place

7e édition

PLACE.

s. f.
■  Lieu, endroit, espace qu’occupe ou que peut occuper une personne, une chose. La place est remplie, prise, occupée. La place est vide. La place est trop petite pour deux. Il y a place pour vingt couverts. Mettre, ranger chaque chose à sa place, en sa place. Laisser la place libre. Changer des livres, des meubles de place. Il change de place à tout moment. Il ne saurait durer en place. Demeurer en place. Se tenir en place. Céder, donner sa place à quelqu’un. Quitter, abandonner, perdre sa place. Ne bouger d’une place. Sortir de sa place. Se remuer de sa place. Affecter une place. Ce n’est pas là votre place. Retenir des places à la diligence. Prendre place au banquet. Prendre place parmi les convives. Il tient bien sa place à table. S’emparer de la place d’honneur. Il faut tirer les places. La première place. La seconde place. Voilà une belle place pour bâtir. C’était là la place de sa maison, la place de son cabinet. Il n’y a pas de place dans son cabinet pour tous ses livres. Il n’y a pas de place ici pour se retourner. Je n’ai pas pu trouver de place, trouver place au spectacle. Réservez-moi une place près de vous. Une place dans une voiture publique, dans un wagon. Faites-moi une petite place à côté de vous. Quel est le prix des places au parterre, aux premières loges ? Garder des places. J’ai payé votre place. La ville donne à loyer des places dans les marchés. Dans ce combat, je fus blessé à la main, voici la place.
Place marchande, Place commode pour vendre de la marchandise. Si vous voulez vendre, mettez-vous en place marchande, choisissez une place marchande.
Fig. et fam., Être, se mettre en place marchande, Être, se mettre en lieu propre pour être vu et entendu.
Fig. et fam., Nous ne sommes pas en place marchande, Nous ne sommes pas dans un lieu convenable pour parler, pour traiter d’affaires.
Prov., Qui quitte sa place la perd.
Quitter la place à quelqu’un, Se retirer devant lui, le laisser à la place qu’on occupait. Je m’aperçois que je vous gêne, je vous quitte la place.
Ne pas tenir en place, S’agiter, marcher, en signe d’impatience ou de joie.
Faire place nette, Vider le logement qu’on occupait dans une maison, en ôter tous les meubles.
La place n’est pas tenable, On ne saurait y demeurer sans une extrême incommodité, sans y souffrir beaucoup. Je me retire de là, car la place n’est pas tenable.
Se faire place, se faire faire place, Pénétrer, arriver, se mettre où on veut être.
Faire place à quelqu’un, Se ranger afin qu’il passe, qu’il aille se mettre à sa place. Il signifie aussi, Lui donner une place auprès de soi. Venez auprès de nous, nous vous ferons place. Il signifie encore, Céder sa place à un autre, quitter sa place. Il y a longtemps que vous êtes là, faites place aux autres.
Fig., L’amour, dans son cœur, a fait place à la haine, La haine y a remplacé l’amour. On dit de même, Le mépris a pris la place de l’estime.
Place, place ! Façon de parler dont on se sert pour faire ranger ceux qui empêchent de passer, pour demander, pour ordonner de s’écarter, de faire place.
En place ! Locution elliptique dont on se sert pour indiquer à plusieurs personnes de se mettre à leurs places. En place, messieurs !
Sur la place, au milieu de la place, À terre, par terre. Cela est tombé au milieu de la place. Du premier coup de poing il l’a étendu sur la place.
Être tué sur la place, tomber mort sur la place, Être tué, tomber mort sur-le-champ, tout d’un coup, sur le lieu même. En parlant D’une bataille, d’un combat, on dit, Il est demeuré mille hommes, deux mille hommes, etc., sur la place, Mille hommes, deux mille hommes, etc., ont été tués sur le champ de bataille, sur le lieu où s’est donné le combat.
Sur place, À l’endroit même où l’on est. S’agiter, piétiner, tourner sur place.
Avancer sur place, se dit D’un fonctionnaire, qui, sans changer de résidence, passe à une classe supérieure.
Ce mot n’est pas dans sa place, à sa place, Il ne convient pas à l’endroit où on l’a mis. On dit dans le même sens, Cette pensée, ce discours, cette réflexion n’est pas en sa place, à sa place. On dit aussi, C’est une beauté hors de place.
Cela n’est pas tout à fait à sa place, se dit, par adoucissement, D’une action, d’une parole qui manque de convenance.
Fig., Tenir une grande place, Être un personnage considérable.
Fig., Tenir sa place dans le monde, Figurer convenablement dans le monde.
Fig., Se tenir à sa place, ne pas se tenir à sa place, Observer, ne pas observer les bienséances qu’exige sa condition, son état. Cet homme est, n’est pas à sa place, Il est, il n’est pas dans la situation, dans l’emploi qui lui convient.
Fig., Remettre quelqu’un à sa place, Le rappeler aux convenances, à la bienséance.
Avoir place dans l’histoire, tenir sa place dans l’histoire, Être mentionné, être célébré dans l’histoire. Cette action mérite d’avoir place dans l’histoire, peut fort bien tenir sa place dans l’histoire. On dit à peu près dans le même sens, Il tiendra sa place parmi les grands hommes.
Cette réflexion, ce fait, ce trait trouvera place, trouvera sa place, aura sa place dans l’ouvrage, Il y en sera fait mention.
Avoir, obtenir, conserver une place dans le cœur de quelqu’un, dans son estime, dans son amitié, dans sa confiance, Être aimé, estimé de lui. On dit aussi, Donnez-moi, accordez-moi, ne me refusez pas une place dans votre amitié, dans votre estime, dans votre souvenir.
Fig., Se mettre en la place, et plus ordinairement, à la place de quelqu’un, Se supposer dans l’état, dans la situation où il est. Mettez-vous à sa place. Elliptiquement, À ma place, que feriez-vous ? Supposez que vous soyez à ma place. Si vous étiez en sa place, vous seriez aussi embarrassé que lui. En termes de Pratique, Subroger quelqu’un en son lieu et place.
Je ne voudrais pas être à sa place, se dit en parlant D’une personne qui est dans une situation pénible, embarrassante, ou qui est menacée de quelque événement fâcheux.
Place, se dit, figurément, de La dignité, de la charge, de l’emploi qu’une personne occupe dans le monde ; de l’emploi d’un commis, d’un domestique, etc. Place éminente, importante. Place de confiance. Demander, solliciter, obtenir, accepter, refuser une place. C’est le ministre qui nomme à cette place. Il a été désigné pour remplir, pour occuper cette place. Il remplit bien, il fait bien sa place. Connaître les droits, les devoirs de sa place. Il était dans une belle place, mais il n’a pas su s’y maintenir. On l’a ôté de sa place, et on y a mis une autre personne. On n’en voulait pas à sa personne, on n’en voulait qu’à sa place. Ce commis a perdu sa place. Ce domestique a une bonne place.
Absolument, Être en place, Être dans un emploi, dans une charge qui donne de l’autorité, de la considération. Rester en place, Conserver son emploi. Être sans place, N’avoir point d’emploi. Être hors de place, Avoir été dépouillé de son emploi.
Un homme en place, Un homme revêtu d’un emploi honorable. Les devoirs, les droits d’un homme en place. Les gens en place.
Place, dans les Collèges, signifie, Le rang qu’un écolier obtient par sa composition. On compose demain pour les places. On donne aujourd’hui les places. Il a eu la première place, une bonne place, une mauvaise place.
Place, signifie aussi, Espace, lieu public, découvert et environné de bâtiments, soit p. 429pour l’embellissement d’une ville, soit pour la commodité du commerce. Place publique. La place Vendôme. La place Dauphine. La place des Victoires. La place Maubert. Etc.
Place de fiacres, de cabriolets, Endroit où doivent stationner les fiacres et les cabriolets à l’usage du public, quand ils ne sont pas employés. La tête, la fin de la place. C’est par allusion à ce sens qu’on dit, Une voiture, un cabriolet de place.
Place, s’emploie quelquefois absolument, pour signifier, Le lieu du change, de la banque ; le lieu où les banquiers, les négociants s’assemblent dans une ville, pour y traiter des affaires de leur commerce, de leur négoce. Négocier un billet sur la place. Avoir crédit sur la place. Il n’y a point d’argent sur la place. Négocier un billet de place en place. Faire des remises de place en place. Faire valoir son argent sur la place. Ces billets, ces effets gagnent, perdent sur la place.
Jour de place, Un des jours où les négociants d’une ville ont coutume de s’assembler.
Place, se dit quelquefois de Tout le corps des négociants, des banquiers d’une ville. La place de Lyon est une des meilleures, une des plus riches de France. Cette place n’est pas sûre, on y est menacé de beaucoup de faillites.
Faire la place, se dit, dans le Commerce, De commis qui vont offrir des marchandises à des magasins de détail, ou à des particuliers.
Place, signifie encore, Une ville de guerre, une forteresse. Place forte. Place imprenable, inexpugnable. Place régulière. Place irrégulière. Place frontière. Place maritime. Fortifier une place. Reconnaître, assiéger, attaquer, investir, bloquer une place. Insulter, forcer, prendre une place. Emporter une place d’assaut. Secourir une place. Raser, démanteler une place. C’est une place qui n’est pas de défense, qui n’est pas à l’abri d’un coup de main. Au siège de telle place. La place ne tint que huit jours de tranchée ouverte. Les dehors d’une place. Le corps de la place. La garnison d’une place. Le commandant d’une place. La place est commandée, dominée par une hauteur, par une éminence. Rendre une place. Évacuer une place. Il fut tué aux approches de la place.
Place d’armes, Lieu spacieux, destiné à des revues, à des exercices militaires. Dans cette ville il y a une très belle place d’armes. La place d’armes du camp était vaste et spacieuse.
Place d’armes, se dit encore de La partie des tranchées dans laquelle on réunit, pendant un siège, les troupes destinées à repousser les sorties. On avait fait dans la tranchée des places d’armes de distance en distance, pour repousser les sorties des ennemis.
Place d’armes, se dit aussi de La ville frontière où est le dépôt principal des vivres, des munitions de l’armée, et sous laquelle les troupes peuvent se retirer en cas de besoin.
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