pousser

4e édition

POUSSER.

v. a.
■  Faire effort contre quelqu’un ou contre quelque chose, pour l’ôter de sa place. Pousser un homme hors de sa place. Ne me poussez pas tant. Vous poussez bien rudement. Pousser quelque chose avec le pied. Poussez un peu cela vers moi.
On dit, Pousser quelqu’un du coude, du genou, pour dire, Le toucher doucement avec le coude, avec le genou, pour l’avertir de quelque chose, pour lui faire prendre garde à quelque chose.
On dit, Pousser les ennemis, pour dire, Les faire reculer. Et, Pousser aux ennemis, pour dire, Aller aux ennemis. Le dernier ne se dit que de la Cavalerie. Il est neutre.
On dit, Pousser un cheval, pour dire, Le faire galoper à toute bride.
On dit proverb. & figur. Pousser le temps avec l’épaule, pour dire, Temporiser, tâcher de gagner du temps.
Pousser, signifie aussi, Imprimer quelque mouvement à un corps, soit en le jetant, soit en le frappant. Il pousse bien une balle. Il pousse du premier coup jusqu’au tournant du mail. Il a bien poussé ce coup-là. Vous avez poussé votre boule trop fort. Pousser un balon avec le poing, avec le bras, avec le pied. Pousser le dé.
On dit, Pousser la porte au nez de quelqu’un, pour dire, Empêcher quelqu’un d’entrer en quelque lieu. Il vouloit entrer dans la chambre, mais on lui poussa la porte au nez.
Pousser, signifie aussi, Faire entrer quelque chose à force. Pousser un clou dans une muraille, dans du bois.
On dit, Pousser un coup de fleuret, un coup d’épée à quelqu’un, pour dire, Lui porter un coup de fleuret, un coup d’épée. Et figurément, Pousser une botte à quelqu’un, pour dire, L’attaquer de paroles & le presser vivement.
Pousser, s’emploie aussi en plusieurs phrases, dans le sens de Porter, avancer, étendre. Ainsi on dit, Pousser un mur de clôture plus loin, pour dire, Le rebâtir plus loin. Il faut que vous poussiez votre mur de clôture cinquante ou soixante toises plus loin. Et on dit d’Un mur qui n’est pas encore achevé, qu’Il faut le pousser plus loin, pour dire, qu’Il faut lui donner plus d’étendue.
On dit dans la même acception, Pousser un parterre, pousser une allée, &c. Il faudroit pousser ce parterre plus loin. Il faut pousser cette allée jusqu’à un tel endroit. On dit pareillement, Pousser une tranchée. Pousser un travail. Pousser les frontières d’un État. Et on dit, qu’Un Prince a poussé ses conquêtes bien loin, pour dire, qu’Il les a étendues bien loin.
On dit, Pousser jusqu’à un lieu, pour dire, Aller jusqu’à un lieu. Nous avons encore du jour, poussons jusqu’à une telle ville. Il est neutre dans cette phrase.
On dit, Pousser la raillerie trop loin, pour dire, Railler trop fortement. On dit aussi, Pousser l’impudence, l’effronterie, la fourberie jusqu’au bout, pour dire, Faire des actions d’une extrême impudence, d’une extrême effronterie, d’une extrême fourberie.
On dit aussi dans une acception pareille, Pousser la magnificence, pousser la valeur, pousser la constance, la patience bien loin, pour dire, Faire de grandes magnificences, faire de grandes actions de valeur, donner de grands exemples de constance, de patience, &c.
On dit aussi, Pousser un raisonnement trop loin, pousser trop loin ses pensées, son ambition, ses espérances, sa vengeance, sa haine, pour dire, Donner trop d’extension à un raisonnement, donner trop d’essor à son ambition, à ses espérances, &c.
On dit, Pousser la voix, la pousser davantage, pour dire, Parler plus haut.
On dit, Pousser des cris, pour dire, Crier. Pousser des soupirs, pour dire, Soupirer.
On dit par plaisanterie, qu’Un homme pousse les beaux sentimens, pour dire, qu’Il fait le passionné auprès des femmes.
Pousser, se dit aussi absolument dans le figuré, pour dire, Attaquer, offenser, choquer. Vous me poussez trop. Si vous me poussez davantage, je serai obligé de me défendre. Ne me poussez plus, car ....
Pousser à bout, signifie figurément, Choquer un homme au dernier point, ne le ménager en aucune manière. Vous me poussez à bout. Vous poussez à bout ma patience.
On dit aussi en termes de dispute, Pousser à bout quelqu’un, pour dire, Le réduire à ne pouvoir répondre.
Pousser, signifie aussi, Avancer, favoriser quelqu’un. C’est un tel qui l’a poussé. Pour faire fortune à la Cour, il faut avoir quelqu’un qui vous pousse.
On dit, Se pousser dans le monde, pour dire, S’y avancer, s’y mettre en considération. Il s’est poussé lui-même dans le monde. On dit dans ce sens, Pousser loin sa fortune. Familièrement on dit, Pousser sa pointe ; & populairement, Pousser son bidet.
Pousser, signifie quelquefois figurément, Conseiller, persuader, induire, inciter. C’est son ami qui l’a poussé à faire cela, qui le pousse à cela.
Pousser, est aussi verbe neutre. Il se dit Du mouvement qui se fait dans les arbres & dans les plantes au renouveau. Les arbres commencent à pousser. Ces fleurs poussent déjà. Les blés ont déjà poussé. En ce sens, il est quelquefois actif. Cet arbre pousse bien du bois, ne pousse que du bois.
Il signifie aussi, Battre des flancs ; & il ne se dit en ce sens, que Des chevaux, lorsqu’ils ont la respiration difficile. Un cheval qui pousse. Ce cheval pousse beaucoup.
On dit, qu’Un mur pousse en dehors, pour dire, qu’Il se jette en dehors, qu’il fait un ventre, & qu’il menace ruine.
On dit figurément, Pousser à la roue, pour dire, Aider. Il auroit obtenu cette grâce, si quelqu’un avoit poussé à la roue.
Poussé, ée. participe.
On dit d’Un cheval qu’on a trop laissé manger, qu’Il est poussé de nourriture.
Poussé, se dit aussi Du vin qui se gâte par une chaleur qui le fait fermenter hors de saison.
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