mettre

3e édition

METTRE.

verbe act. Conjugaison : Je mets, je mettois, je mis, je mettrai, que je misse.
■  Poser, placer quelqu’un ou quelque chose dans un certain lieu. Mettre une chemise. Mettre un habit. Mettre son chapeau sur sa tête. Mettre des livres sur une tablette. Mettre des porcelaines sur une cheminée. Mettre un clou à une tapisserie. Mettre le pot au feu. Mettre la viande à la broche, au pot. Mettre sur table. Mettre la main à l’épée. Mettre l’épée à la main. Mettre le pied a l’étrier. Mettre le buffet. Mettre le couvert. Se mettre à table. Mettre un mors à un cheval. Mettre le sceau à des lettres. Mettre un homme en prison. Mettre un Officier aux arrêts. Mettre un soldat en sentinelle, en faction. Mettre de l’argent à la banque. Mettre un liévre en pâte. Mettre un vaisseau à la mer.
On dit Mettre le dessus d’une lettre. Mettre un mot dans une lettre, pour dire, Ecrire le dessus d’une lettre, écrire un mot dans une lettre.
On dit aussi dans la même acception. Mettre une virgule. Mettre un accent. Mettre son seing. Mettre sa signature.
On dit prov. Mettre la charrue devant les bœufs, pour dire, Faire quelque chose à rebours & contre l’ordre.
On dit fig. & prov. Mettre de l’eau dans son vin, pour dire, Se raviser, prendre une resolution plus modérée, se relâcher de quelque prétention, de quelque demande excessive.
On dit prov. Mettre la main à la pâte, pour dire, Travailler soi-même à quelque chose, & n’y point épargner ses peines.
On dit aussi à peu près dans la même acception, Mettre la main à l’œuvre.
On dit proverb. qu’Il ne faut pas mettre la main à l’encensoir, pour dire, qu’Il ne faut pas que les personnes séculiéres se mélent mal-à-propos des choses qui sont purement de la Religion, & de la Juridiction Ecclésiastique.
On dit encore dans un sens presque égal, qu’Il ne faut pas mettre la faucille dans la moisson d’autrui, pour dire, qu’Il ne faut pas entreprendre sur l’emploi, sur la charge, sur la fonction & sur les droits d’un autre.
On dit, Mettre la main sur la conscience, pour dire, Faire une sérieuse réflexion sur une chose où la conscience peut être interessée ; & cela se dit à un homme dans le discours ordinaire, pour le presser d’avouer quelque chose qu’on veut savoir de lui. Mettez la main sur la conscience, n’est-il pas vrai, que, &c.
On dit en style de Pratique, Mettre la main ad pectus, pour dire, Mettre la main sur l’estomac pour affirmer qu’on dit vrai. Et cette formule n’est en usage qu’à l’égard de ceux qui sont dans les Ordres sacrez, & à qui on fait prêter serment. On disoit autrefois dans le même sens, Mettre la main au pis.
Pour marquer qu’on croit une chose bien véritable, on dit, J’en mettrois ma main au feu, Et quand on veut marquer qu’on en doute, on dit, Je n’en mettrois pas ma main au feu. Cela ne se dit guere que lorsqu’il s’agit de quelque chose qui regarde la reputation d’autrui.
Pour affirmer une chose, & marquer qu’on n’en doute nullement, on dit, Je mettrois ma vie, je mettrois ma tête, je mettrois ma tête à couper, que cela est.
On dit prov. & familiérement pour marquer que quelqu’un a déviné de quoi il s’agit, qu’Il a très bien rencontré, qu’Il a mis le doigt dessus.
On dit fig. Mettre la main sur quelqu’un, pour dire, Le frapper. S’il met une fois la main sur lui, il y paroîtra. Un laïque qui met la main sur un Prêtre est excommunié.
On dit aussi, Mettre la main sur le collet à quelqu’un, pour dire, L’arrêter prisonnier. Les Sergens lui mirent la main sur le collet. Il est du style familier.
On dit fig. d’Un homme qui est de mauvaise humeur, qu’Il a mis son bonnet de travers.
On dit d’Un Ecuyer qui a appris à un jeune homme à monter à cheval, que C’est lui qui l’a mis à cheval.
Et on dit, Mettre un cheval au galop. Mettre un cheval au trot, au pas, pour dire, Faire aller un cheval au galop, au trot, au pas.
On dit par ménace contre un homme qu’on veut maltraiter, Je lui mettrai la tête où il a les pieds.
On dit prov. & fig. Mettre quelqu’un en beaux draps blancs, pour dire, En parler mal, en médire outrément.
On dit à peu près dans le même sens, Le mettre à la pile au verjus. Il est bas.
On dit aussi fig. qu’Un homme a mis la main à un ouvrage d’esprit, pour dire, qu’Il y a travaillé ; Et cela ne se dit proprement que de celui qui n’en est pas l’auteur principal.
On dit, qu’Un Peintre, qu’un Sculpteur a mis la derniere main à un ouvrage, pour dire, qu’Il l’a entiérement achevé, qu’il l’a mis dans l’état où il veut qu’il demeure.
On le dit aussi fig. Des ouvrages d’esprit ; & alors cela ne se dit guére que de l’Auteur.
On dit prov. En parlant d’une affaire, Mettre les fers au feu, pour dire, Commencer à s’y appliquer, à y travailler tout de bon.
On dit aussi en matiére d’affaire, de négociation, Mettre la main à une chose, pour dire, S’en méler : Et, y mettre la derniére main, pour dire, La conclurre, la terminer.
On dit aussi en parlant d’affaire, Mettre papiers sur table, pour dire, Faire voir les piéces justificatives des prétentions que l’on a.
On dit aussi fig. Mettre le sceau à une affaire, pour dire, La terminer entiérement.
On dit encore fig. Mettre une affaire, une question sur le tapis, pour dire, La proposer, pour en deliberer.
p. 120On dit dans le même sens, Mettre une affaire en délibération ; & dans une acception de même nature, Mettre une chose en contestation.
On dit aussi, Mettre en doute, pour dire, Douter. Je ne mets point en doute que.
On dit proverbialement & figurément, Mettre une chose en ligne de compte, pour dire, Prétendre qu’on la compte pour beaucoup, qu’on y ait égard.
Et en parlant des comptes qu’on rend à quelqu’un, on dit, Mettre en compte. Mettre en recette. Mettre en dépense, pour dire, Comprendre dans les articles du compte, dans les articles de la recette & de la dépense.
On dit, Mettre en oubli, pour dire, Oublier.
On dit, Mettre quelqu’un en sang, tout en sang, pour dire, Blesser quelqu’un, en sorte qu’il démeure tout couvert de sang.
Et on dit pareillement, Se mettre tout en eau. Se mettre tout en sueur, pour dire, Faire qu’on soit tout en eau, tout en sueur. Il ne sauroit faire deux pas sans se mettre tout en eau, tout en sueur.
On dit fig. & dans le style familier, Se mettre en quatre pour quelqu’un, pour dire, Faire toutes choses imaginables pour lui. Il se mettroit en quatre pour le service de ses amis.
On parlant du soin qu’on veut prendre d’une affaire, on dit, qu’On s’y mettra jusqu’au cou, pour dire, qu’On n’oubliera rien pour la faire réussir. Il est du style familier.
On dit prov. & fig. Mettre tout par écuelles, pour dire, Ne rien épargner pour bien recevoir quelqu’un, pour lui faire bonne chére. Il est du style familier.
On dit fig. & fam. Mettre tout sur le dos de quelqu’un, pour dire, Le charger de tout ce qui arrive de mal dans une affaire, lui en imputer tous les mauvais succès. Les Ministres font des fautes, & les mettent sur le dos de leurs subalternes.
On dit prov. & fig. Se mettre sur son quant à moi, pour dire, Faire le suffisant, prendre des airs de hauteur & de supériorité avec celui avec qui on traite.
On dit prov. & fig. Se mettre en rang d’oignon, pour dire, Prendre place parmi les autres ; & cela se dit dans le discours familier, ou d’une personne de peu qui prend place parmi des personnes de grande qualité, de grande considération, ou d’un enfant qui s’assied parmi des gens bien plus âgez que lui.
On dit prov. & fig. Se mettre sur le trotoir, pour dire, Commencer à paroître dans le monde ; & cela se dit principalement d’une jeune fille, à qui l’on commence à faire voir le monde, & que l’on parle déja de marier. Il est familier.
On dit, Mettre le nez dans les affaires, pour dire, S’ingérer dans les affaires, en prendre connoissance. Il est du style familier.
Et Mettre le nez dans les livres, pour dire, Commencer à étudier.
On dit prov. & fig. d’Un homme qui est plus curieux qu’il ne faudroit, & qui se méle mal-à-propos des choses qui ne le regardent pas, que C’est un homme qui met son nez par tout, qu’il met son nez où il n’a que faire. Il est du style familier.
On dit, Mettre quelqu’un en état de faire quelque chose, pour dire, Lui donner les moyens de faire quelque chose ; Et Le mettre hors d’état de faire quelque chose, pour dire, Lui en ôter les moyens.
On dit, Mettre en droit, pour dire, Donner un juste droit, un juste sujet. L’injure qu’il a reçue le met en droit de, &c.
On dit, Mettre en crédit, en faveur, en réputation, en bonheur, en fortune, en gain, &c, pour dire, Donner du crédit, de la faveur. de la réputation, rendre heureux, faire gagner.
Et l’on dit dans un sens contraire, Mettre en malheur, en guignon. Ce dernier mot est familier.
On dit, Se mettre en état, en disposition, en devoir de faire quelque chose, pour dire, Se disposer à faire quelque chose, & prendre pour cela toutes les mésures nécessaires.
On dit, Mettre un homme en Justice, pour dire, Le poursuivre criminellement.
On dit aussi, Mettre les lieux en état, en état de réparation, pour dire, Faire les réparations nécessaires dans une maison.
On dit aussi en matiére criminelle, Se mettre en état, pour dire, Se constituer prisonnier pour se purger du crime dont on est accusé, ou pour faire entériner des Lettres de grace.
En parlant de la Jurisdiction des Maréchaux de France, on dit, Mettre quelqu’un en arrêt, pour dire, Ordonner qu’il aura le lieu où il est pour prison, & qu’il ne pourra pas en partir. Dès que les Maréchaux de France furent informez de leur démélé, ils les mirent tous deux en arrêt.
Et en parlant de toute autre Justice militaire, on dit dans une acception pareille, qu’On a mis un Officier en arrêt, ou aux arrêts.
On dit, Se mettre en repos. Se mettre l’esprit en repos. Mettre l’esprit en repos à quelqu’un, pour dire, Se donner du repos d’esprit, ne se point inquiéter. Calmer les inquiétudes d’un autre. Mettez-vous en repos. Mettez-vous l’esprit en repos là-dessus. Je lui ai mis l’esprit en repos.
On dit, Mettre les voiles au vent. Mettre un vaisseau à la voile, & absolument, mettre à la voile, pour dire, Démarer, partir du port, lever l’ancre.
Mettre le pied en quelque lieu, pour dire, Y entrer, y aller. C’est une maison où je ne mettrai jamais le pied.
Et on dit prov. & bass. Mettre le pied dans la vigne du Seigneur, pour dire, S’enyvrer, prendre du vin plus qu’il ne faut.
On dit d’Un homme fort languissant, & qui a peine à marcher, qu’Il ne sauroit mettre un pied devant l’autre.
On dit fig. Mettre l’honneur sous les pieds, pour dire, Ne se soucier point de son honneur. Mettre une injure sous les pieds, pour dire, N’en conserver aucun ressentiment.
Et on dit aussi, Mettre une injure au pied du Crucifix, pour dire, en laisser la vengeance à Dieu, & ne s’en point ressentir.
On dit fig. qu’Un homme s’est mis sur un bon pied, pour dire, qu’Il a mis ses affaires en bon état, ou qu’il s’est acquis de l’estime dans le monde.
p. 121On dit aussi, qu’Un homme s’est mis sur le pied d’homme de qualité, d’homme d’importance, pour dire, qu’Il est en possession d’être traité en homme de qualité, en homme d’importance, &c.
On dit, Mettre un enfant au monde, pour dire, Accoucher.
On dit aussi figur. Mettre quelqu’un dans le monde, pour dire, Lui donner entrée dans le grand monde, l’y introduire, l’y établir.
On dit encore, Se mettre dans le monde, pour dire, S’introduire dans les bonnes compagnies.
On dit, Mettre en terre, pour dire, Enterrer. Il fut mis en terre ce jour-là.
On dit, Mettre une chose au jour, la mettre en lumiere, pour dire, La rendre publique, faire que tout le monde la sache ; Et Mettre un livre au jour, en lumiere, pour dire, Le faire imprimer, le donner au public.
On dit aussi, Mettre une chose en évidence, pour dire, Faire connoître évidemment ce qui en est.
On dit en termes de Peinture, Mettre en petit, Lorsqu’un Peintre copiant un tableau, en reduit les figures & tout le dessein à une grandeur beaucoup au-dessous de celle de l’original. On dit, Mettre en grand, dans un sens contraire.
On dit, Se mettre dans le jeu, pour dire, S’adonner au grand jeu ; Et Se mettre au jeu, pour dire, Commencer à jouer une partie. Il ne fait que de se mettre au jeu, cela durera encore une heure.
On dit, Se mettre à l’étude. Se mettre dans la dévotion, pour dire, S’appliquer à l’étude, s’adonner à la dévotion.
On dit, Mettre son espérance, sa confiance en quelqu’un, pour dire, Espérer en quelqu’un, se confier en quelqu’un, en attendre du secours, de la protection.
On dit aussi fig. Mettre quelqu’un sur les dents, pour dire, Epuiser ses forces. Le travail continuel l’a mis sur les dents.
On dit, Mettre un enfant en nourrice, pour dire, Le donner à une nourrice, pour le nourrir & pour en avoir soin.
On dit, Mettre quelqu’un en besogne, pour dire, Lui donner de la besogne, lui donner à travailler.
On dit aussi, Mettre en métier, en apprentissage, pour dire, Faire apprendre un métier. Mettre un laquais en métier.
On dit, Mettre un domestique dehors, pour dire, Le renvoyer, le chasser.
On dit, Se mettre en ménage, pour dire, Se marier ; & simplement aussi, pour dire, Tenir son ménage.
On dit, Mettre les autres en train, pour dire, Etre le prémier à les porter à quelque chose. C’est lui qui nous a mis en train de boire, de travailler.
On s’en sert aussi pour dire, Animer une Compagnie, l’exciter à la joie. Cet homme est très-aimable dans une societé, il met tout le monde en train. Nous étions tous languissans d’ennui, un tel est venu, il nous a tous mis en train. Il est du style familier.
On dit, Se mettre en frais, pour dire, Faire quelque dépense extraordinaire pour quelque chose ; Et figurément. Se mettre en frais pour quelque chose, pour dire, Prendre beaucoup de soin pour faire reussir quelque chose. Il ne faut pas se mettre beaucoup en frais pour cette affaire.
On dit ironiquement d’un avare qui fait quelque dépense, qu’Il s’est mis en frais. Et fig. d’Un homme qui fait plus de civilitez qu’il n’avoit coutume d’en faire, ou qui parle plus qu’à son ordinaire, Il se met, ou il s’est mis en frais.
On dit, Se mettre en haleine, pour dire, Travailler à acquerir par l’exercice une plus grande facilité de faire quelque chose. Il doit courir la poste, & il monte à cheval pour se mettre en haleine.
On dit, Mettre en goût de quelque chose, pour dire, Donner du goût pour quelque chose. Cela l’a mis en goût des livres. Cela l’a mis en goût de l’Histoire.
On dit aussi, Se mettre dans le goût de quelque chose, pour dire, S’y plaire, s’y attacher. Il s’est mis dans le goût des médailles, de la Peinture.
On dit, Se mettre dans les tableaux, dans les bronzes, dans les porcelaines, pour dire, Ramasser, recueillir des tableaux, des bronzes, &c.
On dit dans une acception pareille, Se mettre dans la curiosité.
On dit, Mettre une terre en labour, pour dire, Labourer une terre qui étoit en friche, en vigne, &c. pour lui faire porter du bled ; Et Mettre une terre en pré, en sainfoin, pour dire, La preparer & la semer pour lui faire porter de l’herbe, du sainfoin.
On dit, Mettre une chose en avant, pour dire, En faire la proposition. Il mit plusieurs moyens en avant, mais on n’en trouva aucun qui satisfît.
On dit encore, Mettre une chose en avant, pour dire, Soutenir qu’une chose est veritable. Vous mettez en avant que la cause du flux & reflux, &c.
On dit aussi, Mettre une chose en fait, pour dire, Soutenir qu’un fait est veritable, soutenir que ce qu’on dit est vrai. Je vous mets cela en fait. Je vous mets en fait que.
On dit, Mettre deux personnes, deux choses en comparaison, en parallele, pour dire, Les comparer ensemble ; Et on dit aussi, Les mettre en balance, pour dire, Hésiter à se déterminer sur le choix des deux.
On dit, Mettre quelqu’un au bissac, à la besace, à l’aumône, pour dire, Le réduire à la mendicité, à une extrême pauvreté. On dit dans le même sens, Le mettre au blanc.
On dit, Mettre aux abois, pour dire, Réduire aux dernieres extrémitez ; Et, Mettre à l’amende, pour dire, Condamner à l’amende.
On dit, Mettre quelqu’un à la raison, pour dire, Le reduire à faire ce qu’on souhaite, ou ce qu’il doit faire. Je saurai bien le mettre à la raison.
On dit proverbialement. Mettre un homme à quia, pour dire, Le réduire à ne savoir plus que répondre. On dit aussi prov. & dans le même sens, Mettre un homme au sac.
On dit dans le style familier, Mettre quelqu’un p. 122à bien, pour dire, Lui faire quitter ses mauvaises habitudes, le porter au bien. Dans le sens opposé, on dit, Mettre à mal ; Et cela se dit plus ordinairement en parlant des femmes que l’on séduit. Mettre une femme à mal.
On dit aussi dans le discours familier, Mettre quelqu’un à mal, pour dire, Le détourner de quelque occupation serieuse, de quelque devoir, &c. pour l’engager dans quelque partie de plaisir.
On dit, Mettre deux personnes mal ensemble, pour dire, Les brouiller ensemble, les rendre ennemis ; Et, on dit, Se mettre mal avec quelqu’un, pour dire, Se brouiller avec lui. Dans tous ces sens jamais mal ne se met avant le verbe.
On dit absolument, Se mettre bien, pour dire, Se bien habiller ; Se mettre mal, pour dire, Se mal habiller. Dans ce sens lorsque le verbe est employé au participe, on met toujours les adverbes bienmal, avant le participe. C’est un homme qui est toujours bien mis, toujours mal mis. Et il faut remarquer que cela ne s’observe que dans les adverbes bienmal ; car on peut dire, Il est toujours mis proprement, mis de travers.
On dit, Mettre quelqu’un au pis, pour dire, Le défier de faire du pis qu’il pourra ; Et, Mettre une chose au pis, pour dire, La regarder, la considerer dans le pire état où elle puisse être.
On dit, Mettre quelqu’un en compromis, pour dire, Le mêler sans son consentement dans des affaires ou dans des discours qui le commettent ; se servir de son nom sans son aveu. Et l’on dit, Mettre une affaire en compromis, pour dire, En laisser la décision au jugement d’un ou de plusieurs arbitres.
On dit aussi, Mettre quelqu’un en jeu, pour dire, Citer quelqu’un sans sa participation, le mêler dans une affaire sans son aveu. Je ne voulois point qu’on parlât de moi dans cette affaire, pourquoi m’avez-vous mis en jeu ?
On dit, Mettre une chose au hazard, pour dire, En laisser l’évenement au hazard. Je mets cela au hazard, il en arrivera ce qu’il pourra.
On dit, Se mettre au hazard de … pour dire, S’exposer au peril de, &c. Il a voulu monter jusqu’au haut de l’arbre, il s’est mis au hazard de se tuer. Par sa mauvaise conduite il s’est mis au hazard de se perdre.
On dit, Mettre des paroles en Musique, pour dire, Faire un air sur des paroles ; Et Mettre un argument en forme, pour dire, Lui donner la forme qu’il doit avoir selon les regles de la Logique.
On dit, Mettre du Latin en François, pour dire, Traduire en François ce qui étoit en Latin ; Et, Mettre une pensée en vers, de la prose en vers, pour dire, Enoncer en vers une pensée, exprimer en vers ce qui étoit en prose.
On dit, Mettre quelqu’un en peine, pour dire, Lui donner de l’inquiétude. Il y a long-temps que je n’ai eu de ses nouvelles, & cela me met fort en peine.
On dit, Se mettre en dépense, pour dire, Faire une dépense que l’on n’avoit pas accoûtumé de faire.
On dit, Mettre en colere, en fureur, pour dire, Fâcher, irriter, rendre furieux ; Et, Mettre au desespoir, pour dire, Réduire au désespoir. Ce dernier se dit plus ordinairement par exaggération qu’autrement.
On dit aussi prov. que L’on met un homme hors des gonds, pour dire, que La colere l’emporte. Dès qu’on lui parle de cela, on le met hors des gonds.
On dit, Mettre en belle humeur, de belle humeur, pour dire, Donner de la gayeté, de la joie ; Et pour dire le contraire, Mettre en mauvaise humeur, de mauvaise humeur.
On dit, Mettre un homme à bout, pour dire, Le réduire à ne savoir plus que faire, que dire.
On dit, que Le désordre s’est mis dans un Etat, dans une Armée, &c. Et cela se dit aussi de la dissension, de la division, & généralement de toutes les choses morales ou physiques qui se communiquent aisément d’elles-mêmes, comme dans ces exemples. La peur se mit dans les troupes. La peste se mit dans l’armée.
On dit, Mettre ordre à quelque chose, pour dire, Y pourvoir. J’y mettrai ordre, j’y mettrai bon ordre.
On dit encore dans le même sens, Mettre ordre que … Il a mis ordre qu’il ne s’y pût rien passer contre ses interêts.
On dit, Mettre fin à une affaire, pour dire, La terminer. Et dans le même sens, Mettre fin à un discours, à une harangue, &c.
On dit aussi, Mettre une aventure, une entreprise à fin, à chef ; mais le prémier n’a guére d’usage que dans le style des Romans de Chevalerie, & l’autre est vieux.
On dit en termes de Palais, Mettre un Arrêt à exécution, pour dire, L’exécuter.
On dit aussi, Mettre une chose en exécution, pour dire, L’exécuter. Ce projet fut aussi-tôst mis en exécution.
On dit, Mettre tout à feu & à sang, pour dire, Brûler un pays, une ville, en massacrer les habitans. Les troupes entrerent d’assaut dans la place, & mirent tout à feu & à sang. On dit aussi, Mettre une ville à sac, pour dire, la saccager.
On dit, Se mettre en chemise, pour dire, Oter tous ses habits hormis sa chemise. Et dans un sens pareil, Se mettre en veste.
On dit, que Les voleurs ont mis un homme en chemise, pour dire, qu’Ils l’ont entiérement dépouillé, & ne lui ont laissé que sa chemise.
On dit aussi figurément. Mettre un homme en chemise, pour dire, Le ruiner entiérement.
On dit, Mettre aux mains, en parlant de deux personnes, ou même d’un plus grand nombre que l’on rassemble, pour les mettre en état de discuter ensemble les differens interêts qu’ils peuvent avoir, d’agiter quelque question sur laquelle ils ne sont pas bien d’accord, ou de terminer quelque dispute, quelque differend, soit de jeu ou d’autre matiere. Ils vont jouer au trictrac, aux échecs jusqu’à demain, je les ai mis aux mains. Voilà une opinion que je ne saurois ni approuver, ni refuter, mais M. de … viendra bientôst, je vous mettrai aux mains avec lui. Ils vont parler de Poësie & de p. 123Rhetorique, je les ai mis aux mains. Vous instruirez votre Rapporteur, je vais vous mettre aux mains avec lui.
On dit fig. Mettre les armes à la main de quelqu’un, pour dire, L’élever au métier de la guerre, lui faire faire sa premiére campagne. Je lui ai mis, c’est lui qui m’a mis les armes à la main. On dit fig. C’est la gloire de Dieu ; c’est l’interêt de la patrie, qui lui ont mis les armes à la main, qui m’ont mis les armes à la main, pour dire, Qui lui ont fait prendre, qui m’ont fait prendre les armes.
On dit, qu’On a mis quelqu’un à même, pour dire, qu’On lui a donné moyen de se satisfaire entiérement sur les choses qui lui font plaisir. Il est famil.
On dit, Mettre quelqu’un au fait, pour dire, L’instruire de quelque chose qu’il lui importe de sçavoir, lui donner sur cela toutes les lumiéres nécessaires.
On dit, Mettre quelqu’un dans son tort, pour dire, Lui faire des propositions si raisonnables dans les affaires qu’on a à démêler avec lui, qu’il ait tort de ne les pas accepter ; avoir de bons procedez avec lui quand il en a de mauvais.
On dit, qu’Une chienne a mis bas, pour dire, qu’Elle a fait des petits. On le dit aussi des femelles de quelques autres animaux. Et on dit, qu’Un cerf a mis bas, a mis sa tête bas, pour dire, qu’Il s’est dépouillé de son bois, que son bois est tombé.
On dit, Mettre le tout pour le tout, pour dire, Employer tout ce qu’on a d’amis, de crédit & de pouvoir pour faire reussir une chose, risquer tout pour cela.
On dit, qu’Un homme se met à tout, pour dire, qu’Il ne fait point de difficulté de se rabaisser à des choses qui paroissent au-dessous de lui : & cela se dit ordinairement d’un homme officieux & serviable pour ses amis, ou d’un domestique qui ne refuse de faire aucune des choses qui regardent le service d’une maison.
On dit, qu’Il ne faut pas mettre ses amis à tous les jours, pour dire, qu’Il faut les reserver pour les choses essentielles, & ne les pas employer pour toutes sortes d’affaires. Cela se dit plus particuliérement en parlant des personnes de credit & de consideration. Il est du style familier.
On dit aussi, qu’Il ne faut pas se mettre à tous les jours, pour dire, qu’Il ne faut pas se communiquer trop familierement à toutes sortes de personnes. Il est du style fam.
On dit, Voilà un Louis, un Ecu, qu’on ne sauroit mettre, pour dire, qu’On ne peut le faire passer.
On dit, Mettre en gage, pour dire, Engager pour avoir de l’argent. Il a mis sa vaisselle d’argent & sa tapisserie en gage.
On dit, Mettre au ban de l’Empire, pour dire, Déclarer que quelque Prince ou quelque ville a encouru les peines portées par les Loix de l’Empire en certains cas : ce qui emporte toujours confiscation. Et cela ne se dit qu’en parlant des affaires d’Allemagne.
Mettre, Se construit quelquefois avec le pronom personnel & un autre verbe à l’infinitif régi de la particule a ; & alors il marque ordinairement le commencement d’une action. Dès qu’on lui en parle il se met à pleurer. Aussi tôt il se mit à parler tout bas. Dès qu’ils furent à table, ils se mirent à boire, &c. Tout le monde se mit à crier, &c. Ce qui veut dire proprement, Il commença à pleurer, il commença à parler, ils commencerent à boire, tout le monde commença à crier.
Quelquefois pourtant il a une signification un peu differente, & il marque continuation d’action & d’application, comme dans ces phrases. Il s’est mis tout de bon à étudier. Depuis qu’il s’est mis à jouer, il a entiérement quitté l’étude. Quand on s’est mis une fois à ne rien faire. Ce qui veut dire proprement, Il s’est adonné, appliqué à étudier ; depuis qu’il s’est adonné à jouer ; quand on est accoûtumé une fois à ne rien faire.
On dit, Se mettre après quelqu’un ; Et cela se dit en plusieurs sens differens, soit pour dire, Se jetter sur quelqu’un pour le maltraiter. Il se mit après lui & le roua de coups ; soit pour dire, Presser, importuner quelqu’un de telle sorte qu’on lui fasse faire ce qu’on veut. Elles se mirent toutes après lui, & l’obligérent d’être de la partie.
Mettre, Se construit encore quelquefois avec l’infinitif d’un autre verbe sans aucune particule précédente. Mettre chauffer de l’eau. Mettre sécher du linge, &c. Mettre rôtir de la viande, pour dire, Mettre de l’eau auprès du feu afin qu’elle chauffe, mettre du linge en un lieu, afin qu’il séche ; faire chauffer de l’eau, faire sécher du linge.
Mis, ise. part. Il a toutes les significations de son verbe.
On dit, User de main mise, pour dire, User de voie de fait, frapper, mettre la main sur quelqu’un. Il est du style familier.
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