vie

5e édition

VIE.

subst. fémin.
■  L’état des êtres animés tant qu’ils ont en eux le principe des sensations et du mouvement. Les principes de la vie. Ceux dont nous tenons la vie, qui nous ont donné la vie. Dieu est le maître de nos vies. Quand Dieu créa l’homme, il souffla en lui un esprit de vie. Il est encore tout plein de vie. Aimer la vie. Mépriser la vie. Renoncer à la vie. Le passage de la vie à la mort. Sortir de la vie. Tenir à la vie. Ce breuvage lui a rendu, lui a redonné la vie. Les débauches lui ont abrégé la vie. Sauver, conserver la vie à quelqu’un. Attenter à la vie, entreprendre sur la vie de quelqu’un, en vouloir à sa vie, lui arracher la vie, lui ravir, lui ôter la vie. Perdre la vie. Donner sa vie pour quelqu’un. Exposer, hasarder sa vie. Mettre sa vie en péril. Défendre sa vie. Disputer sa vie. Vendre bien cher sa vie. Que ne fait-on point pour la vie ? Il y va de la vie. Votre vie en dépend. À peine de la vie, sur peine de la vie, sous peine de la vie, c’est-à-dire, Sur peine, sous peine de perdre la vie. Si vous faites telle chose, je ne réponds point de votre vie. Le droit de vie et de mort. Il ne fait nul cas de la vie d’un homme. Il compte sa vie pour rien, il ne compte pour rien la vie. Je mettrois ma vie, je gagerois ma vie que cela est vrai. Je le soutiendrai au péril de ma vie. Cette vie est passagère, fragile, périssable, caduque, mortelle. Vie animale. Vie sensitive. La vie de l’éléphant est fort longue. La vie de cet insecte est éphémère.
On dit, Être en vie, pour dire, Être vivant ; et Mourir tout en vie, pour, Mourir dans un état où l’on est encore plein de force.
On dit, Recommander quelque chose à quelqu’un sur la vie, pour, Le recommander avec la dernière instance.
On dit, Être entre la vie et la mort, pour dire, Être dans un extrême péril, soit par maladie, soit par quelque autre accident. Cette maladie l’a mis entre la vie et la mort. Dans cette tempête nous fûmes deux jours entre la vie et la mort.
On dit familièrement, Revenir de mort à vie, pour, Revenir contre toute espérance, d’une maladie très-périlleuse ; et, Aller de vie à trépas, pour, Mourir. Cette dernière phrase vieillit.
On dit, qu’Un homme a donné la vie à son ennemi, pour, que Le pouvant tuer, il ne l’a pas voulu ; et, qu’Un Prince a donné la vie, a accordé la vie, a fait grâce de la vie à un criminel, pour dire, qu’Il a empêché par l’autorité souveraine, que l’Arrêt qui condamnoit le criminel à mort, fût exécuté.
Demander la vie, se dit d’Un homme qui prie son ennemi de ne le pas tuer. Il lui demanda la vie. Il cria la vie, la vie.
On dit De celui à qui un homme a sauvé ou conservé la vie, qu’Il doit la vie à cet homme, qu’il lui est obligé de la vie, qu’après Dieu, il ne tient sa vie que de lui. Et on dit figurément d’Une bonne nouvelle, ou de quelque autre chose d’agréable qui arrive à quelqu’un lorsqu’il étoit dans une grande inquiétude, qu’Elle lui a redonné la vie, qu’elle lui a rendu la vie.
On dit figurément d’Un vieillard ou d’un malade en qui l’on trouve de la force, qu’Il y a bien de la vie dans cet homme.
p. 738On dit, Il y a bien de la vie dans un tableau, pour, L’action est vive, et les figures sont fort animées. On dit aussi, qu’Un discours est sans vie, pour, qu’Il est sans force, sans énergie ; et au contraire, qu’Il est plein de vie. On dit de même d’Un portrait, qu’Il est plein de vie.
En style de dévotion, on dit De la Grâce, qu’Elle est la vie de l’âme.
Vie, se prend encore pour Tout l’espace de temps qui s’écoule depuis la naissance jusqu’a la mort. La vie la plus longue, la plus courte. Le cours de la vie. La fin de la vie. Cette vie n’est qu’un songe. Il se dit aussi d’Une partie considérable de cet espace. Il a passé sa vie à la Cour, à voyager. Il emploie toute sa vie à des bagatelles. Il est estropié pour toute sa vie. Il en a pour sa vie. Je n’ai vu de ma vie un tel homme. Durant ma vie, ma vie durant. Il ne sera de sa vie aussi habile que son père. La vie de l’homme passe insensiblement, s’écoule insensiblement.
Pour la vie, à la vie et à la mort. Façons de parler familières et adverbiales, qui expriment une résolution immuable. Je suis son ami pour la vie. Ils sont unis à la vie et à la mort. Pour la vie, signifie aussi, Pour long-temps. Cette étoffe est excellente, on en a pour la vie.
On dit dans le style familier, De ma vie je n’ai vu pareille chose, de la vie on n’a vu, etc. pour, Depuis que je suis au monde, je n’ai jamais vu, etc. On dit dans le langage du peuple, De la vie vivante on n’a vu, de ma vie je n’ai vu.
On dit d’Un homme moribond, que Sa vie ne tient plus qu’à un fil ; et d’Un homme infirme, et qui n’a point de vigueur, qu’Il n’a qu’un filet de vie, qu’un souffle de vie. On dit au contraire, Un animal a la vie dure, pour, Il est difficile de le tuer, de le faire mourir. Cet homme tout percé de coups, a vécu encore fort long-temps, il avoit la vie dure, bien dure.
On dit adverbialement, À vie, pour dire, Pendant tout le temps qu’on a à vivre. Une pension à vie. Bail à vie. Contrat à vie. Acheter une maison à vie.
On dit proverbialement, Plus de biens que de vie, pour, La vie manquera plutôt que les biens.
Vie, se dit aussi en parlant De l’existence de l’âme après la mort ; et on l’appelle La vie future, l’autre vie, par opposition à La vie présente. Ainsi on dit : Les biens de la vie future. L’espérance d’une autre vie fait toute la consolation d’un Chrétien. Et on appelle La vie éternelle, L’état des Bienheureux dans le Ciel. Dieu nous donne sa paix en cette vie, et après la mort, la vie éternelle !
Vie, se prend encore pour Ce qui regarde la nourriture et la subsistance. Il a très-peu de bien, il n’a que la vie et le vêtement. Mendier sa vie. Demander sa vie, pour, Demander l’aumône. Chercher sa vie. Gagner sa vie. Il a bien de la peine à gagner sa vie.
On dit proverbialem. Être de grande vie, pour, Manger beaucoup ; et De petite vie, pour, Manger peu.
Vie, se prend aussi pour La manière dont on se nourrit, dont on se traite. Faire bonne vie, joyeuse vie. Il est du style familier. On dit absolument et familièrement, Faire la vie, pour, Faire bonne chère, se réjouir. Et on dit proverbialement, Il faut faire vie qui dure, pour, Il faut ménager son bien de telle sorte, qu’on ne le dépense pas tout d’un coup, soit en bonne chère, soit autrement. On le dit de même De la santé.
Vie, se prend encore pour Ce qui regarde l’usage, les commodités ou incommodités de la vie. Mener une vie douce, aisée. Mener une vie heureuse, tranquille. Mener une vie triste, misérable. Vie agitée. Vie tumultueuse. Traîner une vie languissante, douloureuse. Les plaisirs, les aises, les douceurs, les commodités de la vie. Les besoins de la vie. Il coule doucement sa vie ; et familièrement, Il roule doucement sa vie.
On dit, Tourmenter sa vie, pour, Se donner beaucoup de mouvement, s’agiter.
On dit, Rendre la vie dure à quelqu’un, pour, Lui faire de la peine, le chagriner à tout propos.
On dit familièrement, Faire vie de garçon, pour, Mener une vie libre et dégagée de toute sorte de dépendances et de soins.
Vie, se dit aussi De ce qui regarde la conduite et les mœurs. Mener une vie sans reproche, irréprochable, une vie réglée. Mener la vie d’un Saint. Un homme de sainte vie. Une vie sage, angélique, pure, chaste. C’est un homme qui mène une vie obscure, une vie fort retirée, une vie cachée. Mener une vie de Philosophe. Mener une vie commune, une vie fort ordinaire. Il mène une vie plus réglée que de coutume. Il a changé de vie. Se repentir de sa vie passée. Voilà son train de vie. Femme de mauvaise vie. Il s’est fait un plan de vie tout différent. Vie oisive, vie fainéante. Vie déréglée, vie dissipée.
On dit dans le style familier, Mener une vie de Bohême, pour, Vivre comme un bandit, comme un homme qui n’a ni feu ni lieu. On dit populairement, Mener une vie de cochon, pour, Vivre dans la crapule, dans la débauche. Et on dit proverbialement, Vie de cochon, courte et bonne, pour, Une vie passée dans la crapule, et qui s’abrège par les excès.
On dit proverbialement, Telle vie, telle fin ; telle vie, telle mort, pour, On meurt ordinairement de la manière qu’on a vécu. Il a toujours vécu en bon Chrétien, et il est mort de même ; telle vie, telle fin. Il ne vivoit qu’avec des scélérats, il a été tué misérablement ; telle vie, telle mort.
Vie, se dit par rapport aux occupations et aux professions différentes de la vie. Choisir un genre de vie. S’attacher à un genre de vie. Embrasser la vie religieuse, la vie monastique. Vie active. Vie contemplative. Vie laborieuse, fatigante, etc.
On dit familièrem. d’Une chose où un homme se plaît extrêmement, et dont il fait sa principale occupation, que C’est sa vie. Il aime la chasse, c’est sa vie. Il aime l’étude plus que toutes choses, c’est sa vie.
Vie, se dit De l’histoire, du récit des choses remarquables de la vie d’un homme. Les vies des Saints. Les vies des Hommes illustres écrites par Plutarque, ou par ellipse, Les vies de Plutarque. Il a écrit la vie d’un tel Prince. Il a écrit lui-même sa vie. Il nous a raconté toute sa vie.
Vie, se dit aussi Des plantes, pendant qu’elles ont un principe de végétation. Cet arbre est encore en vie. Vie végétative. Les plantes vivent d’une vie végétative.
Eau-de-vie. subst. fém. On appelle ainsi Une liqueur forte tirée du vin par distillation. On fait aussi des eaux-de-vie de cidre, de blé, de riz, etc. Il s’est gâté l’estomac à force de boire de l’eau-de-vie. Les eaux-de-vie de Cognac sont estimées.
Vie, signifie populairement, mais toujours avec quelque épithète, Crierie qui se fait en querellant quelqu’un, en lui reprochant quelque chose, en le réprimandant. Quand votre femme sera venue elle vous fera une belle vie, une terrible vie. Ils se querellent toujours dans cette maison, ce sont des vies enragées.
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