maître

5e édition

MAÎTRE.

s. m.
■  Celui qui a des sujets, des domestiques, des esclaves. Bon maître. Mauvais maître. Rude maître. Maître fâcheux. Chercher maître. Servir son maître. Ce laquais a changé de maître. Il a perdu son maître. Cet esclave s’est sauvé de chez son maître.
On dit proverbialement, Tel maître, tel valet. Le bon maître fait le bon valet. Qui sert bon maître, bon loyer en reçoit.
On dit familièrement que Quelqu’un a bon maître, pour dire, qu’Il est au service ou dans la dépendance d’un homme puissant qui le protégera.
On dit par une façon de parler tirée de l’Écriture Sainte, que Nul ne peut servir deux maîtres.
Un Ambassadeur ou autre Étranger, en parlant du Prince dont il est sujet, l’appelle Son maître. Le Roi mon maître. L’Électeur mon maître, etc.
Maître. Supérieur qui commande, soit de droit, soit de force. Dieu est le maître de l’Univers. Un Roi est le maître dans ses États. Il est le maître dans la Place. Il s’est rendu maître de la Place. Il a une grande armée, il a gagné la bataille, il est le maître de la campagne. César se rendit maître de la République. Il parle en maître. Chacun est maître, le maître chez soi.
On dit, Heurter en maître, pour dire, Frapper à la porte d’une maison plusieurs coups de suite, ou seulement frapper bien fort.
On dit, Se rendre maître des esprits, des cœurs, pour dire, Prendre de l’empire sur les esprits, gagner les cœurs. Et, Se rendre maître de la conversation, pour dire, Attirer à soi toute l’attention de la compagnie. Être maître de ses passions, pour dire, Les dompter, les vaincre. Être maître de soi, pour dire, Se posséder. Il a été dans cette occasion bien maître de lui.
On dit aussi, Être le maître, être maître de faire quelque chose, pour dire, Avoir la liberté, avoir le pouvoir de faire quelque chose. Vous êtes le maître de venir chez moi quand il vous plaira. Vous êtes le maître d’y aller, ou de n’y aller pas. Et absolument, Vous êtes bien le maître.
On dit, Se rendre maître du feu, pour dire, Arrêter les progrès d’un incendie. Et, Être maître du feu, pour dire, S’être assuré que le feu ne fera plus de progrès.
Maître, se dit aussi De tous ceux qui enseignent quelque art ou quelque science. Maître de langues. Maître de langue françoise. Maître à danser. Maître de musique. Maître de luth. Maître d’escrime, ou maître d’armes. Il a appris d’un bon maître, d’un excellent maître. Il n’a plus besoin de maître. C’est ce maître-là qui m’a montré les Mathématiques.
On dit, Un Maître de dessin, ou, Maître à dessiner.
On dit, Ce Peintre apprit sous un tel Maître. Un tel fut son Maître. Le Maître qui lui apprit à peindre.
p. 57On appelle Maître d’École, celui qui enseigne à lire et à écrire.
On appelle Père Maître, dans quelques Ordres Religieux, Celui qui a le soin des Novices. On dit aussi, Le maître des Novices.
Maître, se dit encore De celui qui ayant été apprenti, est reçu avec les formes ordinaires dans quelque corps de métier. Maître Cordonnier. Maître Tailleur. Maître Maçon. Maître Charron. Il n’est pas maître. Il est passé maître. Il est fils de maître.
On dit de quelqu’un qu’on n’a pas attendu pour dîner, qu’On l’a passé maître, fait passer maître.
On dit proverbialement, Les apprentis ne sont pas maîtres, pour dire, qu’Il ne faut pas attendre beaucoup de ceux qui ne font que commencer.
On dit proverbialement, Qui a compagnon, a maître.
On appelle Maître ès Arts, Celui qui a reçu dans une Université les degrés qui donnent pouvoir d’enseigner les Lettres Humaines et la Philosophie.
Maître. Seigneur, propriétaire. Il est maître de cette terre, de ce château. Qui est le maître de ce cheval ? J’ai trouvé un cheval qui n’avoit point de maître.
On dit d’Un cheval égaré, d’un bijou perdu, etc. qu’Il trouvera maître, pour dire, qu’Il y aura quelqu’un qui le réclamera, ou qui se l’appropriera.
Maître. Savant, expert en quelque art. Il est grand maître en cela, il est maître. Homère, Virgile, sont deux grands maîtres en Poésie. Je m’en rapporte aux maîtres de l’art. Il écrit en maître. Coup de maître. Main de maître.
Maîtres, au plur. se dit Des grands Peintres qui ont illustré les Écoles. Les Maîtres de telle école. Les grands Maîtres de l’école Vénitienne excellent dans la couleur. Les Maîtres Italiens et les Maîtres Flamands se ressemblent peu. Il a beaucoup étudié un tel Maître.
On appelle Les petits Maîtres, Un certain nombre de Graveurs qui sont ainsi désignés dans les Catalogues des Estampes ; et cette désignation est reçue.
Maître, est aussi un titre qu’on donne aux Magistrats et aux autres gens de robe. Ainsi, en termes de Palais, on dit des Conseillers, des Avocats, des Greffiers, Maître tel.
On dit proverbialement, que Quelqu’un a trouvé son maître, pour dire, qu’Il a eu affaire à quelqu’un plus habile que lui. Il passoit pour le plus habile joueur d’échecs de cette ville, mais il a trouvé son maître.
On dit de même d’un querelleur qui a rencontré plus fort que lui, On lui a fait voir son maître.
On dit, qu’Un homme est un maître homme, est un maître sire, pour dire, qu’Il est entendu, qu’il est habile, qu’il sait se faire obéir, se faire servir. Il est du style familier.
On appelle proverbialem. et en mauvaise part, Maître gonin, Un homme rusé, fin et adroit. Ce sont des tours de maître gonin.
On appelle Maître aliboron, Un homme qui veut se mêler de tout, qui fait le connoisseur en tout, et qui ne se connoît en rien. C’est un maître aliboron. Il est populaire.
On joint quelquefois par exagération le mot de Maître, à certains termes d’injure. Maître fou. Maître sot. Maître coquin. Maître fripon.
Maître, se dit en parlant des Cavaliers. Une Compagnie de cinquante maîtres.
On donne aussi le nom de Maître, aux artisans et gens de boutique. Maître Pierre. Et en parlant à eux, Mon maître, notre maître.
Maître, en termes de Marine, signifie Le premier Officier marinier qui commande toute la manœuvre. Il est particulièrement chargé de celles du grand mât et du mât d’artimon.
Maître, se dit aussi par civilité. Nous irons où vous voudrez, vous êtes le maître.
On dit, qu’Un Orateur est maître de son sujet, qu’il est maître de sa matière, pour dire, qu’Il la possède parfaitement, et qu’il la manie, qu’il la traite comme il lui plaît.
On appelle Maître valet, maître garçon, maître clerc, Celui qui est le premier entre ses compagnons, dans une maison, dans une boutique, ou dans une étude.
On dit, Compter de clerc à maître, pour dire, Compter à la rigueur.
Maître, est aussi Le titre des personnes revêtues de certaines Charges à la Cour, ou dans quelque Compagnie de Judicature. Maître des Cérémonies. Maître de la Garde-robe. Maître d’Hôtel du Roi. Maître de la Chambre aux Deniers. Maître des Requêtes. Maître des Comptes. Maître des Eaux et Forêts.
On dit aussi, Grand Maître des Cérémonies. Grand Maître des Eaux et Forêts. Grand Maître de la Garde-robe. V. Grand.
On appelle à Rome, Maître du Sacré Palais, Un Religieux de Saint Dominique, qui demeure dans la maison du Pape, et qui a la principale autorité pour examiner les Livres, et pour donner la permission d’imprimer. Ce Livre porte l’approbation du Maître du Sacré Palais.
On appelle aussi Maître de Chambre, Un Officier qui introduit dans la chambre du Pape, et dans celle des Cardinaux, des Princes, et autres grands Seigneurs d’Italie.
Maître, est encore Un titre qu’on donne aux Chefs des Ordres Militaires, ou des autres Ordres de Chevalerie. Voyez Grand.
On appelle Maître des hautes-œuvres, L’exécuteur de la haute-justice, ou le bourreau. Et Maître des basses-œuvres, Un cureur de retrait, ou vidangeur.
Maître, se prend aussi pour Premier ou principal, en parlant des choses inanimées et qui sont de même nature. Le maître Autel. Le maître brin d’une plante.
Petit-Maître, On appelle ainsi Un jeune homme, qui se distingue par un air avantageux, par un ton décisif, par des manières libres et étourdies. C’est un petit-maître. Il fait le petit-maître.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.