parer

6e édition

PARER.

v. a.
■  Orner, embellir. Parer une église, un autel, une maison, une chambre. Parer un enfant. Le printemps avait paré la terre de fleurs et de verdure. Chez les anciens, on parait la victime avant de l’immoler.
Il s’emploie figurément et au sens moral. Il est un art de parer la vertu, de parer la raison. Il a paré sa pensée, son discours, son langage des plus brillantes couleurs de l’imagination.
Il s’emploie souvent avec le pronom personnel, tant au propre qu’au figuré. Cette femme aime à se parer. Elle a passé trois heures à se parer. Au printemps, la terre se pare de mille couleurs.
Prov. et fig., Se parer des plumes du paon, des plumes d’autrui, S’approprier ce qui appartient à un autre, pour en tirer vanité. Il se dit principalement D’un plagiaire.
Parer, avec le pronom personnel, signifie quelquefois, Faire parade. Se parer des vertus qu’on n’a pas. Les stoïciens se paraient d’une impassibilité fastueuse. Il se pare d’un vain titre. C’est en vain qu’il se pare de sa noblesse, ses actions la démentent.
Parer, signifie aussi, Préparer, apprêter certaines choses de manière à leur donner meilleure apparence, à les rendre plus belles, plus commodes, plus propres au service. Parer sa marchandise. Parer des étoffes en les lustrant, ou en les mettant en presse. Parer un cuir, une peau. Les relieurs se servent d’un couteau à parer pour amincir leurs peaux. Parer les allées d’un jardin.
Parer le pied d’un cheval, Ôter de la corne du pied d’un cheval, pour le ferrer. Il faut parer le pied à ce cheval. On a paré le pied de ce cheval jusqu’au vif.
Parer du cidre, du poiré, Le faire fermenter, pour lui ôter le goût douceâtre qu’il a naturellement.
Parer un agneau, Lever la graisse qui est sur la panse, et l’étendre sur le quartier de derrière.
Parer un câble, une ancre, une barrique, Préparer un câble, une ancre, etc.
Parer, en termes de Manége, signifie, S’arrêter. Ce cheval pare bien sur les hanches. En ce sens, il est neutre.
Parer, signifie aussi, Empêcher, éviter un coup, soit en le détournant, soit en y opposant quelque chose qui l’arrête. Parer un coup, une botte, une estocade, un trait. Parer le coup. Parer la balle. En ce sens, il s’emploie quelquefois neutralement. Parer et porter en même temps. Parer du fort de l’épée. Parer de la main. Il n’a fait que parer. Vous ne parez pas. Parez donc.
Fig. et fam., Parer un coup, une botte, Se défendre d’un mauvais office, d’une demande fâcheuse, importune.
Parer, joint avec les prépositions de et contre, signifie, Mettre à couvert, défendre contre quelque attaque, quelque incommodité. Cela vous parera du soleil, de la pluie. Le bois que vous plantez parera quelque jour votre maison contre le vent du nord.
Il s’emploie souvent, en ce sens, avec le pronom personnel, tant au propre qu’au figuré. Porter un manteau pour se parer de la pluie. Il tâche de se parer contre les incommodités de la saison. Il est difficile de se parer d’un ennemi couvert, de se parer des mauvais offices secrets. Je saurai bien me parer de ses coups.
Il s’emploie quelquefois neutralement, avec la préposition à. Il n’a fait que parer aux coups. On ne saurait parer à tout. Il faut parer à cet inconvénient.
En termes de Marine, Parer un cap, Le doubler, le laisser à côté en passant au delà.
Paré, ée. participe.
Fam., Elle est parée comme une épousée, comme une châsse, comme un autel, se dit D’une femme qui est excessivement parée.
En termes de Procéd., Ce titre est paré, il porte une exécution parée, il porte exécution parée, Il est en forme exécutoire ; et, sans qu’il soit besoin de jugement, on peut, en vertu de ce titre, contraindre le débiteur au payement. Les grosses de contrats, obligations, sentences, arrêts, etc., sont des titres parés.
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