moitié

5e édition

MOITIÉ.

s. f.
■  L’une des deux parties égales dans lesquelles un tout est divisé. La moitié de cette succession lui appartient. Il a moitié dans cette succession. Il a sa moitié dans cette maison, il y a sa moitié. Il a moitié dans tous les meubles, il lui en appartient la moitié. Il a moitié par-tout. Partager un différent par la moitié. Partager quelque chose moitié par moitié.
Il se prend d’ordinaire pour signifier Une part qui est à peu près de la moitié. La moitié d’un pain. La moitié d’un poulet. Une moitié d’agneau. Mettre la moitié d’eau, moitié d’eau dans son vin. Faire bouillir de l’eau jusqu’à ce qu’elle soit réduite à la moitié, à moitié. La moitié de la vie. Passer la moitié du temps à la campagne. La moitié du temps il est sans argent. La moitié de la vie se passe à souffrir. La moitié de sa harangue. La moitié de son discours ne valoit rien. Il a mangé la moitié de son bien. Il n’a fait encore que la moitié de son ouvrage. Couper par la moitié. Fendre par la moitié. Il a acheté trop cher de moitié. Il a été trompé de moitié, de plus de la moitié du juste prix. Il y a lésion d’outre moitié. Ce marchand surfait toujours de moitié, de la moitié. L’un est plus grand que l’autre de moitié. Il est plus beau de moitié. Je l’ai trouvé crû de moitié, rapetissé de moitié. Il y a déchet de moitié. Il en faut retrancher la moitié. Venez auprès de moi, je vous donnerai la moitié de ma place.
On dit, Offrir la moitié de son lit à quelqu’un, pour dire, Offrir place dans son lit à quelqu’un ; et, Prendre la moitié du lit de quelqu’un, pour dire, Se mettre dans le lit avec quelqu’un.
On dit, Donner des terres à moitié, pour dire, Les donner à ferme à quelqu’un qui a soin de les cultiver, et qui en partage les fruits avec le maître, moitié par moitié. Il a pris cette terre à moitié. Il laboure cette terre à moitié. Il fait ces vignes-là à moitié. Prendre un marché avec quelqu’un à moitié de perte et de gain. On dit aussi, Donner à moitié de fruits.
On dit, Être de moitié avec quelqu’un, pour dire, Faire avec lui une société dans laquelle la perte et le gain se partagent par moitié ; et cela se dit, soit dans les affaires de négoce et de finance, soit dans le jeu. Ils ont fait ce traité-là ensemble, ils sont de moitié. Ils sont de moitié dans cette affaire. Si vous voulez jouer, je serai de moitié avec vous. Je me mettrai de moitié avec vous. Ils sont de moitié ensemble.
On dit figurément et proverbialement, en parlant d’Une personne, J’en rabats de moitié, ou de la moitié, pour dire, qu’On l’estime bien moins qu’on ne faisoit. Je le croyois honnête homme, mais s’il a fait ce que vous dites, j’en rabats de moitié.
Pour donner à entendre qu’Un récit, qu’un éloge, une plainte sont exagérés, on dit, qu’Il en faut rabattre la moitié, qu’il faut en rabattre moitié.
On dit proverbialement et figurément, Plus de la moitié de mes dépens sont payés, pour dire, Il me reste moins de temps à vivre que je n’ai déjà vécu ; et cela se dit quand on est un peu avancé en âge.
De moitié. Façon de parler adverb. dont on se sert en certaines phrases, comme, Il a été trop long de moitié dans son discours ; une sauce trop poivrée de moitié, etc. pour dire, Il a été de beaucoup trop long, une sauce beaucoup trop poivrée, etc.
Moitié, se prend encore dans une signification particulière, et se dit figurément d’Une femme à l’égard de son mari. Comment se porte votre moitié ? Il a perdu sa chère moitié.
Moitié, s’emploie aussi adverbialement pour signifier À demi ; et c’est dans cette acception qu’on dit, Du pain moitié seigle, moitié froment. C’est une étoffe moitié soie, moitié laine. Il boit toujours moitié eau, moitié vin. Moitié l’un, moitié l’autre.
On dit, Un vaisseau moitié guerre, moitié marchandise, pour dire, Un vaisseau marchand assez bien armé pour se pouvoir défendre dans une occasion. Cela se dit aussi figurément d’un procédé, d’une conduite équivoque et douteuse. Comment cet homme-là a-t-il fait une si grosse fortune ? On répond, Moitié guerre, moitié marchandise.
Moitié, s’emploie aussi adverbialement dans la signification d’À demi, dans cette phrase familière, Moitié figue, moitié raisin, qui se dit avec différentes acceptions, selon les sujets dont il s’agit. De deux personnes qui sont tantôt bien, tantôt mal ensemble, on dit, qu’Elles vivent ensemble moitié figue, moitié raisin ; d’un homme qui a donné son consentement à une chose moitié de gré, moitié de force, qu’Il y a consenti moitié figue, moitié raisin.
On dit familièrement d’Un homme, qu’Il est moitié chair, moitié poisson, pour dire, qu’On a peine à dire de quelles mœurs, de quel naturel il est, ce qu’il aime, ce qu’il hait, ce qu’il veut, ce qu’il ne veut pas.
À Moitié, se dit aussi adverbialement, pour signifier, En partie, à demi. Cela est à moitié pourri. Le tonneau est à moitié vide. La bouteille n’est qu’à moitié pleine. Il est à moitié ivre. Une maison à moitié ruinée, à moitié découverte. Il est resté à moitié chemin.
p. 119On dit aussi, De l’argent plus d’à moitié dépensé, du vin plus d’à moitié bu, pour dire, De l’argent dont on a dépensé plus de la moitié, du vin dont plus de la moitié est bue.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.