mordre

3e édition

MORDRE.

v. a. Conjugaison : Je mords, tu mords, il mord, nous mordons. Je mordois. Je mordis. Je mordrai. Mords. Que je morde.
■  Serrer avec les dents. Un chien l’a mordu, l’a mordu au bras. Ce chien mord les passans, leur mord les jambes. Ce chien mord, il mord bien serré. Etre mordu d’un chien enragé.
On dit prov. C’est un beau mâtin, un beau chien s’il vouloit mordre, pour dire, C’est un homme bien fait, de bonne mine, dont le courage, les forces, l’application ou la bonne volonté ne répondent pas à son extérieur. Il est du style familier.
On dit aussi prov. Il vaut autant d’être mordu d’un chien que d’une chienne, pour dire, qu’Il n’importe de qui le mal nous vienne, & par qui il nous arrive. Il est du style familier.
On dit fig. & prov. Quand quelqu’un a fait une chose dont il se doit repentir, qu’Il s’en mordra les doigs, qu’il s’en mordra les pouces. S’il a fait une telle affaire, il s’en mordra les doigts. Il est bien fâché d’avoir dit une telle sottise, il s’en mordra longtemps les pouces.
On dit, De deux hommes qui se haïssent, & qui voudroient se battre, mais qui sont éloignez l’un de l’autre, qu’Ils ne se mordront pas, qu’ils n’ont garde de se mordre. Il est du style fam.
Mordre, Se dit aussi des oiseaux & de quelques insectes ou vermines. Le perroquet mord. Cet enfant est tout mordu de puces, de punaises.
On dit fig. & popul. qu’Une chose ne mord ni ne rue, pour dire, qu’Elle ne fait aucun mal, aucun tort, aucun dommage. Vous avez tort de craindre les prédictions des Astrologues, cela ne mord ni ne rue.
On dit en poësie, Mordre la poussière, pour dire, Tomber mort dans un combat.
Mordre. v. n. Il a les mêmes significations que l’actif. Mordre dans du pain. Les poissons mordent à l’hameçon.
On dit figurém. qu’Un homme mord à l’hameçon, pour dire, qu’Il écoute avec plaisir une proposition qu’on lui fait pour le surprendre.
On dit aussi, qu’Un homme mord à la grappe, Quand il entre avec plaisir dans une proposition qu’on lui fait. Je ne lui ai pas eu plustôt fait cette proposition, qu’il a mordu à la grappe. Il est du style familier.
On le dit encore, d’Un homme qui parle avec plaisir de quelque chose. Quand il médit d’un tel, on diroit qu’il mord à la grappe.
On dit, En termes d’Imprimerie, que la vignette mord sur les lettres, pour dire, qu’Elle avance sur les lettres.
On dit de l’eau forte, qu’Elle mord sur les métaux, pour dire, qu’Elle les creuse. L’eau forte n’a pas assez mordu sur cette planche.
On dit encore dans le même sens, que La lime, le burin mordent sur le fer, sur le cuivre, &c. Et de même, qu’Ils ne mordent pas sur le jaspe, sur le porphire.
On dit d’Un homme replet, que La fiévre trouvera bien à mordre sur lui.
On dit, d’Un homme qui aspire à une chose, à laquelle il ne sauroit parvenir, Il voudroit bien avoir cette charge, mais elle est trop chère, il n’y sauroit mordre.
On dit fig. d’Un homme qui ne peut comprendre une chose ; qu’Il n’y sauroit mordre. Cette question est si difficile, qu’il n’y sauroit mordre.
On dit, Un aveugle y mordroit, un aveugle y pourroit mordre, pour dire, que La chose dont on parle est très-aisée à comprendre ou à voir, & ne demande pas une grande intelligence, ni une grande finesse de vûe. Il est du style familier.
Mordre, Se dit quelquefois dans la signif. De goûter, d’agréer. Quelque parti qu’on lui ait offert, quelques propositions qu’on lui ait faites, il n’y a pas voulu mordre.
Mordre, Signifie aussi, Médire, reprendre, critiquer, censurer avec malignité. Il cherche à mordre sur tout ce qu’il voit. Il n’y a point à mordre là-dessus. Il n’y a point à mordre sur sa conduite. Il ne donne point à mordre sur lui.
On dit prov. pour témoigner qu’on fait peu de cas des ménaces que quelqu’un a faites. Tous les chiens qui aboient ne mordent pas.
Mordu, ue. part.
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