gorge

7e édition

GORGE.

s. f.
■  La partie antérieure du cou. Il a la gorge enflée. Se couper la gorge avec un rasoir. Tenir quelqu’un à la gorge, lui serrer la gorge, le prendre à la gorge. Mettre, tenir le pied sur la gorge à quelqu’un. Mettre à quelqu’un le pistolet sur la gorge. On le dit aussi en parlant Des animaux. Un chien qui prend un taureau à la gorge. Pigeon à grosse gorge. Ce moineau est un mâle, il a la gorge noire.
Couper la gorge à quelqu’un, L’égorger, le tuer. Des voleurs lui coupèrent la gorge. Ce valet coupa la gorge à son maître dans son lit. Il coupait la gorge aux passants, à ses hôtes. Ces troupes entrèrent dans la ville et coupèrent la gorge à toute la garnison.
Se couper la gorge l’un à l’autre, S’entre-tuer. Si vous n’allez pas apaiser la querelle, ils se couperont la gorge.
Se couper la gorge avec quelqu’un, Se battre en duel avec lui. Il veut se couper la gorge avec son rival.
Fig., Couper la gorge à quelqu’un, Faire quelque chose qui le ruine, qui le perd. Si vous ne payez ce pauvre homme, si vous le mettez en prison, vous lui coupez la gorge. Ce procès, cette mauvaise affaire lui a coupé la gorge, à lui et à ses enfants.
Fig. et fam., Cet argument, cette pièce, etc., lui coupe la gorge, Cet argument, cette pièce ruine sa cause, détruit ses prétentions. On dit dans le même sens, Vous vous coupez la gorge par cette pièce, par cet argument.
Fig., Tendre la gorge, Livrer sa vie, sans résistance, à un assassin.
Fig., Tenir quelqu’un à la gorge, Le réduire dans un état à ne pouvoir faire aucune résistance à ce qu’on veut de lui.
Fig., Prendre quelqu’un à la gorge, Le contraindre avec violence à faire quelque chose. S’il n’a point d’argent pour vous payer, le prendrez-vous à la gorge ? On dit dans le même sens, Tenir le pied sur la gorge à quelqu’un ; lui mettre, lui tenir le pistolet, le couteau, le poignard sur la gorge ; et, dans un sens analogue, Avoir le poignard, le couteau sur la gorge, en parlant De la personne qui est l’objet d’une violence.
Gorge, signifie quelquefois, Le cou et le sein d’une femme. Elle a la gorge belle. Elle a la gorge plate. Montrer, découvrir sa gorge. Cacher, couvrir sa gorge. Avoir la gorge découverte. Elle a trop de gorge.
Il signifie, par extension, La partie supérieure de la chemise d’une femme.
Gorge, se prend aussi pour Le gosier. Le nœud de la gorge. Mal à la gorge. Mal de gorge. Il lui est demeuré une arête, un os dans la gorge. Ces fruits sont bien âpres, ils prennent à la gorge.
Dans la Musique vocale, Chanter de la gorge, se dit D’un chanteur qui ne sait modifier sa voix qu’en resserrant la gorge avec effort. On dit dans le même sens, Voix de la gorge.
En termes de Chasse, Ce chien a bonne gorge, Il a la voix forte.
Fam., Ce ris ne passe pas le nœud de la gorge, Il n’est pas naturel, il est forcé.
Rire à gorge déployée, crier à pleine gorge, Rire, crier de toute sa force.
Il a menti, il a menti par la gorge, se dit Pour donner fortement un démenti à quelqu’un. Vous en avez menti par la gorge. Cette phrase a vieilli.
Fig. et fam., Faire rentrer à quelqu’un les paroles dans la gorge, L’obliger à désavouer les propos offensants qu’il a tenus. Il s’est permis sur mon compte des propos que je saurai bien lui faire rentrer dans la gorge.
Pop., Rendre gorge, Vomir après avoir trop bu ou trop mangé. Il signifie, figurément et familièrement, Restituer par force ce qu’on a pris, ce qu’on a acquis par des voies illicites. Il avait volé les deniers publics, mais on lui a fait rendre gorge. Il faut tôt ou tard qu’il rende gorge.
En termes de Fauconnerie, Gorge chaude, La chair des animaux vivants que l’on donne aux oiseaux de proie.
Prov. et fig., Faire une gorge chaude de quelque chose, Se l’approprier, en profiter. Il comptait avoir cette succession, et en faire une gorge chaude, une bonne gorge chaude. En ce sens, cette manière de parler vieillit : on l’emploie plus ordinairement pour signifier, Faire des plaisanteries sur quelque chose en société. C’est un homme qui recueille tout ce qu’il entend dire, et qui en fait des gorges chaudes.
Gorge, désigne, par analogie, L’entrée, l’ouverture, l’orifice de certaines choses. La gorge d’une cloche. La gorge d’une tabatière. Une boîte à gorge d’or. La gorge d’une cheminée. La gorge d’une corolle monopétale.
Il signifie, en termes de Fortification, L’entrée d’une fortification du côté de la place. La gorge du bastion. La gorge de la demi-lune. Attaquer une demi-lune par la gorge.
Il se dit encore d’Un détroit, d’un passage entre deux montagnes. Les gorges des Pyrénées, des Alpes. L’armée souffrit beaucoup en traversant les gorges étroites de ces montagnes.
Gorge, en termes d’Architecture, signifie, Une moulure concave.
La gorge d’une poulie, La cannelure, le creux demi-circulaire qui règne sur la circonférence d’une poulie.
La gorge d’un bassin à barbe, Son échancrure.
Gorge, se dit aussi d’Un bâton ou morceau de bois tourné auquel on attache les estampes, les cartes de géographie, etc., pour pouvoir les rouler.
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