compte

6e édition

COMPTE.

s. m.
■  Calcul, nombre. Il sait le compte de son argent. On lui a donné le linge, la vaisselle par compte, en compte. Faire le compte du linge qu’on donne à la blanchisseuse. J’ai trouvé cent écus dans ce sac, c’est le compte. Faire un compte. Venir à compte. Je vous ferai votre compte. Vous ne lui avez pas donné son compte. Sans compte ni mesure. S’il fallait rappeler toutes ses folies, le compte en serait long.
Bois de compte, Le bois qui se vend à tant de bûches par corde.
Monnaie de compte. Voyez Monnaie.
Fam., Cela n’est pas de compte, Ne doit pas compter.
Compte rond, dans l’usage commun et populaire, signifie, Un nombre composé de dizaines, de centaines ou de milliers sans fraction. Dix, vingt, trente, cent, deux cents, mille, sont des comptes ronds. Vingt et un n’est pas un compte rond. Quand on compte par espèces, Compte rond, se dit d’Un nombre de ces espèces sans fraction. Cinq sous font un compte rond. Cinq sous et demi ne font pas un compte rond.
Fig. et fam., Compte borgne, Compte dont les articles ne sont pas clairs. On le dit aussi par opposition à Compte rond. Trois francs trente-huit centimes sont un compte borgne. On dit également dans ce sens, Cela fait un mauvais compte.
De compte fait, En comptant bien. De compte fait, ils étaient quarante-cinq.
Prov., À tout bon compte revenir, On doit toujours être reçu à recommencer le calcul fait avec le plus de soin, et à s’assurer s’il est exact.
Prov., Erreur n’est pas compte, On peut toujours revenir sur une erreur de calcul.
Faire le compte à un domestique, lui donner son compte, Lui payer, en le renvoyant, ce qui lui est dû de ses gages. Donner à un ouvrier son compte, Lui payer ce qui lui est dû.
Fig. et fam., Donner à quelqu’un son compte, Le traiter d’action ou de paroles comme il le mérite. Il ne se prend qu’en mauvaise part.
Avoir à bon compte, faire bon compte, Avoir à bon marché, faire bon marché. Il a eu cela à bon compte. Ce banquier vous fera tenir votre argent à meilleur compte qu’un autre. Ce marchand vous fera bon compte, vous fera meilleur compte que qui que ce soit. On dit de même, Vivre à bon compte, Vivre à bon marché. C’est une ville où l’on vit à bon compte.
Prov. et fig., Manger à bon compte, manger toujours à bon compte, boire à bon compte, Manger et boire sans se mettre en peine de savoir ce qu’il en coûtera, et qui le payera.
Prov. et fig., Boire, manger, rire, se divertir à bon compte, Sans s’embarrasser de ce qui se passe, ni de ce qui peut arriver. Divertissez-vous à bon compte, etc.
Fig. et fam., Faire son compte, trouver son compte, Trouver du profit, de l’avantage. Il a bien fait son compte dans cette recette. Il a bien fait son petit compte dans ce p. 364traité. Il y a trouvé son compte. N’offensez pas cet homme-là, vous n’y trouveriez pas votre compte.
Faire son compte, signifie aussi, Se proposer, ou S’attendre à, espérer que, etc. Il fait son compte de partir demain. Il croyait que ses amis l’assisteraient, il faisait son compte là-dessus. Ne faites pas votre compte sur les promesses de cet homme-là. Ces phrases ont vieilli ; on dit : Il compte partir demain. Il comptait que ses amis l’assisteraient. Ne comptez pas sur les promesses de cet homme-là.
Fig., Avoir son compte, Avoir ce qu’on desire, ou Être bien dans ses affaires. Savoir bien, entendre bien son compte, Entendre bien ses intérêts, et n’être pas facile à tromper, à surprendre.
Être loin de compte, loin de son compte, Se tromper dans son raisonnement, dans son calcul, dans ses prétentions, dans ses espérances.
Ils sont encore tous deux loin de compte, bien loin de compte, se dit De deux personnes qui sont en traité, en marché de quelque chose, et qui ne peuvent tomber d’accord. Nous sommes loin de compte ensemble. Il est loin de compte avec moi.
Fig., À ce compte-là, Selon cette supposition. On dit de même, Au compte de quelqu’un. À ce compte-là, je vois qu’il n’a pas tort. À votre compte, cela serait ainsi.
Compte, signifie quelquefois, Un petit nombre que l’on jette de la main, et qui, étant plusieurs fois réitéré, fait la somme, le nombre que l’on demande. À compter quatre à quatre, il faut vingt-cinq comptes pour faire cent. Cette acception vieillit.
Compte, signifie particulièrement, Un état ou écrit contenant le calcul, la supputation de ce qui a été reçu, dépensé, avancé ou fourni. Bon compte. Compte fidèle. Compte exact. Le compte est très-bon. Il lui demande son compte, ses comptes. Qu’il apporte son compte, ses comptes. Compte de tutelle. Compte final. Un article de compte. Le total d’un compte. Livres de compte. Tenir les comptes chez un marchand. Tenir compte d’une somme à quelqu’un. Passer, mettre quelque chose en compte. Mettre sur un compte. Cela ne doit pas entrer en compte. Ne mettez pas cela en ligne de compte, dans le compte, sur le compte. Rayez, ôtez cela de dessus votre compte. Il a chargé ses comptes de cela. Mettre ses comptes en règle. Dresser un compte. Rendre un compte. Il a rendu compte, rendu ses comptes. Reddition de compte. Présenter, affirmer un compte. Voir, vérifier, examiner, recevoir, apurer un compte. Revoir un compte. Ouïr un compte. Débattre un compte. Débats de compte. Vérification de compte. Oyant compte. Valider un compte. Allouer les articles d’un compte. Arrêter un compte. Arrêté de compte. Régler un compte. Clore un compte. Le compte est clos. Solder un compte. Reliquat d’un compte. Reliquat de compte. Les locutions et las phrases suivantes appartiennent plus spécialement au langage commercial : Compte courant. Compte de marchandises générales. Compte d’effets à recevoir, à payer. Compte de profits et pertes. Compte de caisse ; etc. Le crédit et le débit d’un compte. Débiter, créditer un compte. Balancer un compte. Être en compte ouvert. Avoir un compte ouvert avec quelqu’un. En fin de compte. Etc.
Avoir une chose en compte, L’administrer, en disposer, à la charge d’en rendre compte à qui de droit.
Cour des comptes, Cour supérieure établie pour examiner et juger les comptes de ceux qui ont manié les deniers de l’État : elle a remplacé la Chambre des comptes, qui avait les mêmes attributions. Président de la cour des comptes. Conseiller référendaire à la cour des comptes. Conseiller maître à la cour des comptes, ou Maître des comptes. Cela est passé, vérifié, enregistré à la cour des comptes. Un arrêt de la cour des comptes.
Prov., Les bons comptes font les bons amis.
Être de bon compte, Être fidèle dans les comptes que l’on rend.
Fig. et fam., Être de bon compte, Parler sans feinte, sans aucune dissimulation. Soyez de bon compte, vous ne vous attendiez pas à cette aubaine. Je suis de bon compte, à votre place j’aurais eu moins de patience.
Fig. et fam., Son compte est bon, On lui fera un mauvais parti. On dit dans un sens analogue, Son compte sera bientôt réglé, etc.
À compte. Manière de parler abrégée, pour dire qu’On a donné ou reçu quelque chose sur la somme due. Il a donné mille francs à compte. Il a reçu cinq cents francs à compte sur les mille francs qui lui sont dus.
À-compte, s’emploie substantivement dans le même sens. Il n’a reçu qu’un à-compte. Voilà un bon à-compte. Je lui ai donné deux à-compte.
Être de compte à demi avec quelqu’un, Être en société d’intérêt avec quelqu’un, et partager par moitié les bénéfices et les pertes.
Cela est sur le compte, au compte d’un tel, C’est à lui à le payer. Les étoffes qu’un tel prend seront sur votre compte. Je prends cela sur mon compte. La nourriture de ce cheval est à votre compte.
Pour le compte de quelqu’un, En vertu de la commission que l’on a reçue de lui. Vendre, négocier, acheter, etc., pour le compte de quelqu’un. On dit par opposition, Vendre, négocier, etc., pour son propre compte, pour son compte particulier, pour son compte.
Fig. et fam., Il en a pour son compte, se dit D’un homme à qui il arrive quelque malheur, comme d’être blessé, d’être maltraité, ou de faire quelque perte d’argent considérable. On dit de même : Il en a reçu, on lui en a donné pour son compte. Il a trouvé des gens qui jouaient mieux que lui, et qui lui en ont donné pour son compte. On dit aussi, C’est pour son compte, pour mon compte, etc., C’est tant pis pour lui, pour moi, etc.
Pour le compte de quelqu’un, se dit encore figurément dans certaines phrases. Les applaudissements étaient pour son compte, et les sifflets pour celui de l’acteur, Les applaudissements étaient pour lui, et les sifflets pour l’acteur. Pour mon compte, Pour ce qui me regarde, quant à moi. Je n’ai, pour mon compte, rien à leur reprocher.
Fig., Sur le compte de quelqu’un, Sur ce qui le concerne. Il se dit surtout en parlant De la conduite et des actions d’une personne. On m’a donné sur son compte des renseignements qui ne lui sont guère favorables. Elle fait beaucoup parler sur son compte. Il n’y a rien à dire sur son compte. Nous étions fort inquiets sur son compte.
Fig., Mettre une histoire, un livre, une faute, etc., sur le compte de quelqu’un, Le donner pour en être l’auteur. Mettre une aventure, faire courir une histoire, etc., sur le compte de quelqu’un, Faire croire qu’elle lui est arrivée.
Fig., Prendre sur son compte, Se charger de quelque chose, s’en rendre responsable. Ne vous mettez point en peine de lui faire des excuses, je le prends sur mon compte. S’il arrive quelque chose de fâcheux, je le prends sur mon compte.
Fig., Tenir compte à quelqu’un d’une chose, Lui en savoir gré. Je lui tiens compte de sa bonne volonté. Dieu nous tiendra compte des moindres actes de charité. On dit aussi, familièrement, Mettre, faire entrer en ligne de compte.
Fig., Faire compte, tenir compte de quelqu’un, de quelque chose, L’estimer, l’avoir en quelque considération. Il n’en fait pas grand compte. Il n’en tient pas grand compte. Il en fait peu de compte. Il ne fait, il ne tient aucun compte de ce qu’on lui dit.
Cette femme ne tient pas compte d’elle, Elle néglige sa figure, son ajustement. On le dit aussi D’une femme qui a peu de soin de sa réputation.
Fig., Au bout du compte. Locution familière, dont on se sert en terminant un discours, un raisonnement, et qui signifie, Tout considéré, après tout. Au bout du compte, que m’en peut-il arriver ? Au bout du compte, il n’est rien tel que de faire son devoir.
Compte, se dit aussi, figurément, de L’action de rapporter ce qu’on a fait, ce qu’on a vu, etc., et d’en rendre raison, de l’expliquer. Dans ce sens, il s’emploie ordinairement avec les verbes Rendre, devoir, demander. Je vous rendrai compte de cette affaire. Prenez garde à telle chose, car c’est vous qui m’en rendrez compte. Rendre compte de ses actions, de sa conduite, de son administration. Nous devons compte à Dieu de toutes nos actions. On nous demandera compte de nos actions. Le compte que Dieu doit nous demander au jour du jugement. Je ne vous dois aucun compte de mes actions. Je n’ai point de compte à vous rendre. Il ne doit compte à personne de son administration. On vint rendre compte au général que les ennemis paraissaient. Il leur rendit un compte fidèle de l’état des choses. Vous lui devez un compte exact de tout ce que vous avez vu. Rendre compte d’une séance de la chambre des députés. Rendre compte d’un ouvrage dans un journal.
Se rendre compte de quelque chose, Se l’expliquer, s’en rendre raison. J’éprouvais un sentiment dont j’avais peine à me rendre compte.
Rendre bon compte de sa conduite, Faire connaître qu’on a tenu une conduite à laquelle il n’y a rien à reprendre. Je rendrai bon compte de votre conduite, Je ferai connaître exactement la conduite que vous avez tenue.
p. 365Fam. et par menace, Vous me rendrez bon compte d’une telle conduite, Je saurai bien vous en faire repentir.
Compte rendu, Exposé ou récit de certains faits particuliers. Compte rendu de l’état des finances, de la statistique criminelle. Compte rendu des séances d’une assemblée législative. Etc.
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