monter

4e édition

MONTER.

v. n.
■  Se transporter en un lieu plus haut que celui où l’on étoit. En ce sens il se dit des hommes & des animaux. Monter vîte. Monter facilement. Monter avec peine. Monter lentement. Monter bien haut. C’est un pays inégal, on ne fait que monter & descendre. Monter à un arbre, au haut d’un arbre. Monter à une tour, au haut d’une tour, au haut d’une maison. Monter à une échelle. Notre-Seigneur est monté au ciel. Monter dans une chambre, dans un carrosse, dans une galerie. Monter en carrosse. Monter en litière. Monter en chaire pour prêcher. Monter à l’autel. Monter sur une hauteur, sur une montagne. Monter sur un escabeau, sur un siége, sur une chaise. Monter à cheval. Monter sur un cheval. Monter en croupe. Les écureuils montent au haut des arbres. Les chamois montent au haut des rochers. Il n’y a point d’oiseau qui monte plus haut que l’aigle.
On dit, Monter à l’assaut, pour dire, Attaquer une place afin de l’emporter de vive force. Et, Monter à la brèche, pour dire, Faire tous ses efforts pour entrer dans une place assiégée, par la brèche que le canon a faite au mur.
On dit, Monter sur un vaisseau, monter sur mer, pour dire, S’embarquer sur un vaisseau. Nous montâmes sur un tel vaisseau pour faire le trajet. Mais en parlant de celui qui commande, on dit, Monter un vaisseau. Dans la Campagne de 1704, Monsieur le Comte de Toulouse montoit le Foudroyant. En ce sens il est actif.
On dit aussi, Monter en chaire, pour dire, Prêcher. C’est une chose très-pénible que de monter tous les jours en chaire.
On dit figurément, Monter sur le Parnasse, pour dire, Faire des vers, s’adonner à la Poësie.
On dit encore, Monter à cheval, pour dire, Manier un cheval, lui faire faire le manége. Ainsi on dit, qu’Un jeune homme apprend à monter à cheval, pour dire, qu’Il apprend à bien manier un cheval. Et on dit, qu’Un Écuyer montre bien à monter à cheval, pour dire, qu’Il enseigne bien à manier un cheval.
Monter, se dit aussi d’Un Officier de guerre, d’un Magistrat, &c. qui par ancienneté ou autrement, passe à un poste, à un dégré audessus de celui qu’il occupoit ; & cela ne se dit que lorsque le poste où l’on passe est dans le même Corps. Il étoit Enseigne, il a monté à la Lieutenance. Il a monté par tous les dégrés. C’est à ce Conseiller-là à monter à la Grand’Chambre.
On dit figurément, Monter au faîte des honneurs, pour dire, Parvenir aux plus grandes dignités. Et, Monter au Thrône, pour dire, Devenir Roi.
Il se dit aussi d’Un Écolier qui passe d’une classe à une plus haute. Il étoit en troisième, il est monté en seconde.
On dit proverbialement & figurément, Monter sur ses grands chevaux, pour dire, Prendre les choses avec hauteur, marquer de la colère, de l’indignation & de la fierté dans ses paroles.
Il s’emploie aussi pour dire, Traiter avec des termes magnifiques un sujet qui ne doit être traité que simplement. Dès l’entrée de son discours, il monta sur ses grands chevaux. Il ne se dit que dans le style familier.
On dit aussi, Monter sur ses ergots, pour dire, Élever sa voix & son geste avec chaleur & audace. Il est populaire.
On dit proverbialement & figurément, Monter aux nues, pour dire, S’emporter subitement de colère. Quand on lui parle de cela, il monte aux nues. Vous me feriez monter aux nues.
Monter, signifie aussi S’élever. En ce sens il se dit De certains corps naturels qui s’élèvent en haut, comme l’air, l’eau, le feu, &c. La rivière a monté cette année à une telle hauteur, jusqu’à une telle hauteur. Au déluge l’eau monta quinze coudées au-dessus des plus hautes montagnes. Les vapeurs, les fumées montent au cerveau. Il lui monte des chaleurs à la tête. Le feu, le sang, la rougeur me monte au visage. La sève monte aux arbres. Le brouillard monte. Ce vin monte à la tête. La voix monte par tons & par demi-tons. En ce sens on dit figurément, que Les prières du juste & les cris des innocens qu’on persécute montent au ciel.
On dit, qu’Un mur monte trop haut, pour dire, qu’Il a trop de hauteur.
On dit, qu’Un porte-collet, un corps de jupe montent trop haut, pour dire, qu’Ils ont trop de hauteur.
On dit aussi, qu’Un arbre monte trop haut, pour dire, qu’On le laisse trop croître.
On dit, qu’Une plante monte en graine, pour dire, qu’Elle n’est plus bonne à manger, & que dans peu elle produira de la graine. Voilà des laitues, des chicorées qui montent en graine.
On dit figurément d’Une fille, qu’Elle monte en graine, pour dire, qu’Elle devient vieille sans se marier. Il est du style familier.
On dit Du soleil & des autres astres, qu’Ils montent sur l’horison, pour dire, qu’Ils s’élèvent sur l’horison.
On dit aussi dans le temps où le soleil s’approche tous les jours de notre Zénit, qu’Il monte tous les jours.
Monter, signifie aussi figurément, Hausser de prix, croître en valeur. Le blé est monté, a monté jusqu’à vingt francs le setier. Faire monter bien haut une charge, des meubles, en les enchérissant.
Il signifie aussi, Croître, s’accroître. Sa puissance monta à un tel point. Sa cruauté, son avarice montèrent à un tel excès. Son orgueil, son insolence montèrent…
On dit d’Un homme, qu’Il a monté sur le théâtre, pour dire, qu’Il a été Comédien ou Bâteleur.
Monter, se met aussi quelquefois avec le régime du verbe actif. Monter une montagne. Monter les degrés. Il a monté l’escalier.
On dit aussi, Monter un cheval, pour dire, Être monté sur un cheval. Il monte un cheval blanc, un coursier de Naples, un barbe, un cheval d’Espagne.
On dit aussi, Monter un Cavalier, pour dire, Lui fournir un cheval. Il lui en a coûté tant pour monter chaque Cavalier. Il a monté toute sa Compagnie à ses dépens.
On dit, Monter la garde ; & cela se dit d’Une troupe de gens de guerre qui vont faire la garde en quelque endroit. C’est à une telle Compagnie, à un tel Capitaine à monter la garde chez le Roi, chez le Général.
On dit aussi, Monter la tranchée, pour dire, Monter la garde dans la tranchée.
Monter, est aussi purement actif, & signifie, Porter, transporter quelque chose en haut, ou l’y élever. Il faut monter tous ces meubles-là dans une chambre. Monter du foin au grenier. On ne peut monter les grosses pierres sur les bâtimens, qu’avec des grues.
On dit, Monter un ouvrage d’Orfévrerie, de Menuiserie, de Serrurerie, &c. pour dire, En assembler les pièces les unes avec les autres. Monter une croix de diamans, des pendans d’oreilles. Monter une armoire, un buffet. Monter une porte de fer, une balustrade. Monter un fusil. Monter une charpente. Monter un lit. Monter un habit, une chemise, &c.
On dit aussi, Monter un diamant, pour dire, Le mettre en œuvre. Ce diamant est bien monté, mal monté.
On dit aussi, Monter une horloge, une montre, un réveil-matin, un tourne-broche, &c. pour dire, En bander les ressorts, ou en rehausser les contre-poids.
On dit encore, Monter un métier, pour dire, Accommoder & tendre sur le métier l’étoffe, la toile, le canevas, la soie, l’or & l’argent, pour travailler.
On dit, Monter un luth, une guitarre, une viole, &c. pour dire, Y mettre des cordes, y remettre de nouvelles cordes. Il m’a coûté tant pour faire monter mon luth. Et l’on dit, qu’Un luth est bien monté, est mal monté, pour dire, qu’Il a de bonnes cordes, de mauvaises cordes.
On dit aussi, Monter un luth, un clavecin, &c. pour dire, Le hausser d’un ton, d’un demi-ton. On a monté ce luth trop haut. Et dans le même sens, Monter une corde de luth, de clavecin.
On dit, Monter un instrument au ton de l’Opéra, sur le ton de l’Opéra, pour dire, Hausser ou baisser un instrument, en sorte qu’il se trouve à l’unisson du ton de l’Opéra.
En termes de Peinture, on dit, Montez votre couleur, pour dire, Colorez votre tableau plus vigoureusement.
Monter, se monter, se dit aussi d’Un total composé de plusieurs sommes, de plusieurs nombres. Toutes ces sommes montent, se montent à cent mille francs. Les parties de ces ouvriers montent, se montent à tant. Son armée monte, se monte à vingt mille hommes. Les frais de son procès monteront bien haut.
En ce sens on dit figurément, Les crimes des habitans de la terre étoient montés à un tel excès, que Dieu se repentit d’avoir fait l’homme.
Monté, ée. participe.
On dit, qu’Un homme est bien monté, est mal monté, pour dire, qu’Il est monté sur un bon cheval, sur un mauvais cheval. Je le rencontrai l’autre jour, il étoit très-bien monté.
Il s’emploie aussi pour dire, qu’Un homme est bien ou mal en chevaux. J’ai vu ses chevaux, il est bien monté, il est fort mal monté.
On dit proverbialement d’Un homme qui est monté avantageusement, qu’Il est monté comme un saint George.
On dit, qu’Un vaisseau est percé pour cinquante canons, & monté de trente, pour dire, qu’Il peut porter cinquante canons, mais qu’il n’en a que trente effectifs.
On dit figurément & familièrement d’Un homme qui plaisante, ou qui affecte de dire des choses extraordinaires, qu’Il est monté sur un ton plaisant, sur un ton singulier.
On dit encore, Un cheval monté haut, ou haut monté, pour désigner celui dont les jambes sont trop longues, & ne sont point proportionnées.
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