grâce

GRÂCE

nom féminin
Étymologie : xe siècle, gratia. Emprunté du latin gratia, « reconnaissance, service rendu, faveur, influence, agrément, beauté, grâce », et, en latin chrétien, « faveur divine ».
1.  Agrément, charme attaché à l’apparence, à l’expression, aux manières d’une personne. Une grâce naturelle. Marcher, danser, se tenir, parler avec grâce. Cette femme est belle, mais elle n’a aucune grâce, elle est sans grâce. Il a, il met de la grâce à tout ce qu’il fait. Un geste, un sourire plein de grâce. Au pluriel. Des grâces touchantes, piquantes, nonchalantes (vieilli). Expr. péj. Faire des grâces, chercher à plaire par une attitude affectée, des gestes maniérés.
▪ Se dit aussi d’un animal. La grâce et la légèreté d’une biche. Ce cheval a de la grâce dans ses allures.
▪ Par extension. Attrait, agrément qu’on trouve aux choses. Des figures drapées avec grâce. Un dessin plein de grâce. Les grâces du style. Cette expression donne de la grâce à la phrase.
▪ Loc. Bonne grâce, mauvaise grâce, manière d’être qui plaît, qui déplaît au regard. Cette tenture a bonne grâce (vieilli). Ne s’emploie plus que figurément et en parlant d’une personne. Il a mis beaucoup de bonne grâce à satisfaire notre demande, beaucoup d’amabilité, de bonne volonté. Avoir bonne grâce, avoir mauvaise grâce à faire quelque chose, être fondé ou non, être bien ou mal venu à la faire. Il a eu bonne grâce à répondre de la sorte. Il aurait mauvaise grâce à se plaindre, à prétendre cela. Loc. adv. De bonne grâce, avec amabilité, volontiers, sans se faire prier. De mauvaise grâce, avec répugnance, à contrecœur. Il s’est exécuté de très bonne grâce, d’assez mauvaise grâce. Il s’est prêté à notre requête de la meilleure grâce du monde.
▪ Marque de domaine : mythologie. Au pluriel. Les Grâces, les trois divinités, Aglaé, Euphrosyne et Thalie, qui étaient les compagnes de Vénus et qui personnifiaient le don de plaire. Ce bronze représente les trois Grâces. Expr. fig. Sacrifier aux Grâces, avoir ou chercher à avoir de l’élégance dans ses manières, dans ses discours.
2.  Faveur qu’on accorde à quelqu’un, témoignage qu’on donne de sa bienveillance, de sa volonté d’être agréable. S’il accepte, ce sera par pure grâce, il vous fera une grâce. Demander, solliciter, implorer une grâce. Je vous le demande en grâce. Accorder, refuser une grâce. Combler quelqu’un de ses grâces. Répandre, distribuer des grâces. Par antiphrase. Vous nous faites là une belle grâce ! vous nous rendez un mauvais service. C’est trop de grâce que vous nous faites !
▪ Loc. et expr. À la grâce de Dieu, comme il plaira à la Providence. Par la grâce de Dieu, se dit de ce qui arrive d’avantageux à quelqu’un par un effet de la bienveillance divine. Louis, roi de France par la grâce de Dieu. Trouver grâce aux yeux de quelqu’un, devant quelqu’un, lui plaire, gagner ses faveurs, sa bienveillance. Être en grâce auprès de quelqu’un, jouir de sa confiance, de sa considération. Gagner, obtenir, perdre les bonnes grâces de quelqu’un. Être dans les bonnes grâces du ministre. Être dans les bonnes grâces d’une femme, avoir ses faveurs. Rentrer en grâce, retrouver la faveur perdue. Retour en grâce. Faire à quelqu’un la grâce de, lui faire la faveur de, le plaisir de (s’emploie souvent comme formule de courtoisie). Faites-nous la grâce de nous rendre visite, de votre visite. Le quart d’heure de grâce (fam.), le quart d’heure de retard accordé aux invités par les usages mondains. Marque de domaine : commerce. Vieilli. Jour, délai, terme de grâce, qu’on accordait au débiteur pour le paiement d’une dette.
▪ Loc. interjective. De grâce ! par bonté. S’emploie pour renforcer une prière, une demande. De grâce, secourez-les. Iron. Laissez-moi, de grâce, achever mon propos.
▪ Par métonymie. Avec une majuscule. Titre d’honneur que l’on donne en Grande-Bretagne aux ducs et duchesses, aux évêques anglicans. Sa Grâce le duc de Kent. Sa Grâce l’archevêque de Cantorbéry.
3.  Marque de domaine : théologie. Don que Dieu fait à l’homme. Par la grâce, l’homme reçoit le pouvoir de devenir enfant de Dieu. La grâce du baptême. Demander la grâce de Dieu, sa sainte grâce. Perdre, conserver la grâce. C’est une grâce du ciel que j’ai reçue. État de grâce, voir État. « Je vous salue, Marie, pleine de grâce », paroles de l’Annonciation reprises dans le début de l’Ave Maria.
▪  Grâce habituelle ou sanctifiante, qualité qui réside en l’homme de façon permanente. Grâce actuelle ou opérante, accordée à l’homme comme un secours momentané pour l’aider à faire le bien, à éviter le mal. Grâce efficace, Grâce suffisante, voir Efficace, I Suffisant. Les grâces sacramentelles.
▪  Grâce d’état, que la Providence confère pour exercer au mieux une fonction, une charge, un art.
▪  An de grâce, chacune des années de l’ère chrétienne. Calendrier pour l’an de grâce 1615. Val-de-Grâce, couvent fondé à Paris par Anne d’Autriche, et devenu hôpital des armées.
4.  Spécialement. Bienveillance qui porte à excuser une faute ; pardon, indulgence. Ce crime ne mérite aucune grâce. Sa jeunesse doit lui faire trouver grâce auprès de vous. Accorder sa grâce à quelqu’un, lui faire grâce. Point de grâce pour lui.
▪ Loc. Coup de grâce, voir Coup. Demander grâce, crier grâce, demander la cessation d’un châtiment, d’une souffrance ou implorer le pardon. Les peuples accablés demandaient grâce. Elliptiquement. Grâce, grâce ! Fig. Je demande grâce au lecteur des libertés que j’ai prises avec la vérité historique. Faire grâce à quelqu’un de quelque chose, ne pas l’exiger de lui, comme on en aurait le droit, ou la lui épargner. Il me devait mille francs, je lui ai fait grâce de la moitié de la somme. Ses agresseurs lui ont fait grâce de la vie. Iron. Faites-nous grâce de vos observations, épargnez-les-nous. Je vous fais grâce des détails. Il a lu tout son poème, sans nous faire grâce d’un hémistiche.
▪ Spécialement. Commutation ou remise de peine accordée à un condamné par un chef d’État. En France, le président de la République a le droit régalien de faire grâce, dispose du droit de grâce. Les recours en grâce sont instruits par le ministre de la Justice. Se pourvoir en grâce, demander sa grâce. Décret de grâce. Grâce présidentielle. Grâce amnistiante. Anciennement. Lettres de grâce ou, simplement, grâce, document par lequel le souverain accordait la grâce d’un criminel. Entériner des lettres de grâce. Signer une grâce.
5.  Reconnaissance pour un bienfait, un don reçu ; témoignage de gratitude (s’emploie ordinairement dans ce sens avec le verbe Rendre). Je vous rends grâce ou grâces de votre soutien, de ce que vous avez fait pour moi. Je vous en dois mille grâces (vieilli). Rendre grâce au ciel. Action de grâces, voir Action I.
▪  Grâce soit rendue à Dieu, au ciel ou Grâces soient rendues à Dieu, au ciel, formule de gratitude, pour un dénouement heureux. Elliptiquement. Grâce à Dieu, grâce au ciel. Il se porte mieux, grâce à Dieu, grâce au ciel.
▪ Par analogie, on emploie Grâce à comme une locution prépositive à valeur causale, et toujours dans un sens favorable. Il l’a emporté grâce à son courage, grâce à son sang-froid. J’ai obtenu gain de cause grâce à votre appui, grâce à vous. La bataille fut gagnée grâce à l’aviation. Grâce à ne doit s’appliquer qu’à ce qui produit des effets heureux, mais on pourra dire, par ironie, Grâce à son étourderie, grâce à sa négligence, il a tout perdu.
▪ Spécialement. Au pluriel. Prière dite après le repas pour remercier Dieu. On se quitta une fois les grâces dites.
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