fermer

6e édition

FERMER.

v. a.
■  Clore ce qui est ouvert, en boucher l’entrée ou l’ouverture avec une porte, un couvercle, une trappe, etc. Fermer une chambre. Fermer une armoire, un secrétaire, une malle. Fermer une boîte. Fermer une cour. Fermer une boutique. On dit absolument, dans le sens de cette dernière phrase : Les marchands ferment les jours de fête ; etc.
Il se dit, au figuré, dans le sens de Cesser en un lieu les exercices, les travaux, etc., qui s’y font habituellement. Fermer un théâtre. On ferme les théâtres pendant plusieurs jours de la semaine sainte. Fermer les églises. Fermer les tribunaux. Faire fermer un collége, une école. Cette maison de jeu, cette salle de bal a été fermée par ordre supérieur. Etc.
Fermer un bureau, Y faire cesser le travail des employés à une certaine heure ; ou Cesser momentanément de le tenir ouvert aux personnes qui y ont affaire. On ferme les bureaux de telle administration à quatre heures. Vous venez trop tard, le secrétariat est toujours fermé, se ferme toujours à cette heure-ci.
Fermer boutique, Cesser de travailler ou de vendre en boutique, quitter le commerce. Il ne veut plus être marchand, il a fermé boutique.
Fermer, se dit également, au propre, en parlant De l’entrée, de l’ouverture même que l’on bouche, et en parlant Des objets qui servent à la clôture. Fermer la porte. Fermer la fenêtre, les contrevents, les persiennes. Fermer une trappe, un judas. Fermer une écluse. Fermer la porte à la clef, au verrou. La porte n’était fermée qu’au loquet. Fermer la porte en dedans, en dehors. On dit dans un sens analogue, Fermer un robinet.
Fermer un tiroir, Le faire rentrer dans le meuble où il est emboîté.
Fermer la porte sur quelqu’un, sur soi, Fermer la porte après que quelqu’un est entré ou sorti, en entrant ou en sortant. Fermer la porte à quelqu’un, L’empêcher d’entrer.
Fam., Fermer la porte au nez de quelqu’un, à quelqu’un, Pousser rudement la porte contre lui au moment où il se présente p. 745pour entrer. On lui a fermé la porte au nez.
Fig., Fermer sa porte à quelqu’un, Ne plus vouloir l’admettre chez soi. Toutes les portes lui sont fermées, Il n’est reçu nulle part. On dit absolument, Fermer sa porte, Ne plus recevoir de visites.
Fig., Fermer la porte aux mauvaises pensées, aux mauvais conseils, Les éloigner, les rejeter. Fermer la porte aux abus, aux désordres, etc., Empêcher les abus, etc., de naître, ou de se renouveler.
Fig., La porte des emplois, des honneurs, des grandeurs lui est fermée, se dit en parlant D’un homme qui n’a pas ou qui n’a plus les moyens d’obtenir des places, des dignités.
Fig. et poétiq., Fermer les portes du temple de Janus, les portes de la guerre, Faire la paix.
Prov. et fig., Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, Il faut prendre un parti, il faut se déterminer d’une manière ou d’une autre.
Fermer les rideaux, Tirer les rideaux.
Fermer, se dit quelquefois absolument, pour Fermer la porte, les portes. On vient de fermer, personne ne sera plus admis.
Il signifie aussi, Interrompre un passage, le rendre impossible ou très-difficile. Fermer un chemin, un passage, une allée, une issue. Faire fermer des fenêtres avec des grilles. Des portes d’airain fermaient l’entrée du temple. L’avenue est fermée à chaque extrémité par des barrières. Fermer un port avec une chaîne. Des bancs de sable ferment l’entrée du port. Des broussailles fermaient l’entrée de la grotte.
Il signifie, par extension, Empêcher, par une résistance, par une défense quelconque, l’accès, l’entrée ou la sortie. Ils essayèrent de lui fermer les passages des Alpes. Une armée de trente mille hommes lui fermait le passage. Fermer les ports, les mers, les chemins. On dit figurément : Fermer à quelqu’un le chemin des honneurs. Cette carrière lui est à jamais fermée. Etc.
Fermer, signifie encore, Rapprocher l’une contre l’autre des parties dont l’écartement formait une ouverture. Fermer un sac, une bourse. Fermer la bouche. Fermer les yeux. Fermer la main. Fermer un livre. Fermer une veine. Fermer une plaie.
Fermer une lettre, un paquet, Plier et cacheter une lettre, un paquet.
Fermer les yeux à une personne qui vient d’expirer, Abaisser ses paupières pour que ses yeux ne demeurent pas ouverts.
Fig., Fermer les yeux de quelqu’un, à quelqu’un, L’assister à ses derniers moments. Il est arrivé assez à temps pour fermer les yeux de son père, pour lui fermer les yeux.
Fig., Ne pouvoir fermer l’œil, n’avoir pas fermé l’œil, les yeux de toute la nuit, Ne pouvoir dormir, n’avoir pu reposer de toute la nuit.
Fig., Fermer les yeux, Mourir. Lorsque mon père eut fermé les yeux, je songeai à remplir fidèlement ses dernières volontés.
Fig., Fermer les yeux sur quelque chose, Faire semblant de ne pas s’en apercevoir. Elle ferme les yeux sur les fautes de son fils. On est obligé de fermer les yeux sur cet abus.
Fig., Fermer les yeux à quelque chose, Se refuser à voir ce qui est évident, à croire ce qui est prouvé, certain. Il ferme les yeux à toutes les considérations qu’on lui expose. Fermer les yeux à la vérité, à l’évidence, à la lumière.
Fig., Fermer l’oreille à quelque discours, Ne vouloir pas l’écouter. Fermer l’oreille aux louanges. On dit dans un sens analogue, Fermer l’oreille à la calomnie, aux médisances, Ne point y ajouter foi.
Fermer la bouche, se dit particulièrement D’une cérémonie par laquelle le pape impose les doigts sur la bouche d’un nouveau cardinal, pour l’avertir qu’il n’a point encore voix délibérative.
Fig., Fermer la bouche à quelqu’un, Le faire taire d’autorité, ou Le réduire à ne savoir que répondre. Je ne souffrirai point qu’il s’oublie devant moi, et je saurai bien lui fermer la bouche. Cette raison, cet argument lui ferma la bouche. On dit aussi, Le respect me ferme la bouche, Le respect m’interdit de répondre, de parler. On dit également, Fermer la bouche à la médisance, à la calomnie, aux médisants, etc., Obliger les médisants, les calomniateurs à se taire.
Fig., Fermer le cœur de quelqu’un à un sentiment, Faire qu’il ne l’éprouve pas, ou qu’il ne l’éprouve plus. Ces habitudes cruelles ferment le cœur à tout sentiment de pitié. Fermer son cœur aux affections de la nature. Son cœur est fermé à la compassion. On dit aussi quelquefois, Fermer son cœur à quelqu’un, Cesser d’avoir de l’affection pour lui, ou Lui cacher les sentiments qu’on éprouve, les pensées que l’on a.
Fermer, s’emploie également, au figuré, pour Clore, arrêter, terminer. Fermer une session législative. Fermer une discussion. Fermer les débats. Le cours de la rente a été fermé à tant. Fermer une liste, un registre. Son nom ferme la liste.
Fermer une parenthèse, Marquer le crochet qui la termine.
Fig. et fam., Fermer la parenthèse, Terminer une digression trop longue, et revenir à son sujet.
Fermer la marche, Être le dernier d’un cortége, d’une troupe de gens qui sont en marche.
Fermer, signifie aussi, Enclore. Fermer une ville, un parc, un jardin. Fermer de murailles, de haies, de fossés. La grande muraille qui ferme la Chine au nord.
Il s’emploie avec le pronom personnel dans plusieurs des sens qui viennent d’être indiqués. Cette porte se ferme d’elle-même. L’entrée du port s’est fermée peu à peu par l’accumulation des sables, des galets. Mes yeux commençaient à se fermer. Les fleurs de cette plante se ferment dès que le soleil paraît. Cette plaie se fermera bientôt. Un cœur qui se ferme à la pitié.
Il s’emploie comme neutre dans quelques-uns de ces même sens. Cela ferme à clef. Ces fenêtres ne ferment pas bien. Cette porte ferme bien. Les portes de la ville ne ferment qu’à telle heure. Ce magasin ferme de bonne heure. Les bureaux ferment à six heures. Les théâtres ferment le jour de telle fête.
Fermé, ée. participe. Marcher les yeux fermés. Je connais si bien cette bibliothèque, que j’irais y prendre un livre les yeux fermés.
Fig., Les yeux fermés, se dit, au sens moral, Lorsque, par confiance en quelqu’un, ou par déférence, on fait ce qu’il désire, sans vouloir rien examiner après lui. Je signai cet acte les yeux fermés.
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