Questions de langue
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Marque du pluriel en français

La marque normale du pluriel en français est la lettre s que l’on adjoint aux formes du singulier. Elle est héritée, par l’intermédiaire de l’ancien français, des accusatifs pluriels latins qui avaient, le plus souvent, une terminaison en ‑s : rosas, « les roses », agros, « les champs », cives, « les citoyens », manus, « les mains », dies, « les jours ». En effet, en ancien français seuls deux cas ont persisté : le cas sujet et le cas régime issu de l’accusatif latin. Au pluriel, la déclinaison était la suivante : li mur au cas sujet et les murs au cas régime. Le cas régime correspondait à toutes les fonctions autres que la fonction sujet et était nettement prédominant ; les formes correspondant au cas régime se sont donc rapidement imposées et ont donné notre pluriel en ‑s.
Dans certains cas, la marque du pluriel est un ‑x, en particulier pour la plupart des adjectifs et des noms qui se terminent au singulier par ‑al. Considérons par exemple le terme cheval. La forme plurielle chevaux vient du pluriel latin caballos et c’est l’évolution phonétique de cette forme jusqu’au français moderne qui explique la présence du ‑x. La dernière syllabe ‑los a d’abord perdu sa voyelle pour devenir ‑ls et, au contact du s, le l s’est vocalisé en u. On a donc obtenu la forme chevaus. Pourquoi alors écrivons-nous chevaux ? Au Moyen Âge, les copistes transcrivaient le groupe us par un signe particulier ressemblant à un x et écrivaient chevax. Mais très vite, on a oublié ce que représentait ce signe en forme de x et on l’a confondu avec la lettre de l’alphabet. Un u a alors été réintroduit pour rendre compte de la prononciation en vigueur et c’est ainsi qu’est née la forme chevaux. Par analogie, les termes finissant en ‑al apparus en français après le Moyen Âge ont aussi un pluriel en ‑x (sauf landaus, sarraus, unaus). Le pluriel en ‑x de certains mots finissant en ‑ou en français (genoux, cailloux, poux, etc.), qui sont pour la plupart des termes entrés dans la langue au Moyen Âge, s’explique par le même phénomène : ainsi la forme plurielle li chols en ancien français a donné les choux en français moderne. Les autres mots en ‑ou ont un pluriel régulier en ‑s car ils sont apparus plus tardivement dans la langue française.
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