conscience

CONSCIENCE

nom féminin
Étymologie : xiie siècle. Emprunté du latin conscientia, « connaissance en commun », d’où « connaissance, connaissance intérieure ».

I.

I. Marque de domaine : psychologie. Perception que nous avons de notre existence, des états et des actes de notre esprit, de ce qui se passe en nous, et de l’effet produit en nous par ce qui se passe hors de nous.
1.  Impression d’être présent au monde, présent à soi. Avoir sa conscience, toute sa conscience. Rester sans conscience, privé de conscience. Perdre conscience, s’évanouir ou s’endormir. Le choc lui a ôté toute conscience. Le malade n’a plus sa conscience. L’abolition de la conscience dans le coma. Reprendre conscience, recouvrer la conscience, revenir à soi ou s’éveiller.
2.  Sentiment plus ou moins réfléchi des états et des actes qui se succèdent en nous et qui constituent notre vie intérieure, notre personnalité ; ce qui est connu par introspection. Les faits de conscience. Conscience spontanée, première impression que nous avons de nos états psychiques. Conscience réfléchie, retour de l’esprit sur l’impression vécue. La conscience de soi. Champ de la conscience, champ de conscience, ensemble des faits actuels qui constituent notre psychisme ; ensemble de ce que notre esprit peut embrasser. Un champ de conscience large, étroit. Le courant de conscience, le déroulement ininterrompu de l’activité psychique. La conscience d’être un sujet qui pense, une personne libre.
 Titre célèbre : Essai sur les données immédiates de la conscience, d’Henri Bergson (1889).
▪ Par analogie. Marque de domaine : sociologie. Conscience collective, manières de sentir, de penser et d’agir propres à un groupe déterminé, par opposition à Conscience individuelle. Conscience de classe, sentiment d’appartenir à une classe sociale précise. Son comportement était dicté par la conscience de classe.
3.  Perception par un sujet d’une situation, d’une conduite, d’un comportement ; connaissance qui en résulte. Avoir une conscience claire, nette, aiguë, de ce que l’on dit, de ce que l’on fait. Il n’a pas une juste conscience de ses possibilités, de ses limites. Avoir conscience de quelque chose, avoir une claire connaissance de l’existence présente de cette chose. Elle a conscience de son charme, de son talent. Avoir conscience de ses fautes, de ses péchés. Avoir la conscience du devoir accompli. J’ai eu conscience de mon erreur, de m’être trompé, que je m’étais trompé. Il avait vaguement conscience qu’on lui avait menti. Affolé, l’enfant n’avait plus conscience de rien. Prendre conscience de quelque chose, en acquérir une claire connaissance. Prise de conscience, le fait d’éveiller son attention à une question jusqu’alors mal perçue, d’en acquérir une connaissance claire, nette. Susciter dans l’opinion publique la prise de conscience des problèmes économiques.

II.

II. Marque de domaine : morale. Faculté de porter spontanément des jugements sur la valeur morale des actions humaines ; ce par quoi l’homme discerne le bien du mal.
1.  Capacité de distinguer le bien et le mal ; sentiment intime par lequel l’homme se rend témoignage à lui-même de ce qu’il fait de bon et de mauvais. Une conscience exigeante, tourmentée. Avoir la conscience large, relâchée et, fam., élastique. Se poser des problèmes de conscience, avoir des scrupules de conscience. Vivre une crise de conscience, un drame de conscience. Agir selon sa conscience, contre sa conscience. Cas de conscience, voir Cas I.
▪ Spécialement. La conscience publique, le sentiment qu’un peuple a de ses valeurs. Un tel acte est une insulte à la conscience publique.
▪ Loc. adv. En conscience, en bonne conscience, en vérité, selon les règles de la morale. En bonne conscience, pouvez-vous me demander un tel prix ? Vous êtes en conscience obligé à cela. Par acquit de conscience, voir Acquit.
▪ Expr. Avoir la conscience tranquille, avoir bonne conscience, avoir sa conscience pour soi, n’avoir rien à se reprocher. J’ai ma conscience pour moi. Avoir mauvaise conscience, se faire des reproches. Cette malheureuse histoire me donne mauvaise conscience. Péj. Se donner bonne conscience, ne pas vouloir reconnaître ses fautes, sa responsabilité. Vieilli. Se faire conscience d’une chose, se faire scrupule d’une chose, parce qu’on la juge contraire à la morale ou à la bienséance. Je me fais conscience de vous importuner.
2.  Volonté de choisir le bien, de faire le bien. Je m’en rapporte à votre conscience, je laisse cela à votre conscience. Ma conscience répugne à de tels procédés. Avoir de la conscience, être homme de conscience, être scrupuleux, vouloir ne rien faire de mal. Il est sans conscience, il n’a pas de conscience. J’en fais une affaire de conscience, je m’en fais un devoir. Expr. proverbiale empruntée à Rabelais. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme.
▪ Par extension. Conscience professionnelle, le fait d’agir conformément à un code de déontologie ou d’accomplir sa tâche avec une honnêteté scrupuleuse. La conscience professionnelle d’un artisan, d’un médecin. Un grave manque de conscience professionnelle. S’en remettre à la conscience d’un fournisseur. Il y a mis de la conscience, beaucoup de conscience, il n’a rien négligé pour bien s’en acquitter.
▪ Expr. Faire un travail en conscience, comme il doit être fait. Marque de domaine : typographie. Travail en conscience, exécuté et payé à l’heure, et pour lequel on s’en rapporte à la conscience de l’ouvrier. Une journée de conscience. Mettre un compositeur en conscience.
3.  Faculté d’examiner sa vie intérieure, de mettre ses actes en conformité avec ses convictions religieuses, philosophiques, etc. Faire un examen de conscience, rechercher dans sa conduite ses responsabilités, fautes et erreurs. Liberté de conscience, liberté de choisir ses croyances, d’y adhérer publiquement et d’y conformer ses actes. Marque de domaine : religion. Directeur de conscience, prêtre qui guide par ses conseils la conduite d’un fidèle. Consulter son directeur de conscience. Examen de conscience, exercice intérieur par lequel on considère et juge sa conduite en vue de s’en repentir et d’obtenir l’absolution de ses fautes, de ses péchés. – Marque de domaine : droit. Clause de conscience, disposition légale permettant de rompre un contrat ou de refuser d’accomplir certains actes dans l’exercice de sa profession, en invoquant des motifs d’ordre moral. Objection de conscience, le fait de se refuser à accomplir ses obligations militaires pour des motifs d’ordre moral ou religieux. Le statut des objecteurs de conscience.
4.  Présence intérieure d’une exigence de pureté morale. Écouter la voix, les reproches de sa conscience. Comparaître devant le tribunal de sa conscience. Sa conscience l’empêchait de dormir. Se mettre en règle avec sa conscience. Assurer le repos, la paix de sa conscience. Transiger avec sa conscience. Trouver, chercher des accommodements avec sa conscience.
▪ Expr. Avoir quelque chose sur la conscience, avoir des remords sur la conscience, avoir quelque chose à se reprocher, se sentir coupable. Dire tout ce que l’on a sur la conscience, ne rien cacher de ce que l’on sait, de ce qui vous est un fardeau moral. Il a tout avoué, pour décharger, pour soulager sa conscience. Sur mon honneur et ma conscience, en mon âme et conscience, formule qui précédait la déclaration du premier juré d’un jury d’assises et, par extension, formule signifiant que l’on s’exprime en toute sincérité, en toute honnêteté. On dit dans le même sens La main sur la conscience. Dites-moi, la main sur la conscience, ce que vous pensez de cela.
5.  Par métonymie. La personne en tant qu’être moral. Pervertir les consciences. Acheter les consciences. Mettre les consciences à l’encan.
▪ Spécialement. Personne servant de modèle ou de conseiller. Vous êtes ma conscience. Dans cette période troublée, il fut la conscience de la nation.
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