avoir

I. AVOIR

conjugaison verbe transitif Conjugaison : (j’ai, tu as, il a, nous avons, vous avez, ils ont ; j’avais, nous avions ; j’eus ; j’aurai ; j’aurais ; j’ai eu ; j’aurai eu ; aie ; ayons ; ayez ; que j’aie, que tu aies, qu’il ait, que nous ayons, que vous ayez, qu’ils aient ; que j’eusse ; eussé-je ; ayant ; eu).
Étymologie : ixe siècle. Du latin habere. Avoir entre dans la formation de nombreuses locutions qui seront définies au mot principal.
↪ voir aussi : II. Avoir (n. m.)

I.

I. Exprime diverses formes de possession, diverses relations du sujet avec ce qui lui appartient.
1.  Tenir en sa possession, posséder. Avoir du bien, de gros revenus. Vous avez là une jolie fortune. Avoir de beaux livres, une vaste bibliothèque. Ils ont plusieurs immeubles dans Paris. Il a pour demeure un ancien relais de poste. Il a un seul costume. Elle a trois paires de gants. L’un a tout, l’autre n’a rien. Souvent par euphémisme. Il a de quoi vivre et, fam., Il a de quoi, il est dans l’aisance. Fam. Il n’a plus le sou. Absolument. Le plaisir d’avoir. Par extension. Avoir un diplôme, en être titulaire. Par métonymie. Il a la Légion d’honneur.
2.  Disposer de, jouir de. Elle a un emploi. Il a le vivre et le couvert. Vous aurez une voiture de fonction. Nous avons des avantages en nature. Je n’ai pas où ranger mes livres. Nous avons de belles promenades, dans notre ville. Vous avez un train pour Lyon dans une demi-heure. Vous avez le temps de réfléchir à cette proposition. Avoir du temps pour s’occuper de ses enfants, pour ses amis, pour soi. Vous avez une minute pour répondre. Vous avez maintenant la parole, la permission de prendre ou de garder la parole, dans une assemblée délibérante. Avoir le droit d’ester en justice. Avoir droit à une pension. Vous avez la liberté de refuser. Avoir du crédit. Avoir l’estime, la confiance d’autrui. Cet appartement a beaucoup de soleil. Ici, votre plante aura plus de lumière. Je n’ai plus grand-chose à boire. Je n’ai rien à répondre. Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? Par extension. Vous avez ma parole, vous pouvez compter sur ma promesse. Spécialement. Pouvoir vendre, louer, prêter, etc. L’agence a encore quelque chose à louer, elle a un joli petit studio. Aujourd’hui, le marchand a de belles fraises. Avez-vous un crayon ? pouvez-vous me prêter un crayon ? Auriez-vous de quoi écrire ? Par métonymie. Avez-vous l’heure ?
3.  Entrer en possession de, acquérir, recevoir, obtenir. À Noël, j’ai eu un beau cadeau. J’ai eu ce cheval à bon compte, pour presque rien. Puis-je avoir une pomme, du feu, une chambre ? On n’a pas ce livre facilement. Il a beaucoup de mauvaises notes, depuis quelques semaines. Elle aura le prix d’excellence. Cette comédie a beaucoup de succès. Vous avez la communication avec Londres. Il a eu tout ce qu’il demandait. Il n’a eu que ce qu’il méritait. Spécialement. Engendrer, donner naissance à. Il vient d’avoir un enfant. Pourra-t-elle encore avoir des enfants ? Cette chatte a-t-elle déjà eu des petits ?
▪ Par extension. Avoir son avion, avoir son train, arriver à temps pour le prendre. Fam. Avec cette carabine, il n’est pas facile d’avoir la cible, de l’atteindre. Il rentre bredouille, il n’a pas eu son lièvre, il ne l’a pas attrapé. Fig. et fam. Attraper, dominer par force ou par ruse. Il a eu son adversaire. Vous n’aurez pas cet homme facilement : il est très malin. Pop. Avoir une femme, faire d’elle sa maîtresse. Avoir un homme, faire de lui son amant.
4.  Posséder en matière de caractères concrets, constants ou occasionnels ; comprendre en soi. Elle a de grands yeux. Elle a les yeux noirs. Il a l’œil vif. Ils ont les yeux fermés. Il a le cheveu dru. Il a les cheveux courts. Il a de belles mains. Il a les mains écorchées. Il a le cœur fragile. Elle a la bouche de sa mère, sa bouche ressemble à celle de sa mère. Il a tout d’un ours, d’un sauvage. Cet enfant aura bientôt l’âge de raison. Le loup a de grandes dents. Cet oiseau a un plumage très coloré. La rose a des épines. Cette plante a des fleurs d’un rouge éclatant. Cet arbre a un ombrage épais. Cette région a des paysages grandioses. Cette ville a de beaux édifices, de vastes promenades. Le château a de hautes tours. Cette armoire a un pied vermoulu. Certains plaisirs ont leurs dangers. Cet emploi n’a pas que des avantages. Par analogie. Mon intervention a pour objet de préciser un point. Son article a comme sujet l’orfèvrerie byzantine.
▪ Spécialement. Comporter en fait de caractères dénombrables ou mesurables ; contenir, compter, mesurer. Cet enfant a six ans. Chez l’homme, l’adulte a trente-deux dents. Cette voiture a quatre portes, quatre roues motrices, cinq places, seize soupapes, trois litres de cylindrée. Ma maison a cinq étages. L’immeuble a quarante appartements. La commune a trente mille habitants. Ce couloir a dix mètres de long.
▪ Par extension. Présenter en fait de caractères extérieurs à soi. Ce rosier a des pucerons. Le château a un beau parc. Il a de la boue, une tache sur ses vêtements. Ce théorème a deux corollaires. Spécialement. Porter, tenir. Il avait ce jour-là son costume bleu. Avait-elle des gants ? Elle avait encore ses bottes aux pieds. Il a la rosette de la Légion d’honneur à la boutonnière. Il a une fleur à la main. Se dit aussi de certains documents. Avez-vous vos papiers ? Non, je ne les ai pas sur moi.
▪ Fig. Il a l’oreille fine, les dents longues, la langue bien pendue.
5.  Posséder en matière de qualités abstraites. Il a du talent. Elle a une patience d’ange. Cet enfant a une intelligence éveillée. Il a de l’esprit. Elle a de l’énergie. Il a les défauts de ses qualités. Il n’a pas le sens commun. Il a le don d’énerver tout le monde. Aura-t-il la force de refuser ? Avoir le cœur à rire, du cœur à l’ouvrage. Avoir bon goût, bon cœur. Il a cela de bon qu’il est sans rancune. Il n’a rien de commun avec cet individu. Avoir mauvais caractère. Il a de qui tenir, il a les mêmes qualités ou défauts que ses ascendants. Ses yeux ont beaucoup de vivacité. Ce rêve a quelque chose d’effrayant. Cette poésie a de la douceur et de la grâce. Cette ville a quelque chose de triste. Ce paysage a une grandeur sauvage. L’architecture de cet édifice a un caractère imposant.

II.

II. Exprime des rapports autres que la possession.
1.  Être lié avec une ou plusieurs personnes par une relation plus ou moins durable, plus ou moins habituelle. Avoir un mari, une femme. Avoir un amant, une maîtresse et, par métonymie, avoir une liaison. Avoir une nombreuse parenté, des oncles, des neveux. Elle a pour père une sorte de tyran. Elle a comme mère une brave femme. Il a un enfant de sa seconde femme. Combien d’enfants avez-vous ? Il n’a plus ses parents. Il n’a pas d’égal. Vous avez en lui un protecteur zélé. Il n’a pas de supérieur. Il a des subordonnés, des collègues. Nous avons beaucoup d’amis. Il a beaucoup d’ennemis. Avoir de nombreux correspondants et, par métonymie, avoir une correspondance suivie avec un confrère. Avoir quelqu’un comme interlocuteur privilégié et, par métonymie, avoir de fréquents entretiens avec quelqu’un. Avoir à qui parler. Elle a trop d’élèves. Avoir un notaire, un avocat. Ils n’ont plus de médecin au village. Le village n’a plus d’épicier. Cet ouvrage a pour auteur un jeune universitaire. Cette doctrine a ses partisans. Ce chien a un maître bien négligent. Cette ville eut des enfants célèbres. Avoir quelqu’un avec soi, en être accompagné ou disposer de son soutien. Avoir quelqu’un pour soi, de son côté et, par extension, avoir sa conscience pour soi, avoir le bon droit de son côté. Avoir affaire à quelqu’un, voir Affaire. Fam. Nous avons, vous avez des gens qui…, il y a, il existe, on trouve des gens qui… N’avons-nous pas des gens qui croient à de telles absurdités ? Vous avez des personnes qui sont prêtes à tout pour parvenir. Pop. J’ai mon frère qui est malade.
2.  Recevoir chez soi. En ce moment, nous avons des hôtes. Ils ont des invités. Aurez-vous beaucoup de convives ? Le dimanche nous avons souvent des amis ou de la famille. Ils ont du monde à dîner.
3.  Se trouver dans telle ou telle situation par rapport à quelqu’un ou à quelque chose. J’avais ma nièce à ma droite et sa fille à ma gauche. Il avait un camion devant sa porte. Avoir une chose à portée de la main, sous les yeux, à côté de soi.

III.

III. Exprime l’état ou le comportement du sujet.
1.  Être exposé à tel évènement ou facteur extérieur. Quel temps avez-vous ? Nous avons beau temps. Nous avons de la neige. Nous aurons de fortes chaleurs. Ils auront du froid. Nous avons eu de la pluie pour rentrer. Nous avons bon vent, vent contraire. Par analogie. Avoir de la chance, de la malchance, des ennuis, des difficultés. Nous avons eu trois fois la guerre en un siècle. Avoir un procès. J’ai eu un différend avec mon propriétaire. Par extension. Avoir une existence agitée.
2.  Éprouver physiquement. Avoir chaud, avoir froid. Avoir faim, une faim de loup. Avoir soif, grand-soif. Avoir de la fièvre. Avoir mal. Avoir des douleurs, des rhumatismes. Avoir le vertige, des nausées. J’ai eu des insomnies. Il a une forte grippe. Les médecins n’ont pu dire encore ce qu’il a. Il pâlit, qu’a-t-il ?
3.  Éprouver moralement. Avoir de la joie au cœur. Avoir quelque chose sur le cœur. Il a du vague à l’âme, du chagrin. Avoir des remords, des scrupules. Avoir peur, grand-peur. Avoir honte. Avoir pitié. Avoir foi en son destin. J’ai peine à le croire. Avoir de l’amour, de la haine, de l’affection, de l’aversion. Ce chien a beaucoup d’attachement pour son maître. Il a de l’amitié pour vous. J’ai horreur de cette ville, j’ai cette ville en horreur. Il vous a en grande estime. Je ne sais ce qu’il a, mais depuis quelques jours, il ne parle plus à personne. Vous paraissez bien triste, qu’avez-vous ? Loc. Avoir pour agréable (vieilli), être satisfait de, approuver. Il ne fera cela qu’autant que vous l’aurez pour agréable. Par analogie. Concevoir en son esprit. Avoir une idée, un projet en tête.
4.  Faire sienne une manière d’être ou d’agir ; adopter une certaine attitude. Avoir un air d’enterrement. Avoir l’air, voir Air II. Je n’aurai garde de l’oublier. Je n’ai pas le cœur à le contredire ou de le contredire. Elle avait à cœur de donner toute satisfaction. Avez-vous l’intention de vous y rendre ? Avoir pour but, comme dessein, se proposer comme but, pour dessein. Il a la volonté de réussir. Elle a eu l’audace de me répondre. Il a eu le bon esprit de partir. Il a l’habitude de s’attarder au téléphone. Avoir soin de ses enfants. Avoir le tort de s’obstiner. Loc. Avoir tort, avoir raison, être dans le faux, dans le vrai. Malgré qu’il en ait, en dépit qu’il en ait (vieilli), quoi qu’il en ait, malgré ses objections. Spécialement. S’exprimer par. Avoir un geste, un cri, un soupir. Avoir un mot malheureux. Avoir un mouvement de sympathie. Avoir une parole aimable pour chacun.

IV.

IV. Emplois idiomatiques.
1.  Avoir à suivi de l’infinitif. Devoir, être plus ou moins impérativement contraint de, obligé de. J’ai à vous remercier. Tu as une visite à faire. On avait à craindre une erreur. Vous avez à prendre vos précautions. J’ai à parler dans cette réunion. J’ai à écrire une lettre, j’ai une lettre à écrire. Elle avait à prendre un médicament. Nous n’avons rien de particulier à signaler. Je n’ai rien à faire. Expr. Avoir maille à partir, voir Maille II.
2.  N’avoir qu’à suivi de l’infinitif. Cet acteur n’a qu’à paraître et tout le monde rit, il suffit qu’il paraisse pour que tout le monde rie. Avec une nuance de reproche. Tu n’avais qu’à manger moins. Vous n’aviez qu’à tenir votre droite. Avec une nuance de menace. Il n’a qu’à venir et je lui dirai deux mots. N’avoir plus qu’à, il ne reste plus qu’à. Je n’ai plus qu’à démissionner. Après ça, je n’ai plus qu’à me taire. Vous n’avez plus qu’à plier bagages.
3.  Avoir beau suivi de l’infinitif. Avoir toute facilité pour (vieilli). Prov. A beau mentir qui vient de loin, voir Beau.
▪ Avec une valeur concessive, marque la vanité, l’inutilité de l’action indiquée par l’infinitif. Il a beau travailler, il ne réussit guère, bien qu’il travaille, il ne réussit guère. Il aura beau parler, il ne nous persuadera pas, quoi qu’il puisse dire, il ne nous persuadera pas.
4.  En avoir. Locution figée où en renvoie à une réalité plus ou moins précisément déterminée par le contexte. J’en ai assez de ce désordre. Restez, j’en ai pour cinq minutes, mon occupation actuelle ne durera pas plus de cinq minutes. Vous en aurez pour cinq cents francs. Il en a au moins pour trois ans. Il en avait contre tout l’univers, il en voulait à tout le monde.

V.

V.  Il y a. Gallicisme.
1.  Il est, il existe, il se trouve. Il y a un café au coin de la rue. Il y a lieu de le croire. Il y a sujet de craindre. Y aurait-il du bon sens à se conduire ainsi ? N’y eût-il que cette seule raison, elle doit vous déterminer. Il ne peut y avoir d’obstacle. Y a-t-il quelqu’un ici ? Il n’y a personne. Il y avait plus de mille personnes. Il n’y avait personne pour le croire. Il y aura des gens pour croire à ces sornettes ! Il y en a qui seront étonnés. Il y a une dame qui vous demande, une dame est là qui veut vous voir. Il y a le courage et il y a la témérité. Il y a voiture et voiture, il faut distinguer entre des modèles aux qualités très différentes. Il y a tout à espérer. Il y a à parier, tout à parier ou, fam., gros à parier qu’il réussira. Il n’y a rien que je ne fasse pour vous. C’est un emploi où il n’y a rien à faire. Il n’y a rien à faire, tout effort est superflu. Il n’y a rien à faire pour le guérir de son vice. Il y a de quoi se mettre en colère, il est justifié de se mettre en colère. Il n’y a pas de quoi, réponse familière à des remerciements. Expr. fam. Il n’y en a que pour lui, il accapare l’attention générale. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Loc. fam. Tant il y a que (vieilli) ou tant y a que (très vieilli), toujours est-il que. J’ignore le motif de leur querelle ; tant il y a qu’ils se battirent. Pop. Tout ce qu’il y a de suivi d’un adjectif, extrêmement. Une petite robe tout ce qu’il y a de chic.
2.  Il y a, pour indiquer une durée. Joue le rôle d’une préposition. Il y a deux jours, je l’ai rencontré. Suivi de que. Il y a deux mois que je vous en ai parlé, voilà deux mois que je vous en ai parlé. Il y a plusieurs années que je ne l’ai vu. Il y avait huit jours qu’il était parti, il était parti depuis huit jours. Il y aura bientôt trois ans qu’il habite ici.
3.  Il n’y a qu’à suivi d’un infinitif. Il suffit de. Il n’y avait qu’à le mettre dehors. Il n’y avait qu’à y songer plus tôt.

VI.

VI. Auxiliaire. Le verbe Avoir sert à former les temps composés et surcomposés.
1.  Les temps composés de tous les verbes transitifs, y compris avoir lui-même. Tu auras chanté. La lettre que j’ai écrite. Elle a lu beaucoup de romans. J’ai eu. Nous en aurions eu.
2.  Les temps composés des verbes essentiellement impersonnels et de la plupart des verbes intransitifs, y compris le verbe être. Il a neigé. Il avait plu ce soir-là. Ils ont tremblé. Ils ont vécu longtemps. Elle avait plongé. Il aura dîné. Elle a été. Vous auriez été. Expr. On ne peut pas être et avoir été.
▪ Certains verbes intransitifs admettent aux temps composés tantôt être, tantôt avoir, selon le sens. Ces plantes avaient dégénéré, étaient complètement dégénérées. Nous avons convenu de notre erreur, nous étions convenus d’un rendez-vous. J’ai descendu quatre à quatre, je suis descendu depuis une heure.
3.  Les temps surcomposés de tous les verbes, en première position pour les verbes transitifs et intransitifs, en deuxième position (rare) pour les verbes pronominaux. Dès que j’ai eu fini de déjeuner, j’ai repris la route. Si tu n’avais pas été parti, qu’aurais-tu fait ? Il aura sans doute été fait abstraction de ces considérations. Rare. Quand il s’est eu réveillé, il s’est remis au travail.
Orthographe
◇ Peut s'écrire eussè-je (forme interrogative), selon les rectifications orthographiques de 1990.
[règle §3] Les accents et le tréma • accent grave.
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