crier

7e édition

CRIER.

v. n.
■  Jeter un ou plusieurs cris. Ne faites pas crier cet enfant. Laissez-le crier. Il crie de toute sa force. Il criait si fort que… Un chien qui crie parce qu’on le bat. On entendait crier les hiboux.
Fam., Crier comme un perdu, comme un fou, comme un enragé, comme un beau diable ; crier à pleine tête, à tue-tête, du haut de sa tête, Jeter de grands cris, crier de toute sa force. On dit dans le même sens, Il crie comme si on l’écorchait ; et proverbialement, Crier comme un aveugle qui a perdu son bâton. On dit quelquefois, Crier les hauts cris ; et, dans cette phrase, Crier est actif.
Fig. et fam., Tuer, plumer la poule sans la faire crier, Faire des exactions si adroitement, qu’il n’y ait point de plaintes.
Prov. et fig., Il ressemble aux anguilles de Melun, il crie avant qu’on l’écorche, Il a peur sans sujet ; ou Il se plaint avant de sentir le mal.
Crier, se dit quelquefois par dénigrement D’une personne qui force trop sa voix en chantant. Cette femme ne chante pas, elle crie. On dit activement, dans le même sens, Crier un air, etc.
Crier, se dit figurément D’une chose dure, qui produit un bruit aigre, en se frottant rudement contre d’autres, ou en se cassant. Cette porte crie. L’essieu de cette charrette crie. Les roues crient. L’arbre cria et se rompit.
Pop., Ses boyaux lui crient, Il se fait du bruit dans ses entrailles.
Crier, signifie encore, Élever très haut la voix dans la conversation, dans une discussion, etc. Il est tellement sourd, qu’il faut crier pour se faire entendre de lui. Il crie comme un sourd. Il ne saurait discuter sans crier. Pensez-vous l’emporter sur moi à force de crier ? C’est à qui criera le plus haut, le plus fort.
Il signifie quelquefois, Gronder, réprimander quelqu’un en élevant la voix. Il fera crier sa femme. Laissez-la crier. Elle a bien crié après lui. Il ne fait que crier.
Il signifie aussi, Se plaindre hautement, avec aigreur. Le peuple crie. Tout le monde crie de cela, contre cela, crie contre un tel. Vous ferez crier toute la province. Faire crier ses créanciers. Criez, faites grand bruit.
Il signifie surtout, Blâmer publiquement. Les prédicateurs crient contre le vice. Il crie partout contre moi. Faire crier après soi.
Crier, signifie également, Prononcer un ou plusieurs mots d’un ton de voix très élevé avec le même effort que si l’on poussait un cri. Dans ce sens, et dans la plupart des acceptions qui suivent, il est très souvent employé comme verbe actif. J’ai beau lui crier de se détourner, il ne m’entend pas. Crier aux armes. Crier tue, tue. Crier à l’aide, au secours, à la garde. Crier au meurtre, au voleur, au feu. Crier gare. Crier miséricorde. Crier merci. Crier haro sur quelqu’un : voyez Haro.
Fig., Crier au Seigneur, Crier vers Dieu, Faire appel à Dieu, l’implorer.
Fig., Crier à l’injustice, à l’oppression, etc., Se plaindre hautement d’une injustice, d’un acte d’oppression, etc. On dit aussi, Crier au scandale, à l’exagération, etc., Accuser hautement quelqu’un ou quelque chose de scandale, d’exagération, etc.
Fig. et fam., Crier famine, Se plaindre hautement de la disette où l’on se trouve, ou que l’on craint. On dit de même, Crier misère. Il est toujours à crier misère.
Prov. et fig., Crier misère sur un tas de blé, Se plaindre comme si l’on manquait de tout, quoiqu’on soit dans l’abondance.
Fig., Crier vengeance, se dit Des choses qui excitent à se venger, ou dont on doit tirer vengeance. Cette injustice crie vengeance. Le sang du juste crie vengeance, ou simplement, crie.
Crier, signifie particulièrement, Faire un certain cri, soit pour rallier des combattants, soit pour témoigner de l’allégresse. Les Français criaient Mont-joie. On criait par toutes les rues, Vive le roi. On cria Vivat. Crier, Le roi boit. Autrefois, dans les réjouissances publiques, on criait Noël.
Prov., fig. et pop., On a tant crié Noël, qu’à la fin il est venu, se dit en parlant D’une chose qui arrive après qu’on l’a fort désirée, et qu’on en a souvent parlé.
Crier, signifie aussi, figurément, Dire une chose hautement, ou La répéter avec importunité. Il ira crier cela partout. Il ne cesse de crier que tout est perdu. Il crie aux oreilles de tout le monde qu’on lui a fait une injustice. Ils m’ont trompé, je le crierai sur les toits. Dans ce sens, il est familier.
Il signifie encore, Avertir souvent quelqu’un d’une chose, la lui conseiller fortement. Il y a longtemps que je lui crie d’être sage, de prendre garde à lui. Je n’ai cessé de lui crier de changer de conduite. La conscience nous crie, une voix intérieure nous crie qu’une telle action ne saurait être juste.
Crier, signifie en outre, Proclamer, annoncer une chose au nom de l’autorité. On a crié à son de trompe que chacun eût à rendre ses armes. Il fut crié de par le roi que…
Crier à son de trompe, crier à ban, crier à trois briefs jours. Ces phrases se disaient autrefois Quand on citait des criminels à comparaître devant les juges dans un temps marqué.
Faire crier un objet perdu, Faire publier qu’on a perdu un objet, afin que les personnes qui l’auraient trouvé sachent à qui il appartient.
Crier une marchandise, Annoncer le prix auquel elle se vend. On a crié du vin à quinze sous.
Crier des meubles, etc., Les mettre à l’enchère, p. 445inviter à les enchérir. L’huissier a déjà crié ces meubles.
Crier, se dit aussi De ceux qui courent habituellement les rues pour vendre ou acheter certaines choses. Crier de la salade. Crier des pommes. Crier de vieux chapeaux, de vieux habits. Crier à l’eau. On dit aussi, Crier un bulletin, une ordonnance, un arrêt, etc.
Crié, ée. part. passé.
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