ombre

I. OMBRE

nom féminin
Étymologie : xe siècle. Issu du latin umbra, de même sens.
↪ voir aussi : II. Ombre (n. m.)
1.  Obscurité relative que cause un corps opaque en interceptant la lumière ; endroit où l’intensité lumineuse est faible. Des effets d’ombre et de lumière. Chercher l’ombre et la fraîcheur du sous-bois. Cette plante aime l’ombre, pousse mieux à l’ombre qu’au soleil. Il fait trente degrés à l’ombre. S’asseoir à l’ombre d’un arbre.
▪  Par métonymie. Marque de domaine : beaux-arts. Teinte sombre, hachures, etc., par lesquelles, dans un tableau, un dessin, une gravure, on représente les parties du sujet que la lumière n’atteint pas, créant ainsi l’impression de relief. Les ombres et les clairs d’un tableau. Ménager, distribuer les ombres. Terre d’ombre ou, simplement, ombre, couleur sombre qu’on emploie à cet effet. – Marque de domaine : cosmétiques. Ombre à paupières, produit de maquillage coloré qu’on étale sur la paupière.
▪  Expr. Passer comme l’ombre ou, plus souvent, comme une ombre, être éphémère. Jeter une ombre sur, ternir, amoindrir. Cette action jette une ombre sur sa gloire. C’est une ombre au tableau (par référence au vocabulaire de la peinture), c’est un léger défaut qui atténue, sans les effacer, les qualités d’un ouvrage, d’une personne.
▪  Dans l’ombre, en retrait, sans paraître, hors d’atteinte de la curiosité publique. Il préfère rester dans l’ombre, agir dans l’ombre. On dit, dans un sens contraire, Il est sorti de l’ombre, il s’est fait connaître. Laisser quelque chose dans l’ombre, ne pas le rendre public, ne pas l’expliquer. Bien des éléments de l’enquête sont restés dans l’ombre. Faire de l’ombre à quelqu’un, l’éclipser. Mettre quelqu’un à l’ombre (fam.), le mettre en prison.
▪  Par extension. Absence de clarté, obscurité. L’ombre descend sur la campagne. Les ombres de la nuit. Fig. Dans l’ombre du tombeau. Spécialement. Le peuple de l’ombre, l’armée des ombres, se dit de ceux qui œuvraient secrètement pour la Résistance.
  Titres célèbres : Les Rayons et les Ombres, de Victor Hugo (1840) ; Vingt-Neuf Degrés à l’ombre, d’Eugène Labiche (1873) ; À l’ombre des jeunes filles en fleurs, de Marcel Proust (1918).
2.  Projection, sur une surface éclairée, de la silhouette du corps ou de l’objet qui intercepte la lumière ; forme sombre qui reproduit exactement les contours de ce corps, de cet objet. Ombre portée, projetée sur un autre corps ou sur une surface. L’ombre portée de la Terre sur la Lune provoque une éclipse. Les ombres s’allongent quand le soleil baisse sur l’horizon. Marcher en ayant son ombre devant soi, derrière soi, en fonction de la position du soleil. Marque de domaine : astronomie. Cône d’ombre, voir Cône.
▪  Expr. fig. Avoir peur de son ombre, s’effrayer des moindres choses. Suivre quelqu’un comme son ombre, le suivre partout. Il a toujours vécu dans l’ombre de son frère, en s’effaçant devant lui. Lâcher la proie pour l’ombre, abandonner un avantage réel pour un profit illusoire. Courir après une ombre, se livrer à une espérance chimérique. N’être plus que l’ombre de soi-même, être amaigri, affaibli.
▪  Par extension. Silhouette sombre qui se découpe sur la lumière. Apercevoir une ombre, des ombres derrière un rideau. Il vit une ombre s’enfuir. Ombres chinoises, silhouettes découpées qu’on manipule derrière un écran, dans les rayons d’une source lumineuse. On peut faire des ombres chinoises avec les mains. Théâtre d’ombres.
▪  Spécialement. Chez les anciens Romains, Ombre s’employait pour désigner les personnes que les convives amenaient avec eux.
  Titre célèbre : La Femme sans ombre, opéra de Richard Strauss, créé en 1919.
3.  Fig. Ce qui paraît à peine, est éphémère ou n’a que peu de réalité. Avoir une ombre de moustache. Une ombre de tristesse passa dans son regard, une expression légère, fugitive. N’avoir pas l’ombre du sens commun, pas le moindre sens commun. Je ne vous fais pas même l’ombre d’un reproche. Il n’y a pas ombre de doute (vieilli) ou, plus souvent, l’ombre d’un doute.
▪  Loc. prép. vieillie. Sous l’ombre de, sous ombre de, sous apparence de, sous prétexte de.
4.  Spécialement. Désigne, selon certaines croyances, notamment chez les Anciens, l’âme après qu’elle a quitté le corps, ou l’apparence, l’image d’un défunt sous l’aspect qu’il avait de son vivant. Hadès règne sur le royaume des ombres. L’ombre de Virgile guida Dante dans les enfers. Évoquer les ombres des ancêtres.
Voir aussi
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