Courrier des internautes
Courrier des internautes
(03/2013)
Question :

Je m’étonne de trouver sur ce site (à propos de l’utilisation abusive du mot « blindé ») la formulation recommandée suivante : « Je n’ai plus une date de libre dans mon agenda », au lieu de « Je n’ai plus une date libre dans mon agenda » qui me semble plus correcte. Qu’en pensez-vous ?

Pourquoi entend-on souvent ajouter ce « de » qui n’apporte rien et sonne en général mal (et qui déclenchait les foudres de mes professeurs de français il y a bien longtemps) ?

J.-Michel R. (St-Nazaire-les-Eymes, 13 février)
L’Académie répond :

Monsieur,

Méritons-nous le Pan sur le bec que s’inflige un journal satirique paraissant le mercredi quand il a été pris en faute ? Ce n’est pas sûr.

Le rôle de ce de (préposition) difficilement analysable a fait couler beaucoup d’encre. Voyez ce qu’écrit Grevisse à ce sujet :

L’adjectif et surtout le participe passé accompagnant, comme attributs du « sujet réel », il y a, il est, il reste, il se trouve, peuvent être introduits par de, notamment quand le nom sujet réel est accompagné d’une indication de quantité (article indéfini, numéral déterminant indéfini). Il y eut cent hommes DE tués (Littré). Il y eut encore quelques mots D’échangés (Stendhal).

Cette construction apparaît aussi avec c’est suivi d’un sujet annoncé par ce, puis d’un adjectif ou d’un participe, ainsi qu’avec l’attribut du complément d’objet direct notamment des verbes avoir, posséder, voir, rencontrer, connaître, remarquer, trouver, etc. ; avec l’attribut des compléments de voici et voilà avec des attributs de phrases averbales : C’était déjà un bon pas DE fait (Victor Hugo). Encore une journée DE perdue pour le travail ! (François Mauriac). Dans les cas examinés ci-dessus, le de n’est pas obligatoire : Il y eut cent hommes tués (Littré). Il n’y a eu que trois élèves admis sur dix (Académie, 8e édition). Avez-vous encore une place libre dans la malle ? (Jules Verne).

Le de est très fréquent quand l’expression comporte le pronom en : Sur cent habitants, il y en a deux DE riches (Littré). Sur dix, il n’y en avait pas un DE bon (Académie, 8e édition).

Enfin, le de est obligatoire : 1° quand l’adjectif attribut précède son sujet et que le verbe est construit avec ne… que ; 2° quand l’adjectif se rapporte à quelqu’un, quelque chose, personne, rien, à que relatif, à que, quoi interrogatifs, à ceci, cela : Il n’y a D’universel que ce qui est suffisamment grossier pour l’être (Paul Valéry). Nous n’avons DE battu que le fer de nos casques (Hugo). Il y avait ceci D’étrange dans ces négociations que les concessions successives ne rapprochaient pas de l’état de paix (André Maurois). Il y a quelqu’un DE malade. Qu’a-t-il DE remarquable ?

Cependant, avec un verbe comme trouver, le de sert à introduire l’épithète, tandis que l’attribut du complément d’objet se construit sans préposition : Il a trouvé ceci DE remarquable (= Comme chose remarquable, il a trouvé ceci). Il a trouvé ceci remarquable (= Il a trouvé que cette chose-ci est remarquable).

Cordialement.

■ Voir dans le dictionnaire : De (I)
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