dit dans le sens contraire, Cette chose, cette affaire vaut bien la peine d’y penser, la peine qu’on y pense, Elle est importante, et elle mérite qu’on prenne du temps pour en délibérer. On dit absolument, dans l’un et l’autre sens, Cela ne vaut pas la peine, n’en vaut pas la peine.
Fig. et fam., Cela ne vaut pas un sou, ne vaut pas le ramasser, ne vaut pas le diable, Cela ne vaut quoi que ce soit, cela n’est bon à rien, ne mérite pas qu’on le ramasse, ne vaut rien, est mauvais.
Cette chose ne vaut rien, signifie communément, Cette chose n’a presque aucun mérite, n’est presque d’aucune valeur, d’aucune utilité, elle n’a pas les qualités requises pour être bonne ; et cela se dit tant Des choses qui se vendent que des autres choses, même Des ouvrages d’esprit. L’étoffe qu’il a achetée ne vaut rien. Il a vendu un cheval qui ne valait rien. Cela ne vaut rien, ne vaut quoi que ce soit. Ce potage ne vaut rien. Il fit un grand discours qui ne valait rien. Cet ouvrage ne peut rien valoir.
Cette chose ne vaut rien, se dit aussi D’une chose qui est entièrement usée et hors d’état de servir. Cet habit ne vaut rien, ne vaut plus rien. On dit également, Cet homme ne vaut rien, C’est un méchant homme, un homme dangereux. Ne vous fiez point à lui, c’est un homme qui ne vaut rien. Voyez Vaurien.
Cela ne vaut rien, Cela est mauvais, relativement à telle ou telle circonstance. Il fait un temps froid et humide ; cela ne vaut rien pour moi, ne me vaut rien. Il relève de maladie, les ragoûts, la salade ne lui valent rien.
Cela ne vaut rien, signifie encore, Cela ne signifie rien de bon, cela est de mauvais augure. Il s’endort dès qu’il a mangé, cela ne vaut rien. Ce vieillard maigrit tous les jours, cela ne vaut rien à son âge.
Fam., N’avoir rien qui vaille, N’avoir rien de bon. Ce libraire n’a jamais rien qui vaille. On dit de même, Ne faire rien qui vaille, Faire de mauvaise besogne. Je lui ai donné de l’ouvrage, il n’a rien fait qui vaille.
Valoir mieux, Être meilleur, préférable. Ma montre vaut mieux que la vôtre. Vous valez mieux que lui. Les effets valent mieux que les paroles. L’estime vaut mieux que la célébrité.
Prov., Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, La possession d’un bien modique est préférable à l’espérance d’un plus grand bien.
Impersonnell., Il vaut mieux, Il est plus expédient, plus utile, plus convenable. Il y a beaucoup d’occasions où il vaut mieux se taire que de parler. Il vaut mieux que cela soit ainsi, il vaut mieux qu’il en soit ainsi.
Valoir, signifie aussi, Rapporter, donner du profit. Cette terre, cet emploi vaut tant.
Prov., Tant vaut l’homme, tant vaut la terre. Voyez Tant.
Faire valoir une chose, Tirer d’une chose le profit, l’avantage qu’elle peut rapporter. Faire valoir un domaine. Faire valoir une terre, une ferme par ses mains. Faire valoir son argent. Faire valoir son droit, ses droits. Faire valoir ses talents. On dit quelquefois absolument, Faire valoir, Exploiter soi-même sa terre.
Faire valoir une chose, signifie aussi, Lui donner du prix, la faire paraître meilleure, plus belle. C’est la pureté de ce diamant, plutôt que sa grosseur, qui le fait tant valoir. Cet acteur a l’art de faire valoir ses rôles. Il a fait valoir les plus faibles endroits de son discours, par la manière dont il l’a débité.
Faire valoir une chose, signifie encore, En relever, en vanter le mérite, l’importance. Il fait trop valoir ses services. Je ne fais pas valoir un si faible sacrifice. S’il a fait quelque chose pour moi, il me le fait bien valoir.
Faire valoir sa marchandise, se dit au propre Des marchands qui par leurs discours p. 914et par leur adresse savent donner une grande idée de ce qu’ils veulent vendre. Il se dit au figuré De ceux qui louent beaucoup tout ce qu’ils ont, et jusqu’aux moindres choses qu’ils font ou qu’ils disent.
Faire valoir quelqu’un, Le mettre en crédit, lui fournir des occasions de paraître à son avantage.
Se faire valoir, Soutenir sa dignité, ses droits, ses prérogatives. Il est bon quelquefois de se faire un peu valoir. Vous négligez les droits de votre place, vous ne vous faites point valoir. Il laisse prendre trop d’autorité à ses subalternes, il ne se fait pas assez valoir. Il se dit aussi en mauvaise part, et signifie, S’attribuer de bonnes qualités qu’on n’a pas. C’est un fanfaron qui veut se faire valoir. Il se fait valoir aux dépens des autres.
Prov., Un homme ne vaut que ce qu’il se fait valoir, Un homme n’obtient du crédit, de la réputation dans le monde, qu’autant qu’il saisit les occasions et les moyens de faire ressortir son mérite, ses talents.
Valoir, signifie aussi, Tenir lieu, avoir la force, la signification de. L’M en chiffre romain vaut mille, le D vaut cinq cents, le C vaut cent, etc. En chiffre arabe, un I devant un o vaut dix. Les jetons valent au jeu ce que l’on convient de les faire valoir. L’as au piquet vaut onze. Cette note de musique vaut une mesure, une demi-mesure. Une blanche vaut deux noires.
Prov., Un bon averti en vaut deux, Lorsqu’on a été prévenu de ce qu’on doit craindre ou de ce qu’on doit faire, on est, pour ainsi dire, doublement en état de prendre ses précautions ou ses mesures. Il se dit aussi par forme de menace, et signifie : Prenez-y garde ; si vous ne tenez compte de l’avertissement que je vous donne, vous vous en repentirez.
Prov., Cela vaut fait, Regardez la chose comme faite, soyez sûr qu’elle se fera. Dans le même sens, on dit, La chose n’est pas encore faite, mais autant vaut.
Prov. et fig. : Autant vaut traîné que porté. Autant vaut être mordu du chien que de la chienne. Etc. Voyez Porter, etc.
–  Quelquefois Vaut est sous-entendu, comme dans cette phrase, Autant faire cela sur-le-champ que de différer.
Faire un acte, remplir une formalité pour valoir ce que de raison, c’est-à-dire, Par pure précaution, pour servir dans l’occasion autant qu’il sera juste et raisonnable.
Valoir, signifie encore, Procurer, faire obtenir, produire ; et, dans ce sens, il est actif. Cette bataille lui a valu le bâton de maréchal de France. Cette terre lui vaut dix mille francs de rente. Que lui a valu son ambition, sinon de le rendre odieux ? Ses exploits lui ont valu une gloire immortelle. Cette action ne lui a valu que de la honte. La gloire que cette action lui a value.
À valoir. Terme de Commerce et de Finance, qui signifie, Ce qu’on fournit, soit en billets, soit en marchandises, à compte d’une plus forte somme qu’on doit fournir. Je vous envoie vingt balles de draps, dont vous retirerez le prix à valoir sur ce que je dois fournir pour ma part dans la société. Le receveur général a envoyé trois lettres de change à valoir sur ce qu’il doit pour les six premiers mois de la recette. On dit aussi, J’ai reçu telle chose ou telle somme à valoir sur…, Je l’ai reçue en déduction de…
Vaille que vaille, tout coup vaille. loc. adverbiales et familières. À tout hasard. Donnez votre pétition vaille que vaille. Prenez sa promesse vaille que vaille. Je tenterai cela tout coup vaille.
Tout coup vaille, à de certains Jeux, signifie qu’En attendant la décision de ce qui est en contestation, on ne laissera pas de jouer. Je prétends que la balle a doublé, mais je ne laisse pas de jouer tout coup vaille. On ne sait laquelle des deux boules est la plus proche du but ; je m’en vais jouer tout coup vaille.
Valant. participe présent du verbe Valoir. Valant cent mille écus. Un diamant valant mille écus. Deux maisons valant cinquante mille francs.
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