affaire

7e édition

AFFAIRE.

s. f.
■  Ce qui est le sujet de quelque occupation. Affaire agréable. Affaire importante. Je suis à présent de loisir, je n’ai aucune affaire. Il n’a d’autre affaire que de se divertir. Il est fort occupé, il a bien des affaires, il a mille affaires. Je suis accablé d’affaires. Il a affaire. Il est en affaires. Toutes affaires cessantes. Toute affaire cessante. L’affaire du salut est la plus grande d’un chrétien.
J’en fais mon affaire, Je m’en charge, je réponds du succès. Dites-moi la place que vous désirez, j’en fais mon affaire.
Fam., C’est mon affaire, se dit À une personne qui veut nous détourner de quelque dessein, en nous faisant voir le danger, les inconvénients qui sont à craindre ; et signifie, Cela ne regarde que moi, ne peut compromettre, léser ou exposer que moi seul. On dit dans un sens analogue, C’est son affaire, c’est leur affaire.
Prov., Dieu nous garde d’un homme qui n’a qu’une affaire, se dit Pour donner à entendre qu’ordinairement un homme qui n’a qu’une seule chose à faire, en est si occupé, qu’il en fatigue tout le monde.
Affaire, se dit particulièrement Des procès, et de tout ce qui se traite en quelque juridiction que ce soit, tant en matière civile qu’en matière criminelle. Il y a une grande affaire au conseil d’État, à la cour d’appel. Cet avocat est chargé d’une belle affaire, d’une affaire d’éclat. C’est une affaire de conséquence, une affaire de rien. Il n’y a point de petites affaires. C’est une affaire de grande discussion, de longue discussion. Un affaire embrouillée, épineuse, embarrassée, enveloppée. Une affaire malheureuse, extraordinaire. Les affaires civiles. Les affaires criminelles. Ce juge entend mal mon affaire. Le point, le secret, le fin de l’affaire. C’est lui qui mène ses affaires. Poursuivre une affaire.
Il se dit aussi de toutes les choses qu’on a à discuter, à démêler avec quelqu’un dans le commerce de la vie. C’est une affaire d’intérêt. C’est une affaire d’honneur. Sortir d’une affaire avec honneur. Se bien tirer d’une affaire. Voilà le nœud de l’affaire. S’entremettre d’une affaire. Se charger d’une affaire. Je vous rendrai compte de votre affaire. Entendre bien une affaire. Comprendre, concevoir une affaire. Il débrouille bien, il démêle bien une affaire.
Affaire d’honneur, signifie quelquefois, Duel, combat singulier. Dans ce sens, on dit de même simplement, Une affaire.
Affaire de cœur, Commerce de galanterie.
Fam. et ironiq., Votre affaire est faite, Elle est manquée, vous ne devez plus rien espérer, vous n’avez plus rien à prétendre. Son affaire est faite, se dit aussi D’un homme dangereusement malade, et qui n’en peut relever.
Cette maison est mon affaire, Elle me convient, il faut que je l’achète, que je la loue. On dit de même : C’est justement mon affaire. Ce serait bien mon affaire. Cela ferait bien mon affaire. Etc.
Ironiq., Son affaire est bonne, se dit De quelqu’un qui ne peut éviter une punition ou un malheur.
Affaire, signifie encore, Soin, peine, embarras, difficulté, querelle, danger. Il a bien des affaires sur les bras, sur le dos. Il a une fâcheuse, une mauvaise affaire sur le corps. Il vous donnera bien des affaires. Il était bien embarrassé, mais il s’est tiré d’affaire. Susciter des affaires à quelqu’un. Il a si bien fait, qu’il s’est mis hors d’affaire. Il ne veut point d’affaire. Il se fait une affaire de la moindre chose. Si vous vous brouillez avec cet homme-là, vous vous ferez, vous vous attirerez des affaires. Vider une affaire. Des amis communs ont assoupi l’affaire.
C’est une affaire, se dit D’une chose qu’on regarde comme pénible ou malaisée ; et, Ce n’est pas une affaire, se dit D’une chose facile.
Il s’est tiré d’affaire, signifie quelquefois, Il a su par son intelligence, par sa bonne conduite, se procurer une fortune honnête, une position honorable.
Ce malade est hors d’affaire, Il ne court plus aucun danger.
Affaire, se dit particulièrement Des actions de guerre. C’est un homme qui a vu bien des affaires. Il s’est toujours bien conduit dans toutes les affaires où il s’est rencontré. Il fit des merveilles dans la dernière affaire. L’affaire fut quelque temps disputée. L’affaire a été vive, a été chaude.
Affaire, signifie encore particulièrement, Convention, marché, traité, transaction commerciale, entreprise d’industrie, spéculation financière. J’ai fait affaire avec lui. Nous avons fait affaire ensemble. Nous avons fait beaucoup d’affaires ensemble. Cette ville fait quelques affaires avec Londres. Il propose une affaire qui paraît bonne. C’est une affaire dans laquelle il y a beaucoup à gagner, beaucoup à perdre. Il entreprend trop d’affaires. Cette affaire peut réussir. Les faiseurs d’affaires. Les gens d’affaires. L’affaire est conclue. L’affaire est manquée.
Il se disait particulièrement autrefois Des opérations des traitants, de ce qui concernait la levée des deniers publics. Il est intéressé dans les affaires, dans les affaires du roi. Il a commencé par une petite recette, et maintenant il est dans les grandes affaires.
Fam., C’est un homme qui entend son affaire, se dit D’un homme habile dans sa profession ou attentif à son intérêt.
Ironiq., Il a fait une belle affaire, se dit D’un homme qui a fait quelque chose mal à propos.
Affaire, se dit quelquefois, au pluriel, de La profession de commerçant. Il s’est mis dans les affaires. Il a quitté les affaires. Il n’est plus dans les affaires. Il s’est retiré des affaires.
Affaire, est aussi un terme général qui s’emploie pour exprimer bien des choses différentes, et que l’on substitue souvent à des termes propres et particuliers. Ainsi, en parlant D’une victoire, on dit, C’est une grande affaire, une affaire glorieuse ; en parlant D’un mauvais succès, C’est une affaire fâcheuse ; D’une entreprise quelconque, C’est une affaire aisée, difficile. C’est une affaire faite, conclue, convenue, entendue. On dit aussi : Vous me contez là une étrange affaire. Le bon de l’affaire est… Ce que vous dites là est une autre affaire. Etc. Ces dernières phrases et leurs analogues sont la plupart du langage familier.
Affaires, au pluriel, se dit généralement de Toutes les choses qui concernent la fortune et les intérêts du public et des particuliers. Affaires publiques. Affaires d’État. Ce ministre est chargé de toute la conduite des affaires du royaume. Les affaires étrangères. Les affaires ecclésiastiques. Affaires temporelles. Affaires spirituelles. Le train, le courant des affaires. Pour les affaires urgentes. Les affaires d’une ville, d’une communauté. Les affaires particulières et privées. Les affaires d’une succession. Un homme dont les affaires sont en bon état, en mauvais état. Ses affaires vont bien, vont mal. Il est bien, il est mal dans ses affaires. Il est au-dessous, au-dessus de ses affaires. Il a bien fait ses affaires. Ses affaires sont nettes, claires, sont délabrées, embarrassées, embrouillées, en désordre. Donner ordre, mettre ordre à ses affaires. Affaires domestiques. Chacun a ses affaires, doit savoir ses affaires. Il a soin de ses affaires. Il a donné la conduite, le maniement de ses affaires à un habile homme. Il est habile en affaires. Il a le génie, l’esprit des affaires. Il entend bien les affaires. Il est propre aux affaires. Il a un homme d’affaires fort négligent. On est souvent trompé par ses gens d’affaires. Un tel est son homme d’affaires. Ce ne sont pas là mes affaires. Pourquoi en parlez-vous ? sont-ce là vos affaires ? Mêlez-vous de vos affaires.
Les affaires du temps, Les événements p. 32publics dont les esprits ont été ou sont occupés à telle ou telle époque. On dit dans un sens analogue : L’état des affaires. La face des affaires est changée. Les affaires ont pris une direction toute nouvelle, un tour favorable. Etc.
Fam., Faire ses affaires, aller à ses affaires, signifie quelquefois, Satisfaire ses besoins naturels. On appelait, chez le roi, Chaise d’affaires, La chaise percée, et Brevet d’affaires, Le privilège d’entrer dans le lieu où le roi était sur sa chaise d’affaires.
Cette femme a ses affaires, Elle a ses règles.
Fam., Avoir affaire de, Avoir besoin de. Il a affaire d’argent. J’ai affaire de vous, ne sortez pas. Dans ce sens, ont dit par ironie, J’ai bien affaire de cet homme-là, Je ne me soucie guère de lui ; et dans une acception pareille : J’ai bien affaire de tout cela. Qu’ai-je affaire de toutes ces querelles ? Etc.
Avoir affaire à quelqu’un, avec quelqu’un, Avoir à lui parler, avoir à traiter, à négocier avec lui de quelque chose. J’ai affaire à lui, il faut que j’aille le voir. Il faut les laisser, ils ont affaire l’un à l’autre, ils ont affaire ensemble. J’ai affaire à des gens difficiles. Un marchand a affaire à toutes sortes de personnes. On dit aussi, Être en affaire avec quelqu’un.
Avoir affaire à quelqu’un, Avoir quelque contestation, quelque démêlé avec lui. Dans ce sens, on dit proverbialement : Avoir affaire à la veuve et aux héritiers. Avoir affaire à forte partie.
Il faut prendre garde à qui on a affaire, se dit dans le même sens et par manière d’avertissement, de réprimande, Lorsqu’un homme a manqué en quelque chose envers une personne qu’il ne connaissait pas. Par manière de menace. Il verra à qui il a affaire, Il verra que je saurai bien lui tenir tête. On dit aussi, Il aura affaire à moi. Si on vous attaque, on aura affaire à moi. Si vous ne changez de conduite, vous aurez affaire à moi.
C’est affaire à lui, C’est son affaire, c’est lui que cela regarde, qui en est capable, ou encore, C’est à lui de s’en tirer comme il le pourra.
Il a eu affaire avec cette femme, ou Elle a eu affaire avec cet homme, se dit en parlant D’un commerce de galanterie qu’un homme a eu avec une femme, ou une femme avec un homme.
Point d’affaire. loc. adv. Nullement, en aucune manière. Des conseils tant qu’il vous plaira, mais de l’argent point d’affaire.
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