ombre

3e édition

[I.] OMBRE.

s. f.
↪ voir aussi : [II.] Ombre
■  Obscurité causée par un corps opposé à la lumière. L’ombre de la terre cause l’éclipse de la Lune. Les ombres s’alongent quand le Soleil approche du couchant. L’ombre de l’aiguille marque les heures dans un cadran. Se coucher, se reposer, s’endormir à l’ombre d’un arbre, d’un buisson. Se mettre à l’ombre. Se promener à l’ombre. Cet arbre ne fait guère d’ombre, ne donne guère d’ombre. Cette plante aime l’ombre, vient mieux à l’ombre qu’au Soleil. L’ombre de saint Pierre guérissoit les malades. Le Soleil chasse les ombres, dissipe les ombres. On dit communément, qu’Il n’y a point de corps sans ombre, que l’ombre suit le corps.
On dit poëtiquement, Les ombres de la nuit, pour dire, Les ténèbres. Et l’on dit, Les ombres de la mort, les ombres du tombeau, pour signifier, La mort, le tombeau.
On dit, que La vie des hommes passe comme l’ombre. Et on dit figur. que Les grandeurs du monde ne sont qu’ombre & que fumée.
On dit proverbialement & figur. d’Un homme qui en suit un autre par-tout, qu’Il le suit comme l’ombre fait le corps, que c’est son ombre. Et l’on dit, d’Un homme qui s’effraie & s’allarme trop légèrement, qu’Il a peur de son ombre.
On dit figurément, d’Un homme qui se défie de tout, que Tout lui fait ombre. On dit p. 224aussi, Faire ombre, porter ombre à quelqu’un, pour dire, Obscurcir le mérite, le crédit de quelqu’un, par un mérite plus éclatant, par un plus grand crédit. Il fait ombre à tous ses concurrens. Il n’a pas assez de mérite pour faire ombre à personne.
Ombre, se prend quelquefois, pour Protection, faveur. L’ombre d’un si puissant maître le met à couvert. Qu’a-t-il à craindre à l’ombre d’une si puissante protection ? Il peut tout entreprendre à l’ombre d’un tel protecteur.
Ombre, se prend aussi, pour Prétexte : & en ce sens il ne s’emploie qu’avec la préposition Sous, & sans article. Il a attrapé bien des gens sous ombre de dévotion, sous ombre de piété. Il lui a fait un mauvais tour sous ombre d’amitié, sous ombre de lui vouloir du bien. Il quitta la compagnie, sous ombre qu’il avoit des affaires pressantes.
Ombre, se prend encore, pour Apparence. Il n’y a pas ombre de doute, ombre de douter. Je n’y vois pas la moindre ombre de difficulté. L’ombre même du mal lui fait peur. Les Romains en ce temps-là n’avoient plus que l’ombre de la liberté. La République Romaine n’étoit plus que l’ombre de ce qu’elle avoit été autrefois.
On dit en ce sens, Prendre l’ombre pour le corps, pour dire, Prendre l’apparence pour la réalité.
Il se prend aussi, pour Signe, figure d’une chose à venir. Les cérémonies & les sacrifices du vieux Testament n’étoient que les ombres des mystères & des véritez du nouveau. Et en ce sens il ne se dit, qu’en parlant des choses de l’ancienne Loi, par rapport à celles de la nouvelle.
Ombre, en termes de Poësie, & dans le langage des anciens Païens, se prend pour l’ame séparée du corps. L’ombre d’Achille lui apparut. L’ombre de César. L’ombre du Grand Pompée. Les pâles ombres. Les ombres vaines. Pluton règne sur les ombres. Le Royaume des ombres. Un Magicien qui évoquoit les ombres.
Ombre, en termes de Peinture, se dit, Des couleurs obscures qu’on emploie dans un tableau, pour représenter les parties des objets les moins éclairées ; & qui servent à relever l’éclat des autres couleurs. Donner les ombres plus ou moins fortes. Ménager les ombres. Les ombres sont bien étendues dans ce tableau.
On dit, d’Un léger défaut, qui fait mieux sentir les beautez d’un ouvrage, le caractère d’une personne, que C’est une ombre au tableau.
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