pousser

5e édition

POUSSER.

v. a.
■  Faire effort contre quelqu’un ou contre quelque chose, pour l’ôter de sa place. Pousser un homme hors de sa place. Ne me poussez pas tant. Vous poussez bien rudement. Pousser quelque chose avec le pied. Poussez un peu cela vers moi.
On dit, Pousser quelqu’un du coude, du genou, pour dire, Le toucher doucement avec le coude, avec le genou, pour l’avertir de quelque chose, pour lui faire prendre garde à quelque chose.
On dit, Pousser les ennemis, pour dire, Les faire reculer ; et, Pousser aux ennemis, pour dire, Aller aux ennemis : le dernier ne se dit que de la Cavalerie ; il est neutre.
On dit, Pousser un cheval, pour dire, Le faire galoper à toute bride.
On dit proverbialement et figurément, Pousser le temps avec l’épaule, pour dire, Temporiser, tâcher de gagner du temps. Il se dit aussi, pour signifier, Se désennuyer comme on peut, en attendant le moment que l’on désire.
Pousser, signifie aussi, Imprimer quelque mouvement à un corps, soit en le jetant, soit en le frappant. Il p. 340pousse bien une balle. Il pousse du premier coup jusqu’au tournant du mail. Il a bien poussé ce coup-là. Vous avez poussé votre boule trop fort. Pousser un ballon avec le poing, avec le bras, avec le pied. Pousser le dé. Poussez la porte.
On dit, Pousser la porte au nez de quelqu’un, pour dire, Empêcher quelqu’un d’entrer en quelque lieu. Il vouloit entrer dans la chambre, mais on lui poussa la porte au nez.
Pousser, signifie aussi, Faire entrer quelque chose à force. Pousser un clou dans une muraille, dans du bois.
On dit, Pousser un coup de fleuret, une botte, un coup d’épée à quelqu’un, pour dire, Lui porter un coup de fleuret, une botte, un coup d’épée ; et figurément et familièrement, Pousser une botte à quelqu’un, pour dire, L’attaquer de paroles et le presser vivement.
Pousser, s’emploie aussi en plusieurs phrases, dans le sens de Porter, avancer, étendre. Ainsi l’on dit, Pousser un mur de clôture plus loin, pour dire, Le rebâtir plus loin. Il faut pousser ce mur de clôture cinquante ou soixante toises plus loin. Et l’on dit, d’Un mur qui n’est pas encore achevé, qu’Il faut le pousser plus loin, pour dire, qu’Il faut lui donner plus d’étendue.
On dit dans la même acception, Pousser un parterre, pousser une allée, etc. Il faudroit pousser ce parterre plus loin. Il faut pousser cette allée jusqu’à un tel endroit. On dit pareillement : Pousser une tranchée. Pousser un travail. Pousser les frontières d’un État. Et l’on dit, qu’Un Prince a poussé ses conquêtes bien loin, pour dire, qu’Il les a étendues bien loin.
On dit familièrement, Pousser jusqu’à un lieu, pour dire, Aller jusqu’à un lieu. Nous avons encore du jour, poussons jusqu’à une telle Ville. Il est neutre dans cette phrase.
On dit, Pousser la raillerie trop loin, pour dire, Railler trop fortement.
On dit aussi, Pousser l’impudence, l’effronterie, la fourberie jusqu’au bout, pour dire, Faire des actions d’une extrême impudence, d’une extrême effronterie, d’une extrême fourberie.
On dit aussi dans une acception pareille, Pousser la magnificence, pousser la valeur, pousser la constance, la patience bien loin, pour dire, Porter à un haut point la magnificence, la valeur, la constance, la patience, etc.
On dit aussi, Pousser un raisonnement trop loin, pousser trop loin ses pensées, son ambition, ses espérances, sa vengeance, sa haine, pour dire, Donner trop d’extension à un raisonnement, donner trop d’essor à son ambition, à ses espérances, etc.
On dit, Pousser la voix, la pousser davantage, pour dire, Parler plus haut.
On dit, Pousser des cris, pour dire, Crier ; Pousser des soupirs, pour dire, Soupirer.
On dit familièrement par plaisanterie, qu’Un homme pousse les beaux sentimens, pour dire, qu’Il fait le passionné auprès des femmes.
Pousser, se dit aussi dans le figuré, pour dire, Attaquer, offenser, choquer. Vous me poussez trop. Si vous le poussez davantage, il sera obligé de se défendre.
Il signifie aussi, Presser, importuner, excéder. Vous me poussez de questions. Il l’a poussé vivement dans la dispute.
Pousser, signifie aussi, Avancer, favoriser quelqu’un. C’est un tel qui l’a poussé. Pour faire fortune à la Cour, il faut avoir quelqu’un qui vous pousse.
On dit, Pousser un écolier, un élève, pour, Lui faire faire des progrès. Ce maître ne pousse pas assez ses élèves. Il l’a poussé assez loin dans les Mathématiques.
On dit, Pousser ses succès, pour, Les étendre, les augmenter, les continuer.
On dit, Pousser son chemin, pour dire, S’avancer, acquérir du crédit, de la considération. Il s’est poussé dans le monde, dans le service, à la Cour, dans les finances. On dit dans ce sens, Il a bien poussé sa fortune, il a poussé loin sa fortune. Familièrement on dit, Pousser sa pointe ; et populairement, Pousser son bidet.
Pousser, est aussi verbe neutre. Il se dit Du mouvement qui se fait dans les arbres et dans les plantes au printemps. Les arbres commencent à pousser. Ces fleurs poussent déjà. Les blés ont déjà poussé. En ce sens, il est quelquefois actif. Cet arbre pousse bien du bois, ne pousse que du bois.
Il signifie aussi, Battre des flancs ; et il ne se dit en ce sens, que Des chevaux, lorsqu’ils ont la respiration difficile. Un cheval qui pousse. Ce cheval pousse beaucoup.
On dit qu’Un mur pousse en dehors, pour dire, qu’Il se jette en dehors, qu’il fait un ventre, et qu’il menace ruine.
On dit figurément et familièrement, Pousser à la roue, pour dire, Aider. Il auroit obtenu cette grâce, si quelqu’un avoit poussé à la roue.
On dit aussi figurém. et familièrem. Poussez, pour dire, Continuez, allez en avant.
Pousser à. Engager fortement, induire, inciter. On l’a poussé à se fâcher, à se battre, à déshériter son fils.
Pousser à bout, signifie figurém. Choquer un homme au dernier point, ne le ménager en aucune manière. Vous me poussez à bout. Vous poussez à bout ma patience.
On dit aussi, en parlant d’Une dispute, Pousser à bout quelqu’un, pour dire, Le réduire à ne pouvoir répondre.
Pousser de. Excéder, charger outre mesure. Il se dit en style familier De la nourriture. On l’a poussé de bonne chère. Il faut éviter de se pousser de nourriture.
On dit aussi, Pousser quelqu’un de plaisanteries, pour dire, Le plaisanter beaucoup.
Poussé, ée. participe.
On appelle Vin poussé, Du vin qui se gâte par une chaleur qui le fait fermenter hors de saison.
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