affaire

5e édition

AFFAIRE.

s. f.
■  Tout ce qui est le sujet de quelque occupation. Affaire agréable. Affaire importante. Affaire de conséquence. Affaire épineuse, difficile. Je suis à présent de loisir, je n’ai aucune affaire, Dites-moi la place que vous désirez, j’en fais mon affaire. Il n’a d’autre affaire que de se divertir. Il est fort occupé, il a bien des affaires, il a mille affaires. Je suis accablé d’affaires. Il a affaire. Il est en affaires. Toutes affaires cessantes. L’affaire du salut est la plus grande d’un Chrétien.
On dit, Il n’entend pas les affaires, mais il veut que cela se termine promptement, pour, Sans entrer dans des discussions, sans s’assujettir aux formes ordinaires, il veut faire exécuter sa volonté.
On dit, Faire affaire, pour dire, Conclure, terminer une affaire. Faire affaire ensemble. Et on dit ironiquement d’Un homme qui a fait quelque chose de mal à propos, qu’Il a fait une belle affaire.
On dit proverbialement, Dieu nous garde d’un homme qui n’a qu’une affaire, pour donner à entendre qu’ordinairement Un homme qui n’a qu’une seule chose à faire, en est si occupé, qu’il en fatigue tout le monde.
Affaire, se dit particulièrement Des procès, et de tout ce qui se traite en quelque Juridiction que ce soit, tant en matière civile, qu’en matière criminelle. Il y a une grande affaire au Conseil, au Parlement. Cet Avocat est chargé d’une belle affaire, d’une affaire d’éclat. Pourquoi prendre tant de peine pour une affaire de rien ? Il n’y a point de petites affaires. C’est une affaire de grande discussion, de longue discussion. Une affaire embrouillée, épineuse, embarrassée, enveloppée. Une affaire favorable, malheureuse, extraordinaire. Une affaire criminelle. Son affaire se rapportera, se videra bientôt. Il a un Rapporteur qui expédie bien des affaires. Le point, le secret, le fin de l’affaire. Un tel est son solliciteur d’affaires, son homme d’affaires. C’est lui qui mène ses affaires. Poursuivre une affaire. Avoir un esprit d’affaires, propre aux affaires.
Il se dit aussi De toutes les choses qu’on a à discuter, à démêler avec quelqu’un dans le commerce de la vie. C’est une affaire d’intérêt. C’est une affaire d’honneur. Sortir d’une affaire avec honneur. Se bien tirer d’une affaire. Voilà le nœud de l’affaire. Sortir d’affaire avec quelqu’un. Il s’est tiré d’affaire. S’entremettre d’une affaire. Se charger d’une affaire. Je vous rendrai bon compte de votre affaire. Entendre bien une affaire, comprendre, concevoir une affaire. Entendre les affaires. Il débrouille bien, il démêle bien une affaire.
Il se prend aussi pour Soin, peine, embarras, démêlé. Fâcheuse affaire. Il a bien des affaires sur les bras. Il a une mauvaise affaire sur le corps. Si vous vous brouillez avec cet homme-là, vous vous ferez, vous vous attirerez des affaires. Cela lui a fait une affaire. Il m’a fait une affaire avec un tel. Il vous donnera bien des affaires. Il étoit bien embarrassé, mais il s’est tiré d’affaire. Ses amis l’ont tiré d’affaire. Susciter des affaires à quelqu’un. Il a si bien fait, qu’il s’est mis hors d’affaire. Il ne veut point d’affaire. On dit d’Une chose qu’on regarde comme pénible ou malaisée à faire, que C’est une affaire ; et d’Une chose aisée et facile, que Ce n’est pas une affaire.
Affaire, se dit particulièrement Des actions de guerre. C’est un homme qui a vu bien des affaires. Il a toujours bien fait dans toutes les affaires où il s’est rencontré. Il fit des merveilles dans la dernière affaire. L’affaire fut quelque temps disputée.
Affaire, se dit aussi particulièrement De ce qui regarde la levée des deniers publics, la recette, la gestion et l’administration des finances. Il est intéressé dans les affaires du Roi. Il a p. 26commencé par une petite recette, présentement il est dans les grandes affaires. Il a bien tiré de l’argent des affaires qu’il a faites. Il embrasse toutes sortes d’affaires. Il propose une affaire qui paroît bonne. Les Fermiers Généraux ont traité de cette affaire là. Il n’est plus dans les affaires. Il s’est retiré des affaires. Les gens d’affaires.
Affaire, est aussi un terme général qui s’emploie pour exprimer Toutes sortes de choses, et que l’on substitue souvent à la place des termes propres et particuliers de chaque chose. Ainsi, en parlant d’Une victoire remportée sur les ennemis, on dit, que C’est une grande affaire, une affaire glorieuse ; en parlant d’Un mauvais succès, que C’est une affaire fâcheuse ; en parlant d’Une entreprise, que C’est une affaire aisée ou malaisée. Vous me contez-là une étrange affaire. Le bon de l’affaire est … Ce que vous dites là est une autre affaire.
Affaires, au pluriel, se dit généralement De toutes les choses qui concernent la fortune et les intérêts du public et des particuliers. Affaires publiques. Affaires d’État. Ce Ministre est chargé de toute la conduite des affaires du Roi. Le train, le courant des affaires. Pour les affaires urgentes. Pour les expresses affaires du Roi. Les affaires d’une Ville, d’une Communauté. Les affaires d’une succession. Un homme dont les affaires sont en bon état, en mauvais état. Ses affaires vont bien, vont mal. Il est bien, il est mal dans ses affaires. Ses affaires sont nettes, claires, sont décousues, délabrées, en désordre. Donner ordre, mettre ordre à ses affaires. Affaires domestiques. Chacun a ses affaires, doit savoir ses affaires. Il a soin de ses affaires. Il a donné la conduite, le maniement de ses affaires à un habile Praticien. Il a un homme d’affaires fort négligent. On est souvent trompé par ses gens d’affaires. Ce ne sont pas là mes affaires. Pourquoi en parlez-vous, sont-ce là vos affaires ? Mêlez-vous de vos affaires.
On dit, pour exprimer L’aptitude de quelqu’un à traiter les affaires d’intérêt ou autres, qu’Il entend les affaires, qu’il a le génie des affaires, qu’il est habile en affaires.
On dit ironiquement à un homme, que Son affaire est faite, pour, qu’Elle est manquée, qu’il ne doit plus rien espérer, qu’il n’a plus rien à prétendre.
On dit familièrement, Faire ses affaires, aller à ses affaires, pour, Satisfaire ses besoins naturels. On appelle chez le Roi, Chaise d’affaires, La chaise percée ; et Brevet d’affaires, Le privilége d’entrer dans le lieu où le Roi est sur sa chaise d’affaires.
On dit, Avoir affaire de, pour dire, Avoir besoin de. Il a affaire d’argent. J’ai affaire de vous, ne sortez pas. En ce sens on dit par ironie, J’ai bien affaire de cet homme-là, pour, Je ne me soucie guère de lui. Et dans une pareille acception : J’ai bien affaire de tout cela. Qu’ai-je affaire de toutes ces querelles ? Il est du style familier.
On dit, Avoir affaire à quelqu’un, avec quelqu’un, pour, Avoir à lui parler, avoir à traiter, à négocier avec lui de quelque chose. J’ai affaire à lui, il faut que je l’aille voir. Il faut les laisser, ils ont affaire l’un à l’autre, ils ont affaire ensemble. Ils sont en affaires. J’ai affaire à des gens difficiles, avec mon Avocat. Un Marchand a affaires à toutes sortes de gens,
On dit aussi, Avoir affaire à quelqu’un, pour, Avoir quelque contestation, quelque démêlé avec quelqu’un. Et dans ce sens on dit proverbialement, Avoir affaire à la veuve et aux héritiers. Avoir affaire à forte partie.
On dit dans le même sens et par manière d’avertissement, de réprimande, lorsqu’un homme a manqué en quelque chose envers quelqu’un qu’il ne connoissoit pas, Il faut prendre garde à qui on a affaire. Et par manière de menace, on dit, Il verra à qui il a affaire, pour, Il verra que je saurai bien lui tenir tête. On dit aussi, pour marquer qu’on prend hautement la défense et les intérêts de quelqu’un, Si on l’attaque, on aura affaire à moi.
On dit qu’Un homme a eu affaire avec une femme, ou Une femme avec un homme, pour, qu’Ils ont eu ensemble un commerce de galanterie.
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