autre

6e édition

AUTRE.

■  Adjectif des deux genres, qui marque Distinction, différence entre les personnes ou les choses, et qu’on emploie ordinairement avec ellipse du nom auquel il se rapporte, lorsque ce nom est déjà exprimé dans la phrase. Connaissez-vous mon autre sœur ? Il amena son frère et deux autres personnes. N’avez-vous que ces deux enfants ? j’en ai encore un autre, deux autres. Tel homme recherche ce que tel autre méprise. Il faut appeler un autre médecin. Il paya deux de ses créanciers, mais il ne donna rien aux autres. Je garde ce cheval, et je vous cède l’autre. On ne peut comparer cet animal à aucun autre. L’épée d’une main et le pistolet de l’autre. Quelle autre chose voulez-vous de moi ? C’est autre chose que j’exige. Entre autres choses. Votre habit est usé, il faut en acheter un autre. Ce que vous ne ferez pas dans un temps, vous le ferez dans un autre. Revenez une autre fois. Souvent il est gai ; d’autres fois il est morne et sombre. Autre chose est une simple affirmation, autre chose est une affirmation avec serment. Autre est promettre, autre est donner. L’une et l’autre saison est favorable. J’ai parcouru l’une et l’autre région. Des clameurs s’élevèrent dans l’une et dans l’autre armée. D’une et d’autre manière. Aller de côté et d’autre. Nous nous reverrons autre part. Voyez Part.
Il s’emploie dans le même sens avec l’article, comme une sorte de relatif, et s’oppose à L’un, les uns, ou à quelque autre terme analogue. Des deux livres que vous me demandez, voici l’un, voilà l’autre. Des deux frères, l’un a pris le parti de l’Église, et l’autre le parti de l’épée. Ils sont morts l’un et l’autre. Ils ne sont morts ni l’un ni l’autre. L’un et l’autre y a manqué. L’un et l’autre sont venus. Ni l’un ni l’autre ne viendra. Ni l’un ni l’autre ne viendront. Les uns et les autres. Je veux l’un et l’autre, les uns et les autres. Prenez ceux-ci, et laissez-moi les autres. Je prends les miens, et je laisse tous les autres. Il est chez l’un ou chez l’autre. Il y a une grande différence entre l’un et l’autre. Il en veut à l’un et à l’autre. Ils étaient les uns noirs, les autres blancs. Les uns allaient à droite, d’autres à gauche, d’autres dans tous les sens. Se louer l’un l’autre. Ils se haïssent l’un l’autre. À l’envi l’un de l’autre. Elles médisent l’une de l’autre. Ils étaient aigris l’un contre l’autre. Ils paraissent faits, ils sont nés l’un pour l’autre. Il ne faut pas prendre l’un pour l’autre, confondre l’un avec l’autre. Ils se succédaient les uns aux autres. S’unir l’un à l’autre, l’un avec l’autre. Ils sont dupes les uns des autres.
C’est un autre homme, tout un autre homme, ou mieux un tout autre homme ; il est devenu tout autre, je le trouve tout autre, se dit D’un homme qui a changé en bien ou en mal. On l’emploie le plus ordinairement en bonne part.
Fam., Parler de choses et d’autres, S’entretenir, parler de diverses choses. Nous parlâmes de choses et d’autres, mais il ne fut nullement question de vous.
Il dit d’une façon et il fait d’une autre, Ses discours et ses actions ne s’accordent pas.
Fam., L’autre jour, désigne indéterminément Un des derniers jours qui ont précédé celui où l’on parle. J’ai rencontré, l’autre jour, monsieur votre frère.
Prov., Autres temps, autres soins, D’autres circonstances demandent une conduite différente. Autres temps, autres mœurs, Les mœurs, les usages changent avec le temps.
Fam., Nous autres, vous autres, Nous, vous.
Fam., L’un vaut l’autre ; ils sont aussi bons et aussi mauvais l’un que l’autre ; qui voit l’un voit l’autre, Il n’y a pas de différence de l’un à l’autre. On dit aussi, Il y en a d’uns et d’autres, Il y en a de bons et de mauvais.
p. 136Fam., C’est tout un ou tout autre, Il n’y a point de milieu, il n’y a point à choisir entre les deux propositions qui sont faites.
L’un dans l’autre, l’un portant l’autre, En compensant l’un avec l’autre. Ces objets coûtent tant, l’un dans l’autre, l’un portant l’autre.
Fam., Il n’en fait pas d’autres, se dit D’un homme qui fait quelque sottise ou commet quelque étourderie, et signifie, qu’Il lui arrive souvent d’en faire de pareilles.
Fam., Il en sait bien d’autres, Il est capable de bien d’autres tours.
Fam., J’en ai vu bien d’autres, J’ai vu des choses bien plus extraordinaires que celle-là.
Fam., En voici bien d’un autre ou d’une autre, Voici une chose encore plus surprenante ; Voici une chose à laquelle on ne s’attendait pas.
Autre, signifie aussi, Supérieur en mérite, plus important, de plus grande conséquence. L’homme que vous me citez est habile, mais celui dont je vous parle est bien un autre homme. Le vin de Mâcon est bon, mais celui de Beaune est bien d’autre vin, est tout un autre vin. Vous loger, passe ; mais vous nourrir, c’est une autre affaire. Il avait été mis en prison pour dettes, mais on l’accuse maintenant d’avoir volé : c’est bien une autre affaire.
Prov. et fig., C’est une autre paire de manches, voici bien une autre paire de manches, C’est une autre affaire, voici bien une autre affaire.
Autre, se dit aussi dans le sens de Second, pour exprimer la ressemblance, l’égalité, la conformité qu’il y a entre deux personnes ou entre deux choses. C’est un autre Alexandre, un autre César. Il le regarde comme un autre lui-même. Cette ville est un autre Paris.
Il s’emploie quelquefois absolument, pour dire Une autre personne, en général, sans en désigner aucune en particulier. J’aime mieux que vous l’appreniez d’un autre que de moi. Quelque autre vous le dira mieux que moi. Quel autre s’en serait avisé ? À votre place, un autre se serait empressé de venir. Tout autre que lui ne s’en serait pas si bien tiré. C’est à lui que je veux avoir affaire, et non à d’autres. D’autres sauraient vous flatter ; moi, je vous dis la vérité.
Les autres, Les autres personnes en général, autrui. Il est plus aisé d’être sage pour soi que pour les autres. Vous rejetez toujours la faute sur les autres. Il se méfie toujours des autres.
Fam., Être toujours chez l’un ou chez l’autre, Être souvent en visite chez les diverses personnes que l’on connaît.
Pop., Comme dit l’autre, comme dit cet autre, Comme on dit. Il faut, comme dit l’autre, souffrir ce qu’on ne peut éviter.
Pop., Ah ! cet autre ! Écoutez ce que nous dit cet autre ! s’emploient Pour faire entendre que l’on ne croit pas aux paroles de quelqu’un, et pour lui témoigner une sorte de mépris.
Fam., À d’autres ! Allez conter ces histoires, ces sornettes à d’autres, je n’y crois point.
Fam., Je ne connais autre, C’est une personne que je connais beaucoup.
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