manger

7e édition

[I.] MANGER.

v. a.
↪ voir aussi : [II.] Manger (n. m.)
■  Mâcher et avaler quelque aliment. Manger du pain, de la viande, du fruit. Cela est bon à manger. Les chevaux mangent du foin, de l’avoine. Le loup mange la brebis. Les limaçons, les chenilles mangent les fruits. Les souris, les rats mangent les grains. Les hirondelles mangent les moucherons, les vermisseaux.
Il s’emploie absolument et sans régime. Il n’a mangé d’aujourd’hui. Il n’a ni bu ni mangé. Il a été trois jours sans manger. Il ne mange pas, il dévore. Manger chaud. Manger froid. Donnez à manger à cet enfant.
Manger de tout, N’être point difficile sur ses aliments. Cet enfant mange de tout.
Pop., Manger comme un chancre, Manger excessivement. On dit dans le même sens, Manger comme quatre.
Manger, signifie aussi, Prendre ses repas. Il ne mange jamais chez lui. Il mange tous les jours en ville. Manger chez le restaurateur, chez le traiteur, à l’auberge. Ils mangent ensemble. Salle à manger.
On mange bien chez cette personne, chez ce restaurateur, On y fait, on y prend de bons repas.
Donner à manger, Tenir une maison où les gens viennent prendre leurs repas en payant. Il donne à manger à la carte, à tant par tête. On le dit aussi D’un particulier qui reçoit à sa table ses amis, ses connaissances. C’est un avare qui ne donne jamais à manger, qui ne donne à manger à personne. Il donne souvent, il donne fort bien à manger.
Manger, signifie aussi, figurément, Consumer, dissiper en débauches ou en folles dépenses. S’il continue ses prodigalités, il mangera tout son bien. Il mange tout en chicane, en procès. Il y mangera dix mille écus, ou il en aura raison. Il a mangé deux belles terres. Il a mangé son patrimoine, sa légitime, la dot de sa femme. Il a mangé bien de l’argent. Il a mangé plus d’or qu’il n’est gros. Il a mangé sa fortune à plaider.
Fig., Ses valets le mangent, ses chevaux et ses chiens le mangent, les femmes le mangent, etc., Le ruinent, l’entraînent à d’excessives dépenses.
Manger, se dit, par extension, De plusieurs choses inanimées qui en consument, en absorbent, en rongent, en minent, en détruisent d’autres. Cette forge mange bien du charbon. Ces légumes mangent beaucoup de beurre. Ces fondations ont mangé bien de la pierre, bien du moellon. La rivière mange ses bords. Un ulcère lui mange la jambe. Le grand jour mange les couleurs. La rouille mange le fer. Les arbres mangent le suc de la terre. Un onguent, une poudre qui mange les chairs mortes. Cette écriture, cette planche gravée est mangée par le temps.
En Grammaire, Cette voyelle finale se mange, se dit D’une voyelle finale qui s’élide, qui ne se prononce pas, à cause de la rencontre d’une voyelle qui commence le mot suivant. En français, l’e muet se mange devant une voyelle.
Fam., Manger ses mots, la moitié de ses mots, se dit D’une personne qui ne prononce pas bien toutes les lettres ou toutes les syllabes des mots.
Manger, s’emploie dans un grand nombre de phrases figurées et proverbiales.
L’appétit vient en mangeant, Le désir de s’enrichir ou de s’élever augmente à mesure qu’on acquiert de la fortune ou des honneurs.
À petit manger bien boire, Quand on a peu à manger, on s’en dédommage en buvant beaucoup.
Qui se fait brebis, le loup le mange, Qui a trop de bonté, trouve bientôt des gens qui en abusent.
Les gros poissons mangent les petits, Les puissants oppriment les faibles.
Il a mangé son pain blanc le premier, Il a été dans un état heureux, agréable, et il n’y est plus.
Les loups ne se mangent pas entre eux, Les méchants s’épargnent entre eux.
Savoir bien son pain manger, Entendre bien ses intérêts.
Manger dans la main, Avoir des manières trop familières. Cet homme mange dans la main, vous mange dans la main.
Il a mangé son blé en vert, son blé en herbe, se dit De celui qui a dépensé d’avance son revenu, qui a mangé d’avance une succession.
Manger de la vache enragée, Éprouver beaucoup de privations et de fatigues. Il sait ce que c’est que la peine, il a mangé de la vache enragée. Ce jeune homme aime trop ses aises, il faudra qu’il mange de la vache enragée.
Ils se sont mangé le blanc des yeux, Ils se sont fortement querellés.
Je n’ai garde de lui en parler, il me mangerait le blanc des yeux, il me mangerait, Il se courroucerait, il me querellerait.
Manger quelqu’un, quelque chose des yeux, Regarder avidement quelqu’un, quelque chose.
Manger quelqu’un de caresses, Lui faire de grandes caresses.
Il y a à boire et à manger, se dit D’une affaire qui peut avoir à la fois de bons et de mauvais résultats, d’une question qui présente deux sens, d’un ouvrage où il y a du bon et du mauvais.
Par menace, Je le mangerais avec un grain de sel, à la croque au sel, se dit D’un homme à qui l’on se croit très supérieur en force.
Il ne me mangera pas, se dit populairement pour exprimer Qu’on ne craint pas de se présenter devant quelqu’un, et qu’on lui tiendrait tête au besoin.
Manger les crucifix, se dit en parlant Des hypocrites, des dévots outrés qu’on voit sans cesse agenouillés dans les églises.
Mangé, ée. part. passé.
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