valoir

5e édition

VALOIR.

v. n. Conjugaison : Je vaux, tu vaux, il vaut ; nous valons, etc. Je valois. J’ai valu. Je valus. Je vaudrai. Vaux, valez. Que je vaille ; que nous valions, que vous valiez, qu’ils vaillent. Que je valusse. Je vaudrois. Valant.
■  Être d’un certain prix. avoir un prix. Cette étoffe vaudroit tant. Elle valoit dix francs l’aune. Vous ne la payez pas ce qu’elle vaut. La pistole a valu tant. Le louis d’or doit valoir tant. De ces deux choses-là, l’une vaudra bien l’autre.
On dit familièrement, qu’Une chose vaut de l’argent, pour, qu’Elle est d’un prix considérable.
On dit proverbialement d’Une chose qu’on estime beaucoup, qu’Elle vaut son pesant d’or, pour, qu’Elle est extrêmement bonne dans son genre, et qu’on ne la peut trop payer, trop acheter. Et on dit dans le style familier, d’Un homme dont on veut vanter les bonnes qualités, et particulièrement celles qui regardent la société, que C’est un homme qui vaut son pesant d’or.
On dit aussi proverbialement, Chaque chose vaut son prix, chacun vaut son prix, pour, qu’Il ne faut rien déprécier, ni donner à personne des louanges qui vont à rabaisser les autres. Vous dites que cet homme-là est le seul Capitaine de notre siècle ; chacun vaut son prix.
On dit aussi proverbialement, qu’Un homme en vaut un autre, pour exprimer l’égalité ; et, Cet homme en vaut bien un autre, pour, que Celui dont on parle, mérite autant d’estime qu’aucun autre.
On dit proverbialement, que Monsieur vaut bien Madame, ou que Madame vaut bien Monsieur, pour, qu’Ils sont à peu près d’aussi bonne maison, qu’ils ont autant de bien, autant de bonnes qualités l’un que l’autre.
Il se dit aussi ironiquement, et dans le même sens, que Les deux époux ne valent rien.
On dit proverbialement d’Une chose qui a augmenté de prix par les soins qu’on s’est donnés, par les peines qu’on a prises, qu’Elle vaut mieux pistole qu’elle ne valoit écu.
On dit proverbialement, que Le jeu ne vaut pas la chandelle, pour, que La chose dont il s’agit, ne mérite pas les soins qu’on prend, les peines qu’on se donne, la dépense qu’on fait.
On dit aussi proverbialement et figurément Des choses que par expérience on sait être difficiles, fâcheuses, pénibles, de grande dépense, etc. que L’on sait ce qu’en vaut l’aune. Il a eu des procès, il sait ce qu’en vaut l’aune. Il a bâti, il sait bien ce qu’en vaut l’aune. J’ai passé par là, je sais ce qu’en vaut l’aune.
On dit dans le discours familier, qu’Une chose ne vaut pas un sou, qu’elle ne vaut pas un clou à soufflet, qu’elle ne vaut pas le ramasser, qu’elle ne vaut pas le diable, pour, qu’Elle ne vaut quoi que ce soit, qu’elle n’est bonne à rien, qu’elle ne mérite pas qu’on la ramasse, qu’elle ne vaut rien.
On dit par mépris d’Un homme avec qui on ne veut point entrer en contestation, qu’Il ne vaut pas la peine qu’on lui réponde ; et d’Une chose, d’une affaire de peu de conséquence, qu’Elle ne vaut pas la peine d’y penser. On dit au contraire d’Une chose, d’une affaire sérieuse et importante, qu’Elle vaut bien la peine d’y penser, la peine qu’on y pense, pour, qu’Elle est considérable, et qu’elle mérite qu’on prenne du temps pour en délibérer.
On dit communément, qu’Une chose ne vaut rien, pour, qu’Elle n’est presque d’aucun mérite, d’aucun prix, d’aucune utilité, d’aucun usage, qu’elle n’a pas les qualités requises pour être bonne ; et cela se dit tant Des choses qui se vendent ou qui s’achètent que des autres, et même Des ouvrages d’esprit. L’étoffe qu’il a achetée ne vaut rien. Il a vendu un cheval qui ne valoit rien. Cela ne vaut rien. Ce potage ne vaut rien. Ce ragoût ne vaut quoi que ce soit. Il fit un grand discours qui ne valoit rien. Cet ouvrage ne peut rien valoir.
On dit aussi, qu’Une chose ne vaut rien, pour, qu’Elle est entièrement usée et hors d’état de servir. Cet habit ne vaut rien, ne vaut plus rien.
On dit pareillement, qu’Un homme ne vaut rien, pour, que C’est un méchant homme, un homme dangereux. Ne vous fiez point à lui, c’est un homme qui ne vaut rien.
On dit aussi, Cela ne vaut rien, pour, Cela est mauvais, relativement à diverses circonstances. Il fait un temps froid et humide, cela ne vaut rien pour moi, ne me vaut rien. Il relève de maladie, les ragoûts, la salade ne lui valent rien.
On dit encore, Cela ne vaut rien, pour, Cela ne signifie rien de bon, cela est de mauvais augure. Il s’endort dès qu’il a mangé, cela ne vaut rien. Ce vieillard maigrit tous les jours, cela ne vaut rien à son âge.
Valoir, signifie aussi, Donner du profit. Cette terre, cet emploi vaut tant.
On dit proverbial. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, pour, La possession d’un bien modique, est préférable à l’espérance d’un grand bien à venir.
On dit proverbialement, Tant vaut l’homme, tant vaut sa terre, pour, Une terre rapporte à proportion de l’habileté et de l’industrie de celui qui la fait valoir. Il se dit aussi figurément, Des charges, des emplois, pour dire, qu’Ils ne sont considérables, avantageux et utiles, qu’à proportion de l’habileté de celui qui les possède.
On dit impersonnellement, Il vaut mieux, pour, Il est plus expédient. Il y a beaucoup d’occasions où il vaut mieux se taire que de parler.
On dit, Faire valoir une terre, pour, La mettre en état de rapporter ; et, La faire valoir par ses mains, pour dire, La régir par soi-même sans avoir de Fermier.
On dit proverbialement et figurém. Faire valoir le talent, pour, Tirer du profit, de l’utilité des qualités qu’on a, et des occasions qui se présentent. Il se dit plus ordinairement en mauvaise part. Et, Faire valoir sa marchandise, se dit au propre, Des Marchands qui par leurs discours et par leur adresse, donnent une grande idée des marchandises qu’ils veulent vendre. Il se dit aussi au figuré, De ceux qui louent beaucoup tout ce qu’ils ont, et jusqu’aux moindres choses qu’ils font ou qu’ils disent.
Se faire valoir, se dit en bonne et en mauvaise part. En bonne part, pour, Soutenir sa dignité, ses droits, ses prérogatives. Il est bon quelquefois de se faire un peu valoir. Vous négligez les droits de votre charge, vous ne vous faites point valoir. Il laisse prendre trop d’autorité à ses subalternes, il ne se fait pas assez valoir. Et en mauvaise part, pour, S’attribuer de bonnes qualités qu’on n’a pas. C’est un fanfaron qui veut se faire valoir.
On dit, Faire valoir les bons endroits d’un discours, d’un Poëme, pour, En faire apercevoir le mérite, soit par la récitation, soit par des réflexions. Cette pièce est foible, les Acteurs l’ont fait valoir.
On dit dans ces deux sens, Un homme ne vaut que ce qu’il se fait valoir, pour dire, Un homme ne se fait estimer qu’autant qu’il saisit les occasions et les moyens de faire ressortir ses bonnes qualités.
Valoir, signifie aussi, Tenir lieu, avoir la force, la signification de. M en chiffre romain, vaut mille. Le D vaut cinq cents. Le C vaut cent, etc. En chiffre arabe, un 1 devant un o vaut dix. Les jetons valent au jeu ce qu’on les fait valoir. L’as au piquet vaut onze. Cette note de p. 716musique vaut une mesure, une demi-mesure.
On dit proverbialem. Un bon averti en vaut deux, pour, Un homme qui est averti, qui est préparé, qui est sur ses gardes, a un avantage qu’il n’auroit pas sans cela.
On dit aussi proverbialement, Cela vaut fait, pour, Regardez la chose comme faite, soyez sûr qu’elle se fera. Et dans le même sens on dit, La chose n’est pas encore faite, mais autant vaut.
On dit Des actes et des formalités qu’on fait par pure précaution, qu’On les fait pour valoir ce que de raison, pour, Afin qu’ils puissent servir dans l’occasion autant qu’il sera juste et raisonnable.
Valoir, signifie encore, Procurer, faire obtenir, produire ; et en ce sens il est actif. Cette bataille lui a valu le bâton de Maréchal de France. Cette Terre lui vaut dix mille livres de rente. Que lui a valu son avarice, sinon de le rendre odieux ?
À valoir. Terme de Négoce et de Finance, qui signifie, Ce qu’on fournit, soit en billets, soit en marchandises, à compte d’une plus grande somme qu’on doit fournir. Je vous envoie vingt balles de draps dont vous retirerez le prix à valoir sur ce que je dois fournir pour ma part dans la société. Le Receveur Général a envoyé trois lettres de change à valoir sur ce qu’il doit pour les six premiers mois de la recette. On dit aussi, J’ai reçu telle chose ou telle somme à valoir sur .... pour, Je l’ai reçue en déduction de....
Vaille que vaille. Tout coup vaille. Façons de parler dont on se sert dans le langage familier, pour, À tout hasard. Donnez votre placet vaille que vaille. Prenez sa promesse vaille que vaille.
On dit à de certains jeux, Tout coup vaille, pour, En attendant la décision d’une chose qui est en contestation, on ne laissera pas de jouer. Je prétends que la balle a doublé, mais je ne laisse pas de jouer, tout coup vaille. On ne sait laquelle des deux boules est la plus proche du but, je m’en vais jouer, tout coup vaille.
Valant, participe du verbe Valoir. Valant cent mille écus. Un diamant valant mille écus. Deux maisons valant cinquante mille livres.
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