mettre

5e édition

METTRE.

verbe act. Conjugaison : Je mets, tu mets, il met, nous mettons, vous mettez, ils mettent. Je mettois. Je mis. Je mettrai. Mets. Que je mette. Que je misse. Mettant. Mis.
■  Poser, placer quelqu’un ou quelque chose dans un certain lieu. Mettre une chemise, un habit, son chapeau, son épée. Mettre des livres sur une tablette. Mettre des porcelaines sur une cheminée. Mettre un clou à une tapisserie. Mettre une marque, le signet à un livre. Mettre le pot au feu. Mettre la viande à la broche, un chapon au gros sel. Mettre la main à l’épée. Mettre l’épée à la main. Mettre la main à la plume, pour dire, Commencer à écrire, entreprendre un ouvrage par écrit. Mettre la plume à la main de quelqu’un, pour, Lui enseigner à tenir la plume. Mettre le pied à l’étrier. Mettre le couvert. Mettre un mors à un cheval. Mettre un lièvre en pâte. Mettre un vaisseau à la mer. Mettre le comble à un bâtiment ; et par métaphore, Mettre le comble à la folie, à l’absurdité, à l’ingratitude, à l’outrage, à ses bienfaits.
On dit, Mettre un mot dans une lettre, mettre le dessus à une lettre, pour, Y ajouter un mot, écrire l’adresse ; et dans la même acception, Mettre une virgule, mettre un accent, mettre son seing, mettre sa signature. Mettre le cachet à une lettre. Mettre le sceau à un acte. Ces deux expressions s’emploient fort bien au figuré. Mettre le sceau à une affaire, pour dire, La terminer entièrement. Il a mis son cachet à cette pièce de vers, pour dire, qu’On y reconnoît l’empreinte de son imagination, de son génie.
On dit en plusieurs acceptions, Mettre la main au travail, mettre la main à l’ouvrage, pour, Le commencer. Mettre la main à l’ouvrage de quelqu’un, pour, Y travailler. Quelque autre a mis la main à cet écrit.
Mettre la dernière main à un écrit, à un tableau, à une statue, pour dire, Perfectionner, achever un écrit, un tableau, etc.
Mettre la main à la pâte, se dit figurément et proverbialement, pour, Travailler soi-même à quelque chose, et n’y point épargner ses peines. On dit à peu près dans la même acception, Mettre la main à l’œuvre.
Mettre la main sur quelque chose, au sens de S’emparer. Quand cet homme a mis la main sur un livre, il le rend difficilement.
Mettre la main de quelqu’un sur un instrument, se dit familièrement, pour, Donner les premières leçons de cet instrument. Il m’a mis la main sur le clavecin, sur le luth. Cela ne se dit pas de tous les instrumens.
Mettre à la main. Mettre l’épée à la main. Ils mirent l’épée à la main. Ils se disposèrent à se battre.
Mettre en main. Je vous ai mis la preuve en main, pour dire, Je vous ai donné la preuve.
Mettre en main tierce. Remettre, déposer dans les mains de quelqu’un un objet dont le possesseur est contesté. On les obligea de mettre en main tierce la somme qu’ils se disputoient. Familier.
Mettre en la main de la Justice, du Roi, pour dire, Saisir. Terme de Palais.
On dit familièrement, Mettre aux mains, en parlant de deux personnes, ou même d’un plus grand nombre, que l’on rassemble, pour les mettre en état p. 100de discuter ensemble les différens intérêts qu’ils peuvent avoir, d’agiter quelque question sur laquelle ils ne sont pas bien d’accord, ou de terminer quelque dispute, soit de jeu ou d’autre matière. Ils vont jouer au trictrac, aux échecs jusqu’à demain, je les ai mis aux mains. Voilà une opinion que je ne saurois ni approuver, ni réfuter ; mais M. de .... viendra bientôt, je vous mettrai aux mains avec lui. Je les ai mis aux mains sur la Poésie, sur la Musique. Vous instruirez votre Rapporteur, je vais vous mettre aux mains avec lui.
Mettre les armes à la main de quelqu’un, pour dire, L’élever aux exercices de la guerre, lui faire faire sa première campagne. C’est lui qui m’a mis les armes à la main. On dit figurément, C’est la gloire de Dieu, c’est l’intérêt de la Patrie, qui lui ont mis les armes à la main, qui m’ont mis les armes à la main, pour dire, Qui lui ont fait prendre, qui m’ont fait prendre les armes.
Mettre la main sur le bon endroit. Expression familière, qui signifie, Rencontrer, sur-le-champ ou à la longue, ce qu’il importe de trouver. Après avoir un peu cherché, j’ai mis la main sur le bon endroit. On dit proverbialement, pour faire entendre que quelqu’un a deviné promptement, Il a mis d’abord le doigt dessus.
Mettre la main à l’encensoir. Expression proverbiale, empruntée du Droit ecclésiastique, qui signifie, Usurper l’autorité sacerdotale. Il ne faut pas que le Prince mette la main à l’encensoir.
Mettre la main ad pectus, exprime, en style de Pratique, l’Usage prescrit à ceux qui sont dans les Ordres sacres, lorsqu’ils prêtent serment, de poser la main sur l’estomac, pour affirmer qu’ils disent vrai. On disoit anciennement, Mettre la main au pis.
On dit proverbialement et dans un sens figuré, Mettez la main sur la conscience, n’est-il pas vrai que .... pour dire, Parlez suivant votre conscience, convenez du fait, avouez que....
On dit figurément, Mettre la main sur quelqu’un, pour dire, Le frapper. S’il met la main sur toi, il y paroîtra. Les Canons déclarent excommunié un laïque qui met la main sur un Prêtre.
On le dit aussi pour, Arrêter quelqu’un par ordre du Gouvernement. Il se cache dans la crainte qu’on ne mette la main sur lui. Cela se dit au même sens que, Mettre la main sur le collet à quelqu’un. Les sergens lui mirent la main sur le collet, c’est-à-dire, Ils l’arrêtèrent. Ce dernier est très-familier.
Je n’en mettrois pas ma main au feu, signifie, qu’On ne garantit pas la vérité d’un fait. Cela est familier, et ne se dit guère que lorsqu’il s’agit de quelque chose qui regarde la réputation du prochain. Je la crois sage, mais bien hardi qui en mettroit sa main au feu.
Je mettrois ma tête, ou, je mettrois ma tête à couper, ou, je mettrois ma vie que cela est, se dit pour Affirmer une chose, et marquer qu’on n’en doute pas.
Mettre sa tête, ou la tête de quelqu’un en péril, se dit figur. pour, S’exposer ou exposer un autre à un danger capital. On dit de même, Mettre sa tête à couvert, pour, Se tirer du danger.
On dit proverbialement, Avoir mis la tête dans un guêpier, pour dire, S’être exposé à un foule d’inconvéniens et d’outrages qui deviennent innombrables et accablans, comme les piqûres des guêpes.
Mettre une tête ou des têtes à l’envers, à la renverse, façon proverbiale de dire, Troubler, déranger l’imagination et la raison. Ce Missionnaire fanatique a mis toutes les têtes du canton à l’envers.
On dit figurément et familièrement d’Un homme qui est de mauvaise humeur, qu’Il a mis son bonnet de travers.
Mettre à la tête d’une armée, d’une affaire, d’une entreprise, d’une compagnie, pour dire, Instituer chef. On dit familièrement, Il faudroit mettre quelqu’un à la tête de cela.
Mettre en tête, pour, Opposer. On lui a mis en tête un furieux adversaire. Familier.
On dit familièrement, Il ne faut pas se mettre en tête une pareille idée, pour, Il ne faut pas se persuader une pareille chose ; et, On lui a mis en tête de vains soupçons, pour, On les lui a suggérés.
On dit familièrement, Il a mis en tête de son livre une longue préface, pour dire, À la tête, au commencement, d’abord.
On dit dans la conversation familière, Mettre le nez dans les affaires, pour dire, S’y immiscer, en prendre connoissance ; et, Mettre le nez dans les livres, pour dire, Commencer à étudier ; et d’Un homme plus curieux qu’il ne faudroit, qui se mêle où il n’a que faire, Qu’avoit-il besoin de mettre là son nez ? Cela est excessivement familier.
Mettre le pied en quelque lieu, pour dire, Y entrer, y arriver. C’est une maison où je ne mettrai jamais le pied.
Il ne sauroit mettre un pied devant l’autre, désigne Un homme languissant, qui a peine à marcher.
Mettre l’honneur sous ses pieds, se dit figurément, pour, Ne se point soucier de son honneur.
Mettre une injure sous ses pieds, pour dire, La mépriser, dédaigner de s’en souvenir ; et, La mettre au pied du crucifix, pour dire, La pardonner, en faire le sacrifice à Dieu.
On dit figurément, Mettre un homme sous ses pieds, pour dire, L’accabler de toute sa force, de son pouvoir.
Mettre les pieds sur le ventre à son ennemi, pour dire, S’en venger pleinement, avec fureur, avec bassesse. Il signifie aussi, Abuser de l’avantage qu’on a sur lui.
Mettre quelqu’un au pied du mur, c’est, figurément, Lui ôter tout subterfuge, le mettre dans l’impossibilité de s’échapper, dans la nécessité de s’expliquer ou de se rendre.
On dit, Mettre quelqu’un en pied, pour dire, L’établir solidement. C’est moi qui l’ai mis en pied, il n’y étoit pas auparavant. On dit aussi, Mettre sur un bon pied, sur un pied respectable. Familier.
Mettre son homme à bout, se dit familièrement, pour, Réduire au dernier embarras. Ne mettez pas sa patience à bout.
Mettre aux abois, se dit proprement, d’Un cerf que l’on force ; et figurément, De quelqu’un que l’on réduit aux dernières extrémités. On dit à peu près dans le même sens figuré, Mettre quelqu’un en chemise, à la besace, sur la paille, à l’aumône, au blanc, pour signifier Une extrême pauvreté. Son architecte a fini par le mettre en chemise, L’a ruiné.
Mettre une famille, un Pays, un Royaume en combustion, pour dire, Y exciter les dissentions les plus violentes, les plus grands désordres.
Mettre tout sens dessus dessous, pour dire, Renverser tout ce qui est établi ; bouleverser l’ordre et les gradations qui existoient.
Mettre les choses au hasard, pour dire, S’abandonner à la fortune, ne prendre aucune mesure.
Mettre la charrue devant les bœufs, pour dire, Faire quelque chose à rebours et contre l’ordre. Cela est proverbial et familier.
Mettre le feu aux affaires, pour, Les embrouiller. Familier.
On dit familièrement, Il ne faut pas se mettre en feu pour si peu de chose, pour dire, Se fâcher. Cela le mit en feu, Cela l’anima beaucoup.
On dit populairement, Je lui ai mis le cœur au ventre, pour, Je l’ai fort encouragé.
On dit populairement aussi, Mettre tout par écuelles, pour dire, Ne rien épargner, prodiguer. On mit tout par écuelles pour me recevoir.
On dit d’un Écuyer qui a appris à un jeune homme à monter à cheval, C’est lui qui l’a mis à cheval.
On dit, Mettre du soin à une chose, à une affaire, pour, La faire avec soin, la soigner.
Mettre son affection, mettre ses complaisances, pour, Affectionner, se complaire à … Mettre son cœur à une bonne œuvre, pour, S’attacher à bien faire.
Mettre sa confiance, pour, Se confier en. Il avoit mis sa principale confiance dans ce moyen, dans cet homme. Il faut mettre sa confiance en Dieu.
On dit familièrement, Mettre sa conscience en ordre, pour dire, Se dégager de toute affection vicieuse. Long-temps avant qu’il fût tué, Turenne avoit mis sa conscience en ordre.
On dit de même, Mettre sa conscience en repos sur une action, pour, Bannir le scrupule qu’on en auroit.
On dit proverbialement et figurément, Mettre son esprit à la torture, pour, Se tourmenter. J’avois beau mettre mon esprit à la torture, je ne trouvois pas d’expédient.
Mettre ordre à quelque chose, se dit pour, Y pourvoir. J’y mettrai bien ordre. J’y mettrai bon ordre. On dit encore dans le même sens, Mettre ordre que … à ce que… Mettez ordre à ce que cela s’arrange. Je mettrai ordre qu’il ne s’y passe rien contre vos intérêts.
Mettre fin à quelque chose, pour dire, La terminer, la faire cesser. Mettez p. 101fin à vos débats. On saura mettre fin à ses jactances.
Mettre une entreprise à fin, En venir à bout. Les Romans de Chevalerie disoient, Mettre une aventure à fin, la mettre à chef. Ce dernier a absolument vieilli.
On dit, Mettre de la suite à quelque chose, L’exécuter avec ordre, avec constance. Il faudroit mettre de la suite à vos projets, ne pas les abandonner sans cesse. Et, Mettre de la suite dans ses idées, dans son discours, pour, Raisonner, discourir sans confusion.
Mettre quelqu’un en jeu, pour, Le citer et le mêler sans son aveu dans quelque affaire. Personne n’aime à être mis en jeu.
Se mettre à quelque chose. Je me mettrai à cela incessamment, pour, Je m’en occuperai, j’y travaillerai.
Se mettre en sueur, se mettre tout en eau, S’échauffer en courant, en agissant, jusqu’à suer. Il est familier. Se mettre en nage, se dit populairement dans le même sens.
Se mettre en danger, pour, S’exposer au danger. Il s’est mis cent fois en danger de sa vie, pour, Il s’est exposé souvent à la perdre.
On dit, Se mettre au hasard de.... pour dire, S’exposer au péril. En voulant trop gagner, il s’est mis au hasard de tout perdre. En cherchant à grimper sur un rocher, il se mit au hasard de se tuer.
Se mettre en humeur de … se dit familièrement, pour, Prendre le goût, l’habitude de … Sa femme vouloit se mettre en humeur de le quereller, mais il a bien su l’en empêcher.
On dit familièrement, Se mettre dans le jeu, se mettre dans la dévotion, pour dire, S’y adonner. On dit de même, Il s’est mis dans les affaires, il s’est mis dans les procès, pour dire, Il s’y est jeté, embarqué, il s’y est livré entièrement.
Se mettre à la suite d’une chose, se dit pour, Suivre une entreprise commencée. Il vouloit se mettre à la suite de ce procès, mais il reconnut qu’il ne valoit rien.
Se mettre à la suite d’un grand Seigneur, à la suite de la Cour, c’est s’y montrer assidu.
Se mettre en rang d’oignon. Façon de parler proverbiale, qui signifie, Prendre place de soi-même, même sans y être invité, parmi les assistans. (On croit qu’Oignon est ici nom d’homme, et que M. d’Oignon étoit Maître des Cérémonies de France, et marquoit la place de chacun dans les assemblées publiques.)
Se mettre en quatre pour… Expression familière et figurée, pour signifier, Faire de grands efforts. Il se mettroit en quatre pour le service de ses amis. Il s’est mis en quatre pour persuader le public, mais on ne l’a pas voulu croire.
On dit, qu’Un homme se met à tout, pour dire, qu’Il se rend utile en toute occasion, qu’il ne se refuse à rien. Un bon domestique doit se mettre à tout.
En parlant du soin qu’on prendra d’une affaire, on dit familièrement, qu’On s’y mettra jusqu’au cou, pour dire, qu’On n’oubliera rien pour réussir.
Se mettre sur son quant à moi, se dit proverbialement et figurément, pour, Faire le suffisant, prendre des airs de hauteur et de supériorité avec quelqu’un. (On ne dit pas sur son quant à soi.)
On dit familièrement, qu’Il ne faut pas se mettre à tous les jours, pour dire, qu’Il ne faut pas se prodiguer, paroître trop souvent, se communiquer trop familièrement à toutes sortes de personnes.
On dit aussi, qu’Il ne faut pas mettre ses amis à tous les jours, et cela s’entend particulièrement des personnes de crédit, c’est-à-dire, qu’Il faut les réserver pour les occasions importantes.
Se mettre à, suivi d’un infinitif, marque ordinairement le commencement d’une action. Dès qu’on lui en parle, il se met à pleurer. Aussitôt il se mit à parler tout bas. Dès qu’ils furent à table, ils se mirent à boire, etc. Tout le monde se mit à crier, etc. Ce qui veut dire proprement, Il commença à pleurer, il commença à parler, ils commencèrent à boire, tout le monde commença à crier, etc.
Quelquefois pourtant il a une signification un peu différente, et il marque commencement ou continuation d’action et d’application, comme dans ces phrases : Il s’est mis tout de bon à étudier ; depuis qu’il s’est mis à jouer, il a entièrement quitté l’étude ; quand on s’est mis une fois à ne rien faire. Ce qui veut dire proprement, Il s’est adonné, appliqué à étudier ; depuis qu’il s’est adonné à jouer ; quand on est accoutumé une fois à ne rien faire.
On dit familièrement, Se mettre après quelqu’un ; et cela se dit en plusieurs sens différens, soit pour dire, Se jeter sur quelqu’un pour le maltraiter, Il se mit après lui, et le roua de coups ; soit pour dire, Presser, importuner quelqu’un pour lui faire faire ce qu’on veut, Elles se mirent toutes après lui, et l’obligèrent d’être de la partie.
On dit, Se mettre mal avec quelqu’un, pour dire, Se brouiller avec lui.
On dit, Se mettre aux trousses de quelqu’un. Prends garde que je ne me mette à tes trousses, pour, Crains que je ne te poursuive en Justice. Ce dernier est très-familier.
On dit, Mettre la maréchaussée aux trousses des voleurs, la mettre après eux, la mettre en campagne, pour, L’envoyer à leur recherche, à leur poursuite.
On dit aussi figurément et familièrement, La critique s’est mise aux trousses de cet écrivain, pour dire, qu’On l’attaque avec acharnement dans les livres, dans les journaux.
Vous vous mettez là dans de mauvais draps, se dit familièrement à quelqu’un qui s’expose à des discours fâcheux, à de grands embarras. On dit proverbialement et familièrement, Mettre quelqu’un en beaux draps blancs, au sens de Le jeter dans un grand embarras ; on le dit aussi au sens de, En parler mal, en médire avec excès. On dit à peu près dans le même sens, Le mettre à la pile au verjus. Il est populaire.
Se mettre en avant expose à des dangers. Il ne faut pas trop se mettre en avant. Pourquoi vous mettre en avant quand rien ne vous y oblige ? Cela se dit familièrement à quelqu’un qui n’étant pas obligé de parler, de se présenter, d’agir, se compromet en le faisant.
On dit familièrement, qu’Un homme s’est mis trop avant dans le danger pour oser reculer. On dit d’Un courtisan, Il se mit par ses services bien avant dans la faveur du Prince.
On dit, Se mettre en des avances, se mettre en de grands frais pour quelqu’un, au même sens que, Faire pour lui les avances, les frais d’une entreprise.
Se mettre sur le pied de faire ou de ne pas faire une chose, En prendre l’habitude, s’en arroger le droit. Il se met sur le pied de contredire ; sur celui de ne pas répondre aux lettres, etc. Cet homme se seroit mis avec moi sur le pied d’un pédagogue, En auroit pris le ton.
On dit populairement, Se mettre sur la friperie de quelqu’un, pour dire, En dire beaucoup de mal, le mal équiper. On dit aussi, Mettre les absens en pièces, pour dire, En médire. On dit, Ce journaliste l’a mis en pièces, pour dire, Il l’a critiqué durement et sur tous les points.
On dit, Se mettre dans les bronzes, dans les porcelaines, dans les tableaux, dans la curiosité, dans la botanique, dans les livres rares, pour dire, Ramasser des livres rares, des plantes, des objets de curiosité.
Se mettre, employé absolument, signifie, S’habiller. Cet homme se met singulièrement, il ne sait pas se mettre. Votre frère se met décemment, avec goût, pour dire, Il s’habille bien.
Mettre à bas, se dit d’Un édifice ou d’une forêt qu’on jette par terre ; et on le dit figurément De l’orgueil. Nous mettrons son orgueil à bas, Nous l’humilierons.
Mettre bas, se dit Des femelles de quelques animaux, quand elles font leurs petits ; par exemple, de la chienne.
On dit dans un autre sens, Le cerf a mis bas, a mis sa tête bas, pour dire, qu’Il s’est dépouillé de son bois, que son bois est tombé.
Mettre au jour, se dit figurément, pour, Publier (un ouvrage.) On disoit, Mettre un livre en lumière. Cette locution a vieilli.
On dit proverbialement, Mettre à terre ce qu’on a dans ses mains, pour dire, Renoncer sottement à ce qu’on possède.
Mettre avant, mettre après, mettre au-dessus, mettre au-dessous, se dit figurément pour exprimer les différences qu’on met dans son estime. Mettez la vertu avant tout, et la gloire après la vertu. On met Cicéron au-dessous de Démosthène, mais bien au-dessus des autres orateurs.
Mettre à prix, à haut prix, à bas prix, se dit figurément au moral. On mit la tête de Mazarin et chacun de ses membres à prix. On a mis cette terre à haut prix. Cet homme a vendu son honneur à bas prix.
Mettre au pis, se dit tantôt d’Une chose, tantôt d’un homme. Je mets la chose au pis, signifie, Je la suppose aussi fâcheuse qu’elle peut l’être. Je p. 102vous mets au pis, veut dire, Je vous suppose aussi mal intentionné qu’il vous plaira, et je ne crains rien, je vous défie.
Je n’y prends ni n’y mets, se dit proverbialement et familièrement pour exprimer, qu’On n’ajoute ni ne retranche à l’histoire que l’on raconte, qu’on la dit avec fidélité.
Cela me met à bout de voie, se dit figurément et familièrement, pour, Je ne sais plus que faire, comment me retourner.
Mettre quelqu’un à bien, se dit familièrement pour, Lui faire quitter ses mauvaises habitudes, le porter au bien.
On dit dans le sens opposé, Mettre à mal ; et cela se dit plus ordinairement d’Une femme qui a été séduite. Un libertin l’a mise à mal. On dit aussi dans le discours familier, Mettre quelqu’un à mal, pour dire, Le détourner de son devoir ou de ce qu’il croit l’être : on le dit le plus souvent dans un sens badin. Je voulois rester chez moi, mais il m’a mis à mal, il m’a mené à la comédie.
On dit, Mettre deux personnes mal ensemble, pour dire, Les brouiller, les refroidir l’une pour l’autre. Ils étoient intimement liés ; une femme, la jalousie, les a mis mal ensemble.
Mettre à même de… Mettre à portée de… signifie, Faciliter les moyens. On vous met à même de réussir. Il faudroit me mettre à portée d’atteindre là.
Mettre à l’aventure, figurément, pour, Exposer à des hasards. Ne mettez pas à l’aventure un bien-être réel. Il est familier.
Mettre à la grosse aventure, Mettre de l’argent sur un vaisseau marchand, au hasard de le perdre s’il périt.
Mettre quelqu’un aux arrêts, se dit pour, Ordonner qu’il aura le lieu où il est pour prison, et qu’il ne pourra en partir. Le Commandant les mit tous deux aux arrêts pour les empêcher d’aller se battre.
Mettre un cheval au pas, au trot, au galop, pour, Le faire aller au pas, au trot, au galop.
Je lui mettrai la tête où il a les pieds, se dit par menace dans le discours familier, contre quelqu’un que l’on veut maltraiter.
Mettre à la raison. Il faut mettre cet homme à la raison, se dit familièrement, pour, Faire renoncer à un entêtement, à des prétentions trop fortes. Enfin vous vous mettez à la raison, vous commencez à céder.
Mettre quelqu’un dans l’embarras, Le mettre dans un état de perplexité, dans un état violent, dans un état fâcheux. Mettre en colère, mettre en fureur, au désespoir. Mettre en gaîté, mettre en joie. Locutions usitées qui n’ont pas besoin d’explication. Cet homme mettroit tout un Pays en joie. Familier.
Mettre en peine. Cela m’a mis long-temps en peine, pour, Cela m’a inquiété long-temps.
On dit en parlant des affaires d’Allemagne, que Tel Prince a été mis, telle Ville a été mise au ban de l’Empire, pour dire. On a déclaré que ce Prince, cette Ville, ont encouru les peines de confiscation ou autres prononcées en certains cas par les Lois de l’Empire.
Mettre au net un écrit, un plan. Voyez Net.
Mettre en avant, se dit pour, Affirmer. Il faut prendre garde aux faits qu’on met en avant. Cet Auteur met en avant un principe que je conteste.
Mettre en doute. On vouloit mettre ce fait en doute, mais il n’y a pas moyen, c’est-à-dire, On tenteroit inutilement d’en douter.
Mettre en fait. Je mets en fait que … pour, J’affirme. Vous mettez en fait ce dont précisément je doute.
Mettre en question. Cela demande à être mis en question, familièrement pour, Cela doit être examiné.
Mettre hors de doute que .... pour, Affirmer. Je mets hors de doute que cela est ainsi.
Mettre hors de Cour. On les a mis hors de Cour et de procès. Voyez Hors.
Mettre les pieds dans tous les souliers, prov. populaire, qui signifie, Essayer de tout. Cet homme est malheureux, il a eu beau mettre le pied dans tous les souliers, il n’en a pas trouvé un qui l’ait chaussé.
On dit, Mettre des paroles en musique, pour dire, Faire un air sur des paroles ; et au contraire, Mettre des paroles sur un air, pour, Y ajouter des paroles.
Mettre un argument en forme, pour dire, Lui donner la forme prescrite par les règles de la Logique.
Mettre du Latin en François, ou du François en Latin, pour, Traduire en une de ces langues ce qui étoit dans l’autre. Mettre une pensée en vers, pour, L’énoncer en vers. Mettre de la prose en vers, Exprimer en vers ce qui étoit en prose. Mettre des vers en prose, En rompre la mesure, en faire disparoître les rimes.
Mettre quelqu’un au fait. Avant de vous plaindre, mettez-moi au fait, pour Instruisez-moi d’abord de quoi il s’agit.
Mettre dans son tort. On met un homme dans son tort, en opposant de bons procédés à de mauvais.
Mettre en gage. Voyez Gage.
Mettre sur pied. Le roi mit à la fois quatre armées sur pied, pour dire, Il forma, il équipa quatre armées.
Mettre sur le bon pied, mettre sur un bon pied, sont deux expressions du genre familier très-différentes. Mettre un homme sur le bon pied, C’est le réduire à faire son devoir, rabattre ses prétentions. Mettre un homme sur un bon pied, C’est lui procurer de l’argent, ou de la considération, ou du pouvoir. Mauvais pied signifie le contraire. À force de sottises, il s’est mis sur un fort mauvais pied dans la Ville.
Mettre en état de faire quelque chose, Aider à faire, donner les moyens de faire quelque chose. Qui l’a mis en état de faire cette dépense ? Je l’ai mis en état de travailler seul. Un an d’apprentissage l’a mis en état de gagner sa vie dans son métier.
Mettre une affaire en état, se dit particulièrement d’Une affaire litigieuse, dont l’Avocat, le Juge a fait le dépouillement, le rapport, et qui est prête à être plaidée, soumise à un tribunal, etc.
Mettre sur l’état. Façon de parler abrégée pour, Mettre sur l’état des dépenses, des pensions, etc. On vous mettra sur l’état.
Mettre en crédit, en faveur ; mettre en honneur, mettre en réputation ; et au contraire, Mettre en discrédit, en défaveur, en mauvaise estime, se dit Des choses qui font acquérir ou perdre l’estime, la faveur, le crédit, etc. On dit proverbialement et familièrement, Cela l’a mis en mauvais prédicament.
Mettre sur le compte de quelqu’un, mettre sur son dos, se dit figurément dans le discours familier, pour dire, Le charger de tout ce qui arrive de mal dans une affaire, lui en imputer tous les mauvais succès. Les Ministres font des fautes, et les mettent sur le dos de leurs Commis.
On le fait absolu dans quelques occasions, en sous-entendant le régime. Je ne mets point à la loterie. Vous dépenserez trop, si vous mettez en chevaux, en bijoux, etc. pour, Mettre de l’argent à la loterie, en chevaux, etc.
Mettre sur table, pour, Poser les plats sur la table.
Mettre de côté, pour, Épargner son revenu, amasser de l’argent. Cet homme a mis de côté. Et en style de Pratique judiciaire, Appointer à mettre, pour dire, Que les pièces seront remises pour être fait droit.
Mettre, se construit quelquefois avec l’infinitif d’un autre verbe sans aucune particule qui le précède. Mettre chauffer de l’eau, mettre sécher du linge, etc. pour, Mettre de l’eau auprès du feu, a fin qu’elle chauffe ; mettre du linge en un lieu, afin qu’il sèche.
Mis, ise. participe.
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