garder

5e édition

GARDER.

v. act.
■  Conserver, tenir une chose en lieu propre et commode, pour empêcher qu’elle ne se perde ou qu’elle ne se gâte, etc. Ce vit-là est si délicat, qu’on ne le pourra garder. Dans les chaleurs on ne peut garder la viande.
Il signifie aussi, Ne se point dessaisir de quelque chose. Je veux garder cela à cause de la personne qui me l’a donné. C’est un homme qui ne peut rien garder, il donne tout.
On dit, Garder la maison, garder la chambre, garder le lit, pour dire, Se tenir dans sa maison, dans sa chambre, dans son lit, sans en sortir.
On dit aussi, Garder prison, garder les arrêts, pour dire, Rester en prison, rester aux arrêts.
On dit aussi, en termes de Guerre, Garder les rangs, pour dire, Demeurer dans les rangs. Gardez vos rangs.
On dit encore, Garder son rang, pour dire, Soutenir avec dignité son état, son rang.
On dit aussi, Garder sa gravité, pour dire, Conserver sa gravité, se maintenir dans la gravité.
On dit aussi, Garder la fièvre, garder un rhume, pour dire, L’avoir long-temps sans discontinuation. Il a gardé la fièvre quarte deux ans.
On dit, Garder une médecine, pour dire, Ne la pas vomir ; et, Garder un lavement, pour dire, Ne le pas rendre promptement.
En termes de Chasse, on dit, que Des chiens gardent le change, pour dire, qu’Ils ne prennent pas le change.
Garder, signifie encore, Réserver pour un autre temps. Il faut garder cela pour demain.
On dit proverbialement, Garder une poire pour la soif, pour dire, Réserver quelque chose pour les besoins qui peuvent survenir.
On dit proverbialement à un homme dans l’affliction, dans le malheur. Vous ne savez pas ce que Dieu vous garde, ce que la fortune vous garde, pour dire. Vous ne savez pas ce qui peut vous arriver de bien.
On dit aussi figurément et familièr. Il y a long-temps qu’il me la gardoit, pour dire, Il y a long-temps qu’il attendoit l’occasion de me nuire, de se venger de moi. Et on dit dans le même sens, Je la lui garde bonne.
On dit, par une façon de parler proverbiale, Vous m’en donnez bien à garder, pour dire, Vous voulez m’en faire accroire.
Garder, en parlant d’Un Roi, d’un Prince, signifie, Veiller à sa sûreté, en prenant garde qu’on n’attente à sa personne. Les troupes qui gardent le Roi.
On dit aussi, Garder une Place, un retranchement, garder des lignes, en parlant Des troupes qui sont chargées de les défendre.
Garder, en parlant d’Un malade, d’une femme en couche, signifie, Se tenir assidument auprès d’un malade, auprès d’une femme en couche, pour les assister dans leurs besoins. C’est un Frère de la Charité qui le garde. La femme qui la garde.
Garder, en parlant De prisonniers, signifie, Prendre garde que des prisonniers ne s’évadent. Garder des prisonniers à vue.
Garder, se dit aussi Du soin qu’on prend des troupeaux lorsqu’on les mène paître. Garder les moutons. Garder les brebis. Garder les cochons. Garder les vaches.
Dans cette acception, on dit proverbialement et figurément, Bon homme, garde ta vache, Lorsqu’on veut avertir quelqu’un de prendre garde qu’on ne le trompe.
On dit aussi proverbialement et figurément, Quand chacun fait son métier, les vaches sont bien gardées, pour dire, que Le moyen de faire que tout aille bien, c’est que chacun ne se mêle que de ce qu’il doit faire.
Garder, se dit aussi en parlant De diverses choses de la conservation desquelles on prend soin. Ainsi on dit : Garder les bois. Garder les vignes. Garder un pays pour la chasse. Garder la chasse.
On dit aussi, Garder les gages, les enjeux, pour dire, En être dépositaire.
On dit proverbialement et figurément, Garder le mulet, pour dire, Être long-temps à attendre quelqu’un pendant qu’il est occupé à quelque affaire, à quelque divertissement. Ils ont long-temps gardé le mulet. Il nous a fait garder le mulet.
On dit aussi proverbialement et figurément, De quelqu’un qui demeure à ne rien faire, pendant que ceux avec qui il est venu sont à se divertir ensemble, qu’Il garde les manteaux.
Garder, signifie aussi Défendre, protéger. Ce que Dieu garde est bien gardé.
Il signifie aussi, Préserver, garantir. Dieu vous garde de pareils amis.
On dit dans le même sens par souhait : Dieu vous veuille bien garder. Dieu vous garde. Dieu vous garde de mal. Dieu vous en garde. Dieu mien garde.
p. 634On dit aussi par forme de salutation et dans le style familier, Dieu vous garde ; ce qui ne se dit pas par toutes sortes de personnes, mais seulement par les supérieurs à ceux qui leur sont de beaucoup inférieurs, soit qu’ils les abordent, ou qu’ils en soient abordés. Il se dit quelquefois en riant entre égaux.
Garder, signifie aussi Observer. Garder les Commandemens de Dieu Garder la Loi. Garder le silence. Garder la chasteté. Garder le secret. Garder sa parole. Garder la foi des traités.
On dit aussi, Garder son ban, pour dire, Accomplir le temps du bannissement auquel on a été condamné.
On dit aussi : Garder des mesures. Garder la bienséance. C’est un homme avec qui il faut garder de grandes mesures. Il a des mesures à garder en toutes choses. Il ne garde aucune bienséance. Il ne garde point le décorum.
Garder, se joint en diverses phrases avec le pronom personnel, et signifie, Se préserver de quelque chose. Gardez-vous bien de tomber. Il faut bien se garder de.... Je me garderai bien d’en manger. Gardez-vous du soleil. Gardez-vous du serein.
En Poésie, on dit quelquefois simplement Gardez, au lieu de Gardez-vous. Gardez qu’on ne vous voie.
Gardé, ée. participe.
On dit en termes de Jeux de cartes, Un roi gardé, une dame gardée.
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