dormir

7e édition

DORMIR.

v. n. Conjugaison : (Je dors, tu dors, il dort ; nous dormons, vous dormez, ils dorment. Je dormais. Je dormis. J’ai dormi. Je dormirai. Dors. Que je dorme. Que je dormisse. Dormant.)
■  Reposer, être dans le sommeil. Dormir d’un profond sommeil. Dormir le jour, la nuit, de jour, de nuit, jour et nuit. Il ne dort ni jour ni nuit. Il dort profondément. Avoir envie de dormir. Faire semblant de dormir. Dormir sur un lit, sur un canapé, dans un fauteuil. Le lièvre dort ordinairement les yeux ouverts.
Dormir d’un bon somme, de bon somme, Dormir d’un sommeil tranquille ; et, Dormir un bon somme, Dormir longtemps. Dans cette dernière phrase, Dormir s’emploie activement.
Fam., Dormir la grasse matinée, Dormir bien avant dans le jour, se lever fort tard.
Par exagérat., Dormir debout, tout debout, Éprouver le besoin du sommeil au point de s’assoupir même sans être couché ou assis.
Fig. et fam., Conte à dormir debout, Récit ennuyeux ou qui ne mérite aucune attention.
Fig. et fam., Dormir sur une affaire, Prendre du temps pour en délibérer.
Prov. et fig., Qui dort dîne, Le sommeil tient lieu de nourriture.
Prov. et fig., Le bien, la fortune lui vient en dormant, se dit en parlant D’une personne qui devient riche sans rien faire.
Prov. et fig., Éveiller le chat qui dort, Réveiller une mauvaise affaire qui était assoupie, ou Chercher un danger qu’on pouvait éviter. Il ne faut pas éveiller le chat qui dort. N’éveillez pas le chat qui dort.
Fig. et fam., Cette toupie, ce sabot dort, se dit D’une toupie, d’un sabot qui tourne si vite, que le mouvement en est imperceptible.
Prov. et pop., Dormir comme un sabot, Dormir profondément et sans aucun mouvement.
Fam., Dormir comme une marmotte, Dormir longtemps et profondément. On dit de même, Dormir comme un loir.
Fig. et fam., Dormir sur les deux oreilles, sur l’une et l’autre oreille, Être en pleine sécurité. Je veillerai à votre affaire, dormez sur les deux oreilles.
Fig. et fam., Ne dormir que d’un œil, Être sur le qui-vive.
Fig. et fam., Il n’en dort pas, Se dit D’un homme qu’une vive espérance, une crainte incessante tient en éveil.
Fig., Laisser dormir ses capitaux, ses fonds, Ne pas les faire valoir.
Fig., Laisser dormir un ouvrage, Le garder pendant quelque temps, pour en juger mieux quand l’imagination sera refroidie.
Fig., Laisser dormir une affaire, Ne pas y donner suite, ne pas la réveiller.
Fig., Laisser dormir noblesse, se disait autrefois Lorsqu’un gentilhomme qui voulait faire le commerce, déclarait, pour ne point perdre sa noblesse, qu’il n’entendait faire le commerce que durant un certain temps.
Dormir, se dit encore figurément Des eaux qui n’ont point de mouvement, ou dont le mouvement est imperceptible. Il fait beau pêcher où l’eau dort.
Prov. et fig., Il n’y a point de pire eau que l’eau qui dort, Les gens sournois et taciturnes sont ceux dont il faut le plus se défier.
Dormir, signifie aussi, figurément, Ne point agir quand on le devrait, agir négligemment. Il devrait faire des démarches très actives, mais il dort. Tu dors, Brutus.
En Matière féodale, on disait, Quand le vassal dort, le seigneur veille, et Le vassal veille quand le seigneur dort, pour exprimer que, Quand l’un des deux négligeait d’user de ses droits, l’autre en profitait.
Fam., Cet homme ne dort pas, Non seulement il ne néglige pas ses intérêts, mais encore il cherche à profiter de toutes les occasions qui peuvent le servir.
Dormir, s’emploie quelquefois substantivement, p. 571dans le sens propre. Cette affaire l’occupe à un tel point, qu’il en perd le dormir.
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