dieu

6e édition

DIEU.

s. m.
■  L’Être suprême, créateur et conservateur de l’univers. Il s’emploie très-souvent d’une manière absolue et sans article. Il n’y a qu’un seul Dieu. Il ne saurait y avoir plusieurs Dieux. Nous adorons tous le même Dieu. Le Dieu qui a tout créé. Dieu est appelé dans l’Écriture sainte le Dieu des armées, le Dieu des vengeances, le Dieu des miséricordes, le Dieu jaloux, le Dieu fort, le Dieu de vérité, le Dieu vivant, etc. Nier qu’il y ait un Dieu. Nier Dieu. Dieu est infini, éternel, immuable, tout-puissant, tout bon, tout miséricordieux. Dieu est la souveraine sagesse. Traité de l’existence de Dieu. Les attributs de Dieu. La toute-puissance, la majesté infinie de Dieu. Le tribunal de Dieu. Le culte d’adoration n’est dû qu’à Dieu seul. C’est une grâce de Dieu, une bénédiction de Dieu, un don de Dieu, une protection visible de Dieu. Croire en Dieu. Aimer, adorer, honorer Dieu. Prier Dieu. Louer Dieu. Demander pardon à Dieu. Invoquer le nom de Dieu. Se recommander à Dieu. Servir Dieu. Avoir recours à Dieu. Mettre sa confiance, son espérance en Dieu. Dieu puissant, secourez-nous. Pardonnez-moi, grand Dieu. Ô mon Dieu, je t’implore. Prendre, recevoir toutes choses de la main de Dieu. Avoir la crainte de Dieu. Élever ses enfants dans la crainte de Dieu. Se conformer, se résigner à la volonté de Dieu. Rendre gloire à Dieu. Vivre selon Dieu. Renier son Dieu. Revenir à Dieu. Dieu l’a touché. Offenser Dieu. Jurer Dieu. Blasphémer le nom de Dieu. Prendre le nom de Dieu en vain. Dieu rendra à chacun selon ses œuvres. Le bras de Dieu l’a frappé. On reconnaît en cela le doigt de Dieu. Le christianisme enseigne qu’il y a trois personnes en Dieu. Jésus-Christ est Dieu-Homme, est Homme-Dieu. Le Fils de Dieu. La Vierge est appelée la mère de Dieu. Etc. Par opposition Aux fausses divinités du paganisme, on dit : Le vrai Dieu. Le Dieu des chrétiens. Etc.
Être devant Dieu, Être mort.
Prov., L’homme propose et Dieu dispose, Les desseins des hommes ne réussissent qu’autant qu’il plaît à Dieu ; souvent nos entreprises tournent d’une manière opposée à nos vœux et à nos espérances.
Prov., La voix du peuple est la voix de Dieu, D’ordinaire le sentiment général est fondé sur la vérité.
Prov. et fig., Ce que femme veut, Dieu le veut, Les femmes veulent ardemment ce qu’elles veulent, et elles viennent ordinairement à bout de l’obtenir.
Prov., Cela va comme il plaît à Dieu, se dit D’une affaire dont la conduite est abandonnée, négligée. Tout va, dans cette maison, comme il plaît à Dieu.
Prov., Ne craindre ni Dieu ni diable, se dit D’un méchant homme, d’un homme déterminé qu’aucune crainte n’arrête.
C’est un homme de Dieu, tout de Dieu, tout en Dieu, se dit D’un homme fort pieux, fort dévot. On dit dans le même sens, Être abîmé en Dieu.
Prov. et fig., Cela lui vient de la grâce de Dieu, lui vient de Dieu grâce, se dit De tout ce qui arrive d’avantageux sans qu’on y ait contribué par ses soins ou par son travail.
Par la grâce de Dieu. Formule que des princes souverains mettent dans leurs titres, pour dire qu’ils ne tiennent leur puissance que de Dieu.
Prov., Il ne relève que de Dieu et de son épée, se dit D’un prince souverain qui n’en reconnaît aucun autre au-dessus de lui.
Le bon Dieu, Dieu. Prier le bon Dieu. Le bon Dieu vous bénira.
Dans la Religion catholique, Le bon Dieu, signifie aussi, L’hostie consacrée. On lève le bon Dieu. Il se dit particulièrement Du viatique. On va porter le bon Dieu à ce malade. Il a reçu le bon Dieu.
Le lever-Dieu, Le moment de la messe où le prêtre élève l’hostie.
La Fête-Dieu, La fête du saint sacrement.
Hôtel-Dieu. Nom donné à l’hôpital principal de plusieurs villes. L’Hôtel-Dieu de Paris, de Lyon. Chirurgien de l’Hôtel-Dieu.
S’il plaît à Dieu. Façon de parler conditionnelle dont on se sert en parlant Des choses qu’on souhaite ou qu’on a intention de faire. Il en réchappera, s’il plaît à Dieu. Je compte partir demain, s’il plaît à Dieu. Dans une acception à peu près semblable, ou dit aussi, Avec l’aide de Dieu, et familièrement, Dieu aidant.
Dieu le veuille. Plût à Dieu. Dieu vous entende. Façons de parler qui servent à marquer le désir que l’on a qu’une chose soit. On dit dans un sens contraire : Dieu m’en garde. Dieu m’en préserve. À Dieu ne plaise. Etc.
On disait autrefois, après avoir fait une promesse solennelle, après avoir fait un serment, Ainsi Dieu me soit en aide, ou Ainsi Dieu m’aide, Que Dieu m’accorde son aide, autant que je tiendrai ma promesse, que je serai fidèle à mon serment.
Dieu vous bénisse. Dieu vous assiste. Dieu vous contente. Dieu vous soit en aide. Façons de parler familières qui s’employaient Lorsqu’une personne éternuait, et dont on se sert encore quelquefois pour adoucir le refus qu’on fait à un pauvre de lui donner l’aumône.
Dieu vous conserve. Dieu vous conduise. Dieu vous le rende. Façons de parler qu’on p. 550emploie pour souhaiter du bien à quelqu’un, ou pour le remercier de celui qu’on en a reçu.
Dieu vous garde ou vous gard’. Ancienne façon de parler qui s’employait pour saluer quelqu’un en l’abordant.
Grâce à Dieu. Dieu merci. Dieu soit loué, en soit loué. Façons de parler qui s’emploient pour exprimer que l’on reconnaît tenir une chose de la bonté de Dieu. Elles servent quelquefois à témoigner le contentement qu’on éprouve de quelque chose. Dieu soit loué ! nous voilà délivrés de cet importun.
Dieu merci et vous. Dieu merci et à vous. Façons de parler dont le peuple se servait autrefois pour témoigner de la reconnaissance, ou par civilité.
Pour l’amour de Dieu, Dans la seule vue de plaire à Dieu. Faire quelque chose pour l’amour de Dieu. Cette locution signifie, dans le discours familier, Sans aucun intérêt. On lui a donné cela pour l’amour de Dieu. Elle s’emploie aussi Lorsqu’on prie instamment quelqu’un de quelque chose : dans ce sens, elle est très-familière aux mendiants, qui demandent qu’on leur fasse l’aumône pour l’amour de Dieu. On dit quelquefois ironiquement, Comme pour l’amour de Dieu, pour exprimer qu’une chose est faite ou donnée à contre-cœur, ou qu’un don est fait avec lésinerie. On lui en a donné comme pour l’amour de Dieu.
Au nom de Dieu, s’emploie également Lorsqu’on veut prier quelqu’un avec plus d’instance.
Sur mon Dieu. Devant Dieu. Dieu m’est témoin. Dieu m’en est témoin. Locutions qui marquent affirmation et serment.
Dieu sait. Façon de parler qui s’emploie pour assurer fortement ce qu’on veut dire. Dieu sait si vous serez bien reçu. Dieu sait comme vous vous réjouirez. Nous étions dans cette compagnie tous gens de bonne humeur, Dieu sait la joie.
Dieu sait, se dit aussi pour affirmer qu’on n’a point fait une chose. Dieu sait si je l’ai fait. Dieu sait si j’en ai eu la pensée. Si j’en ai eu la pensée, Dieu le sait. Si je l’ai fait, Dieu le sait.
Dieu sait, se dit encore pour marquer l’incertitude où l’on est de quelque chose. Dieu sait ce qui en arrivera. Ce qui en arrivera, Dieu le sait. Tout cela va Dieu sait comme. On dit quelquefois dans le même sens, Dieu le sache. Vous me demandez ce que je deviendrai, Dieu le sache.
Entre Dieu et soi, Secrètement.
Dieu ! Bon Dieu ! Mon Dieu ! Grand Dieu ! Juste Dieu ! etc. Exclamations d’étonnement, d’admiration, d’impatience, de douleur, d’inquiétude, de crainte, etc. Dieu, que cela est beau ! Dieu, qu’il est laid ! Eh ! mon Dieu, laissons cela. Bon Dieu, qu’il est lent ! Oh Dieu, que je souffre ! Mon Dieu, que va-t-il arriver ? Mon Dieu, ayez pitié de moi ! Dieu, quel malheur ! Ah ! mon Dieu, qu’avez-vous fait ?
Dieu, se dit aussi Des fausses divinités qu’adorent les nations païennes. Employé absolument et au pluriel, il s’entend ordinairement Des divinités du paganisme ancien. Les dieux des gentils. Les faux dieux. Les dieux de la Fable. Les dieux de l’Olympe. Les douze grands dieux. Les dieux du premier ordre. Les dieux du second ordre. Jupiter est le maître des dieux, le père des hommes et des dieux. Neptune est le dieu de la mer. Mars, dieu de la guerre. Le dieu de la poésie est Apollon. Les dieux infernaux. Les dieux marins. Le combat des Titans contre les dieux. Le courroux des dieux. Cybèle est appelée la Mère des dieux. Les dieux indigètes. Les dieux lares. Le dieu tutélaire d’une cité. Les dieux protecteurs. Dieux ! Grands dieux ! Plût aux dieux ! Sacrifier aux dieux. Renverser les temples des dieux. Mettre au rang des dieux. Les dieux de la Gaule, de la Germanie. Les dieux fétiches. Les dieux de l’Inde. Le dieu Vichnou. Ils représentent leurs dieux sous des formes bizarres et monstrueuses. En ce sens, il a un féminin, qui est Déesse : voyez ce mot.
Demi-dieu, Être fabuleux qui est censé participer de la nature divine, comme les faunes. Il se dit aussi d’Un homme que l’on croyait né d’un dieu et d’une mortelle, comme Hercule.
Fig. et fam., Promettre, jurer ses grands dieux, Promettre, affirmer avec de grands serments.
Fig., Les dieux de la terre, se dit Des rois, des princes souverains, et en général de Ceux qui ont beaucoup d’autorité et de pouvoir. L’Écriture sainte appelle aussi figurément Dieux, Les hommes qui ont l’autorité. J’ai dit, vous êtes des dieux. Il sera amené devant les dieux, Devant les juges.
Fig. et fam., Comme un dieu, Très-bien, parfaitement. Il parle comme un dieu.
Dieu, se dit, figurément, de Celui qui est l’objet d’un grand enthousiasme, d’une vénération profonde, d’une vive reconnaissance, d’un extrême attachement. Ils le regardaient comme leur sauveur et leur dieu. Il fut pour moi comme un dieu bienfaisant. Cette mère est idolâtre de son fils, elle en fait son dieu. Elle adore son mari ; c’est son tout, c’est son dieu.
Faire son dieu ou Se faire un dieu de quelque chose, Avoir pour quelque chose un grand attachement. Il fait son dieu de son coffre-fort. Il n’aime que les richesses, il en fait son dieu. Ce sont des gens qui se font un dieu de leur ventre.
Fam., Vous êtes un dieu, se dit Pour exprimer à un homme la vive satisfaction qu’on éprouve de ce qu’il a fait.
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