monstrer

2e édition

MONSTRER.

v. a.
■  Indiquer. Monstrez-moy l’homme dont vous parlez. monstrer quelque chose du doigt. monstrer le chemin à quelqu’un. je luy ay monstré ce qu’il cherchoit.
Il signifie simplement, Faire voir, exposer aux yeux. Monstrer quelque chose par rareté. je luy ay monstré mon cabinet, mes tableaux, mes chevaux.
Il signifie aussi, Laisser paroistre, Monstrer un visage gay, monstrer un visage triste.
■ Se monstrer, signifie, Paroistre. Il n’a fait que se monstrer dans cette compagnie. le soleil ne s’est point monstré d’aujourd’huy.
On dit qu’Un homme n’oseroit se monstrer, pour dire, que La crainte qu’il a d’estre maltraité, ou la honte de quelque affront qu’il a receu, ou de quelque mauvaise action qu’il a faite, l’oblige à se tenir caché. Depuis la sottise qu’il a faite, depuis le malheur qui luy est arrivé, il n’oseroit se monstrer. il est bien hardi de se monstrer aprés cela.
On dit fig. Monstrer le chemin aux autres, pour dire, Faire quelque chose que les autres font ensuite, ou à dessein que les autres le fassent.
On dit fig. & popul. Monstrer à quelqu’un son bec jaune, pour dire, Luy faire voir qu’il n’est qu’un ignorant dans les choses dont il s’agit. Il faisoit l’habille homme, mais je luy ay bien monstré son bec jaune.
On dit figurément & popul. Monstrer son nez quelque part, pour dire, Se faire voir en quelque endroit. Et cela se dit d’ordinaire lors qu’on n’y va que pour peu de temps, je m’en vais monstrer là mon nez un moment, & je reviens à vous. je n’ay garde d’aller la monstrer mon nez.
On le dit aussi de ceux qui vont mal-à-propos en quelque endroit, Qu’avoit il affaire d’aller monstrer là son nez ?
On dit aussi fig. Monstrer les dents à quelqu’un, pour dire, Luy faire voir qu’on ne le craint point, & qu’on est en estat de se bien deffendre. Ils le vouloient maltraiter, mais il leur a bien monstré les dents.
On dit figur. & popul. Monstrer le cul. Et cela se dit d’un homme qui s’estant engagé à quelque chose, n’en sort pas à son honneur, soit par impuissance, soit par manque de courage, soit par incapacité. Il avoit traité d’une grande Charge, mais quand ce vint au payement il monstra le cul. il faisoit le brave, mais quand ce vint au dégaisner, il monstra le cul. il promettoit de faire merveilles, mais quand ce vint au fait & au prendre, il monstra le cul.
On dit aussi fig. Monstrer les talons, pour dire, S’enfuir, se retirer de quelque lieu. Aussi-tost que nos troupes parurent, les ennemis monstrerent les talons. hors d’icy, monstrez nous les talons. Il est tres bas.
On dit qu’Un habit monstre la corde, pour dire, qu’Il est si usé qu’on en voit les fils.
On dit fig. & prov. d’Une finesse grossiere & facile à descouvrir, Cela monstre la corde.
■ Monstrer, signifie aussi Donner des marques de quelque chose. Monstrer du courage, de la foiblesse, de la crainte, de la sagesse, de la retenüe, &c. montrer son courage, sa pieté, &c.
On dit, Se monstrer homme de courage. se monstrer humain, liberal, bon ami, &c. pour dire, Faire voir par les effets qu’on est tel.
On dit figurément, Monstrer quelqu’un au doigt, pour dire, Se mocquer de luy comme d’un homme ridicule. Et l’on dit, qu’Il se fait monstrer au doigt, pour dire, que C’est un ridicule dont tout le monde se mocque.
Il signifie encore, Faire connoistre par espreuve, prouver par raison. Je luy monstreray p. 93bien qu’il a tort, qu’il n’a pas deu en user ainsi. je luy monstreray à qui il a affaire. je luy ay montré que sa proposition est fausse. je vous ay monstré par bonnes raisons que nous devons faire telle chose.
■ Monstrer, Signifie aussi, Enseigner. Monstrer la Grammaire. monstrer une Langue. monstrer le Latin, le Grec, l’Italien, la Philosophie, les Mathematiques, la Musique, &c. monstrer à lire, à escrire, à danser, à monter à cheval, à voltiger. monstrer à quelqu’un ce qu’il faut qu’il fasse. luy monstrer son devoir, ses obligations.
Il se dit aussi absolument. Ce maistre monstre fort bien. il monstre à vingt escoliers.
■ Monstré, ée. part.
On dit d’un homme qui danse bien, parce qu’il a eu un bon maistre de danse, Qu’il a esté bien monstré : Et de celuy qui danse mal, parce qu’il a eu un mauvais maistre, Qu’il a esté mal monstré. On se sert des mesmes phrases en parlant de ceux qui ont eu de bons ou de mauvais maistres en differents exercices.
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